AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JLudo


Quand Vient la Horde est un roman dur et sombre qui se permet de traiter différents thèmes de manière approfondie, dans un environnement où la vengeance est la figure de proue et où l'amitié côtoie l'admiration malsaine.

Pour faire simple : Ivan est un jeune paysan idéaliste et progressiste, costaud, profondément humain, ce qui est démontré quand au tout début du roman il a le choix entre combattre seul trois personnes armées pour ce qu'il estime être juste, ou les laisser partir et ainsi sauver sa vie de même que celle de sa fiancée. Son acte est perçue par cette dernière comme de la lâcheté alors qu'au contraire, il pensait de manière logique : aurait-ce été vraiment courageux de mourir, là, à cet instant, pour empêcher des bandits de voler un butin qu'ils auraient de toute façon réussi à lui subtiliser à l'issue de sa mort ? On nous le montre dès le début : Ivan est un être humain tout ce qu'il y a de plus crédible.

C'est ce jeune homme au courage réaliste qui se fera capturer, torturer, humilier et enfin accepter au sein de la Horde, la troupe de mercenaires dirigée par Yekatelina, surnommée la Putain Blanche en raison de sa chevelure.

On se retrouve dans un univers de dark fantasy sans magie, ce qui, je dois l'avouer, m'attire beaucoup. Les seuls monstres présents dans l'histoire de Quand Vient la Horde sont les hommes et les femmes qui s'y trouvent. Les informations concernant les conflits géopolitiques qui secouent les régions que parcourent Ivan et la Horde sont lâchées au fur et à mesure de l'histoire pour cimenter peu à peu une intrigue plus vaste que ce que j'avais envisagé en premier lieu. Les personnalités sont d'ailleurs plus fouillées que ce à quoi je m'étais attendu, les batailles servent aussi à montrer les évolutions psychologiques des personnages, notamment Ivan dont les liens avec la Horde et Yekatelina se renforcent au gré des mélopées d'acier et des cadavres qui finissent par ne faire qu'un avec la flore locale.

Très clairement, les protagonistes principaux de l'histoire sont Ivan et Yekatelina : leur relation évolue, passant de la méfiance au doute, puis à la joie, à la colère, au ravissement et surtout : à l'admiration clairement malsaine que lui voue le jeune paysan, et ce, malgré le fait que la cheffe de la Horde lui ait expliqué dès le début qu'elle compte l'utiliser comme monnaie d'échange auprès d'un seigneur local pour récupérer une personne chère.

Concernant Yekatelina, elle expose plusieurs facettes tout au long de l'histoire : la guerrière et stratège implacable qui magnétise tout ce qui l'entoure au point où ses hommes lui vouent presque un culte, la jeune femme bafouée et meurtrie totalement névrosée, mais aussi la vengeresse où la violence confine à la folie pure.

La Horde elle-même est un personnage à part entière, composée de nombreux visages qu'on aura plaisir à suivre aux côtés d'Ivan dans son aventure au sein de leur troupe, mention spéciale à Antae, Junsa et Kisang de même que quelques autres compagnons d'infortune.

Il est impossible de dire en quoi ce roman est marquant sans spoiler, alors pour faire un retour concis et simple : le dernier quart du roman m'a tout simplement bouleversé par sa dureté, son réalisme, et par un retournement de situation. Ledit retournement avait été teasé dès le premier chapitre mais sans jamais révéler ce qui allait se passer précisément, et quand on y arrive, eh bien, c'est une claque. Il m'a vraiment choqué par la manière dont les événements sont présentés : comment en est-on arrivé à ce point de non-retour ? J'étais à 100% avec Ivan, j'ai souhaité les mêmes choses que lui, je m'identifiais totalement au personnage parce que je l'estimais être "juste", malgré un idéalisme parfois très prononcé. Il découvre tout simplement que c'est bien souvent dans la nature humaine que l'ignominie se révèle dans ce qu'elle a de plus odieux et de pervers.

Les aspects géopolitiques, les conflits de territoire, les cultures différentes qui se heurtent, la vengeance et les sentiments qui tournent autour de l'admiration qu'on peut avoir malgré tout pour quelqu'un qui nous a causé du tort, et fait tant de mal... mais qu'on aime malgré tout, voici ce qui est représenté en toile de fond élégamment peinte par Aurélie Luong. L'autrice nous fait profiter d'une plume travaillée qui va droit à l'essentiel, sans omettre pour autant les descriptions. Jamais trop, jamais trop peu. le coeur de l'histoire reste les relations tissées entre les personnages et leur évolution psychologique, en particulier Ivan, avec ses questionnements internes, moraux, concernant ses compagnons et Yekatelina.

On dit souvent que l'on se souvient d'une histoire pour sa fin. Celle de ce roman m'a fait ressentir des sentiments contradictoires mais intenses et m'a totalement gagné à sa cause : je m'en souviendrai longuement.

En quelques mots : j'ai adoré Quand Vient la Horde d'Aurélie Luong, d'autant plus qu'il s'agit de son tout premier roman : Pour une entrée en matière, il faut dire qu'elle n'y va pas avec le dos de la cuillère et fait forte impression !

Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}