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Critiques de Marc Dugain (1734)
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La chambre des officiers

Au risque de m'attirer les foudres de la plupart des Babeliotes, je m'en vais donner mon avis sur le « grand » roman de Mr. Marc Dugain, « La chambre des officiers ».

D'abord, vous n'allez surement pas apprécier de lire une chronique de plus sur le dit roman. Beaucoup d'entre vous l'on déjà faite et beaucoup mieux que moi. Surtout que mon avis, l'avis d'une « pétite pôrrrtougaise oune peu fôlle » n'est pas franchement important/intéressant. Mais bon, je voulais partager...

Ensuite, parce que je vais, peut-être, ramer à contre-courant....Peut-être....

C'est que….non, je n'ai pas aimé ce texte. Bah, oui. Je n'ai pas aimé, malgré l'histoire bouleversante de ce soldat qui n'a presque pas fait La Guerre mais qui a vaincu la sienne. Malgré la finesse de l'écriture, la délicatesse des mots, l'émotion évidente à chaque fin de phrase, je n'ai pas aimé. Malgré l'humour latent sur un sujet si triste et si difficile, je n'ai pas aimé. Malgré le récit si intense d'une lutte contre l'absurdité humaine dans le huis clos d'une chambre d'estropiés, malgré leur résignation révoltée qui transparait au fil des pages, je n'ai pas aimé.

Non, je n'ai pas aimé ce court, trop court, roman malgré la force qui s'en dégage. Malgré la poignante mais pudique leçon de vie, malgré la dérision si bien contée, je n'ai pas aimé.

Il y a quelques années, j'ai vu un reportage sur ces « gueules cassées » que l'on devrait plutôt nommer « coeurs brisés ». Je n'ai pas tenu jusqu'au bout. Pas réussi à regarder sans ciller, sans frémir, ces visages ravagés et leurs conséquentes vies détruites. Je ne m'attendais pas á un roman si sobre, si juste, si beau. Dans notre monde, où l'image que l'on affiche de soi est tellement importante et que, paradoxalement, nous ne connaissons pas le visage de beaucoup de nos "amis", le courage et la force d'Adrien m'ont fait trembler d'émotion. Et nous, amis Babeliens, que penserions-nous les uns des autres si nous nous connaissions tous de nous voir et pas seulement de nous lire. Nous apprécierions nous autant? Alors, non, je n'ai pas aimé cette merveilleuse histoire dans L Histoire.

Malgré, même, les nombreuses critiques saisissantes que j'ai lu sur Babelio, je n'ai pas aimé ce petit livre.

Non…je n'ai pas aimé « La chambre de officiers ».

Je n'ai pas aimé…







J'ai ADORÉ. Et si je pouvais me permettre de donner un conseil, ce serait : lisez-le....

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Transparence

Dans Transparence, Marc Dugain nous entraîne dans un roman d'anticipation qui se déroule à la fin des années 2060. Transparence est une société du numérique implantée en terre sauvage d'Islande et sa présidente française est la narratrice. Cette société "permettait, préalablement à toute union, d'obtenir une foule d'informations sur son futur partenaire touchant aussi bien à sa psychologie, à son profil génétique et à sa sexualité". Créée dans le mouvement de la révolution numérique qui consistait à collecter des milliards d'informations sur les individus, elle réduisait le champ des probabilités au profit de la certitude. Ainsi, sans sortir de chez soi, vous pouviez être mis en relation avec la personne parfaitement adaptée à ce que vous étiez, sans mauvaise surprise !

Au moment où l'entreprise est sur le point de commercialiser le programme Endless qui consiste, en partant de vos données, à fabriquer une sorte de clone qui pourra vous remplacer, la présidente est accusée par la police locale d'assassinat !

Dans ce roman de science-fiction, Marc Dugain, dans un premier temps établit un constat critique de la société dans laquelle nous vivons, puis, nous alerte, en fait sur ce qui pourrait advenir de celle-ci. En effet, à l'heure où, déjà, la récupération de données sur les internautes est monnaie courante, omniprésente et fait l'objet de beaucoup de convoitise dans beaucoup de sociétés, ce livre nous fait prendre conscience des dérives possibles susceptibles d'en découler. La question se pose de savoir jusqu'où peut aller le fichage des individus, pourrait-il permettre de reconstituer une personne récemment disparue et de lui offrir ainsi une vie éternelle ?

L'auteur évoque de nombreux sujets, le dérèglement climatique, la surpopulation, l'intelligence artificielle, le libéralisme, le chômage ... et nous donne ainsi matière à réfléchir sur notre avenir.

Il nous amène également à réfléchir sur le transhumanisme qui prône l'usage des sciences et des techniques afin d'améliorer la condition humaine notamment par l'augmentation des capacités physiques et mentales des êtres humains.

Transparence, une dystopie qui se révèle être un portrait assez lucide du monde qui nous entoure où les modifications du climat commencent à poser des problèmes sérieux, où le fichage des individus prend des proportions gigantesques et qui pourrait bien être la fin de notre espèce si nous ne disons pas halte, très rapidement.

C'est un livre qui, malgré l'angoisse qu'il soulève à sa lecture est palpitant et m'a vraiment séduite. Pour ce qui est de la chute, un seul mot: géniale !

Marc Dugain est un écrivain que j'apprécie beaucoup. Pour avoir déjà lu : L'insomnie des étoiles, Avenue des géants, La trilogie de l'emprise, La malédiction d'Edgar, Une exécution ordinaire, je peux dire que je n'ai jamais été déçue.


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La chambre des officiers

Un livre absolument bouleversant...

"La Chambre des officiers" est le premier roman de Marc Dugain qui "a passé son enfance dans le château des "Gueules cassées" où il accompagnait son grand-père", nous indique la présentation.

Ce roman a reçu plusieurs prix littéraires tout à fait mérités.

Le narrateur du récit s'appelle Adrien, un ingénieur officier. Aux premiers jours de la guerre 14-18, un éclat d'obus lui arrache une partie du visage : "béance totale des parties situées du sommet du menton jusqu'à la moitié du nez, avec destruction totale du maxillaire supérieur et du palais".

