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Critiques de Martin Page (546)
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La Nuit a dévoré le monde

Amoureux des Zombies vous allez être déçus… Le livre de Martin Page ne va pas dans le sens voulu par tous les amoureux du genre : pas de masses zombiesques sanguinolentes, pas de survivants qui défendent durement leur peau, pas de tueries… Mais plutôt un roman contemplatif et introspectif sur un survivant, un simple monsieur tout le monde qui se retrouve à son corps défendant être le dernier représentant de l’espèce humaine dans un Paris livré un beau matin aux zombies.



« Vous êtes sur un balcon et vous vous rendez compte que vous assistez à un film d’horreur. Mais réel cette fois. Tous les films que vous avez vus vous reviennent en mémoire et vous comprenez que ce n’est pas un rêve et que la terreur est enfin au grand jour : des zombies sont en bas de chez vous. Des zombies. Il n’y avait pas à tergiverser. Dès ces premières secondes, j’ai su que ce n’étaient pas des psychopathes ou des terroristes, mais des créatures d’une tout autre nature. Comment appelle-t-on des êtres qui ne s’arrêtent pas après avoir pris une dizaine de balles dans le corps et qui confondent les gens avec des sandwiches ? La réponse est évidente. Je ne suis pas du genre à me voiler la face. J’ai une devise depuis l’enfance : quand on pense au pire, on a souvent raison. »



Antoine Verney, le héros du roman, n’est pas le Will Smith du film « Je suis une légende » mais un écrivain parisien de romans à l’eau de rose pour mémés permanentées. Sa femme l’a quitté et il collectionne les échecs sentimentaux depuis 3 ans. C’est un vrai looser qui va profiter de l’immeuble qu’il occupe pour se constituer un petit paradis au cœur même de Paris qui est désormais aux mains des mort-vivants. Même plus notre anti-héros va profiter de cette situation de dernier homme pour devenir enfin ce quelqu’un d’important qu’il a voulu toujours désirer être.



« Bientôt je n’ai plus vu ni hélicoptères, ni avions dans le ciel. Ce n’était pas être pessimiste que de le dire : nous avions perdu la guerre. Je retrouve pied après des journées de prostration et de dépression. Je ne pèse plus que les deux tiers de mon poids habituel. L’appartement sent le renfermé et la sueur. Il y a des boîtes de conserve vides et des paquets de gâteaux dispersés sur le sol. Je vis dans une porcherie. Il est temps que je me reprenne. Un nouveau monde commence. Une nouvelle Amérique est née, et nous en sommes les Indiens. »



C’est à partir de là que le roman de Romain Page prend toute son importance. A partir de sa solitude et de son absence d’espoir, Antoine Verney va reprendre sa vie en main. Après un moment de détresse, Il va vite s’apercevoir que ce nouveau monde n’a pas que des mauvais côtés. Plus besoin de travailler, plus de pollution, plus de relations sociales à supporter, de la nourriture à profusion grâce aux appartements qui composent son immeuble, et surtout des livres pour ne pas devenir fou.



« Je passe les heures suivantes à renforcer la porte et les fenêtres de l’immeuble, clouant des planches et entassant des meubles. Je ne ressortirai plus. Je suis Robinson, les zombies sont mon océan. »



De cette robinsonnade en milieu hostile, ce huis-clos va prendre tout son sens. Bien vite, on va s’apercevoir que le danger ne vient pas seulement des zombies mais qu’il est aussi dans l’âme humaine. Nous avons en nous toutes les armes nécessaires pour nous détruire. Nos pensées sont suffisamment pernicieuses pour nous tuer. C’est toute l’originalité dégagée par ce livre court de 200 pages. Il est porté aussi par un style et une écriture fine qui nous tient en haleine du début à la fin. Un livre que l’on lit en une seule traite, en une seule inspiration. Des zombies en bas sur le boulevard ou de l’être humain sur son balcon, qui est le plus dangereux. Fascinant et inquiétant à la fois, Martin Page nous invite à nous interroger sur notre société. De la peur du mort à la crainte du vivant, un petit tiret nous sépare de la réponse définitive que le roman veut nous donner.



« Les zombies arrivent au moment juste. C’était leur tour d’entrer sur scène. Ils viennent terminer la destruction de l’humanité que nous avions commencée avec les guerres, la déforestation, la pollution, les génocides. Ils réalisent notre plus profond désir. Notre propre destruction est le cadeau que nous demandons au Père Noël depuis la naissance de la civilisation. Nous avons enfin été exaucés. »

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La Nuit a dévoré le monde

Yeah, un livre sur l'Apocalypse zombie dévastant le genre humain ! Depuis que j'ai découvert la série BD Walking Dead de Robert Kirkman ( et accessoirement la version télé qui est en tirée ), je me suis attachée à ses créatures moches et crétines. Mais là, ça ne part pas du tout dans la direction attendue et c'est ça qui est bon  : pas de grosses bastons pour défoncer des meutes de zombies dégingandés dans le seul but de ne pas se faire réduite en charpie, pas d'humains survivants plus dangereux que les susdites créatures. Ok y a bien quelques scènes truculentes d'explosion de crânes zombiesques en mode ball-trap du haut d'un immeuble, mais c'est bien tout.

On a là un roman étonnamment contemplatif et introspectif sur les pas d'un rare survivant ( le seul ? ) . Et oui, le survivant en question n'est pas un gros bourrin qui n'a que ses muscles pour faire face. Dans la vie d'avant, c'était un loser, un écrivain limite miséreux qui vivotait à coup de romans à l'eau de rose lus par des mémés aux cheveux bleus, trop sensible pour ne pas rester amoureux de celle qui l'a quitté il y a des années, trop sentimental pour refaire sa vie. Alors il l'a saisi, sa putain de chance de sa vie : être un winner dans un nouveau monde, tant pis s'il est tout seul !

Par le prisme de cet anti-héros qui se révèle, l'auteur nous livre une réflexion très juste sur notre époque, il en fait même une satire très pertinente. En quoi ce monde sans homme serait-il moins bien que la société si détestable  ? Plus besoin de travailler, de se fader des gens qui vous dégoutent et vous oppriment, plus de pollution, plus de plein de choses pénibles.

