La version qui n'intéresse personne est un livre captivant, fichtrement intéressant. D'abord, il est criant de vérité et d'authenticité. On y suit Sacha, l'héroïne, et son ami Tom dans leur quête d'un ailleurs davantage accueillant que le Québec et où ils pourront être libres, vivre la vie à leur façon, c'est-à-dire de manière rustique (pas d'eau courante, pas d'électricité), mais en ne se limitant pas des plaisirs naturels (le sexe) ou artificiels (la drogue et l'alcool). Ainsi, ils savourent la vie aride des gens d'une communauté éloignée du Nord qui se tiennent les coudes serrés et se sentent protégés du monde extérieur, du stress et de la pression de la ville.
Puis, après plusieurs années d'une vie de débauche, la roue tourne pour Sacha et elle se trouve ostracisée, rejetée par cette communauté qu'elle considérait comme la sienne. Ce revirement de situation arrive tranquillement, sournoisement et elle se retrouve à être en danger à Dawson, son patelin d'adoption, sans qu'elle ne puisse rien y faire. de tout ceux qu'elle considérait comme ses amis, ses alliés ou même son amoureux, tous lui tournent le dos soit par des propos violents, accusateurs, de la médisance ou encore par une complète indifférence à ce qu'elle peut vivre ou ressentir.
Ce livre est troublant de vérité, de déjà-vu, de situations qui ressemblent à. C'est inquiétant de réaliser à quelle point la liberté d'une femme peut être fragile et compromise facilement. À quel point une femme libre n'est jamais tout à fait en sécurité.