Adrien est évacué d'urgence à l'Hôpital du Val-de-Grâce à Paris, hôpital spécialisé dans ce type de blessure, il y passera la totalité des quatre années de la guerre 14-18, dans une salle réservée aux officiers.

Ce livre est un livre de souffrances : Adrien raconte la découverte de son visage ravagé, la découverte des faces de ses compagnons d'infortune qui sont autant de "miroirs", les salles qui se remplissent de "gueules cassées", les opérations qui se succèdent sans véritable amélioration, l'horreur ressentie par ceux ou celles qui les regardent en-dehors de l'hôpital...

On ne sort pas indemne d'un tel récit, d'autant plus intense qu'il ne verse jamais dans le pathos, certaines scènes m'ont vraiment fait venir les larmes aux yeux.

Mais ce livre est aussi une magnifique leçon de vie et d'humanité, car il raconte également le dévouement du personnel hospitalier, la naissance d'amitiés exceptionnelles, le dépassement du désespoir par la solidarité et l'humour, la reconstruction d'une existence presque normale après quatre années de "détention hospitalière"...

Un grand livre, forcément un coup de coeur.
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La volonté

Alors qu'il est confiné chez lui, devant la mer, sur la côte bretonne, Marc Dugain se souvient de son père décédé trente-six ans plus tôt de multiples tumeurs malignes, de ses derniers instants et de sa souffrance dont il ne voulait rien montrer. Il entreprend de retracer le destin de cet homme qu'il n'a vraiment connu, compris et aimé que peu de temps avant de le perdre, au moment où il allait pouvoir profiter pleinement de lui et de son estime. Il n'a entretenu avec lui une extrême proximité que les dernières années, ayant été un adolescent rebelle convaincu de ne jamais pouvoir arriver à la hauteur de la vertu paternelle.

Il en a fallu de la volonté, titre de l'ouvrage, à ce père, ce petit breton aux origines sociales modestes. Cet aîné de trois enfants vivant la plupart du temps seuls avec leur mère Marguerite, leur père dit « le Bosco », longuement absent car matelot embarqué sur de gros navires, cet adolescent dont les rêves et les ambitions étaient en mer va devoir surmonter la terrible épreuve de la poliomyélite, en pleine occupation allemande. Paralysé des deux jambes et condamné à être immobile, s'il a dû abandonner l'espoir de devenir officier de marine, à force d'efforts, de nombreuses opérations et l'aide inestimable d'un médecin qui a à coeur de lui rendre « les jambes qui vont avec ses capacités intellectuelles », il parvient à retrouver l'usage de sa jambe droite, à remarcher, et grâce à l'enseignement public il devient ingénieur spécialisé en physique nucléaire et en chimie des sols.

Il se marie, et le couple part vivre en Nouvelle-Calédonie puis au Sénégal où l'auteur naîtra en 1957, avant de revenir à Paris. Plus ouvertement féministe que son épouse, il déconcerte même parfois ses contemporains.

À travers la vie de son père, c'est l'Histoire de la France et même du monde que Marc Dugain nous offre, de la Première Guerre mondiale jusqu'à la fin des colonies.

Ce sont les pensées de son père, certes, que l'auteur dévoile, mais à la lecture de ses précédents romans, il me semble que ce sont sans doute aussi les siennes, des pensées en tout cas, remplies d'un profond humanisme.

J'ai particulièrement été sensible à cette analyse politique de la période de la décolonisation où il faut abandonner les richesses minières des pays colonisés dont on aurait tant besoin, au moment où l'on entre dans une ère de production et de consommation massives, ce qui explique la réticence de certains politiques ! La manière dont les colons ont piétiné ce qui avait été élaboré depuis des siècles n'est pas oubliée.

La guerre froide est également largement évoquée, tout comme la liquidation de Kennedy.

Ce roman montre avec beaucoup de pudeur la difficulté à s'affranchir de ses parents, comment est-ce qu'on peut trouver sa place de fils tout en s'émancipant de ses parents et Marc Dugain exprime finement comment il s'est épuisé toute son adolescence à résister à ce père si incroyable, si exemplaire et sa difficulté de trouver sa place de fils à ses côtés.

C'est un roman autobiographique magnifique, riche, très fort, un roman humaniste qui couvre toute une époque, entremêlant petite et grande histoire et qui aborde par petites touches de nombreux sujets de sociétés outre la politique et ses compromissions.

Mais c'est avant tout un roman dont le thème central est l'amour, roman qui nous permet de comprendre aussi comment Marc Dugain est devenu Marc Dugain…


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Tsunami

C’est un défi peu ordinaire qu’a relevé Marc Dugain en écrivant Tsunami pour se mettre dans la peau d’un président de la République fraîchement élu.

Défi relevé, défi réussi pour cette dystopie très proche d’aujourd’hui, dystopie qui m’a plongé dans les arcanes du pouvoir où sévissent ceux qui sont censés veiller sur nos vies et assurer notre avenir.

Ce nouveau président le reconnait d’emblée, s’il a déjoué tous les pronostics, c’est grâce aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), lui qui promet de s’attaquer efficacement au réchauffement climatique.

Comme il est déjà bien tard, il ne faut plus espérer béatement et décider de mettre en place le bilan carbone individuel grâce à la technologie digitale. Ainsi, chacun se verra attribuer un bonus fiscal ou un malus.

L’autre volet principal de la réforme voulue par ce président, c’est la suppression du Sénat - « la Chambre des bourgeois balzaciens » - et son remplacement par une Chambre virtuelle permettant à tous de voter sur les sujets d’importance.

C’est en mettant en avant sa volonté de favoriser l’enseignement à distance, la voiture autonome, les objets connectés, l’aide à la logistique de livraison par drone des achats sur internet qu’il a séduit les jeunes tout en s’alliant les géants du numérique américains. En même temps, par contrecoup, il s’est aliéné tout soutien de l’autoritarisme russe.

Petit à petit, je fais connaissance avec l’équipe du nouveau président : le secrétaire général de l’Élysée, le premier ministre, sa conseillère et différents ministres, suivant les événements qui se bousculent rapidement.

