Spleen en utopie
Bee-Quatre : une cité magnifique avec ses Chambres des Rêves, son Musée du Robotisme, son Palais Dimensionnel...
Bee-Quatre : une cité à la technologie particulièrement sophistiquée, où les machines, les ordinateurs, les robots et les quasi-robots (!) font tout, absolument tout.
C'est là que vit la narratrice de ce singulier récit, une Jang (une adolescente ?) dont nous ne connaîtrons jamais le nom et qui s'exprime avec certains mots bien particuliers, propres à sa catégorie sociale.
Et elle s'ennuie, elle s'ennuie terriblement, en dépit des nombreux divertissements proposés par sa cité…
Elle n'est pas la seule d'ailleurs, son ami Hergal, qui est vraiment fnosh (1), se suicide régulièrement avec un ornithoplane en s'écrasant contre le Monument de Zeefahr, puis renaît à chaque fois avec un corps différent après être passé par le Bain des Limbes.
« Alors que faire pour ne plus être drout (2) ? » se demande notre narratrice.
Changer de sexe, de corps ? Elle l'a déjà fait. Travailler ? Mais on l'a déjà dit, les machines font tout. Avoir un enfant ? Mais en obtiendra-t-elle l'autorisation, elle qui est une Jang capricieuse et égotiste ? Et puis d'ailleurs avec quel père ? Elle ne connaît que des Jang plus ou moins immatures...
Ah, pourtant, ce serait vraiment groosh (3) pour notre narratrice qu'elle trouve un sens à sa vie…
La romancière britannique Tanith Lee, connue surtout pour ses récits de fantasy (la saga d'Uasti...), a non seulement décrit un univers original et dépaysant, mais elle a mis en scène un type d'héroïne (si je puis dire) qu'on ne voit pas si souvent dans le domaine de la science-fiction.
Notes :
1) fnosh : idiot
2) drout : déprimé
3) groosh : formidable
Challenge multi-auteures SFFF 2020
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Les Mille et Une Nuits de la dark fantasy
Ce n’est pas la première fois que je lis Le Maître des ténèbres de Tanith Lee, et la magie est toujours là !
Ce récit est le premier d’un cycle de cinq volumes (une pentalogie) qui se déroulent sur une Terre plate ; ils ne constituent pas une suite et donc peuvent se lire indépendamment les uns des autres.
Le Maître des ténèbres, c’est Ajrarn, le Prince des Démons ; il règne depuis des temps immémoriaux sur la Terre Inférieure et la fabuleuse cité de Druhim Vanashta, et il se rend régulièrement en Terre Supérieure, là où brille le soleil et où vivent les hommes, pour se jouer d’eux...
Les différents épisodes qui se succèdent dans le récit sont autant de contes cruels et merveilleux qui envoûtent le lecteur : celui de Sivesh, un enfant élevé parmi les Démons qui aspire à vivre en Terre supérieure, quitte à encourir la colère du seigneur Ajrarn ; celui de Zorayas dont la beauté est telle que nul mortel ne peut la voir sans tomber éperdument amoureux d’elle ; celui de Shezaël et Drezaëm qui se partagent la moitié d’une âme (transposition du mythe de l’amour raconté par Platon dans Le Banquet) ; celui de Qebba dont la haine dévorante ravage le monde…
Ces contes, qui transposent certains mythes connus ou en inventent de nouveaux, constituent un récit d’autant plus envoûtant que l’écriture de Tanith Lee est somptueuse et d’une extraordinaire sensualité...
Laissez-vous ensorceler par Tanith Lee la magicienne !
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Terre de lierre.
Day of grass en vo ...
Un petit roman qui n'est pas mauvais du tout et qui possède une grande présence ....
Depuis près d'un siècle l'humanité vit dans des terriers sous la surface où elle a été refoulée par de redoutables extraterrestres .
Ce monde sous-terrain isolé de la surface est très présent et c'est une belle exploration .
Le lecteur découvre les habitants de ces abris et leur histoire de façons dynamiques et intéressantes .
Le personnage principal entraîne le lecteur à la surface de la terre devenue mystérieuse et dangereuse .
