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Critique de JIEMDE


Il est des livres que tu ouvres et qui dès les premières pages, t'interpellent en mode « Je tiens du lourd » ! Friday Black de Nana Kwame Adjei-Brenyah – traduit par Stéphane Roques - est de ceux-là. En douze nouvelles toutes aussi réussies les unes que les autres, il nous plonge dans un monde dystopique – mais pas tant que ça…- avec une maîtrise bluffante de ce genre réservé aux meilleurs.

Les univers dans lesquels Ajei-Brenyah choisit de placer ses personnages sont à la fois dans un futur aux codes avancés (un monde où le virtuel et la gamification ont toute leur place, où l'on s'envoie des shoots de Bien, où la vie se réinvente quotidiennement à la manière d'Un jour sans fin…), mais aussi dans une actualité saisissante quand ils mettent en lumière les grands travers de nos sociétés contemporaines qui, vous l'aurez compris, ne se sont pas arrangés dans le futur.

Il passe ainsi en revue les excès et folies de notre société consumériste à l'excès ; les inégalités raciales devant la justice et ailleurs ; l'inhumanité d'un système hospitalier devenu machine sans coeur ni tête ; le jeu avec la vie et la tentation génétique ; la violence qui ne règle finalement rien.

Nouvelle après nouvelle, il surprend, choque parfois, mais questionne et interpelle nos sociétés. À sa manière. Car si le fond est sombre et anxiogène, le style est paradoxalement enlevé et quasi enjoué, avec un florilège d'expressions, de concepts et de personnages inventifs : le Degré de Noirceur, le Dieu aux Douze langues, l'Eclair et la Boucle, le Roi de l'hiver, L'Ordre de la Raie Manta, les Têtes baissées, le Bien industriel...

Une réussite assurément, une grande maîtrise du genre de la nouvelle et une forme de fraîcheur dans l'écriture que j'ai pris plaisir à découvrir, même si je reste toujours peu à l'aise avec les approches dystopiques qui ne cadrent pas forcément avec mon imaginaire limité et m'empêchent de tenir la longueur. Mais rien que pour la découverte (merci le Picabo River Book Club) et encore plus si le genre vous plaît, il faut foncer !
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