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Critique de Liliseron


Faites-les lire ! Ou comment prêcher une convaincue.

Michel Desmurget s'emploie à rédiger un argumentaire solide et irréfutable en faveur du loisir qui devrait être le favori de tout un chacun : la lecture. L'ouvrage est d'utilité publique en ces temps où le cerveau des enfants est appâté par les écrans, que ce soit la télévision, les jeux vidéo où les réseaux sociaux, remplis de contenus publicitaires plus où moins cachés et d'une qualité souvent plus que douteuse (cf. son livre « la fabrique du crétin digital »).

Il manquait « la » solution suite à son constat de la « crétinisation » des jeunes générations et la voici la voilà : faites-leur lire des livres !

Après avoir constaté le lent déclin de la lecture chez les plus jeunes, chiffres et études à l'appui, ainsi que ses conséquences (non acquisition du vocabulaire, difficultés de compréhension, orthographe laissant à désirer, syntaxe déficiente…) avec un petit détour par le classement PISA et la place peu reluisante de la France (et d'autres pays de l'OCDE, ne faisons pas de jaloux), Michel Desmurget nous explique que la lecture est une construction cérébrale longue et difficile, car l'écriture n'est pas suffisamment vieille et n'a concerné que trop peu d'individus jusqu'à l'alphabétisation des peuples pour susciter une adaptation génétique, au contraire du langage, dont la prédisposition est innée chez l'homme, puisqu'ancrée dans notre héritage depuis des millénaires, même s'il faut tout de même solliciter ces réseaux cérébraux pour l'activer.

Il faut donc préparer le cerveau à la lecture, en présentant souvent du langage écrit à l'enfant mais surtout en lui lisant des livres pour le familiariser avec les spécificités du langage écrit (narration, tournures de phrases, conjugaison, vocabulaire…), puis continuer les lectures partagées même lorsque l'enfant « sait » lire (il le préconise jusqu'au début du collège inclus !), en complément de la lecture personnelle pour nourrir le cerveau de l'enfant et entretenir son goût pour la lecture.

S'en suit un plaidoyer sur les livres assez intéressant, notamment concernant les bénéfices de la lecture : accroitre l'intelligence (la lecture accroit l'indice de compréhension verbale dans le calcul du QI), enrichir le langage, engranger des connaissances, stimuler la créativité, développer les aptitudes émotionnelles et sociales, vivre mille vies, comprendre autrui, appréhender l'inacceptable…

L'idée principale à retenir selon moi est que c'est le temps passé à lire qui construit les lecteurs. L'auteur explique bien que si l'école a un rôle à jouer, c'est surtout les premières années de l'enfant qui sont déterminantes dans la construction de la lecture, puis la lecture « loisir », car plus l'enfant lit, plus il devient compétent. C'est le remède le plus puissant contre l'échec scolaire. Plus largement, il s'agit pour l'auteur de remettre la lecture au centre de l'occupation du temps libre des enfants en remplacement des temps d'écran chronophages et peu enrichissants voire délétères.

Un chouïa décliniste mais bon, il ne faut pas non plus se voiler la face, et rédigé sur un ton alarmiste, il s'agit toutefois d'une lecture intéressante, qui peut aussi donner des clefs à certains parents qui ne savent plus quoi faire pour intéresser leur progéniture à la lecture. Je suis la première concernée : mon fils de 9 ans lit, mais principalement des BD et son J'aime Lire, ce qui est déjà bien mais pas suffisant à mon goût. J'avais arrêté la lecture « partage » mais je l'ai reprise après lecture du conseil de l'auteur et bingo ! Mon fils a tellement eu hâte de lire la suite du pavé qu'on avait commencé ensemble qu'il l'a fini tout seul et a enchainé avec un autre pavé tout seul. On en a attaqué un autre en lecture partagée, qu'il n'était pas très motivé à lire, mais dont il me réclame le chapitre suivant tous les soirs 😉

Pour tous les professeurs des écoles, ce livre peut aussi constituer une base argumentaire simple à destination des enfants et de leurs parents qui ne se sentent pas toujours concernés. Bref, comme dit plus haut, l'ouvrage est d'utilité publique.
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