Dans Tsunami, Marc Dugain décortique avec talent la vie quotidienne d’un chef d’État, tous ses soucis, ses maladresses, son passé qui remonte au plus mauvais moment et sa vie sentimentale. Il apprend même qu’il est père d’une petite fille mais je n’en dis pas plus…

Il est aussi très intéressant de revenir en arrière et d’apprendre comment cet homme a réussi dans la vie avec Hugo, spécialiste du génie génétique. Leur start-up avait prospéré au-delà des espérances grâce à ces fameuses cellules souches permettant de rajeunir nos cellules d’au moins 30 % et de prolonger notre passage sur terre.

J’ai aussi bien aimé le détail de sa campagne électorale et la démonstration de l’utilisation de la drogue, de la coke, devenant vite systématique : faut tenir le coup et assurer l’enchaînement des meetings pour galvaniser les foules.

Au travers de tous les problèmes auxquels se confronte notre homme, c’est un tableau réaliste et plein d’enseignements que brosse Marc Dugain à propos de notre société qui se débat actuellement au sujet de cette soi-disant intelligence artificielle.

C’est aussi l’occasion de dresser un constat très réaliste sur la société américaine. Plus tard, c’est au tour du dictateur russe de faire étalage de son autoritarisme et de son mépris pour nos démocraties qu’il menace d’un tsunami.

Je note au passage un grand moment du livre lorsque, en marge de l’inauguration d’un hôpital psychiatrique, le président s’isole avec le médecin-chef. Ensemble, ils abordent l’état mental de notre pays, cette perte de l’altérité, ce délire psychotique sonnant la fin de la normalité.

Quand deux millions de manifestants hostiles se préparent - « des gens contre tout mais en faveur de rien » - le pouvoir tremble car les réseaux sociaux sont déchaînés en bien comme en mal. Alors, je laisse ce président imaginaire, tellement réaliste, tenter de rester maître de la situation, même si l’essentiel n’est pas là.

En effet, Marc Dugain, tout au long de Tsunami, m’a fait prendre conscience d’une réalité n’incitant pas à l’optimisme, réalité qu’il faut pourtant bien affronter. C’est pourquoi Tsunami est un livre qui m’a souvent fait réfléchir et fréquemment inquiété. Un roman réaliste, à lire assurément !


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Tsunami

Marc Dugain fait partie des écrivains que j’affectionne particulièrement. Ses romans qui s’attachent à décrire des univers très différents où les personnages sont confrontés à la grande histoire tels La chambre des officiers, La volonté, Transparence, La malédiction d’Edgar et Paysages trompeurs m’ont à chaque fois enchantée. Avec Tsunami, je n’ai pas été déçue, loin de là !

Roman d’anticipation, Tsunami nous plonge dans le quotidien du prochain président de la république française et une certaine réalité des enjeux de la société actuelle.

C’est ce tout nouveau président qui vient juste d’être élu qui est le narrateur.

Cet homme a été élu après avoir fait fortune grâce à son génial ami Hugo avec qui il avait créé une start-up de biotech. Cette société dont ils ont été les deux fondateurs a promis une avancée majeure : grâce au travail d’Hugo sur les cellules souches, dans les cinq ans à venir, tous les hommes et les femmes verront leur espérance de vie augmenter de vingt à vingt-cinq ans.

Le nouveau locataire de l’Élysée soutenu par les GAFAM nous fait vivre en direct son quotidien, un quotidien qui n’est pas de tout repos. Ça commence d’ailleurs plutôt mal pour lui.

La grande réforme qu’il veut porter coûte que coûte : imposer l’individu en fonction de son impact sur l’environnement en utilisant la technologie digitale promet déjà tout le monde dans la rue.

Menacé par des affaires compromettantes, les ennuis s’amoncellent…

Avec Tsunami, nous voilà dans la tête d’un président qui gouverne une France de plus en plus agitée et notre diable d’homme jongle en permanence avec tous les problèmes qui se présentent, tentant de sauver ce qui reste de la démocratie. Un rythme effréné et une solitude extrême, se retrouvant même face à sa responsabilité de vie ou de mort. Les moments de répit sont rares et on les savoure, celui notamment de la visite à la mère-porteuse de sa fille.

La force de Marc Dugain est d’avoir su de façon romanesque dans un récit truffé de rebondissements faire un tableau plus que réaliste et plutôt très inquiétant de notre démocratie qui est en train de se déliter en brossant le portrait d’un président cynique , roublard, opportuniste mais pourtant capable d’humanité.

La question du pouvoir, la démocratie, le populisme, les rapports de force internationaux, la radicalisation, la psychiatrie, les nouvelles technologies, les GAFAM, l’espionnage et le réchauffement climatique, sont autant de thèmes d’actualité abordés de façon ultra vivante et brillante dans Tsunami.

J’ai beaucoup apprécié la réponse du psychiatre à la question du président, à savoir son opinion sur l’état mental du pays même si la conclusion de cette parenthèse philosophique est plutôt pessimiste.

L’asservissement numérique et la capacité de rajeunissement par la génétique cellulaire, deux des thèmes forts du roman sont déjà en cours d’accomplissement pour le meilleur et pour le pire.

Si un phénomène sismique est annoncé en fin de roman et donne ainsi bien justement son titre au bouquin, Marc Dugain termine très fort car il réussit par une pirouette à en tirer une happy end.

J’aurais juste souhaité que ce livre aussi drôle soit-il, ne colle pas tant à la réalité.

Pour comprendre les enjeux de la société dans laquelle nous vivons, l’analyse fine, remarquable et à la fois captivante que Marc Dugain livre dans Tsunami est à lire de toute urgence.


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La chambre des officiers

Une lecture inspirée par mes babéliamis, ce thème me parlait bien et c'est avec une certaine impatience que j'ai commencé ce livre assez court.

"La chambre des officiers" est le type de récit qui vous aspire d'entrée, un récit à la première personne, un autre monde que nous allons découvrir avec le narrateur sur une période de cinq années, de 1914 à 1919.

