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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"Though this be madness, yet there is method in't"
(Acte II, scène II)

Malgré la température printanière relativement douce et les oiseaux qui chantent dans le jardin, j'ai les doigts qui tremblent, quand je me décide enfin à écrire ces quelques mots sur "Hamlet".
Hamlet, c'est Hamlet. Je ne vais pas pousser ma prétention jusqu'à vouloir en faire une quelconque analyse, et je trouve superflu de raconter l'intrigue une fois de plus.
Ainsi, ceci n'est pas vraiment une "critique", et, de toute façon... "Words, words, words !"

Dans ma vie, il y avait des moments où je détestais Shakespeare de tout mon coeur. Il est vrai qu'il nous a laissé "Richard III" et les sonnets pour la Dark Lady, mais il a fait mourir Hamlet - dans cet instant crucial où tous les rouages déréglés d'un monde complètement fou s'imbriquent enfin, et recommencent à fonctionner à peu près normalement. Je n'ai jamais pu le lui pardonner.

Hamlet, l'adolescent déséquilibré, qui a envie d'en finir.
Hamlet, qui ne vit plus que pour la vengeance.
Hamlet, le seul être lucide, obligé de prétendre la folie au milieu des fous d'amour, du pouvoir, de l'ascension sociale ?
Hamlet, qui aime Ophélie à mourir, et qui l'envoie dans un couvent.
Hamlet avec le crâne de Yorick..
Si ce sont seulement des fous qui peuvent aimer Hamlet le fou, alors j'ai envie de revendiquer la folie et chercher une bande d'acteurs pour aider à démasquer les traîtres.

J'ai vu pas mal d'interprétations, et même si à chaque fois Hamlet-acteur meurt à la fin, même la plus mauvaise n'a pas tout à fait réussi à tuer Hamlet-pièce.
Mais je crois que pour moi, Hamlet va garder à tout jamais le visage de l'acteur Laurence Olivier.
Vous avez tout, dans ce film. La dépression géniale qui vous tombe dessus quand vous arpentez les fortifications glaciales d'Elseneur, le goût de la folie et le désir de régner, la terreur que vous inspirent les âmes déchirées des protagonistes principaux. Vous allez vous incliner jusqu'à terre devant les nobles dialogues - sans jamais comprendre comment ce sacré Will a pu faire.
Ses mots caressent, et en même temps, délibérément, tuent.
La terrible passion servie dans la coupe de vin empoisonné de la reine Gertrude.

"Je suis Hamlet. La violence, j'en veux pas.
Moi sur la couronne danoise, j'ai craché.
Mais, à leurs yeux, je voulais être roi
et mon rival, j'ai massacré.

Un vrai délire, cette éruption géniale.
La mort voit la vie comme une malfaçon.
Tous, nous avons une réponse déloyale
Sans jamais trouver une bonne question"

(Vladimir Vyssotski, poète et chanteur russe. Excellent Hamlet sur scène)

Cinq sur cinq, cancre de Stratford. Saura-t-on jamais qui tu étais, pour pouvoir écrire des mots pareils ?
That is the question...
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