Ce roman fait un peu penser à Génocide de Thomas Disch . C'est un texte qui rappelle un peu aussi le style de Vance .
Une réflexion sur la nature humaine .. la guerre .. la contrainte volontaire , les sociétés en vase clos et les rapports entre bourreaux et victimes ...
Il y a une approche simple des choses dans ce texte , une approche trop simple peut-être ? ( mais pas simpliste ) pour que l'on puisse parler de chef d'œuvre ...
Pas mal .
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J’ai raté le coche à l’époque où Tanith Lee était une vedette en livre de poche. Je l’ai toujours un peu regretté. Cette nouvelle me permet enfin de goûter son style, et j’en remercie les éditions Le Passager Clandestin, et Babelio pour la MC.
J’avoue être admiratif devant cette description d’un monde post-apocalyptique effectuée par une jeune fille de seize ans avec un style relativement innocent, absolument pas plaintif, désabusé ou révolté. Ce qui choque les lecteurs que nous sommes y est raconté comme une normalité, et ce contraste constant et dérangeant m’a touché.
Greena – c’est son nom – vit dans un quartier populaire mais sécurisé, à l’abri des retombées radioactives et de l’insécurité qui règne en ville. Sa mère est une dure à cuire qui mène sa famille d’une main de fer, sans que cela paraisse anormal à la jeune narratrice. Toutes deux vont se rendre dans le Centre, lieu sous dôme où les riches vivent dans une relative aisance, afin de « vendre » Greena à un jeune homme et lui assurer ainsi un avenir.
La dureté de ce monde se dévoile donc à travers le style. Ces gens luttent pour leur survie. Ils ont à peine le temps de se reproduire avant de mourir des radiations. Mais c’est leur monde. Il est ce qu’il est et Greena ne regrette rien du passé qu’elle ignore probablement.
Comme d’habitude dans la collection Dyschroniques, un dossier est ajouté. Il est ici survitaminé afin d’offrir un livre de taille décente. Si la biographie de Tanith Lee m’a donné envie d’approfondir son œuvre (notons que Pleurons sous la pluie a fait partie de l’anthologie annuelle World’s Best SF en 1988), le contexte de la nouvelle s’étend trop sur l’histoire des maladies causées par les retombées nucléaires, sur le Tchatchérisme et sur l’essor des communautés sécurisées.
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«Vingt et un étaient les anciens scarabées qui se faufilaient dans ce dédale à la poursuite de leur ombre. Mais elle était seule, écrasée par l'architecture massive et le décor inhabituel.»
C'est une lecture, que je fais, avec Bernacho, c'est une auteure que je ne connais pas, que je découvre à travers ce roman. de plus, je constate également que c'est une romancière anglaise et elle possède plus que 70 livres à son actif. Je remarque aussi qu'elle se spécialise dans la science-fiction et de la fantaisie.
[Hello, ici Bernacho qui cacarde, c'est moi qui ai proposé cette lecture, et comme je ne sais pas quoi en penser je profite de cette critique pour m'incruster subrepticement entre crochets]
«Elle était en sécurité. Ils étaient fous, mais elle l'était tout autant pour être venue ici. ‘'N'aie rien avoir avec eux, dit sa mère, raide dans une pièce nébuleuse de sa mémoire'' Non, maman murmura Rachaela.»
Étrange, Nébuleux, Morbide
Le livre «La danse des ombres» est quand même un bon pavé, il contient 356 pages. C'est édité par Pocket, dans la collection «Terreur». J'affectionne beaucoup la quatrième de couverture, qui ressort bien à cause des couleurs éclatantes et je crois qu'elle représente bien la clé maîtresse des événements.
Dans l'ensemble, l'auteure Tanith Lee, nous offre une histoire divertissante, avec une écriture fluide, avec un bon scénario. Le point fort du livre : c'est qu'elle reste très centrée sur l'ambiance auquel elle reste très fidèle. Le petit bémol : c'est basé surtout sur la routine du personnage, dans son quotidien.