Au Val de Grâce, Adrien est le premier pensionnaire, le premier des officiers qui vont bénéficier de chirurgie faciale reconstructive, une spécialité qui en est à ses balbutiements...

Etre reconstruit, se reconstruire soi-même, affronter le regard des autres qui vous renvoie en permanence la certitude que vous n'appartenez plus tout à fait au genre humain alors que la notion d'humanité est devenue pour vous essentielle et vitale.

L'auteur trouve le juste ton pour nous raconter cette traversée du désert vécue par le narrateur et ses compagnons d'infortune, les multiples expériences et opérations, cette vie en vase clos qui les isole du monde qui continue de tourner au-delà des murs.

Ici pas de "pathos" mais une évocation pudique et digne de faits non édulcorés, une réalité impitoyable dans son absence d'espoir dans un avenir normal.

Je crois que la mentalité d'alors permet cette forme de distanciation, à cette époque, mourir ou être mutilé pour la patrie reste honorable, s'il y a un regret, ce n'est pas d'avoir participé à une guerre absurde car c'est un destin que l'on peut accepter comme une fatalité, il y a ceux qui ont eu la chance de revenir entiers et les autres.

Non, ce qui est difficile et compliqué c'est de trouver de bonnes raisons pour continuer à vivre, et les hommes d'il y a un siècle étaient probablement mieux armés psychologiquement pour affronter l'adversité sous toutes ses formes, les pensionnaires du Val de Grâce sauront se "serrer les coudes".

Ce qui se dégage de ce récit c'est une grande force, c'est un hymne à la vie et à la volonté de vivre malgré tout.

C'est une lecture qui doit forcément nous faire réfléchir aux choses essentielles dans la vie, un regard, une parole, un geste ou un élan, des choses qui pourraient paraître insignifiantes...

Cette lecture aura permis la réminiscence d'un souvenir d'enfant, je ne connaissais les "gueules cassées" qu'à travers les billets de loterie et je n'avais alors pas conscience de ce que cela représentait.
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Transparence

Lire Marc Dugain ne déçoit jamais. Que ce soit avec L’insomnie des étoiles, Une exécution ordinaire ou La Trilogie de l’emprise (L’emprise, Quinquennat et Ultime partie), j’ai à chaque fois été embarqué dans une histoire sérieuse, passionnante et toujours profondément instructive, qu’il traite de sujets hexagonaux ou plus éloignés de nos bases.

Avec Transparence, c’est le monde entier qui est concerné car il s’attache à ce qui se passe sur notre planète avec la révolution numérique et ces fameuses données qui permettent à des géants de l’informatique d’en savoir plus sur nous que nous-mêmes !

La narratrice, Cassandre Namara, est Française et vit en Islande, quelques années après 2060… Elle dirige une modeste société informatique qui prépare une immense offensive sur les grandes places financières afin de prendre le contrôle des géants du net. Petit plaisir : elle conduit une voiture dont elle a réussi à neutraliser le pilotage automatique, chose totalement interdite !

Elle s’était distinguée avec sa première société, Transparence, qui permettait de tout savoir avant une union avec un ou une partenaire : psychologie, profil génétique, sexualité… sans sortir de chez soi ! Un vrai succès !

Tout semble dérailler quand elle arrêtée par la police pour avoir poussé une femme du haut d’une falaise et, à partir de là, elle va tout raconter et surtout nous éclairer sur cette collecte effrénée des données, obsession principale de notre société d’aujourd’hui.

Au fil des pages, je me suis rendu compte de ce que peut devenir notre monde, un monde piloté par des robots, irrespirable où la tentation de l’immortalité devient de plus en plus forte. D’ailleurs son équipe est prête à mettre en place le programme Endless dont elle réussit presque à me convaincre de sa réalité…

Hélas, notre narratrice délaye un peu trop, se montre vraiment obnubilée par la Bible, le Nouveau Testament, va même au Vatican… Était-ce bien utile ?

Transparence est un étonnant roman d’anticipation que Marc Dugain traite comme le manuscrit rédigé par Cassandre Namara, comme il le révèle dans l’épilogue mais il ne faut pas en dire plus.

Au travers de cette dystopie, j’ai relevé quantités de constatations pertinentes sur l’état de notre monde entre l’avènement du numérique et le désir de vie éternelle, d’immortalité. J’ai noté beaucoup de bonnes choses comme la dénonciation de travers qui pourrissent notre monde : égoïsme, recherche effrénée du profit, consommation, luxe au détriment d’un équilibre naturel qui a prévalu longtemps et qui est radicalement menacé.

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Transparence

Je ressors de la lecture de "Transparence", le dernier roman de Marc Dugain, avec des sentiments partagés.



"Transparence" nous projette en 2060, dans un univers que Marc Dugain a construit en prenant en compte tous les paramètres de notre réalité actuelle pour en déployer les conséquences sur un avenir planétaire possible : réchauffement climatique, réseaux sociaux, prééminence de Google et du tout numérique, disparition - consentie- de la sphère privée, asservissement des consciences et recul du sens critique, ultra-connexion permanente, intelligence artificielle, tentation du transhumanisme et de l’humanité augmentée…



L’analyse que fait ici Marc Dugain - et c’est le point fort de ce roman - de notre société et des dangers qui, à moyen terme, la menacent est tout à fait intéressante, intelligente et, hélas, à mon avis pertinente. Son regard est acéré, sa réflexion lucide et argumentée, sa logique est imparable et rien, dans cette projection sociétale et environnementale en 2060, ne peut paraître fantaisiste ou incongru. C’est même tellement logique, tellement évident, tellement peu outrancier que cela fait froid dans le dos et que nous serions bien inspirés de le prendre en considération…



A ce titre, et bien au-delà du simple domaine de la fiction, Marc Dugain lance avec "Transparence" un véritable cri d’alarme, intelligent, important et lucide, qui mérite d’être reçu et écouté.