Ce n'est pas un hasard si c'est la culture, les livres, la réflexion intellectuelle qui sauvent le héros, lui permettent de conserver son humanité et l'empêche de sombrer dans la folie, bref tout ce qui aujourd'hui semble ployer sous les coups des facebook et autres réseaux sociaux débilitants.

«  Je peux flinguer les ombres de la jeunesse dépensière et égoïste, la bourgeoisie branchée, faussement préoccupée des pauvres, prédatrice et qui parle fort », nous dit le héros lorsqu'il cible très précisément des zombies à éclater en fonction de ce qu'il devine qu'ils étaient. Tout est dit.

Un roman original, souvent drôle et intelligent, et quel beau titre !

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La Nuit a dévoré le monde

La Nuit a dévoré le monde, j'ai dévoré ce texte avec gourmandise.

Je ne pensais pas qu'une histoire avec des zombies m'enchanterait autant. Mais revenons à la genèse de ce récit. Un jeune écrivain en mal de succès, Antoine Verney, se retrouve à une soirée dans l'appartement parisien d'une amie, Stella, dont il est amoureux. Tout le monde boit beaucoup, lui aussi.

Le lendemain matin, c'est plus qu'une gueule de bois qui le sidère. Sortant de la chambre où il avait dormi, il découvre un carnage, le cadavre d'un homme décapité… Les autres personnes de la soirée semblent s'être volatisées. Il y a du sang partout, sur le sol, sur les murs…

C'est en jetant un coup d'oeil depuis le balcon de l'appartement, au quatrième étage, qu'il découvre l'horreur de la situation. Des silhouettes déambulent telles des zombies, mais non ! Pas telles des zombies, ce sont des zombies ! Il assiste alors, médusé, impuissant, à des scènes d'horreur dignes d'un film d'épouvante.

Le jeune homme décide de rester pour l'instant dans l'appartement qui lui sert de forteresse, de protection, de camp de retranchement.

Le reste de l'histoire est un récit délectable, que j'ai dévoré d'une traite…

Amateurs de récits gores, vous en serez ici pour vos frais, le propos est ailleurs, même si de temps en temps nous vivons de près quelques scènes de frayeur où il ne fait pas bon fréquenter la nouvelle population du voisinage qui se multiplie comme des cellules malignes…

Antoine Verney organise le siège, avec ce qu'il a à proximité pour tenir, survivre, de l'eau, du vin, des conserves, des munitions…

Alors, bien sûr, dans le ton empli d'humour et d'ironie, il est impossible de ne pas y voir une satire de notre monde actuelle. Martin Page s'en donne ici à coeur joie.

« Ils n'ont pas besoin d'être intelligents pour représenter un danger : leur nombre est leur intelligence. »

Antoine Verney devient une sorte de Robinson Crusoé, reclu dans cet appartement désert. Alors il cogite forcément et c'est jubilatoire lorsqu'on compare le monde d'avant à celui du monde d'après. On se met à relativiser beaucoup de choses. N'avons-nous pas été tenté de le faire naguère, il y a deux ans et peut-être encore maintenant…?

Antoine Verney se sentait comme un looser, un perdant dans le monde d'avant, côté travail, côté sentimental. le voici brusquement confronté à un monde singulier auquel enfin il a presque prise, il peut agir, même si le danger alentour est terrible, terrifiant.

Oui il peut agir enfin avec sa carabine depuis le balcon en dézinguant de temps en temps l'ennemi, des zombies, visant leurs têtes. Viser l'ennemi, avoir la main sur leur destin, tandis que dans sa vie il n'a jamais pu agir sur les prédateurs qui dictaient son existence.

Et puis il arrive qu'il communique avec eux d'une façon insolite, s'attache même de loin, depuis son balcon, à certains d'entre eux, leur attribuant des prénoms, les saluant d'un geste touchant…

Mais dans le monde d'avant, confronté à un univers de requins, il n'avait pas la moindre prise sur son existence.

« Ce ne sont des prédateurs, mais des êtres ridicules et vains, des appétits sur pattes. Pas très différents des gens que j'ai connus avant et leurs appétits d'argent, de sexe, de pouvoir. »

Alors…

Survivre, continuer, mais d'une toute autre manière qu'auparavant…

Mais l'essentiel de ce texte est ailleurs…

C'est un merveilleux pas de côté engagé sur nos quotidiens parfois dérisoires, où la perte de sens résonne comme un caillou dans la chaussure.

Ce sont les variations douces-amères du regard désabusé d'un citoyen du monde sur ses contemporains...

" Les zombies arrivent au moment juste. C'était leur tour d'entrer sur scène. Ils viennent terminer la destruction de l'humanité que nous avions commencée avec les guerres, la déforestation, la pollution, les génocides. Ils réalisent notre plus profond désir. Notre propre destruction est le cadeau que nous demandons au Père Noël depuis la naissance de la civilisation. Nous avons enfin été exaucés. "

J'ai adoré le cynisme qui tient le texte et qui en dit long sur l'humanité et ses dérives.

« L'absence d'intelligence ne vous empêchera pas de conquérir le monde, en revanche vous n'arriverez pas à attraper le pot de confiture posé en haut de l'armoire. Putain d'ironie. »

Les zombies qui traversent les rues de Paris et le reste du monde sont-ils des êtres si imaginaires que cela ? Ne les avons-nous pas mérités ? Ne leur ressemblons-nous pas au fond ?

J'ai aimé arpenter les toits de Paris avec le narrateur, m'enivrer d'azur, de battements d'ailes, appréhendant cette solitude presque mystique tandis que des oiseaux s'approprient l'espace d'une autre manière et qu'enfin nous les regardons, prenons conscience qu'ils existent.

Alors, le bonheur d'une rencontre, l'amour qui peut naître, même éphémère, peuvent transformer l'aventure solitaire en ce monde en un véritable guide de survie…

Parfois, au fil des pages, je me demandé avec effroi et ironie : " Et si Antoine Verney me ressemblait ? "

J'ai été, contre toute attente, emporté dans ce roman à l'écriture inspirante, soutenue, addictive...

La fin de ce récit est juste belle.

