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Critique de babounette


Les passeurs de livres de Daraya-une bibliothèque secrète en Syrie - Delphine Minoui - Edition Points - lu en janvier 2019.

Présentation de l'auteure : "Delphine Minoui , grand reporter au Figaro, spécialiste du Moyen-Orient. Prix Albert-Londres 2006 pour ses reportages en Iran et Irak, elle sillonne le monde arabo-musulman depuis 20 ans. Après Téhéran, Beyrouth et le Caire, elle vit aujourd'hui à Istanbul, où elle continue à suivre de près l'actualité syrienne. Elle a écrit : Pintades à Téhéran, Moi, Nojoud, dix ans, divorcée et Je vous écris de Téhéran".

D'Istanbul, Delphine Minoui découvre sur" Facebook, la
page "Humans of Syria" sur laquelle elle voit une photo d'un collectif de jeunes photographes syriens. Sous la photo, une légende évoquant une bibliothèque secrète à Daraya.
Daraya la rebelle, Daraya l'assiégée, Daraya l'affamée."

"Banlieue de Damas, un des berceaux du soulèvement pacifique de 2011, le Printemps Arabe, est bombardée par les forces de Bachar-al-Assad depuis 2012".

Après maintes recherches, Delphine finit par trouver la trace d'Ahmad Moudjahed, auteur et co-fondateur de cette fameuse bibliothèque secrète. Commencent alors de multiples échanges qui dureront plusieurs années via Whats App et Skype quand ça fonctionne. Au tout début de leurs échanges, elle lui dit : " J'aimerais écrire un livre sur la bibliothèque de Daraya". Elle n'entend qu'un grand bruit sourd, une bombe sans doute, et puis, enfin, la voix d'Ahmad : "Al ahlan wa Sahlan !" (Bienvenue).

Delphine apprend ainsi que quelques jeunes syriens Ahmad, Shadi, Hussam, Omar... , ils sont une quarantaine, avec comme mentor, un professeur, Ustez, vétéran de la désobéissance civile de Daraya, découvrent dans les ruines des maisons, des milliers de livres et décident de créer une bibliothèque secrète pour les mettre à l'abri, ayant pour objectif de remonter le moral d'une maigre population (il ne restait plus que 12.500 habitants à Daraya, les autres ayant fui ou étant morts) qui n'avait plus que la mort comme espoir.
Le temps passe, Delphine recueille sans cesse les nouvelles au jour le jour quand c'est possible, elle est leur messagère fidèle au poste.

Le 14 juillet 2016, le Conseil local de Daraya adresse au Président François Hollande un appel de détresse lancé à la face du monde, mais François Hollande a d'autres soucis et pas des moindres, un camion-bélier vient de foncer à travers la foule à Nice, 86 morts et beaucoup de blessés. Un an plus tôt, il y a eu l'attentat de Charlie Hebdo le vendredi 13 novembre 2015 "Qui ne serait pas ému à la lecture d'une telle lettre?
Ahmad vit sous une pluie de bombes. Il a perdu tant d'amis, n'a pas vu sa famille depuis quatre ans. A Daraya, son quotidien est une montagne d'urgences. Il a pris le temps pourtant de rédiger ce message, de partager sa compassion.
Un terroriste ne s'excuse pas.
Un terroriste ne pleure pas les morts.
Un terroriste ne cite pas Amélie Poulain et Victor Hugo."
(pge 61/62)

Ces jeunes syriens ne sont pas des terroristes.

Un livre de 165 pages, on pourrait dire qu'il n'est pas gros, mais quel document, quelle découverte, quel témoignage, j'en suis renversée.

Une histoire de résistance, une bouffée d'air pur dans cette cave où "vit" une bibliothèque clandestine, un lieu de rencontres, un lieu de paix relative. Un livre écrit avec un ton juste, avec beaucoup d'empathie, c'est un livre à la fois tellement poignant et tellement porteur d'espoir dans lequel Delphine Minoui, au travers de ses échanges avec ces jeunes syriens a récolté les éléments qui lui ont permis de coucher sur papier cette incroyable et pourtant véridique histoire sur fond de guerre.
Comme bien d'autres que j'ai lus, je constate le pouvoir des livres passeurs de mémoire dans ce que l'humain a de pire et de meilleur. J'ai été profondément remuée à sa lecture, j'ai découvert une ville assaillie, j'ai découvert des jeunes pacifistes qui par leur seule volonté et bravant les interdits ont pu apporter un peu d'humanité aux habitants de Daraya.
François Busnel de la Grande Librairie a écrit : UNE ARME D'INSTRUCTION MASSIVE.
A coup sûr, un énorme coup de coeur pour moi, à lire.
Absolument.



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