Là où le bât blesse, en revanche, c’est que Marc Dugain s’est à mon avis un peu laissé emporter par le sérieux et l’importance de son sujet, au point de se lancer à corps perdu dans des discours et des réquisitoires certes tout à fait passionnants mais qui peinent à trouver leur place dans l’espace d’un roman qui en devient de ce fait terriblement bavard et où l’intrigue et les personnages sont surtout des prétextes à l’énonciation de thèses qui auraient à mon sens gagné en pertinence à être rassemblées dans un essai. (Une simple réplique dans un dialogue donne lieu, par exemple (page 119) à une analyse de la politique de Donald Trump qui dure plus de six pages !...)



D’où mes réticences et ma perplexité à l’issue de cette lecture : le propos est interpellant, intelligent, important et à lire absolument. Mais l’exercice fictionnel, en tant que tel, faute de véritables dialogues, faute de personnages réellement incarnés et attachants, et en raison également d’un coup de théâtre final qui m’a personnellement déçue, ne m’a pas tout à fait convaincue.

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Avenue des Géants

Connaissez-vous Edmund Kemper ? de mon côté, j'ignorais son existence jusqu'à la lecture de ce livre. Cet homme est un tueur en série américain, ayant commencé ses crimes à l'âge de 15 ans. Ses grands-parents furent ses premières victimes. Surnommé "l'Ogre de Santa Cruz", il est toujours emprisonné à l'heure actuelle. Marc Dugain, dans ce roman, va largement s'inspirer de la vie de Kemper afin de créer son personnage, al Kenner. Création ? Peut-être pas finalement car le destin de son personnage est semblable en tous points, ou presque, à celui du tueur. Ce serait presque une biographie romancée si ce n'était un ou deux événements qui changent. Mais alors, me demanderez-vous, qu'a-t-il d'original, ce roman ?



Ce qui m'a le plus étonnée, c'est que bien que sachant ce qu'il s'est passé, après recherches, je me suis mise, au fur et à mesure, à douter, à me demander si al était vraiment le meurtrier. le roman est conçu de telle sorte que le lecteur entre dans la psychologie (romancée, cette fois, je vous l'accorde) du jeune homme. Et c'est justement ce qui fait froid dans le dos. al est d'un calme olympien, relatant les choses sans une once de pitié, sans aucun scrupule ni esquisse de regret.



Je n'ai toujours pas lu La Chambre des officiers, qui prend la poussière depuis quelques années sur mes étagères mais je vais aller le ressortir car le style de cet auteur m'a bien plu.
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Paysages trompeurs

Donnant la parole à un narrateur se disant producteur de documentaires, un narrateur un peu mystérieux ressemblant tout de même beaucoup à l’auteur, Marc Dugain m’a fait voyager dans des Paysages trompeurs.

Qui trompe qui ? Difficile à savoir car je suis plongé dans le monde du renseignement et des services secrets.

Le début de ce roman est palpitant. La tension est énorme avec ce commando lourdement armé, ces hommes cagoulés tentant de libérer des otages sur le sol somalien. Ben est le leader de cette opération, son héros, mais je vous laisse découvrir le bilan de l’opération.

La suite du roman est beaucoup plus tranquille, malgré une tension toujours palpable, puisque le narrateur conduit ou tente de conduire un récit aux entrelacs multiples. Deux femmes interviennent. Yasmine, la première, est rapidement éclipsée par Lévia qui dit travailler pour le Mossad dont elle veut se désengager. Elle est psychologue et se révèle très efficace dans son domaine.

S’ajoute à cela la mort de deux touristes belges assassinés au Maroc. Les autorités du pays closent rapidement l’enquête pour ne pas freiner l’activité touristique. Seulement, deux journalistes s’en mêlent mais ils sont tous les deux tués dans des circonstances équivoques.

De son côté, le narrateur qui avait réalisé un documentaire sur la chute des oligarques russes, est surveillé par la CIA, les services secrets français, etc… Sa femme ayant sombré dans la folie avant de mourir, ce drame semble lié à la mort des deux journalistes. Bref, tout le monde espionne tout le monde.

Enfin, l’action reprend avec une opération assez rocambolesque à laquelle j’ai un peu de mal à adhérer. Mais, l’important n’est pas là dans Paysages trompeurs. En effet, au cours de ce roman, Marc Dugain s’efforce d’ouvrir nos yeux sur tout ce qui se trame entre les puissants de notre planète. Il démontre qu’il y a de multiples façons d’écarter, de discriminer, d’éliminer quelqu’un qui commence à devenir gênant. Il ajoute aussi beaucoup de réflexions sur notre société, sur la vie que nous menons.

De plus, il n’épargne pas les USA, pays sur lequel son jugement est impitoyable notamment sur leur système électoral complètement perverti par la mafia. Enfin, l’appétit insatiable de ceux qui possèdent le plus de richesses conditionne l’avenir de notre planète.

L’exemple du Groenland où se retrouvent, pour finir, les principaux protagonistes de l’histoire, est édifiant. Marc Dugain détaille cela très bien comme il souligne aussi la rivalité mortifère entre Israël et l’Iran. L’extermination des peuples autochtones, la religion apportée et imposée par les colonisateurs, tout cela contribue à un nivellement irrémédiable et surtout à une destruction insensée de la Terre.

Tout cela, Marc Dugain sait parfaitement le dénoncer au travers de réflexions distillées par son narrateur.


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Ils vont tuer Robert Kennedy

Waouh, quelle claque ! Ils vont tuer Robert Kennedy fût une véritable découverte coup de coeur pour moi !



Je ne connaissais Marc Dugain que de nom et, grâce à Babelio et aux éditions Gallimard, que je remercie infiniment, je viens de réparer cette faute.



Ils vont tuer Robert Kennedy est un livre passionnant. Passionnant parce qu'il raconte la mort à venir de Robert Kennedy et, partant, démêle l'inextricable complot qui a mené à la mort de son frère John, et de nombreuses autres personnes. De ce fait, se mélangent dans ce récit espionnage, manoeuvres politico-politiciennes, Mafia...

Passionnant parce que l'auteur entremêle la grande et la petite Histoire pour n'en faire qu'une. En effet, son personnage principal, Mark O'Dugain (certainement pas une coïncidence), est persuadé que la mort mystérieuse de ses deux parents est liée à l'assassinat de Robert Kennedy. Il va donc axer ses recherches universitaires sur cette période et enquêter à la fois sur les assassinats de Robert et de ses parents.