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La folle rencontre de Flora et Max

Roman lu d’une traite, Flora et Max m’ont embarqué dans leur folle rencontre épistolaire.



Deux ados que la vie n’a pas épargnés. L’une est en prison pour avoir frappé une lycéenne qui la harcelait. L’autre vit reclus chez lui depuis que de terribles crises d’angoisse l’empêche d’affronter le monde extérieur. Des prisons différentes mais des prisons quand même.



Deux solitudes, deux existences peu communes, deux êtres différents que leurs particularités, que les mots vont rapprocher. Ensemble, ils vont s’aider à retrouver la lumière.



Roman terriblement humain, empathique, positif, une réussite !

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La Nuit a dévoré le monde

Je ne pensais pas un jour lire un roman d'horreur avec des zombies, mais c'est sans compter mes ami.es de Babelio qui m'ont convaincue de lire le petit roman de Martin Page.

Avec « La nuit a dévoré le monde », je suis sortie de ma zone de confort, et même si ce n'est pas un roman coup de coeur, j'ai passé un très agréable moment. Merci à eux.



*

Antoine Verney, un jeune écrivain de romans à l'eau de rose, se rend à une soirée privée organisée par une amie. Mais ne connaissant personne, il finit par s'éloigner de la fête et s'isole dans la bibliothèque. Là, au milieu des livres, abruti par l'alcool, il s'endort pendant que la fête continue.



A son réveil, il découvre l'appartement vide (hormis un cadavre décapité), saccagé, maculé de traces sanguinolentes. En jetant un coup d'oeil dans la rue par la fenêtre, il découvre que tous les humains se sont transformés en morts-vivants et se livrent à des actes d'anthropophagie, traquant les derniers survivants affolés qui tentent de s'échapper.



Le jeune homme décide alors de s'organiser en se retranchant dans l'appartement de son amie.



« J'ai toujours su que les gens étaient des monstres. Alors qu'ils soient aujourd'hui des zombies, ça n'est qu'une confirmation. La métaphore s'est incarnée. Et je suis bien décidé à vendre cher ma peau. »



Comment ne pas devenir fou ? La peur, la mort qui rode, violente, sournoise, la solitude, la claustration, sont autant de raisons de perdre la raison.

Mais vivre reclus se prête à son caractère solitaire et asocial. Il pense être à l'abri, mais chaque jour qui passe l'amène à s'interroger sur son propre salut, celui de sa famille, de son ancienne compagne, des survivants.



« le plus dur, c'est de ne pas savoir ce que sont devenus ceux que j'aime. Ils ne sont pas nombreux : mon coeur est un désert. »



*

Antoine n'est pas un héros au sens où on l'entend. Au contraire, c'est un homme plutôt atypique pour un tel roman, pragmatique, timide, peu sociable, indifférent aux autres et même narcissique.

L'auteur analyse très finement l'impact qu'a cette situation émotionnelle extrême sur son état de stress et ses réactions. Elles évoluent au fil des jours, commençant par un sentiment de terreur, puis l'affolement laisse la place à d'autres émotions, d'autres sentiments : la confusion, la détresse, le désespoir,



« Il m'a fallu un mois pour comprendre que les zombies ne sont pas le vrai danger. Je suis mon pire ennemi. Les zombies ne peuvent franchir les trois étages, ils ne peuvent défoncer la porte. Par contre, ils courent dans ma conscience comme s'ils en avaient toutes les clés. Ils sont à l'intérieur de moi et il n'y a rien de plus effrayant.

À quoi bon vivre dans un tel monde ? À quoi bon vivre si on est seul ? Ceux que j'aimais sont morts. À certains moments, je pense me laisser contaminer : devenir l'un d'eux, céder au conformisme. Il suffirait d'une morsure.

Ils m'attirent comme le vide attire celui qui souffre du vertige. Je me sens aimanté, j'ai envie de me jeter dans leurs griffes et qu'ils me mettent en charpie, qu'ils me réduisent à l'état de masse informe et sanglante. Et me fassent disparaître. Ce ne sont pas seulement des démons. Ce sont mes démons, et ils m'obsèdent. Je suis terrifié par la place qu'ils prennent dans ma tête. »



La fin réserve de belles surprises.



« Je ne me fais pas de soucis, l'espèce humaine survivra. Nous sommes les véritables cafards du monde : increvables. Mais la Terre ne nous appartient plus, nous en avons rendu les clés. »



*

Ce qui m'a surprise dans ce récit, c'est cette atmosphère relativement calme par rapport au contexte extrêmement violent.

Les scènes présentes dans le roman ne sont pas tournées vers le gore, même s'il y a des attaques répétées des zombies. Je pensais qu'il faudrait avoir le coeur bien accroché à la lecture de certains passages, mais ce n'est pas du tout le cas. L'auteur a créé véritablement deux espaces dans ce roman : l'appartement et l'extérieur de l'immeuble, peuplé de zombies en quête de nourriture.

C'est donc un roman plutôt introspectif. Antoine analyse sa vie passée, les causes de ses déboires, les raisons et les conditions de sa survie.



« Savoir que l'on est comestible, ça rend vivant. »



Le récit, rédigé à la première personne du singulier de l'indicatif présent, permet de partager la vision, la perception des faits et les émotions du narrateur dans un monde devenu hostile. En s'identifiant à lui, il nous donne l'impression de vivre avec lui ces événements.



*

Que s'est-il passé pendant cette nuit de beuverie ?

L'auteur laisse planer le doute sur les raisons de la transformation des hommes en zombies, ce qui lui permet de se concentrer davantage sur des réflexions philosophiques intéressantes en lien avec notre humanité, la différence, la solitude, les souvenirs, la mort, le deuil.



« D'ou viennent-ils ? Sont-ils le fruit d'expériences de l'armée américaine ? Une mutation naturelle de l'espèce ? Un virus ? Je ne suis pas biologiste, je ne compte pas faire de prélèvements. Ne pas savoir est une chance : la vérité est soit trop laide, soit trop banale. Il vaut mieux imaginer les mille explications possibles. C'est comme le big bang : on ne sait pas, et c'est tant mieux. »



Ce huis-clos, sous la forme d'un journal intime, prend aussi une forme engagée par ses idées sur notre société en déclin, la violence des rapports humains, la relation de l'homme avec son milieu naturel et notre impact sur l'environnement et la nature.