[Alors pour qui voulais lire des auteures femmes j'ai été servi ici. Je trouve que l'écriture est très féminine. Personnage féminin, problématiques et enjeux très féminins. Jusqu'à cette scène qui ressemble point à point à une des trois scène de sexe obligées de tout livre de la collection Harlequin. Mais plouf! heureusement que la scène se termine d'une manière surprenante qui dérange et fait avancer l'histoire à la fois.]
«Une vache passait dans un champ, solitaire. Aucune habitation n'était visible alentour. Tu vois cette vache, me réga-lerais bien d'une belle tranche de boeuf ce soir, moi…»
Au cours de ma lecture, je me suis beaucoup amusée à suivre l'héroïne même si le dénouement est très prévisible. Elle fait des rencontres très spéciales, au cours de ses promenades.
Au fur et à mesure qu'on la suit, on ressent vraiment sa détresse, elle s'aperçoit que le piège se referme sur elle et elle est de plus en plus démunie. Elle est vite soumise au cercle vicieux de la famille. On distingue très visiblement l'influence maudite, qui l'ensorcelle.
[Un vieux mythe du fantastique repris d'une manière à la fois moins spectaculaire et plus trouble. L'auteure s'attaque à pas mal de tabous aussi. Ca peut déranger. C'est très trouble dans le fond de l'âme humaine.]
«Partir était peu réaliste, les moyens de le faire manquaient. Et elle était destinée à rester. Elle n'avait nulle part où aller. Si vaste qu'il fût, le monde ne pouvait offrir de refuge satisfaisant pour la cacher aux Scarabae.»
«Vous croyez que la sorcellerie des Scarabae est plus forte que tout, n'est-ce pas ? Mais vous n'êtes rien qu'une marionnette. Vous n'avez pas d'identité. Vous n'êtes rien que leur machine à ensemencer.»
C'est un livre qui se lit bien, sans prise de tête. Je ne peux pas dire si j'ai aimé ou détesté ma lecture. Je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages à part au gros matou. C'est un roman qui procure de la détente, sans plus, ni moins.
C'est difficile d'expliquer, je crois qu'il manque quelque chose de spécial, pour être satisfaite de ma lecture. Je trouve l'idée bonne au départ mais on ressent un ennui, qui perdure, au fil de la lecture. C'est comme une impression de déjà-vu et elle termine son roman, sur une fin ardue, qui prédit la suite.
[C'est trouble et tout en ambiance, mais très lent aussi, et ça manque un peu de ressorts. On découvre la vieille malédiction très progressivement et ce n'est pas terminé, il reste deux tomes après.]
«Tu parles de cette légende familiale à propos d'un prétendu vampirisme ? Nous le sommes. La lumière du jour n'entre pas dans la Demeure. Ils ne sortent qu'à la nuit tombée, à part Cheta et Carlo, les domestiques, qui ne sont pas de purs Scarabae. Et encore, ils doivent se protéger.»
Je confirme que ce n'est pas le genre de roman, que je lis avec Bernacho, d'habitude. Je conviens que le mot «Etrange» prend sa place dans le roman ainsi que dans nos échanges. J'aime bien le taquiner :
- «Est-ce que ce soir, on mange du lapin ou de la mouette ?»
- «Est-ce que c'est le gros matou, qui s'occupe toujours d'attraper
la volaille ?»
- «Est-ce qu'il va nous amener une souris, près de notre porte,
à notre réveil ?»
[La mouette m'a un peu dérangé, mais tant qu'ils ne mangent pas d'oie...]
«Elle sortit de la chambre puis du couloir, remonta l'escalier. J'ai obtenu ce que je venais chercher. Elle avait l'impression d'avoir fait l'amour avec un cadavre.»
C'est une lecture, très bizarre, en soi, c'est difficile d'en faire un bon résumé. Je crois qu'il faut le lire pour saisir vraiment les couleurs, les sensations et aussi les difficultés du roman. C'est une auteure que je vais continuer de découvrir, je ne resterai pas sur cette impression. Je suis certaine d'y trouver un bon livre, parmi son registre.
Le petit plus : c'est surtout le gros matou, que je n'oublierai pas. Il possède une place toute spéciale, près de ses personnages aux allures bizarres et de zombies.