Passionnant enfin parce que chacun des personnages qui apparaît dans le récit est parfaitement caractérisé, profondément attachant et réaliste. Marc Dugain sait en quelques mots bien choisis nous plonger dans l'intime et créer une empathie pour ses personnages.



Mais ce qui m'a frappée dès la 1ère page, c'est bien la plume de Marc Dugain. Il est des livres comme ça qui nous plongent immédiatement dans le récit et qui nous font dire dès les premiers mots : "Ah, attention, oeuvre magistrale en vue". Je ne saurais dire exactement à quoi ça tient : des phrases percutantes mais poétiques, des émotions distillées à travers des mots bien choisis... Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai été happée immédiatement par cette musicalité, cette sensation que chaque mot était à sa place. D'ailleurs, il me semble que Fred Vargas, amie de Marc Dugain, a dit quelque chose là-dessus, comme quoi il arrivait à s'exprimer en deux mots parfaits là où elle-même est obligée de rédiger un paragraphe.



Bref, il y aurait tant à dire sur ce livre, mi-fiction mi-récit historique, qu'il va bien falloir que je m'arrête. Je voudrais tout de même ajouter, pour ceux que ça intéresse, qu'il y est aussi question de Résistance bordelaise, du Paris des guinguettes, des conflits anglo-irlandais, de Marilyn Monroe, de réflexions sur la vie politique, de biographies, de communisme, de la Baie des Cochons, de dépression, de vie conjugale, d'hypnose et de LSD, de racisme... Oui, ça fait beaucoup, mais tout est lié de manière très naturelle et authentique.



Un vrai coup de coeur je vous dis !



Challenge Multi défis 2017
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Transparence

C'est dit, je veux mourir comme le père de la narratrice de ce récit, serein, libre, assis dans mon lit, limitant le pouvoir absolu de Dieu.

Mais, pas tout de suite, il me reste encore quelques bonnes pages à lire !

Je suis entré, dans ce livre, sans conviction mais avec curiosité.

Et, je m'y suis inexorablement enfoncé, empreint d'un ressenti mêlé d'intérêt, d'étonnement et d'admiration pour son auteur.

Ce livre est un roman.

C'est aussi, et surtout, une sorte d'état des lieux documentaire, asséné comme un avertissement à son lecteur.

Le passé s'y entremêle avec le présent pour laisser apparaître un prévisible futur préoccupant.

Ce roman est un livre important, le témoin de la fin des temps aléatoires où l'humain ne pouvait échapper à ce qu'il était.

Marc Dugain, après Kurt Vonnegut et bien d'autres, annonce l'entrée de notre monde dans la plus alarmante des sciences-fictions.

L'anticipation est un genre qui, toujours, devrait figurer sur la table de chevet de nos bons hommes politiques.

Le sommeil leur serait meilleur conseiller !

Ce roman est une analyse, une critique acerbe, et un réquisitoire.

Il est raconté à la première personne.

C'est un livre exigent, pessimiste et intelligent.

Marc Dugain a la plume souple et efficace.

Il développe l'idée jusqu'à son bout, clairement, sans pourtant perdre son lecteur au milieu du raisonnement.

Il y a de la philosophie là-dedans.

"Transparence", c'est l'épithète qui colle aujourd'hui à notre monde comme un vieux sparadrap.

La grande parenthèse de l'écrit, qui a duré à peu près six mille ans, risque de se refermer.

La magie de la lecture, si finement définie par Marc Dugain, pourtant, est si belle ...
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La chambre des officiers

J’ai acheté La chambre des officiers dans un vide-grenier cet été et je l’ai lu d’une traite.



Voilà longtemps que je voulais lire ce roman et j’ai beaucoup aimé suivre le long retour à la vie d’Adrien dans « La chambre des officiers ». Marc Dugain nous fait pénétrer avec effroi dans les coulisses de la première guerre mondiale, à travers le sort des « gueules cassées ».



Pas de glaces au mur bien-sûr. Mais beaucoup de gémissements et de mauvaises odeurs. Les chirurgiens font ce qu’ils peuvent, ils tentent de nouvelles expériences pour redonner à ces jeunes hommes un visage moins effrayant. Le temps est suspendu mais pendant ce temps la grande boucherie continue, d’autres blessés graves arrivent encore.



Les compagnons d’infortune d’Adrien sont dignes et attachants, l’écriture de Marc Dugain est sobre et efficace pour nous faire partager leur indéfectible amitié, leurs douleurs comme leurs victoires. Et toutes les premières fois. Le premier regard dans la glace, le premier regard dans celui de sa femme, de sa mère ou de son enfant, la première sortie….



Mes grands-parents maternels se sont connus avant que mon grand-père parte faire son service militaire pour une durée de trois ans. Ensuite la première guerre mondiale fut déclarée. Mon grand-père fut blessé à plusieurs reprises aux jambes mais à la fin du conflit, ils ont enfin pu se marier. Que ce serait-il passé, au terme de cette belle attente s’il avait été lui aussi une « gueule cassée » ?



Ce livre est bouleversant car le sujet est d’une rare violence mais il est traité avec délicatesse. On sourit, on espère en lisant ce court roman auquel je repense souvent et que j’ai déjà prêté deux fois.



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Paysages trompeurs

On nous ment. On ne nous dit pas tout…

A chaque interview, Marc Dugain se défend de verser dans le complotisme. Non, son projet est d'éveiller les consciences face aux discours officiels, de ressusciter l'esprit critique et révéler des secrets appris auprès de ses fréquentations dans les milieux autorisés après des enquêtes en Espionie, ce pays de bonshommes en gabardine et parce qu'il a une tête sympa. Ses complots à lui, ils sont labellisés. Ce n'est pas de la compote de comploteur sur Twitter. Promis, juré craché sur la tombe de Lee Harvey Oswald. Il ne peut pas y avoir qu'un seul tireur, l'homme n'a pas marché sur la lune… En plus, il a le gêne barbouze, Marc Dugain, car papa et tonton étaient du métier. Il n'a pas le sang bleu, mais le sang-froid. C'est même écrit sur la quatrième de couverture, comme si le CV avait besoin d'une caution. Convaincus ? Moi non plus.

