J'avais tout de suite remarqué des coupes dans la version française, elles étaient trop importantes pour qu'on ne les voie pas, surtout si on connaît bien le texte d'origine. En tout, une quarantaine de pages ont sauté.
[...]
J'avais découvert que la traductrice* avait escamoté çà et là les réminiscences de l'héroïne, l'obsession de Rebecca, et ses pensées essaimées de rêveries, tout l'héritage de Kiki. Le rythme du livre s'en trouvait modifié, en partie amputé de l'atmosphère que Daphné avait ciselée avec tant de soin. Ce qui m'avait le plus navrée, c'était ces deux scènes fondamentales réduite à des peaux de chagrin, l'une avec Mme Danvers dans la grande chambre de l'aile ouest, dépouillée de sa tension dramatique, et l'autre de Maxim, le clou du livre, l'instant où jaillit la vérité, ce qui s'est passé dans le cottage de la plage où Rebecca recevait ses amants, et dont il manquait une page entière de dialogues.
*Rebecca - Traduction par Denise Van Moppès, 1940