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Critique de montmartin


Gisèle Halimi et Simone Veil font partie des femmes qui ont marqué notre époque. le décès le 28 juillet de Gisèle Halimi m'a donné envie d'en connaître plus sur cette femme admirable dans son combat permanent pour la cause des femmes et contre l'injustice. Autant dire que le livre écrit en collaboration avec la journaliste Annick Cojean tombait à point nommé.

Ce livre d'entretiens a parfaitement répondu à mes attentes. Annick Cojean pose les bonnes questions, elles permettent à Gisèle Halimi de revenir sur les étapes essentielles de sa vie et surtout de transmettre un message à la génération de sa petit-fille.

Tout est parti de son enfance en Tunisie et des son indignation ressentie dès son plus jeune âge que c'était une malédiction de naître femme. Gisèle va rapidement être persuadée que l'école sera sa libération. le choix du métier d'avocate ensuite, pour combattre l'injustice et essayer de changer le monde si mal fait. Adepte des procès-débats, des procès-tribunes pour faire reconnaître le droit des femmes à disposer de leur corps. Au fil des pages Gisèle évoque le douloureux procès de Marie-Claire violée à 16 ans et dénoncée par son violeur à la police pour s'être fait avorter ; la guerre d'Algérie avec les tortures, les exactions, la peine de mort et la sinistre guillotine ; la fondation de Choisir son association militante

Mais bientôt Gisèle prend conscience que le vrai pouvoir est entre les mains du législateur, elle entre donc en politique avec l'illusion de pouvoir changer l'avenir de tous les opprimés, l'occasion pour elle de dresser un portrait sans concession de François Mitterrand.
Ce livre est surtout un testament adressé aux jeunes femmes de demain : soyez indépendantes économiquement, soyez égoïstes, refusez l'injonction millénaire de faire à tout prix des enfants, les femmes ne sont pas réduites à des ventres. N'ayez pas peur de dire que vous êtes féministes.

La voix de Gisèle Halimi est sincère, elle n'élude aucun sujet, comme la difficulté d'être mère à part entière quand on a un métier si prenant. C'est un livre à faire lire dans tous les lycées afin de susciter les débats et la prise de conscience qu'aujourd'hui encore cela reste une malédiction de naître femme dans la plupart des pays du monde. Ce qui fait la force de ce récit c'est que le combat n'est en aucun cas dirigé contre les hommes, ce n'est pas cela être féministe.

Mais ce livre restera pour moi un formidable roman d'amour.
L'amour pour un métier, celui d'avocate, son oxygène, sa façon d'exister, l'amour de la plaidoirie, une nouvelle aventure à chaque fois.

L'amour pour ses amis, Sartre « son doux ami », qui préférait la compagnie des femmes « le castor », Simone de Beauvoir, irréductible combattante, Simone Veil, éloignée par leurs opinions politiques, mais du même bord, c'est-à-dire du côté des femmes et Guy Bedos « son petit frère », ils avaient tant de choses en commun, le déracinement, le rejet de tout esprit colonisateur, le refus du racisme, la vision de la religion comme un enfermement, surtout vis-à-vis des femmes.

Et surtout, l'amour pour Claude, l'homme qui a partagé sa vie, ses combats pendant soixante ans. Il l'a soutenue, l'a épaulée, ils ont tout fait ensemble, ils étaient partenaires.

Je remercie infiniment les éditions Grasset de m'avoir offert l'opportunité de lire ce roman.
#unefaroucheliberté #NetGalleyFrance
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