Si j'avais adoré « La malédiction d'Edgar » et apprécié la « trilogie de l'Emprise », j'avais été beaucoup moins emballé par ses derniers romans, que ce soit « Ils vont tuer Robert Kennedy » ou « Transparence » et « Paysages Trompeurs » rejoint le rayon des déceptions.

Je n'ai rien à dire sur le rythme et l'action de ce roman d'espionnage. Un personnage de John le Carré aurait fait un infarctus à la troisième page. Trop de sport.

Une opération de sauvetage en Somalie tourne au fiasco avec un seul survivant, un agent du renseignement qui doit se faire oublier et qui se fait aider par un ami producteur de documentaires spécialisé dans la révélation de scandales d'état pour s'assurer une clandestinité dorée. La ressemblance de ce dernier avec l'auteur est un pur hasard. Une psychologue pas si Mossad, pardon maussade, fait du duo un trio d'agents triples. Tout ce petit monde va jouer au grand jeu du qui manipule qui, dada que les espions partagent avec les ostéos. Ils vont se lancer dans une affaire visant à délester des narcotrafiquants colombiens de leurs économies pour empêcher la réélection de Trump avec un plan digne d'un Mission Impossible un peu discount. Vous avez dit fumeux ? Oui, méga smog.

Les ficelles de l'histoire sont aussi épaisses que du fil dentaire de Mammouths mais j'aurais pu me laisser distraire par l'efficacité du récit si l'ambition de l'auteur avait été d'offrir un roman d'espionnage vitaminé. Je n'ai rien contre un bon James Bond. Mais ici, les élucubrations géopolitiques remplacent l'humour. C'est dommage car la naïveté des personnages, un comble pour des espions, aurait été un bon prétexte pour apporter un peu de second degré… si elle avait été volontaire.

Et si ce roman était en fait une diversion, un nanar destiné à transmettre un message secret à quelques initiés ? Oui, tellement mauvais que c'est forcément un coup de la CIA. Ouh, là, c'est contagieux. J'arrête.

Dugain à moudre ! Désolé.

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Conter les moutons

- Dis, tu me dessines un... écrivain?

Frisé comme un mouton, quand le vent le décoiffe en Bretagne, Marc Dugain a laissé parler ses moutons, les soeurs Chocotte qui ...ruminent sur la bonne marche du monde.



Car si l'homme est un loup pour l'homme, il est un ... relou pour la femme et les animaux. Ex: Dans les croquettes, il y a des substances additives, qui poussent à la consommation ( et provoquent cancer ou même le "tournis" du ... mouton?)



Ces "Chocottes" là ne sont pas des moutons de Panurge, mais presque des moutons noirs, à 5 pattes, car elles écrivent... Non, elles ne fument pas de l'herbe, mais parlent d'écologie ( rapport du Giec) et du parcours de Marc Dugain, de ses angoisses, du Bonheur d'un...vieil ours mal léché ( comme il se définit parfois!)



Des moutons, un chat qui rapporte des rat-gots, un lapin priapique ("qui a été castré la semaine dernière. A lui seul, c'était Weinstein, Epstein et DSK rassemblés)" . Un lapin qui faisait des bonds, mais qui ne ...saute plus à gauche ou à droite...

Mais revenons à nos moutons, béé oui, si Marc Dugain a eu l'idée des moutons dans cette collection, ses brebis Soay ont un discours politique sur la cupidité de l'homme et balancent pas mal...



Sur un palmipède: "Donald Trump, un gros Blanc veule, summum du mépris: "Si les forêts brûlent à cause du réchauffement climatique, il n'y a qu'à les couper..."

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Avenue des Géants

Audiard disait : «  Quand les types de 130 kilos disent certaines choses , les types de 60 kilos les écoutent « .

Al Kenner a tout du colosse ! Véritable tour de contrôle de 2,20 m dépassant allègrement le quintal , il est de ces personnages qui attirent immédiatement une certaine camaraderie de complaisance à défaut d'une camaraderie certaine ! Ajouter à cela un QI supérieur à celui d'Einstein et vous aurez une idée assez précise de ce que fut l'un des sérial killer Américain les plus redoutables qui défraya la chronique dans les années 60 ! Alors , n'y voyez aucune poltronnerie de ma part à hésiter vouloir émettre un avis négatif à son encontre mais juste un instinct de survie bien légitime suscité par un éclair de lucidité aussi rare que salvateur ! Car en effet , en plus de ses caractéristiques hors norme , le p'tit Kenner possède un hobby des plus atypiques . Là où la majorité d'entre nous - alors jeunes fous-fous en mal de sensations fortes - se bornaient à pratiquer assidument le colin-maillard sur champ de mines voire la marelle pieds joints en diagonale , le gars Al , lui , à ses nombreuses heures perdues , dessoudait , disséminait , flinguait , éparpillait façon puzzle ! Beaucoup . Trop .



Dugain - aucun lien de parenté avec notre Michel national et son big bazar , encore qu'avec Al...- , se fend d'un exercice littéraire peu commun . En effet , se basant sur la véracité historique du tristement célèbre Edmund Kemper – rebaptisé Al Kenner pour l'occasion - , l'auteur prend le pari de nous immerger corps et âme dans ce qui aurait pu être la substantifique moelle de cet être aussi monstrueux que fascinant !

Il eut tout aussi bien pu l'intituler : moi , Al Kenner , tueur en série , ma vie , mon œuvre .

Majoritairement avéré , ce récit pourtant fictionnel est une réussite totale ! Sans véritablement faire dans le sensationnel et le gore , Dugain se focalise sur le pourquoi du comment du Pont de Ligonnès ! Une enfance pervertie aux cotés d'une mère castratrice , le passage incontournable par la case "  viens ici petit animal que je te décapite gentiment "  , les premiers émois sanguinaires...Dugain fait dans l'authentique , s'assurant , du coup , de la crédibilité de son œuvre en devenir . Portrait magistral d'une Amérique en guerre ou tuer au vietnam devient un devoir national alors que , parallelement , le mouvement hippie contestataire essaime à tout vent , il fascine de par son approche intellectuelle et délivre un bouquin inclassable à fort relent d'improbable possibilité .