Pour terminer, le livre n'est pas parfait en soi, mais il reste que c'est un bon moment de lecture. Il me permet aussi d'échanger, avec mon compagnon, sur nos ressentis, qui je crois, on se rejoint. C'est effectivement, très «Étrange» cette lecture, qui porte très bien sa signature.
[Une voix très particulière, cette Tanith Lee.]
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Ah, les contes... J'aimerais dire les merveilleux contes de mon enfance, mais je n'ai pas souvenir qu'on m'en ait raconté. J'ai découvert que ça existait bien longtemps après et forcément, quand on est grand, ça doit perdre de son charme. Sauf que ce recueil de contes de fées n'est pas du tout destiné aux enfants. Encore que je parie qu'ils m'auraient plu.
Toujours est-il que rien n'était censé m'attirer vers ce livre, si ce n'est de voir Peter Straub écrit en lettres de feu au beau milieu de tous ces auteurs (comment ça j'en fais trop ?).
Paula Guran a réussir à réunir une magnifique brochette de plumes qui m'ont toutes ravie. Par contre, je vois qu'il est marqué édition audio... faut pas rêver, j'ai une version papier, et il existe aussi en ebook.
Hormis un ou deux des récits qui m'ont un peu moins plu, nous avons affaire à une réinterprétation de contes et de fables plutôt exceptionnelle. La plupart sont très sombres, denses et intenses, mélanges de réel et d'imaginaire. L'humour y a sa place également, ce que j'apprécie en général, surtout l'humour noir et grinçant, et je ne regrette nullement de m'être jetée sur ce bouquin.
Je vous mets la liste des récits ci-dessous :
Introduction: Throwing In – Paula Guran
Tanith Lee – “Red as Blood”
Gene Wolfe – “In the House of Gingerbread”
Angela Slatter – “The Bone Mother”
Elizabeth Bear – “Follow Me Light”
Yoon Ha Lee – “Coin of Hearts Desire”
Nalo Hopkinson – “The Glass Bottle Trick”
Catherynne M. Valente – “The Maiden Tree”
Holly Black – “Coat of Stars”
Caitlín R. Kiernan – “Road of Needles”
Kelly Link – “Travels with the Snow Queen”
Karen Joy Fowler – “Halfway People”
Margo Lanagan – “Catastrophic Disruption of the Head”
Shveta Thakrar – “Lavanya and Deepika”
Theodora Goss – “Princess Lucinda and the Hound of the Moon”
Gardner Dozois – “Fairy Tale”
Peter S. Beagle – “The Queen Who Could Not Walk”
Priya Sharma – “Lebkuchen”
Neil Gaiman – “Diamonds and Pearls: A Fairy Tale”
Richard Bowes – “The Queen and the Cambion”
Octavia Cade – “The Mussel Eater”
Jane Yolen – “Memoirs of a Bottle Djinn”
Steve Duffy – “Bears: A Fairy Tale of 1958”
Charles de Lint –“The Moon Is Drowning While I Sleep”
Veronica Schanoes – “Rats”
Rachel Swirsky – “Beyond the Naked Eye”
Ken Liu – “Good Hunting”
Kirstyn McDermott – “The Moon’s Good Grace”
Peter Straub – “The Juniper Tree”
Jeff VanderMeer – “Greensleeves”
Tanith Lee – “Beauty”
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On poursuit avec cette seconde partie de l'anthologie « Chansons de la Terre mourante » notre découverte de l'univers du désormais regretté maître de la science-fiction, Jack Vance, à qui certains des plus grands auteurs américains de fantasy ou de SF ont récemment tenu à rendre hommage. L'idée est simple et consiste pour les auteurs en question à écrire à leur tour une nouvelle prenant place dans l'univers de la Terre mourante de Vance. A George R. R. Martin, Robert Silverberg ou encore Glen Cook, succèdent ainsi Tad Williams, Tanith Lee ou encore Neil Gaiman qui se prêtent à leur tour à ce périlleux mais, selon leurs dires, jouissif exercice. Que vous soyez de grands connaisseurs de l’œuvre de Vance ou totalement étrangers à son univers, dans les deux cas ces « Chansons de la Terre mourante » ne manqueront pas de vous séduire. A travers ces huit nouvelles, on découvre (ou retrouve) un monde proche de l'extinction tout à fait fascinant, plein de couleurs, d'exotisme, d'aventure et de dangers, peuplé de bêtes et monstres fabuleux coexistant avec une humanité tour à tour immorale, orgueilleuse, grotesque ou raffinée. De même, nul besoin d'être familier avec la prose de Jack Vance pour apprécier la saveur des dialogues extravagants échangés par ces personnages excentriques, ou de l'humour malicieux propre au maître que certains auteurs ont parfaitement réussi à reproduire.
