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Critique de Musa_aka_Cthulie


J'avais lu cette pièce (ma première pièce de théâtre) dans le cadre du collège... en 1982. Autant dire que je ne m'en souvenais guère, et que j'en avais gardé un souvenir non seulement flou, mais tiède, alors que Les fourberies de Scapin et L'avare m'avaient bien plus marquée, quelques années plus tard.

Ayant trouvé une vieille édition dans une boîte à livres, je me suis dit "Pourquoi pas ?", et puis j'ai laissé traîner. Jusqu'à ce que, aujourd'hui, un bonus du challenge Théâtre me décide au tout dernier moment à la relire. Et j'ai rudement bien fait !

Créée en 1666, le médecin malgré lui n'est donc pas l'oeuvre d'un débutant. Molière a déjà donné plusieurs fois dans la satire de la médecine, et reprendra une toute dernière fois le thème dans le malade imaginaire. le médecin malgré lui trouve une de ses sources, entre beaucoup d'autres, dans l'histoire du Vilain Mire, mais depuis longtemps déjà les satires médicales étaient en vogue et très appréciées. Ici, malgré la mention "comédie" ajoutée au titre, la dimension farcesque est plus que sensible. Mais c'est une farce repensée par l'auteur, et quasiment portée à son apogée.

L'argument premier en est très simple : Martine, mariée à Sganarelle, décide de se venger de lui et des récents coups de bâton qu'elle a reçus, en le faisant passer pour un médecin, avec dans l'idée de lui faire rendre les fameux coups (ce en quoi elle réussira tout à fait, ma foi). Mais les premières scènes ne sont qu'un prétexte, car les retournements de situation s'enchaînent. Sganarelle se retrouve, contre toute attente, effectivement propulsé médecin, et l'on peut dire qu'il se coule plutôt de bonne grâce (après quelques coups de bâton, c'est entendu) dans le moule. Interviennent là-dessus une querelle entre père et fille et un amour contrarié.

Le tout, malgré quelques rares scènes qui ne sont pas des plus captivantes (mais c'est souvent le cas dans ce genre de comédie) est très efficace. Situations drolatiques, personnage formidable de Sganarelle s'adaptant à toutes les circonstances - et mis en valeur par les personnages secondaires, plus typiques de la farce que lui -, dialogues rythmés, réparties endiablées, sans oublier la grivoiserie dont sait jouer Molière à merveille. On n'a d'ailleurs aucun mal à se représenter à la lecture mimiques et jeu de scène, incluant Lucas frappant le torse de Géronte, les inévitables coups de bâton qui tombent sur un certain nombre de personnages (ça marche à tous les coups) et, bien évidemment, Sganarelle tripotant à l'envi les seins de Jacqueline, la nourrice.

J'ai passé un très bon moment, avec un auteur dont j'ai seulement repris la lecture depuis deux ou trois ans, mais qui excellait décidément, je m'en rends compte aujourd'hui, dans la maîtrise de son art. Il est dommage, pourtant, que l'Éducation nationale nous gave de Molière pendant nos années de collège, au point d'en dégoûter un certain nombre d'élèves, et d'en donner une image assez figée, qui ne lui fait pas forcément honneur. À relire adulte, donc, pour se débarrasser des souvenirs poussiéreux qui nous encombrent l'esprit.

Un dernier regret : ne pas avoir emprunté les oeuvres de Molière en Pléiade, avec la présentation et les notes de Georges Forestier, plutôt que d'avoir relu le médecin malgré lui dans une vieille édition scolaire.



Challenge Théâtre 2018-2019
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