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Critique de Ana_Kronik


Une analyse impitoyable du pouvoir des marchands. En guère plus d'un siècle, l'organisation de nos sociétés a été totalement bouleversée. En effet, d'une économie quasiment autarcique - petites exploitations agricoles nombreuses, produisant quasiment tout sur place, et n'achetant le reste que sur des marchés de proximité - nous sommes passés à des multinationales, produisant selon des procédés que nous ne connaissons pas vraiment, dans des pays lointains, et nous livrant par conteneurs et par Amazon. Développement des transports, industrialisation de la production, spécialisation à outrance, sont les trois facteurs fondamentaux de cette révolution. Parmi les conséquences, le fait que nous ne savons plus qu'elle est la valeur-travail d'un objet: un savon en contient-il plus qu'un sandwich Mc Do?

Encore fallait-il convaincre les consommateurs de changer de mode de vie. C'est là qu'est intervenue la publicité! L'auteur analyse son évolution de manière aussi détachée qu'implacable. Faisant remarquer qu'à l'origine, simple liste détaillée des caractéristiques du produit, elle est passée à la mise en avant d'image, de la satisfaction de désirs impalpables: en sont témoins, les produits qui rendent plus belle, les voitures qui affichent le standing social... ou encore la cigarette, symbole d'émancipation féminine.

Surfant sur la peur du conformisme, les marques jouent sur notre besoin de se démarquer(*), d'affirmer une identité. L'exemple d'Apple est éclairant: dès les années 80, la sortie du Macintosh, l'entreprise est présentée comme révolutionnaire. Son but selon Steve Wozniak (l'un des deux fondateurs) est d'aider les gens du commun à s'élever au-dessus des institutions les plus puissantes.

L'auteur évoque également les premiers théoriciens de l'ingénierie sociale et de la propagande, entre autre Bernays et Gustave le Bon, plaisamment qualifié de "toutologue". Reflet de son époque, où l'élite bourgeoise est à la fois fascinée et effrayée par les foules, le Bon a indiqué que la foule est stupide, dangereuse, mais que l'on peut la manipuler. Il est plaisant de constater qu'aujourd'hui, est qualifiée "d'ingénierie sociale"... la manipulation des internautes par des escrocs!

Anthony Galluzzo nous rappelle aussi que ce monde de la consommation facile n'est accessible qu'à une petite partie de la population terrestre. La plus grande partie, affectée à la production des biens que nous pouvons acquérir, n'a pas les moyens d'en profiter.

Un monde bien sombre, et qui ne semble pas prêt à changer de modèle...

(*) calembour vaseux, mais je ne pouvais pas le rater. Comme l'écrit Galluzzo, le travail de la marque est de faire exister les différences là où il n'y en a pas, ou peu. Que l'on pense par exemple aux marques de lait, ou même de vêtements tous fabriqués en Asie dans les mêmes ateliers et dont seule l'étiquette diffère.
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