Comme dans toute anthologie le niveau varie évidemment d'une nouvelle à l'autre. Certaines m'ont ainsi totalement laissée de marbre, à commencer par celles de Tanith Lee, Mattew Hugues ou encore John C. Wright. D'autres, en revanche, valent franchement le détour ! Avec « Les traditions de Karzh », Paula Volsky nous offre ainsi une nouvelle simple mais très bien construite consacrée à la quête désespérée d'un jeune homme pour trouver le remède au poison mortel qui le consume. Tad Williams réussit également son coup avec « La tragédie lamentablement comique (ou la comédie ridiculement tragique) de Lixal Laqavee » mettant en scène un charlatan opportuniste forcé de cohabiter avec l'une des plus redoutables créatures de la Terre mourante, un déodande. Pari également réussi pour Lucius Shepard et sa « Proclamation de Sylgarmo » qui met pour une fois en scène une femme et un guerrier, confrontés à l'astucieux Cugel, ainsi que pour Elizabeth Moon qui nous offre avec « Incident à Uskvosk » une nouvelle sympathique consacrée à un divertissement des plus étranges mais apparemment très en vogue : les courses de … cafards géants. L'ouvrage se clôt par ce qui constitue sans aucun doute la nouvelle la plus originale de l'anthologie (« Invocation de l'incuriosité ») dans laquelle Neil Gaiman propose pour une fois de faire un pont entre notre monde et celui de la Terre mourante.
Une seconde anthologie dans la droite lignée de la première et qui rend un bien bel hommage à ce grand monsieur qu'était Jack Vance. Quoi de mieux, pour terminer, que de donner la parole à Tanith Lee qui clôt sa postface par ces jolis mots : « Je ne peux croire que Jack Vance ait inventé la Terre Mourante. Au fond de moi je sais qu'il s'y rend souvent. D'ailleurs, il nous y emmène aussi, non ? » Rendez-vous courant 2014 avec la troisième et dernière partie de l'anthologie pour un ultime voyage.
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En ce temps-là, la terre était plate et flottait sur l'océan du chaos.
L'humanité édifiait les premières pierres d'un monde moyenâgeux.
Ajrarn, prince des démons, premier des seigneurs des ténèbres, aimait à s'aventurer sur ces terres au coeur de la nuit, pour tourmenter celles et ceux qui avaient l'infortune de croiser sa route. Mais bien malin qui croit toujours pouvoir vaincre car le péril n'est jamais loin pour les pauvres mortels. Surtout lorsque le Maître des Ténèbres n'est pas le seul à s'adonner à ces petits jeux.
Le Dit de la Terre Plate est un recueil de contes sur une contrée imaginaire. Des récits qui mettent au défi l'humanité et révèlent un panel d'émotions souvent sombres et cruels mais toujours pourvues d'ironie.
La plume de Tanith Lee se fait tour à tour lyrique, sensuelle et critique.
Elle nous entraîne au pays des démons, un lieu d'une beauté terrifiante où les hommes s'aventurent rarement sinon jamais, sur le dos d'un cheval de fumée et au pays des hommes, dont les habitants sont souvent le jouet des dieux.
Les contes de Tanith Lee sont écrits à la pointe du couteau. Incisifs dès les premières lignes. On est loin des contes de fées ou de textes dégoulinant d'une morale mièvre. Duplicité et trahison valent mieux que raison.