Belle écriture , beau bouquin , bon moment !



Avenue des Géants , véritable boulevard littéraire !

3.5 / 5
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Tsunami

Président 2.0



C'était hier. C'est aujourd'hui. Ce sera demain. Une époque virtuelle dans une réalité métaverse.

La chronique d'un homme au pouvoir, qui dans la plus grande solitude, exerce ses fonctions de président de la république.

Allié et soutenu par les géants du numérique, il porte ses projets, déterminé à réformer un pays agité.

Insuffler de la vie à une démocratie qui s'essouffle. Faire l'apologie de la fiction quitte à ce qu'elle devienne la réalité de chacun.

Le virtuel, promesse d'un homme immortel, qui n'a pourtant pas encore entièrement annihilé la réalité.

Réalité qui se manifeste sous la forme de gros nuages noirs s'amoncellant à une vitesse vertigineuse. Des affaires complexes, compromettantes. Une tension de tous les instants.

S'assurer de l'unité d'un pays n'a rien d'une sinécure. Plus encore lorsque le chaos s'invite également dans la vie personnelle du locataire de l'Elysée..



D'un trait de plume affuté, Marc Dugain nous dévoile le quotidien sous adrénaline d'un président de la république.

La lecture est plaisante. Les chapitres courts défilent sous yeux aussi rapidement que le rythme effréné de la vie Élyséenne.

Le récit s'achève d'ailleurs presque trop vite sur une figure de gymnastique artistique qui se veut spectaculaire mais un tantinet trop virtuelle.











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La chambre des officiers

Marc Dugain a bien connu une « gueule cassée » – c’est ainsi que l’on désigne les poilus de la guerre 14-18 atrocement mutilés auxquels il manque des morceaux entiers du visage : nez, yeux, mâchoires… emportés par des éclats d’obus. Cette gueule cassée a marqué son enfance, et pour cause, c’était son grand-père. Ce livre lui est dédié.

Adrien Fournier, le narrateur, est mobilisé dès 1914. Ingénieur des Arts et Métiers, spécialisé en génie civil, le jeune lieutenant est tout désigné pour accomplir une mission de reconnaissance au bord de la Meuse : identifier les endroits propices à la construction d’un pont mobile. Il part donc au petit matin avec deux sous-officiers ; sur le chemin de halage longeant la Meuse, aucune présence allemande n’est à signaler. Tout à coup, un vilain petit morceau de métal jailli de l’explosion d’un obus fait basculer le cours de sa vie. A son réveil, Adrien, totalement défiguré, est devenu une gueule cassée, un monstre.

L’histoire du roman est celle de son parcours, non pas vers la victoire militaire en chantant, mais vers la victoire sur lui-même, sur la souffrance, le désespoir, les illusions perdues et le regard des autres.

Loin du tumulte des batailles, dans sa chambre d’hôpital du Val-de-Grâce, Adrien va devoir surmonter les épreuves, avec l’aide des médecins (qui doivent imaginer des thérapies innovantes, la guerre apportant chaque jour un lot de nouvelles victimes de la boucherie mondialisée), mais surtout grâce au soutien sans relâche de ses camarades d’infortune, Weil, Penanster, et Marguerite, qui parviennent à organiser au fil du temps un formidable système d’entraide psychologique, où l’humour et la dérision prennent le pas sur l’auto-apitoiement. Sous les apparences inhumaines, l’humanité est restée intacte.

Marc Dugain, dans ce roman court et poignant, accomplit une prouesse d’écrivain. La chambre des officiers est un roman qui prend aux tripes, bouleversant, que j’ai trouvé d’une force incroyable mais aussi d’une grande pudeur. Hymne à l’instinct de survie, à la volonté et au courage, hommage à une génération sacrifiée, aux héros ordinaires partis inconscients et la fleur au fusil faire cette guerre, dont nous allons bientôt commémorer le centenaire, La chambre des officiers est un livre à lire ou à relire.

Le livre a obtenu le Prix des libraires et le Prix des Deux Magots en 1999 ; le film de François Dupeyron adapté du roman a obtenu deux César en 2002.
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La chambre des officiers

♫Si ce soir, j'ai pas envie d' fermer ma gueule

Si ce soir, j'ai envie d' me casser la voix



Quoi, ma gueule?

Qu'est ce qu'elle a ma gueule?

Oui elle a une grande gueule

Oui elle me fait la gueule

Elle s'imagine que j'lui dois tout

Sans elle je n'aurais jamais plané

Sans elle je ne vaudrais pas un clou

Ma gueule a bien l'droit de rêver♫

Bruel - 1989 -

Johnny - 1979 -



Coup de canon - Coup de semonce

Coup de gueule qui s'annonce

Dieu est un petit bonhomme sans queue

mot de passe, temps qui passe

Grande salle sans glace

le destin s'est bien moqué d'eux.

Le charme n'a rien à voir avec la beauté

Sans miroir, il lui tire la langue par le nez

Ne pas dire son dernier mot

pour ne pas perdre la face

l'aigreur, la rancoeur menacent

Filigrame de toutes ses pensées

Clemence.....Sot

Destruction de l'identité

Gueules Cassées

QUOI ma Gueule !

Je suis dégueu mais je suis pas dégueulasse

CaSSeZ d'la voix

Cassez-vous d'là

On a rendez-vous mais elle ne le sait pas...



Vraiment désolé, Navré

Condoléances pour survivant

Maintenant que les canons s'étaient tus

La greffe générale continue ...

On n'était que quatre patients

....Qu'on valait cent

Pauvres gens défigurés

décombres ambulants

signes particuliers

on ne voit qu'eux

et pourtant on ne les voit pas.

Dieu est un petit bonhomme sans queue.

Divagations pas si imaginaires

Pour saluer tous ces héros

Un Au revoir Là-haut

On vous espère La der des der !





















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