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Critique de PhilippeCastellain


Nicolaï Gogol tranche avec les autres écrivains russes. Son humour et sa verve, on ne les retrouve guère que dans quelques courtes nouvelles de Tchekov, qu'il inspira visiblement. Les textes rassemblés dans ce recueil montrent également l'étendu de son imagination, et des domaines qu'il abordait.

« le journal d'un fou » est la plus humoristique. Comme son nom l'indique, elle est écrite à la première personne par l'intéressé, dont les réflexions nous montrent le glissement de son esprit dans l'absurde. Comme beaucoup de personnages de Gogol, c'est un petit fonctionnaire, une catégorie sociale dont les écrivains russes adoraient se moquer. Leur solennité, leur respect de la hiérarchie et leur caractère tatillon faisaient leur miel.

Et pourtant, une certaine affection à leur égard transparaît dans « le manteau ». Car malgré l'emballage d'humour, c'est bien leur condition sociale à la limite de la misère qu'y illustre Gogol.

A l'inverse, « le Portrait » introduit des touches de fantastique à la Edgar Poe. La malédiction qui s'abattrait sur l'artiste qui oserait sacrifier son art à l'argent est également étonnante, au vu de la précarité dans laquelle il vivait, comme la majorité des artistes du XIXème.

« le nez », l'une des plus célèbres, réunit un peu les caractéristiques précédentes pour un texte fantastique où l'humour confine à l'absurde. Un matin en se réveillant, un haut fonctionnaire constate que son nez a disparu. Ayant acquis sa personnalité propre, ce dernier n'a pas du tout envie de réintégrer le visage de son propriétaire !

Se mêlent de fines observations sur la société russe. Elles culminent dans « la perspective Nevski », véritable inventaire des différentes classes sociales de Saint-Pétersbourg.

Gogol n'est pas un naturaliste. Il décrit avec un soin comparable les catégories d'individus et leurs défauts, mais il le fait avec humour. Au fond c'est de la sympathie qu'il éprouve, aussi bien pour les peintres naïfs que les officiers libertins. Il trouve touchant, ces personnages qui se croient très malins et très importants, leurs petites ruses et leurs espoirs, leurs grosses ficelles et leurs ambitions. Là où Maupassant choisirait d'en faire des êtres détestables, il prend le parti d'en rire.
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