Ironie et cruauté forment une genèse sombre du monde de la Terre Plate. Un monde riche et complexe où les déités aiment à se jouer de la nature humaine mais ne peuvent exister sans.
Un monde que l'on parcourt sur plusieurs générations ce qui permet de découvrir les conséquences d'actions les plus anodines.
Considéré comme un classique de la fantasy, le Dit de la Terre Plate offre un panorama assez exhaustif des possibles jeux des Dieux. Métaphores et hyperboles brossent également le portrait de l'humanité dans toute sa diversité.
Un excellent moment de lecture et une découverte d'une très belle plume.
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Roman de science-fiction anglais écrit dans les années 80, "Terre de lierre" reprend le thème de l'envahissement de la Terre par des extra-terrestres. le livre démarre 137 ans après cette invasion. Il est scindé en deux grosses parties, la première est surtout centré sur le quotidien et une lutte de pouvoir d'un groupe humain. Pour la seconde, on change totalement de lieu et l'on rencontre enfin ces envahisseurs.
Une jeune héroïne que l'on va suivre tout du long, assez bien développée, pas plus de quatre personnages secondaires.
Ne cherchez pas de l'action dans ce livre, il n'y en a pas beaucoup, de même, les aliens ne vous feront pas frémir. Pas vraiment de combat sinon contre soi-même ou contre les siens, néanmoins ça se lit assez bien et sera tout aussi vite oublié.
Et je cherche toujours la signification du titre.
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Ma fille cadette, collégienne de 6e au moment où j'écris ces lignes, a dû lire ce roman dans le cadre de sa scolarité. Elle m'a demandé de le lire, non seulement parce qu'il était bien, mais aussi parce qu'elle n'avait pas compris certains éléments.
Je m'y suis donc mise, et c'est avec beaucoup de plaisir et de surprise que j'ai fait la rencontre de cette Licorne noire, d'une auteure- pourtant prolifique ! - dont je n'avais jamais jamais jamais entendu parler !
Tout commence dans le désert. Tannaquil, adolescente, vit avec sa mère, qui est Reine, certes, mais surtout... Sorcière ! Et qui expérimente un peu à tout va, répandant des éclaboussures de magie partout autour d'elle... le quotidien n'a rien de routinier dans cette forteresse perdue au milieu du désert : entre les oranges qui se transforment en oiseaux, les tisanes qui changent de couleur et les animaux qui se mettent à parler, Tannaquil n'a pas le temps de s'ennuyer avec tous ces effets collatéraux des passe-temps maternels...
Tannaquil ne semble avoir aucun don pour la magie. Elle, son truc, c'est de réparer les choses... et elle les répare si bien que jamais plus elles ne se brisent ! Peut-être tient-elle cela de son père, mais voilà, comment le savoir? Sa mère refuse d'en parler, et elle ignore qui il est...
Un jour, un grinche (petit animal du désert) lui demande un os. Un grinche qui parle ! Eclaboussé par la magie de Jaive, sa sorcière de mère, à l'évidence ! Tannaquil n'a pas d'os, malgré ses recherches dans toutes les poubelles de la forteresse, mais le petit malin en dégotte un tout de même. Et quel os ! Tannaquil est intriguée par cet os si étrange et si beau... Elle convainc le petit animal de lui montrer où il a trouvé cet os fabuleux, et parvient à reconstituer le squelette entier, et quel squelette ! Un squelette de licorne !!!
En plein banquet royal, ne voilà-t-il pas que ce squelette s'anime soudain, et vient semer la pagaille parmi les convives ! Jaive, rageuse, croyant à un robot imaginé par sa fille, lui décoche boule de feu bien sentie !
Sauf que ce n'est pas un automate, c'est une licorne ! Et grâce à l'attaque de Jaive, elle reprend pleinement corps et vie, et s'enfuit dans le désert, aussitôt suivie de Tannaquil et de son désormais fidèle compagnon (familier ?), le grinche...
