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Critique de Kittiwake


Quelques minutes d'une vidéo de Dionysos en concert suffisent à constater l'énergie débordante qui anime Mathias Malzieu, un artiste touche-à tout prodigieusement doué et qui se dépense sans compter pour tout ce qui compte pour lui. Alors le jour où la niaque est toujours présente mais que l'enveloppe corporelle ne suit plus, voire laisse surgir des symptômes très inquiétants, il suffit d'un simple prélèvement de sang pour que tout bascule, du côté de la maladie, la vraie, la grave, celle qui immobilise et restreint comme par enchantement les contacts sociaux et les implications dans diverses occupations qui meublent le quotidien. Plus de projets à long terme, et négociations âpres pour maintenir à flots le court terme : la situation est sérieuse, voire sévère, on ne peut plus tricher : c'est le traitement ou la mort.

C'est donc pour un temps un nouveau rythme de vie, l'investissement de nouvelles relations , la découverte des rituels hospitaliers, ce que Mathias Malzieu décrit comme toujours avec poésie (eh oui c'est possible) et humour.
Aucune rancoeur ou sentiment de rébellion, de règlement de compte par personnel soignant interposé, au contraire, notre malade ne tarit pas d'éloge sur la corporation, et particulièrement les infirmières :  
« ces grandes déménageuses de l'espoir. A elles la lourde tâche de diffuser quelques bribes de lumière aux quatre coins de l'enfer, là où les anges perdus font du stop à main nue »

Il y a aussi matière à créer un suspens dans cette histoire : le traitement de la maladie ne peut être que symptomatique, remplacer les cellules sanguines évanescentes, mais même ce procédé s'épuise et expose le malade à des réactions indésirables; seul espoir la greffe de moelle (moelle osseuse, bien sûr, que l'auteur ne confondra plus jamais avec la moelle épinière), avec les difficultés inhérentes à la thérapie, trouver un donneur compatible, et si possible avant que la situation ne se détériore complètement.

Comme dans ses écrits précédents, Mathias Malzieu a le don de nous faire passer du rire aux larmes, en quelques mots, quelques phrases, qui touchent la corde sensible. Est-ce la persistance en lui d'une âme d'enfant, qui se rend en skate aux consultations ou se nourrit comme un ado aux gras trop longs? Il possède surtout un merveilleux talent de jongleurs de mots, allié à une sensibilité exacerbée, pour exprimer ce qu'il y a de plus humain en nous, l'amour, la peur, l'angoisse devant la maladie, la solitude, l'enfer autrement dit :

« Le véritable enfer. Pas celui avec du feu et des types à cornes qui écoutent du heavy métal, non, celui où tu ne sais plus si ta vie va continuer ».

On en redemande, Mr Malzieu, pas que vous soyez à nouveau malade bien sûr, mais que vous preniez votre plume pour continuer à « faire le con poétiquement » car « c' est un métier formidable ».
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