« C'est la fin du monde, ou plutôt du monde tel que nous le connaissions, tel que nous l'avions domestiqué et vaincu.



*

Pour conclure, avec des chapitres courts et rythmés, cette lecture plaisante et rapide échappe au cliché un peu trop redondant des romans de zombies.

Ce roman est à découvrir, il peut plaire non seulement à tous les amateurs de romans de zombies, mais à tous ceux et celles qui aiment les huis-clos et les romans psychologiques.

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Une parfaite journée parfaite

Comment passer ses vacances dans un ascenseur ?

Comment survivre à l’ennui au boulot ?

Comment faire face au désespoir de la vie en solitaire ?

Comment faire semblant de s’intégrer à la vie sociale en privilégiant sa vie intérieure ?

Ce roman vous en montrera tous les trucs !



Le narrateur, 25 ans, rebelle à toute forme de servitude intellectuelle et sociale, mène une vie apparemment sans histoire, bien gentille, bien dans le rang... Eh bien, si on s’imaginait ce qu’il se passe dans sa tête, tout le monde tomberait des nues, à commencer par ses voisins de palier, en passant par ses collègues et ses amis (oh, le passage sur les anciens amis... !).

Il a une imagination débordante, car pour lui, seule la fiction peut le sauver de la négativité ambiante. Et nous assistons, interloqués, à ses délires à chaque minute de sa vie, y compris à ses idées de suicide, qu’il ne mettra jamais en pratique. Délires qui sont de belles métaphores d’ailleurs, comme ce requin qui a élu domicile dans son corps et qui le bouffe de l’intérieur.



C’est marrant, c’est même glaçant à certains moments, mais heureusement que c’est court. Car cet hurluberlu nous mène tellement en bateau qu’on se noierait vite dans l’océan de ses élucubrations déjantées.

A moins que...un psychiatre ne se mette à analyser le foisonnement de ses constructions imagées ou imaginaires...Là, il y aurait peut-être de belles découvertes sur le cerveau d’un être humain proche de l’implosion.

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La Nuit a dévoré le monde

Grosse panne d'inspiration pour écrire un petit retour sur La nuit a dévoré le monde, que j'ai pourtant terminé depuis deux jours. Tout doit aller par deux, puisque c'est le temps que j'ai mis à lire ces 120 pages.

Ce livre représente à la fois tout ce que j'adore et tout ce que je déteste dans un roman. Voilà pourquoi il est si difficile d'exprimer mon ressenti.

Le personnage principal, Antoine Verney, auteur de romances à l'eau de rose remportant un succès très relatif, se rend à une soirée chez une amie. Il s'y ennuie tellement qu'au bout de peu de temps, il se réfugie dans une chambre avec une bouteille pour seule compagnie et finit par s'endomir sur le tas de manteaux déposés là par les invités. La gueule de bois qui l'étreint le lendemain matin ne l'empêche pas de remarquer que les vêtements sont toujours là, mais que l'appartement est bizarrement très silencieux. Il sort alors de la chambre pour découvrir un carnage.

Du sang partout, aucune trace des autres convives, hormis un cadavre décapité. À partir de là, il va apprendre à la radio que les zombies ont envahi le monde et pas seulement Paris où il se trouve. Il va donc se barricader dans l'appartement de son amie, puis investir l'immeuble de sept étages, et regarder ce qui se passe à l'extérieur du haut de son balcon. Voilà pour les grandes lignes que tout le monde connaît déjà.

J'en viens maintenant à ce que j'ai détesté dans la première moitié du roman. Ce n'est que de l'introspection d'un Antoine nombriliste, en mode Calimero, qui n'a éveillé aucune bribe d'empathie chez moi. Il a survécu parce qu'il est asocial et n'a pas songé une seule seconde à tenter d'aller au secours de sa famille, de ses amis, de son ex-femme qui vient de le quitter, contrairement au reste de la population qui s'est fait dévorer par les zombies... pour devenir des zombies aussi, et ainsi de suite, parce qu'ils se sont précipités pour retrouver leurs proches, du moins on l'imagine, ne disposant d'aucun détail sur d'autres protagonistes de l'histoire. Sauf que tout asocial et solitaire qu'il se décrit, il m'a semblé plutôt entouré, en fait. Mais le sort de ses "proches" lui est plutôt indifférent. Il nous en touche bien deux mots vite fait, espérant qu'ils s'en soient sortis, se posant une ou deux questions... mais c'est très superficiel et quand il vient à dire que certains lui manquent, c'est uniquement parce que la solitude, c'est sympa quand c'est choisi.

Enfin bref, donc dans toute cette première partie, on tourne dans la tête d'Antoine qui se débrouille d'ailleurs plutôt bien, entre deux pensées profondes, pour organiser sa survie dans ce grand appartement parisien, puis se ménager un avenir presque idyllique. Tout ce qu'il lui faut pour se sustenter, des armes, ses potes les oiseaux, et ses autres potes, les fleurs.

Maintenant j'en viens à ce que j'ai aimé. le style de l'auteur a fait passer tout le reste au second plan, surtout dans la seconde partie du livre, où Antoine s'humanise un peu et où j'ai commencé à m'intéresser à ce qu'il ressentait. Parce qu'en fait non, il n'est pas fait de pierre, et je n'ai donc pas regretté d'avoir persévéré dans ma lecture. Et en plus du plaisir de découvrir la plume envoûtante de Martin Page, j'ai été emportée par la profondeur de ce récit. L'auteur nous démontre, s'il en était encore besoin, que l'homme est son seul véritable ennemi et qu'il scie la branche sur laquelle il est assis. Et non, il n'y a pas de planète B.

Merci à mon ami @Patlancien qui a attiré mon attention sur ce livre qui sort des sentiers battus. Merci également à Vicky (@Bartzella) qui a enfoncé le clou et me l'a fait placer tout en haut de ma PAL.

Malgré mes réserves qui ne reflètent que mes goûts personnels, La nuit a dévoré le monde est un très bon bouquin, haletant et rythmé, qui ne donne aucune impression de longueurs, même lors des passages introspectifs, ce qui est assez rare pour être souligné, et je vais me pencher sur les autres écrits de cet auteur.



