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Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais vous parler d'un roman vieil ado* intitulé La Faucheuse et signé Neal Shusterman.

-Elle est ringarde, cette couv' !

-Oui, la typo du titre est un peu lourde, le jeu sur les couleurs peu subtil… et puis finalement, elle n'est pas si mal. Elle résume bien le roman. L'illustration expose en effet des symboles très connus : la capuche, la faux, le rouge comme le sang, les caractères massifs, sans fioritures, lourds comme la tâche de la mort donnent un côté à la fois pesant et m'as-tu-vu à l'ensemble… et pourtant, elle contient une petite subtilité : le deuxième visage. Elle illustre très bien le roman sur de nombreux points.

-Hein ? Où ça, un deuxième visage ?

-Je te laisse chercher, pendant ce temps, je résume.

Or donc, dans le futur, nous avons vaincu la vieillesse et toutes les maladies. Les ressources, la vie en général sont gérés par le Thunderhead, le descendant d'Internet, entité informatique bienveillante. Hélas, qui dit immortalité dit également problème de régulation de population : les Faucheurs sont donc créés pour remplacer la mort mise au chômage. Citra et Rowan, deux adolescents, vont suivre le dur apprentissage du métier.

-Nan mais, il n'y a qu'un seul visage, Déidamie.

-Cherche mieux.

Le roman alterne les points de vue des différents personnages, non seulement ceux des apprentis, mais aussi ceux des Faucheurs : l'exercice est réalisé de façon efficace. Ils possèdent tous leur propre voix. Hélas, je déplore ici ou là quelques clichés déplaisants et je n'ai guère apprécié la cohabitation Rowan/Citra.



-Et si je prenais le livre à l'envers ?

-Ah peut-être, essaie.

La profondeur de l'intrigue que je mentionne plus haut est contrebalancée par un style simple et sobre (mais pourquoi diable les « moins de » et « plus de » ne sont jamais élidés ? la langue française honnit les hiatus). Point d'envolées lyriques : de l'efficacité avant tout.

Cette sobriété ne m'a pas gênée, elle fonctionne bien, cependant, attention au revers du double tranchant : certains dialogues ne reflètent pas à mon sens les caractères des personnages. Toutefois, ces ratés restent peu nombreux au regard de l'oeuvre.

-A l'envers, je ne vois rien !

-Reprends-le à l'endroit, alors.

Il m'a semblé quelque peu étrange que, dans ce monde où la douleur n'existe plus, les Faucheurs soient libres de l'infliger à leur guise. Cela ne me paraît guère cohérent avec le développement de l'humanité tel qu'il est décrit dans le texte.

Hormis ces réserves, il reste une histoire palpitante, pleine de suspense et de drames, ainsi que de Terribles Secrets, l'un de mes ingrédients préférés. Les personnages de Maître Farraday et de Dame Curie possèdent une riche vie intérieure et m'ont fascinée tout le long de la lecture. Et le journal de Rowan forme un bel exercice de littérature ! Je me suis bien amusée à le lire entre les lignes.

Le tout forme donc un ensemble à la fois riche d'émotions et de réflexions ; l'histoire pose d'intéressantes questions sur la mort et la façon dont nous menons nos vies : quel sens ont-elles si elles ne s'achèvent pas ? Comment assumer la fonction de Faucheur ? Est-il juste de se substituer à la mort ?

-Nan. Rien à faire, j'trouve pas.

-Là.

-Hun?... Ah mais... mais oui !

-Et vous, voyez-vous le deuxième visage ? Si oui, ne dites pas où il se trouve pour ne pas spoiler ceux qui veulent chercher. »

*Jeune adulte.
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