Comment Tannaquil va-t-elle survivre dans le désert? Quel lien exactement l'unit à cette créature fabuleuse ? Sans le savoir, Tannaquil s'est embarquée pour une aventure qui lui fera connaître son père (quelle déception !), l'histoire de sa lignée familiale (quelle tragédie !), lui permettra de sauver une licorne (trop cool !) et "accessoirement" de se réconcilier avec sa mère et de découvrir sa vraie nature et sa vocation.
Un petit bijou que ce roman jeunesse, qui gagnerait largement à être davantage connu !
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17 histoires de vampires rassemblées par Ellen Datlow, ce recueil a attiré mon attention. Comme dans toute anthologie, on trouve du bon et du moins bon. Celle-ci m'a laissé une curieuse impression, parce que j'y ai trouvé de l'excellent et du très mauvais. Pas vraiment d'à peu près. On passe de la haute voltige à l'ennuyeux et fastidieux. Et le gore est vraiment gore. Ça passe parfois pour moi... pas cette fois. Pourtant, j'en ai lu, des passages très limite dans certains bouquins, alors il m'en faut beaucoup, mais j'ai trop ressenti la surenchère.
Mais passons, les excellentes nouvelles, magistrales, font passer la pilule. En particulier, The sea was wet as wet could be, To feel another's woe, Down among the dead men...
Je ne sais pas comment noter ce recueil, de ce fait, alors je vais lui mettre la moyenne, puisque ça reflète mon impression sur l'ensemble des récits.
Notez que ça doit être la toute première fois que j'écris un retour en français sur un ouvrage n'ayant pas été traduit. Je ne sais pas ce qui est préférable, en fait.
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This anthology turned out to be a mixed bag of tales featuring different versions of vampires, though some were better than the others. Featuring the only vampire short story by Anne Rice, the undisputed queen of vampire literature, and an autobiographical introduction by Ingrid Pitt, star of the films The Vampire Lovers and Countess Dracula, this Mammoth collection brings together thirty-four uncanny and erotic tales by women who have redefined the genre of vampire fiction. The quest continuesfor blood to drink, for souls to steal, for life among the undead.
Contents:
Introduction: My Life Among The Undead by Ingrid Pitt
The Master Of Rampling Gate by Anne Rice
Homewrecker by Poppy Z. Brite
When Gretchen Was Human by Mary A. Turzillo
The Vengeaful Spirit of Lake Nepeakea by Tanya Huff
La Diente by Nancy Kilpatrick
Miss Massingberd and the Vampire by Tina Rath
The Raven Bound by Freda Warrington
Vampire King of the Goth Chicks by Nancy A. Collins
Just His Type by Storm Constantine
Prince Of Flowers by Elizabeth Hand
Service Rendered by Louise Cooper
Aftermath by Janet Berliner
One Among Millions by Yvonne Navarro
Luella Miller by Mary E. Wilkins-Freeman
Sangre by Lisa Tuttle
A Question of Patronage by Chelsea Quinn Yarbro
Hisako San by Ingrid Pitt
Butternut and Blood by Kathryn Ptacek
Sleeping Cities by Wendy Webb
The Haunted House by E. Nesbit
Turkish Delight by Roberta Lannes
Venus Rising on Water by Tanith Lee
Year Zero by Gemma Files
Good Lady Ducayne by Mary Elizabeth Braddon
Lunch At Charon's by Melanie Tem
Forever, Amen by Elizabeth Massie
Night Laughter by Ellen Kushner
Bootleg by Christa Faust
Outfangthief by Gala Blau
My Brother's Keeper by Pat Cadigan
So Runs The World Away by Caitlin R. Kiernan
A North Light by Gwyneth Jones
Jack by Connie Willis
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Il s'agit là de ma seconde incursion dans l'oeuvre de Tanith Lee.
J'ai d'abord été subjugué par son écriture qui possède quelque chose de magique. L'auteure sait trouver les mots pour nous plonger immédiatement dans son monde imaginaire et nous rendre complètement accro à ses descriptions. L'utilisation abondante des épithètes ( trop diront certains), renforce l'idée d'une description détaillé et dénote d'une créativité sans limites. Tanith Lee sait raconter des histoires, et elle les brode avec une facilité déconcertante pour les rendre riche.