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La Nuit a dévoré le monde

« Savoir que l'on est comestible, ça rend vivant. Je vous le garantis. »



Belle petite surprise de dernière minute ! Merci beaucoup à Patlancien pour cette sympathique découverte, sans qui je n'aurais sans doute jamais entendu parler de ce roman.



Voilà une histoire de zombies surprenante, qui ne ressemble pas à ce que j'ai déjà lu auparavant. Je l'ai trouvée fort rafraîchissante, toutefois ! Rien de trop « gore » mais un brin angoissant, quand même. Une atmosphère haute-tension. En peu de pages, Antoine (notre personnage principal) décrit bien les conséquences de la catastrophe qui ravage non seulement Paris mais, selon ce qui est diffusé à la radio, à bien plus large échelle. Les villes tombent les unes après les autres. C'est par un coup de chance si lui est épargné au début des événements.



« Je pense aux raisons qui font que je m'en suis sorti. Pourquoi moi ? Sans doute mon asocialité a été déterminante, je n'avais personne à sauver, je ne tenais même pas assez à ma vie pour tenter de m'enfuir. (...) Je n'avais rien à perdre, contrairement à tous ceux qui avaient un métier, un appartement, des choses, une femme, une famille, qui réussissaient mieux que moi en dépit de l'atrophie de leur coeur et de leur morale, et souvent de leur talent. (...) Plus profondément, je crois que j'ai survécu parce que j'étais à part. »



Il n'est pas chez lui mais dans l'appartement d'une amie, à Montmartre, celle-ci ayant fait une fête chez elle la veille au soir. À son réveil le 1er mars, le monde a basculé. Bien vite, sa gueule de bois passera; il sera dans l'obligation de se barricader sur place, son balcon étant son seul contact avec l'extérieur. du troisième étage, Antoine est témoin de ce qui se déroule plus bas dans les rues, il a compris que sortir était bien plus dangereux.



« Certains résistent encore. Mais tous font la même erreur : ils finissent par vouloir s'échapper, ils sortent de leur planque, de leur immeuble. Ils ne vont pas loin. »



Antoine ignore tout de ce qui s'est passé. Comment et pourquoi ?



« D'où viennent-ils ? Sont-ils le fruit d'expériences de l'armée américaine ? Une mutation naturelle de l'espèce ? Un virus ? Je ne suis pas biologiste, je ne compte pas faire de prélèvements. Ne pas savoir est une chance : la vérité est soit trop laide, soit trop banale. »



Il doit maintenant se débrouiller avec les conséquences affreuses d'une invasion qui grossit de jour en jour. Heureusement, Antoine a de la chance d'être tombé sur un immeuble chic et bien garni. L'appartememnt de son amie Stella est vaste, luxueux, confortable, décoré avec goût et surtout, bien approvisionné en produits alimentaires non seulement en quantité mais de choix ! Bouteilles de vin et de champagne au menu à volonté ! Parfait pour durer un bon moment...Tout en organisant sa survie dans l'immeuble de sept étages (chacun comptant quatre appartements) et bien qu'étant assez bien équipé au début en ressources en tout genre, il doit vivre avec la peur constante de se faire dévorer.



« Je les observe, j'espère ainsi m'habituer à leur apparence, comme ces arachnophobes à qui on apprend à côtoyer des araignées. Je n'ai pas le choix. Je dois dompter ma peur. Ils sont ma réalité maintenant. Ils sont la Nature. »



Et plus le temps passe, plus son confinement devient difficile psychologiquement. Antoine tente du mieux qu'il le peut d'instaurer une routine dans ses journées, pour ne pas perdre le fil...ni l'esprit. Chaque jour est un combat. le temps ne compte plus mais chaque jour reste pourtant une course contre la montre. Les morts n'ont rien d'autre à faire que de pourchasser sans fin les vivants. Peu à peu, le nombre de proies diminue tandis que celui des chasseurs augmente exponentiellement. C'est comme si on vivait pour attendre la fin...



« La mort est face à moi. Je sens sa présence physique. Je suis sur son territoire. Je ne m'en sortirai pas. À certains moments, je suis tellement tétanisé que j'oublie de respirer. »



On avance à tâtons, sans jamais se douter de ce qui se passera demain, dans deux minutes. C'est angoissant, on ressent bien toute la pression qu'Antoine subit. En même temps, c'est un personnage courageux et bien organisé. Il a peur mais ne se laisse pas abattre. Il parvient à trouver une lueur d'espoir dans sa vie malgré le foutoir dans lequel il est. Il réussit à tirer du bon de chaque journée et à se payer des petits plaisirs quand même. Dans le monde tel qu'il est devenu, Antoine profite de la vie du mieux qu'il peut. On vit au jour le jour sans rien pouvoir prévoir, sans savoir à quoi s'attendre. Pas beaucoup de retours dans le passé, pas le temps pour cela, il y a trop important à s'occuper. Revivre les souvenirs apporte un peu de réconfort mais provoque du désespoir, aussi. Vaut mieux ne pas trop s'y attarder. On vit le moment présent à cent pour cent.



« L'espérance dans un monde dévasté est une saloperie. le passé est un piège, le futur aussi. Il ne reste que l'instant présent. Une seconde est une forteresse indestructible. »



L'histoire est écrite de façon à ce que deux à cinq pages environ résument une journée, parfois sur plusieurs jours de suite, parfois on saute quelques jours entre les dates. Ça se lit vite et bien.



Une courte histoire qui va droit au but, efficace, sans flafla, bien écrite, inquiétante et qui sait capter notre curiosité. On embarque tout de suite, le cauchemar débute dès la quatrième page. Et le pire, c'est que bien que cela reste de la fiction, on le ressent comme si cela se pouvait. Je l'ai dévorée en deux soirs.



Une lecture à recommander !
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De la pluie

Emprunt à la médiathèque ce février 2022



Un joli coup de coeur...pour la belle prose de Martin Page, nous réconciliant, si besoin était,avec "La PLUIE ", ce "mauvais temps"qui inspira abondamment poètes et chansonniers,dont "notre BRASSENS national "!...



Ayant une sympathie toute particulière pour la pluie...

