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Critique de Sundgauer


Les Vulnérables de Belinda Cannone est un recueil de textes contenant des travaux inédits et plus anciens, remaniés. Il s'agit d'explorer une galerie de personnages en errance, qui ne font pas partie des voix que l'on entend couramment. Ce recueil me semble posséder trois textes un peu en-dehors de ce cadre.
D'abord, "Les relations toxiques", qui est le titre des Liaisons dangereuses, écorché par des étudiantes wokistes. Une mise en garde contre un féminisme qui ne se voudrait que lutte entre les sexes, et mécompréhension, pertinente mais peut-être de trop. "Le prénom", inspirée par Daniel Trocmé, résistant. Par rapport aux autres textes, le contexte semble un peu plus hors-sujet. La dernière nouvelle sur une adoration devant une femme urinant me semble également dispensable.

Pour le reste, il y a en effet un fil conducteur. La vulnérabilité des uns et des autres est représentée par des trajectoires chaotiques, de routes sinueuses ou d'élucubrations artistiques parfois inspirées de faits divers, alliant ainsi la modernité au classicisme de l'exercice de la nouvelle (bon nombre de nouvelles s'inspirant bien évidemment de la Presse)

La beauté réelle du texte me semble néanmoins parfois un peu gâchée par cette volonté post-moderne de ne plus délimiter clairement la narration du dialogue. Toutefois, on trouve des partis-pris narratifs très intéressants, dans une façon d'envisager le support littéraire comme un sanctuaire, dans lequel les âmes en peine peuvent trouver un écho : à la fois faire entendre une voix qu'ils peinent à se formuler (faute de mots, ou de possibilités de se dire), ou même un lieu de survie, un au-delà (comme si l'on se doutait que les personnages décrits devaient périr ou ne pas être, mais que le texte littéraire se fasse refuge, vie alternative dans laquelle le danger ou la chute finale ne se seraient pas produits). Cette galerie d'êtres fragiles se donne à voir au travers de vives lumières brûlées, comme chez Cézanne ou Kiefer.

Un recueil parfois fort, mais inégal, qui ne semble parfois aborder son sujet de manière incomplète. Mention spéciale pour les textes "Dans les tambours", "Les gabians", "Les martinets" et "Le Chêne", qui contiennent l'essence du style de l'auteure.
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