Dans ce roman elle joue avec l'image commune, habituelle du fantôme, nous emmenant sur des pistes pour mieux nous brouiller et finalement nous révéler toute la profondeur de son récit. Le premier tiers du roman pose les bases de l'histoire, présente les personnages, les enjeux; le second tiers est abondant en desciptions et s'amuse à perdre le lecteur dans des considérations plus ou moins philosophiques, ou existentielles devrais je dire! Enfin le troisième tiers oublie complètement l'histoire, le pourquoi du comment, pour se focaliser uniquement sur les personnages et leurs liens. Et ce sont ces liens révélés qui forment l'histoire que nous ne soupçonnions pas depuis le début. L'auteure opère un revirement subtil au point qu'il en devient presque brutal. Les révélations qui y sont liées sont brutales, pas dans le sens choquante, mais parce qu'elle nous embrouillait jusque là et qu'on ne savait pertinemment pas où elle nous emmenait. Et lorsque ces révélations sont faites, on ne peut qu'être bouche bée devant leur évidence et leur simplicité.
Je regrette quelques longueurs, quelques desciptions joyeusement brûmeuses mais malgré cela, je suis subjugué par la plume de cette auteure, que je trouve magique, poétique, et très évocatrice.
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Tuvek est le fils du chef, mais il est à part dans sa tribu. Il devient un grand guerrier et fait la connaissance du monde des cité où son statut sera aussi à part malgré la découverte que son père est en fait Vazkor, un grand roi décédé des cités.
L'histoire se lit facilement et elle est dense, ce n'est pas un problème.
Ce que je n'ai pas aimé c'est la tendance de Tuvek à considérer les femmes comme des objets. Peut-être était-ce l'état d'esprit de tribus anciennes et ce n'est pas sûr. Cependant je trouve que l'auteure aurait pu trouver une manière plus fine de l'écrire.
Je vais donc remettre ce livre dans la boite à livre d'où je l'ai sorti.
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Une nouvelle d'une quarantaine de pages, suivie d'environ vingt-cinq pages de contexte sur l'autrice, le texte proprement dit et la période à laquelle il a été publié initialement. Cette formule permet à l'éditeur, Le passager clandestin, de proposer à petits prix des textes un peu anciens (du début des années soixante à la fin des années quatre-vingt-dix environ), choisis en principe parce qu'ils traitent de problèmes qui n'en étaient pas encore tout à fait au moment de leur écriture. La présentation de la collection se conclut ainsi par la jolie formule "quand les futurs d'hier annoncent notre présent".
La nouvelle de Tanith Lee décrit ainsi un avenir bien sombre, sur un fond classique de retombées radioactives et de partition entre riches-sous-cloche et pauvres-qui-se-débrouillent-dehors. Elle vaut surtout pour le récit à la première personne d'une jeune fille qui aurait pu être présentée comme une victime et se révèle plutôt satisfaite d'un destin qu'elle n'a pas choisi. C'est bien écrit, ni trop long ni trop court, et le texte a plutôt bien vieilli. On notera tout de même que la traduction n'a pas été revue depuis la première traduction en français, dans Univers 1988.
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Voici une anthologie bien fichue, tournant autour d'un thème universel, l'amour, mais de manière singulière.
Tous les textes réunis ici sont emplies d'une certaine poésie et de qualités stylistiques qui en font des textes très agréables à lire, même si un ou deux sont assez biscornus pour arriver à nous perdre.
Pareil pour la façon qu'on chacun des auteurs pour aborder le thème imposé. Chacun est d'une originalité et d'une inventivité appréciable, mais de temps en temps cela va si loin que c'est difficilement compréhensible voir pas du tout (comme par exemple "Tout saigne dans l'huile" de Jean-Pierre Hubert, perso j'ai rien pigé à son histoire d'Alteramant).
En conclusion c'est une bonne anthologie qui hélas à un peu vieillie, mais qui reste tout de même assez originale et avec un sujet central intemporel et universel qui la rend toujours intéressante à lire de nos jours. Par contre sa lecture en est si riche qu'il me semble difficile de l'ingurgiter en une seule fois. Prévoyez donc plusieurs jours/séances de lectures
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