Kwong-shing Lau

Je me souviens de l’époque où, encore lycéen, je m’étais confié à plusieurs amis hongkongais, leur expliquant ce que j’avais enduré en Chine intérieure. Évidemment, pour malheureuses qu’elles soient, mes aventures ne relevaient pas de la plus sombre des tragédies. Mais elles n’en avaient pas moins ouvert une plaie qu’il m’était difficile de refermer.
En révélant ces terribles souvenirs enfouis en moi depuis des années, j’avais pensé pouvoir les exorciser, ou au moins me soulager un peu de leur poids. Mais contre toute attente, en m’écoutant, tous mes amis avaient mis en doute l’authenticité de mon récit, et je devais souvent m’entendre dire : «Tu racontes n’importe quoi, c’est impossible!