Me trotte spontanément la jolie chanson de Brassens...

j'ai été curieuse de ce petit Traité d'un écrivain,dont j'avais énormément apprécié son "Manuel

d'écriture et de survie"....je retrouve son style tour

à tour facétieux, grave,poétique....



Un bel hommage à la pluie...dans tous les recoins de

notre quotidien, de notre vie...dans L Histoire,les Arts. La Littérature comme la

Peinture ,etc.



Des contes,anecdotes observations diverses,sociologiques,sentimentales,amoureuses,

érotiques....il est jubilatoire de constater que La Pluie soit aussi inspirante

pour les Humains,les poètes,les écrivains,

tous les créateurs confondus...!!



De courts textes thématiques balayant les temps,les pays....les multiples ressentis de chacun face à "ces

perles de pluie" que Brel chantait magnifiquement...



J'achève ce billet par deux extraits...mais j'aurais été

tentée d'en transcrire plus,car Martin Page a le mérite d'aborder son sujet, de façon très large et parfois

surprenante , inattendue !!!



"Sous la pluie, le jour n'appartient plus au travail,ni aux paroles banales échangées, ni aux repas ou aux trajets.

Les feuilles tremblent,les parapluies s'ouvrent,

les Cafés,les cinémas et les librairies se

remplissent. "(p.19)



"Les agriculteurs se plaignent de la pluie, de son

abondance ou de son absence, mais en apprécient l'importance. Elle oeuvre pour la vigne, les vergers et les potagers. Bien sûr, la pluie est artiste, alors parfois elle disparaît pour chercher l'inspiration, puis revient

travailler avec acharnement. "(p. 77)



Deuxième texte que je lis de cet écrivain,avec grand

plaisir, me confirmant mon envie de lire d'autres de ses écrits...afin de mieux le connaître !...
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La Nuit a dévoré le monde

Passer une soirée dans un joli appartement à faire (théoriquement) la fête, jusque-là rien d'anormal. Mais se réveiller le lendemain avec une déco fraîchement sanglante composée de quelques morceaux de cadavres là, on peut dire qu'il y a un problème. Un gros problème même ! Face à cette situation Antoine, trentenaire et écrivain pour dames en mal d'érotisme, tente de comprendre ce qui s'est passé, jusqu'à ce que la rue impose la terrible vérité : les zombies existent bels et bien ! Reclus dans l'appartement tel un Robinson, Antoine tente de s'organiser, mais surtout de ne pas succomber à la folie... Vous n'aimez pas l'hémoglobine ? Ca tombe bien, car il n'en est pas ou peu question dans ce livre. Ici, tout se joue sur l'aspect psychologique, la perte des repères, la solitude ou bien notre rapport au monde. Pit Agarmen offre ainsi une satire pleine d'humanité où les zombies ne sont que le reflet d'une civilisation en perdition. Amen !



Alors qu'une mystérieuse épidémie ravage le globe, Antoine se réveille le lendemain en rescapé miraculeux. Enfermé dans l'appartement d'une amie chez qui il passait la soirée, celui-ci ne comprend pas tout de suite le danger qui le guette. C'est en se penchant du balcon parisien qu'Antoine prend conscience du mal qui s'est emparé des hommes. Les morts-vivants ont pris possession des rues, traquant les derniers humains. La survie revêt alors bien des aspects pour notre anti-héros.



Roman psychologique avant tout, La nuit a dévoré le monde est une surprise. Une belle surprise ! Tandis que j'attendais un roman noir, voir d'épouvante, j'ai été étonnée par le parti-pris. Utilisant la littérature de genre comme fond en l'associant à une forme plus classique, l'auteur réussit avec habileté à imposer cette niche littéraire spécifique. Malin !



Alors qu'on suit l'évolution quotidienne d'Antoine débutant avec la promiscuité des zombies, la disparition successive de l'électricité, de l'eau et des habitants des quartiers alentours, l'auteur s'attarde surtout sur les pérégrinations intérieures du rescapé. Suivant son évolution psychologique, on s'aperçoit rapidement que cette catastrophe est vécue comme une "seconde chance" pour notre anti-héros. Ainsi, du haut de sa prison, Antoine s'interroge sur ce monde et du rôle de l'espèce humaine, sur sa solitude qui l'a peut-être préparé à surmonter cela et du regard des autres qui vous font sentir vivants. Mais une question demeure, Antoine est-il réellement seul ? 



Ecrit sous forme de journal, j'ai totalement été captivée par l'histoire, mais aussi par l'écriture à la fois simple et littéraire. Merci à Pit Agarmen, alias Martin Page, de briser les castes littéraires et démontrer ainsi, qu'un genre peut profiter à un autre !
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Comment je suis devenu stupide

Comment je suis devenu stupide ? –et, peut-on également se demander : qui Martin Page désigne-t-il à travers ce « je » énigmatique ? Désigne-t-il son personnage, ou se pointe-t-il lui-même du doigt ?



Si le début de son court roman est enjoué et malicieux, nous décrivant avec une cruauté bien intentionnée les affres que provoque l’excès des connaissances sur l’équilibre psychologique d’un jeune homme trop fragile pour en supporter les conséquences, la suite devient déjà plus consensuelle. Les moyens que trouve Martin Page pour nous décrire l’abrutissement de son personnage sont stéréotypés et s’égrènent dans une énumération qui fleure bon la caricature : consommation de repas au McDonald’s, emploi dans le milieu des affaires, goût prononcé pour le shopping à outrance, consommation d’anxiolytiques… Certes, ce n’est pas là le comportement d’un grand sage, mais ce n’est pas non plus une habilité de grand écrivain que de nous faire confondre les causes et les conséquences d’un mal-être moderne.



La dernière partie du roman est la plus pathétique de toutes. Dans un dialogue naïf que le personnage noue avec Clémence –figure de la rédemption- le nœud des problèmes de la stupidité et du malheur se résout miraculeusement. Si Martin Page a pris son personnage pour un crétin, il ne considère sans doute pas d’une meilleure façon son lecteur. Dommage, car il y avait là de quoi tenir des considérations cruelles à souhait !

