L'or des rivières

Bon , chers et chères amis , me voici fort embarrassé pour rédiger une critique sur " L'or des rivières "et pourtant ...il le faut sinon j'en serais malade de honte .
Bon , j'y vais .Pour ceux et celles qui ne me connaissent pas , je suis creusois , septuagénaire et j'adore ce département où j'ai passé les 25 premières années de ma vie .
Avec ça , vous devez vous demander en quoi cela peut bien vous intéresser .
Continuons .L'auteure de cet ouvrage est creusoise depuis de nombreuses années maintenant et , surtout , descendante de creusois ! Elle est également septuagénaire et s'avère être une grande amoureuse de ce département que l'on traite souvent de " trou du cul du monde " , pas moins que cela .
Je précise que je ne connais pas personnellement cette dame , même si son nom "Chandernagor "est connu de la plupart des creusois .... Aprés , aprés , son talent d'écrivaine touche au sublime et elle est présidente du jury du prix " Goncourt ".
Et voilà que cette dame , dans ce superbe livre , nous livre toutes les facettes de son amour pour ce département qu'elle ne quitte plus beaucoup désormais .
Vous voyez la relation , tout en modestie de ma part , entre elle et moi , entre elle et les creusois ? L'amour est un sentiment difficile à transcrire , un sentiment qui va bien au delà des mots .L'amour , c'est un incroyable mélange d'émotions diverses et d'une force incroyable où les extrèmes côtoient le commun .C'est difficile à transcrire pour un compagnon ou une compagne , ça semble une gageure quand il sagit de parler d'un département ...
Et pourtant , par des mots fins , subtils , superbes , par des anecdotes , des portaits de personnages authentiques , des faits historiques , des souvenirs de vacances , des trajets mouvementés vers l'île salvatrice ,nous ne découvrons pas une publicité pour la Creuse , nous sommes la Creuse , nous sommes " Chandernagor ".Nous imaginons le passé , vivons le présent , craignons l'avenir , tout cela à un rythme lent ou accéléré , c'est selon .Une ode de nature à faire fondre nombre de coeurs de creusois de souche qui verront défiler les gens qui ont compté pour eux et constater combien étaient grandes leur obstination , leur persévérance à faire disparaître une image de gens aux sabots englués dans des fanges de boue grasse .
La revisitation de madame Chandernagor a , par ce regard empreint d'amour , rendu toute leur fierté à des creusois plus habitués à subir les sarcasmes et à baisser les épaules sous les quolibets , notamment parisiens .
Ne disait on pas que " des corréziens étaient des creusois qui savaient lire "?Terrible vexation pour des gens qui , il est vrai , ont pensé à survivre avant de se développer au milieu d'une merveille recherchée comme" l'or des rivières " , la luxuriance d'une nature préservée et désormais salvatrice . Et bien , les creusois , ils doivent ABSOLUMENT LIRE le livre indéfinissable , inclassable de madame Chandernagor .Et comme ils ne sont en rien chauvins ou rancuniers , ils accepteront sans " barguiner " , d'en partager la lecture avec vous ... et même vous y inciter !
J'ai terminé la lecture de ce récit dans un " état second " , baignant dans une douce béatitude . J'aurais aimé écrire un tel récit mais madame Chandernagor avait en elle tellement de choses à exprimer et ...le talent .
J'en connais parmi vous qui vont vouloir en savoir plus , lire , et vouloir venir en Creuse .Et , molo tout de même ! Pas trop à la fois . Ceux et celles qui viennent ont tendance à vouloir revenir .( c'est vrai ) alors on va tout de même pas vous mettre une taxe comme à Venise ! La Creuse n'est pas riche mais elle est généreuse .
Allez , à bientôt et n'écoutez surtout pas les jaloux qui vont vous dire , " En Creuse , vacances heureuses , ailleurs , vacances meilleures " .Des jaloux aigris , je vous dis .
A bientôt amies et amis .Et grand , énorme Merci à madame Chandernagor . Quelle ambassadrice !

Laissez les pages défiler, improvisez-vous, le temps d'une lecture, chasseur d'or... Mais de quel or s'agit-il ? Ne vous y trompez pas. Vous ne ferez pas fortune... Il s'agit d'un or d'une autre nature, d'une richesse liée à un lieu qui semblerait banal, caché, insoupçonné...

Françoise Chandernagor, dans L'or des rivières, choisit de nous confier ses souvenirs d'enfance, une enfance heureuse qui s'est déroulée, en grande partie, au nord du département de la Creuse. Un département du Massif Central mal connu, que l'on situerait grossièrement entre Limoges et Clermont-Ferrand. Un département de l'ancienne région du Limousin.

A travers l'histoire de son grand-père maternel, un maçon migrant, Françoise Chandernagor redonne vie à plusieurs générations d'hommes qui quittaient leur famille au printemps pour contribuer à édifier les bâtiments parisiens... en rêvant de pouvoir, un jour, posséder une maison bâtie de leurs mains...... en parallèle, elle nous ouvre les portes de sa maison du nord de la Creuse, une grande maison aux arbres centenaires, véritable refuge. Un lieu privilégie où elle a choisi d'écrire, l'endroit d'où elle observe les changements du monde, changements économiques ou climatiques....

C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai lu le récit de l'enfance et l'adolescence de Françoise Chandernagor - et que j'ai mesuré l'attachement profond qu'elle porte à la Creuse. Ce n'est pas voix de la fille d'un député de la Creuse, André Chandernagor, que nous entendons. Ni même celle de la jeune fille qui a marqué les esprits en devenant à vingt-trois ans la première femme major de l'ENA... Ni même l'autrice célèbre qui fait partie de l'académie Goncourt. C'est la voix d'un enfant du pays, d'une petite fille et d'une femme qui partage avec nous l'amour qu'elle porte à des paysages d'exception, qui nous parle avec émotion des hommes et des femmes simples qui ont marqué son enfance.... Une autrice qui nous dépeint aussi bien les tapisseries centenaires, les techniques transmises de génération en génération, que les tableaux des peintres impressionnistes, comme Monet... et ils furent nombreux, ceux qui furent attirés par la lumière du nord de la Creuse et ses paysages tourmentés.

Un roman autobiographique porté par l'amour d'un grand-père.... "Sur le seuil de sa maison, mon grand-père m'attend. Comme au jour de ma naissance, dans la chambre obscure qui donnait sur la cour, il m'apporte le soleil"... le soleil, l'or que l'on retrouve....
Un très bel hommage.