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Critique de Lucilou


Le premier tome des "Mémoires de la Forêt" fut un tel coup de coeur que je n'ai pas hésité longtemps avant de m'offrir les tomes suivants. Et puis, ces lectures douces et poétiques qui font la part belle à la nature et à l'enfance sont de saison...
C'est ainsi que j'ai dégusté le second opus des aventures d'Archibald Renard: comme une enfant, au pied du sapin rutilant de rouge, de vert et d'or; emmitouflée dans un plaid et une tasse de chocolat bien chaud posé non loin de moi. "Les Carnets de Cornélius Renard" méritaient bien que je sacrifie momentanément mon indispensable théière!

J'ai retrouvé avec ce second opus des aventures de la forêt de Bellécorce tout ce qui avait pour moi fait la magie du premier: un roman doux et poétiques dont les illustrations au charme un peu suranné m'ont données l'impression d'être une de ces lectrices du début du XX°siècle, à l'époque des livres si joliment enluminés et dont les illustrations ne cherchaient rien d'autres qu'à raconter le passage précisément raconté sur la page... Et puis ces animaux anthropomorphes, cette époque de narration où les personnages parlent de daguerréotypes et non pas de photographies... Un petit côté "vent dans les saules" qui me charment infiniment...
Il y a l'objet-livre, il y a aussi le monde inventé par Mickaël Brun-Arnaud, infiniment attachant. Moi qui adore les renards, je suis servie! Moi qui ne pas une adepte absolue des tortues (pas depuis qu'enfant, une histoire devenue célèbre m'a appris qu'une carapaçonnée avait vaincu à la course le lièvre si mignon...!) aussi.
En outre, il y a dans cette saga le confort moelleux d'une histoire simple, douce. "Mémoires de la Forêt", c'est une lecture confortable, cosy... et gourmande! C'est qu'ils mangent bien les animaux de Bellécorce et qu'ils ont le sens de la gastronomie (et des tea-time réussis!).

Enfin demeurent les éléments qui font de "Mémoires de la Forêt" bien plus qu'une gentillesse enfantine: la gravité et l'émotion qui se cachent sous l'apparente légèreté de cette geste animale.

A l'orée des "Carnets de Cornélius Renard" nous retrouvons notre libraire et renard préféré qui, à l'instar de ses congénères forestiers, prépare en grande pompe l'arrivée de l'automne. C'est là que pénètre dans la librairie un visiteur aussi froid que mystérieux, un grand loup gris, qui prétend, preuve à l'appui, que la librairie lui appartient et que jamais au grand jamais, les aïeux d'Archibald ne purent en avoir la propriété. Expulsé, notre héros trouve refuge auprès de sa famille: ses parents mais aussi son grand-père Cornélius, qui ne prononce plus une parole depuis qu'il a été terrassé par "la maladie de l'orage" vingt ans auparavant et de son neveu Bartholomé, renardeau chétif et maigrelet mais surtout rat de bibliothèque. La famille ne tarde pas à comprendre que derrière cette sombre histoire d'acte de propriété se cache un lourd secret de famille que Cornélius n'est plus en mesure de raconter. Heureusement qu'avant l'orage, le vieux renard avait entrepris de confier l'histoire de sa vie à de vieux carnets remis aux membres d'une mystérieuse confrérie qu'Archibald et Bartholomé vont tenter de débusquer.

Ce tome a vraiment la profondeur et l'émotion du précédent. Il est certes encore question d'une maladie douloureuse et mal comprise (l'orage m'a fait penser, moi, à un AVC...) mais dans sa langue poétique et imagée, douce et travaillée Mickaël Brun-Arnaud parle aussi avec talent du poids des secrets de famille, des histoires d'amour qu'on ne s'autorise pas toujours à vivre, d'enfances fracassées et des peurs qu'on traîne tous en nous et contre lesquelles il est bien difficile de lutter.
Encore une fois, j'ai été frappée par la force de ce petit roman qu'on croirait très enfantin mais qui est capable de toucher aussi les adultes à travers des sujets graves, voire douloureux.
Ces mémoires sont une jolie métaphore de la vie, du temps qui passe et des souvenirs, ceux qui font mal autant que ceux qui rendent heureux. Ceux qui rendent la nostalgie heureuse et ceux qui la font amère.
Pour moi qui suit très attachée à ces thématiques parce qu'une indécrottable nostalgique, cela ne pouvait que fonctionner... mais je crois que Cornélius et les autres sont capables de toucher n'importe qui.





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