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Comment je suis devenu stupide

Comme le signifie Martin Page à la fin de son ouvrage, " Comment je suis devenu stupide " est un livre de désespoir mais porté avec une teinte d'humour et une force de vie que je bataillais à entretenir. Pour cette raison, c'est un livre très intime.

L'humour n'est pas la politesse du désespoir. C'est une néccessité vitale, une subvertion à opposer au règne de la société.



Pour cette raison, je pense qu'il est essentiel de citer ce paragraphe afin d'éviter tout malentendu sur le sujet épineux du suicide, un projet qu'Antoine, lassé de son intelligence, décide de mettre en application, quelle que soit la manière.



Première étape choisie : devenir alcoolique ! l'idée lui parait si séduisante qu'après avoir bu un demi verre de bière, le voilà plongé dans un coma éthylique ! Autant dire que ce n'est pas gagné ! Si sa première tentative vient d'avorter, il garde l'espoir du désespoir et part en quête de nouvelles idées.



Tout au long de ce récit, Antoine nous entraîne dans son périple suicidaire, en passant par la dégustation d'un macdo débordant de graisse et de frites, au groupe de futurs trucidés.



Ce roman oscille entre du Boris Vian dans " L'arrache coeur " et " La petite fille qui aimait trop les allumettes " de Gaëtan Soucy, tant Matin Page embarque le lecteur dans des situations jubilatoires.



Une lecture très originale et divertissante.

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La Nuit a dévoré le monde



Antoine se réveille un matin et la nuit a dévoré le monde : il est un survivant ,des zombies dévorent les humains et lui ,à l'abri dans un appartement , assiste à la fin de l'humanité.

Ce n'est pas un roman sur les zombies comme il y en a tant mais plutôt l'histoire d'un homme qui va se battre pour conserver son humanité . Et cela en fait donc un roman vraiment original et bien écrit .

La dernière partie du livre est bien rythmée et j'ai aimé la fin .

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Comment je suis devenu stupide

"Ceux qui pensent que l'intelligence a quelque noblesse n'en ont certainement pas assez pour se rendre compte que ce n'est qu'une malédiction."

Boutade ? Provocation ?

Non, réalité !



Antoine est intelligent, et c'est un problème pour lui car il se sent déphasé.

Il ne pense pas comme les autres, ne vit pas comme les autres, ne s'intéresse pas aux mêmes chose que les autres.

Il se sent inadapté, sa vie n'a pas de sens.

Il veut que cela change et à vingt-cinq ans prend le taureau par les cornes : il prend "la résolution de couvrir son cerveau du suaire de la stupidité".

Comme il ne manque pas d'imagination, il fourmille d'idées pour parvenir à ses fins et le récit de ses différentes tentatives est hilarant.



Martin Page nous offre un roman jubilatoire et plein de fantaisie mais ce serait dommage de s'arrêter à ce seul aspect car derrière ces péripéties réjouissantes se forme en creux le portrait de notre société... et celui-ci n'a vraiment rien de réjouissant !



Je ne raconte rien de plus pour laisser à ceux qui le souhaitent le plaisir de la découverte, mais sachez qu'il faut aimer l'humour et l'ironie pour apprécier ce texte terriblement original.



Tout au long de ma lecture j'ai pensé au film Idiocracy de Mike Judge qui nous présente une société futuriste dans laquelle l'humanité est devenue totalement stupide.

Futuriste ? Peut-être pas... et c'est ce qui fait d'Idiocracy un film à la fois hilarant et terrifiant.

Les gens abêtis par les écrans, délaissant toute forme de culture et de réflexion... est-ce vraiment là une société futuriste ?

Je ne le pense pas, et l'auteur non plus puisque l'une des premières mesures que prend son personnage dans sa quête de la stupidité est de se débarrasser de ses livres et de planter au beau milieu de son salon une télévision géante.

Quel symbole !



Pour conclure, je ne peux m'empêcher de citer Groucho Marx qui avait dit, avec tout l'humour qui le caractérisait :

"Je trouve que la télévision est très favorable à la culture. Chaque fois que quelqu'un l'allume chez moi, je vais dans la pièce à côté et je lis."



Une lecture follement drôle... mais pas seulement...
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L'apiculture selon Samuel Beckett

J’ai été emmenée dans une très belle fiction construite autour de Samuel Beckett et d’un assistant qu'il a engagé pour conserver ses archives, dont une partie doit être lyophilisée afin d'être préservée des dommages qu'elle a subi au cours d'un incendie.



Deux choses se dégagent de ce récit. D’abord, le fait que Beckett décide de glisser quelques archives fausses parmi les vraies, ce qui est inattendu, fort probablement fictif, même si l'on ne pourrait le prétendre avec certitude. Cette anecdote hypothétique permet de réfléchir à l’image que tout artiste projette de lui, souvent reprise et distordue par ceux qui la reçoivent. Tout type d’image est réapproprié, pour subir une modification quelconque. L’artiste ne s’appartient plus, il s'est perdu. Il faudrait qu'il abandonne tout contrôle sur ses créations, et qu'il ait un regard zen sur les choses.



Beckett et son assistant parcourent donc les magasins à la recherche d'objets, et ensuite, ils s’amusent à les abimer, les chiffonner, les patiner, afin de leur donner l’authenticité nécessaire.



Ensuite, il se produit un autre événement dans le récit, qui lui est vrai et ça on en est sûrs. C’est la représentation dans une prison de la pièce En attendant Godot. Ce passage est également très captivant car il parle de l’art dans l’univers carcéral, il parle de liberté, du vécu des prisonniers, de l'empathie de Beckett.



Ce livre était un bon moment de lecture, il a réveillé des endroits de ma pensée inhabituels. Bourré d'humanisme, avec une pensée claire et simple, il a mis des mots sur ce que j'aurais voulu exprimer moi-même. Par là je veux dire que j'apprécie la vision de l'auteur sur à peu près tout ce qu'il a exprimé. Je ne m’attendais pas à passer un si bon moment, et pour moi, cela fut une surprise totale. C’est un livre qui me donne envie de mieux connaître à la fois Samuel Beckett et Martin Page.

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Le permis d'être un enfant

Astor est un enfant sage, qui n'aime pas forcément les mêmes choses que les autres jeunes de son âge. On lui propose un bonbon ? Il le refuse ! Mais alors... Que va-t-il advenir de son permis d'être un enfant ? Eh bien, il va falloir qu'il prouve qu'il en est un s'il ne veut pas se le faire retirer...



C'était un album bien sympathique mais différent de ce à quoi je m'attendais avec ce titre : le permis d'être un enfant. Je pensais que cela allait résumer les droits de ces personnes (pas toujours considérées comme telles dans la société), mais, en réalité, cet ouvrage évoque plutôt les normes et le désir d'être soi-même.



En résumé, c'est une chouette lecture qui peut permettre pour les parents et leurs enfants une réflexion et une discussion sur ces fameuses normes ! En somme, ce livre parle du droit à la différence, un aspect fondamental de notre société !
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La Nuit a dévoré le monde

Voir un film puis lire le roman qui l'a inspiré ensuite, est bien la meilleure démarche. Cela se confirme une fois de plus avec La nuit a dévoré le monde, film dit « de genre », découvert lors du Festival International du Premier Film d'Annonay, en février 2018. le roman de Pit Agarmen, en fait Martin Page, m'étant tombé sous la main, j'ai replongé dans le monde des zombies, en littérature cette fois.



Si l'histoire colle à peu près dans le film, surtout dans la première partie, le livre confirme une fois de plus sa supériorité dans les descriptions et surtout dans la psychologie du personnage principal, presque unique, si on met les zombies de côté.

Ici, nous ne sommes pas dans Walking dead et son délire bien étatsunien. Antoine Verney, écrivain, auteur de vingt-quatre livres lui permettant de gagner à peu près sa vie, découvre, au petit matin, après une fête très arrosée, un monde complètement fou : « Un nouveau monde commence. Une nouvelle Amérique est née, et nous en sommes les Indiens. »

C'est passionnant de suivre l'évolution psychologique d'Antoine aux prises avec ces zombies et surtout ce qu'il essaie d'entreprendre : « Meubler mon intérieur, décorer, bricoler, me permet de stabiliser mon esprit. Certaines heures, il me semble que j'ai réussi à me réinscrire dans une normalité. »

Beaucoup de questions se posent dans une situation extrême comme celle-ci et c'est tout le mérite d'un livre comme celui-ci. Pourquoi le cantonner dans un genre ? C'est une réflexion sur notre humanité, sur ce que nous faisons subir à notre planète : « C'est la fin du monde, ou plutôt du monde tel que nous le connaissions, tel que nous l'avions domestiqué et vaincu. »



Martin Page (Pit Agarmen) s'insurge contre les frontières que l'on érige dans le monde littéraire et il prouve, avec La nuit a dévoré le monde, combien il a raison. Finalement, comme il le constate, les zombies nous forcent à être meilleurs. Puissions-nous nous en passer pour changer ?
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Peut-être une histoire d'amour

Virgile, publicitaire, se fait larguer par message, sur son répondeur téléphonique, par une certaine Clara dont il n'a aucun souvenir !



Virgile va voir sa psy, 3 fois par semaine.

Et lui dit " qu'il a eu un accident avec la réalité ".



Virgile traîne avec lui un mal être qu'il tente d'expliquer en l'attribuant à sa vie de nomade dans un cirque ambulant où son père était lanceur de couteaux et sa mère "la cible" !



Un passage que j'ai beaucoup aimé et qui m'a amusé : tous ses amis finissent par savoir qu'il a été largué. Alors, Virgile, au lieu de se réfugier au fond de lui , va se faire plaindre et se laisser sortir et bichonner et passer des semaines sans souci et dans une plénitude qu'il na jamais connu.



Il lui arrive peu de choses, sa vie s'écoule dans une monotonie quotidienne désespérante, à part deux ou trois quiproquos assez délirants.



Ce livre n'a rien d'extraordinaire mais je crois que même dans cette "monotonie ambiante" il a su retenir mon attention.



Et l'histoire s'écoule comme coule la Seine.



"Clara en mettant fin à une relation qui n'avait jamais eu lieu, lui avait fait un cadeau inestimable : UNE HISTOIRE".





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La disparition de Paris et sa renaissance e..

On ne pourra pas à reprocher à Martin Page son originalité. Une puissante femme d’affaires africaine est violemment agressée suite à une bavure policière. Mathias, homme de l’ombre qui écrit les discours du maire, reçoit ces dernières volontés extravagantes avant de plonger dans le coma, faire disparaitre Paris. Fonctionnaire zélé à la vie routinière, Mathias va prendre à cœur cette demande farfelue.

D’une histoire à dormir debout, Martin Page nous livre un conte plein de charme et d’humour. Son ton volontairement décalé est bien agréable et l’on se surprend à apprécier son écriture à la fois légère et poétique.

Le personnage de Mathias évolue au fil de ces entretiens avec l’envie de mener à bout sa promesse. Récompensé par le « prix des Etonnants Voyageurs », gage de qualité (Alain Mabanckou, Carole Martinez, Gilbert Gatoré ont notamment remporté ce prix), ce roman original mérite un petit séjour dans la chambre d’hôpital de Fata Okoumi. Un roman attachant, plus profond que l’idée de départ pourrait laisser paraitre.

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Clara l'extraterrestre : À quoi servent les..

Ce petit livre jeunesse, qui s'adresse aux enfants de 5 à 7 ans environ, m'a attirée parce que je connais un peu le travail de Coline Pierré et Martin Page (notamment à travers de leur maison d'édition le Monstrograph). J'étais donc ravie de pouvoir faire cette lecture !



Clara est une extraterrestre qui vient sur Terre pour observer les êtres humains. Elle se retrouve rapidement dans une famille et est surprise par leurs comportements.



Avec beaucoup d'humour et de légèreté toutefois, les auteur·rice·s font passer quelques messages militants (sur l'état de la planète, le sexisme...). J'ai trouvé cela chouette parce que c'était simplement glissé ça et là et qu'on pouvait très bien ne pas y prêter une grande attention... et en même temps, cela peut amener une réflexion, surtout chez les plus jeunes.



C'était une chouette petite lecture, un moment amusant avec des illustrations et des couleurs très sympas qui agrémentaient parfaitement ce roman !
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