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Critiques de Grégoire Delacourt (2903)
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La liste de mes envies

Vu le nombre d'avis positifs sur le deuxième roman de Grégoire Delacourt autant le dire tout d'entrée c'est pour moi, une vraie déception.

Arras, Jocelyne vit avec le gentil Josselin, elle tient une mercerie familiale et les enfants partis, elle a crée un blog sur sa passion qui connait un relatif succès. Une vie ordinaire mais finalement heureuse. Mais un évènement inattendu va chambouler cette charmante routine.L'émotion, le rire et les jolis mots s'harmonisaient avec bonheur dans "L'écrivain de la famille", ici hélas quasiment jamais. Delacourt empile clichés, bons sentiments, situations convenues, personnages stéréotypés. On frise la niaiserie à de nombreuses reprises. Et que dire de la seconde moitié du roman aussi improbable que de gagner au Loto. Il ne suffit pas de se mettre dans la peau d'une femme, encore faut'il la rendre crédible. Delacourt se rate dans les grandes largeurs et on est tristounet autant pour lui que pour nous.
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La liste de mes envies

Ce roman, que j’ai lu d’une traite, une fois terminé, a eu au moins le mérite de me faire poser une question : pourquoi suis-je restée totalement hermétique à ce récit, cette prose, alors que j’entends parler de ce livre depuis des mois dans un concert de louanges quasiment unanime de la majorité de mes amies, mes collègues, oui, mes amies… femmes ? Me disant, « toi qui aimes tant lire, lis ce livre, on pourra en discuter… ». Eh bien oui, on va pouvoir en discuter. Je sais que je vais entendre une fois de plus que j’ai l’esprit de contradiction, que je suis un peu marginale, mais non, avec mes amis comme sur Babelio, ce n’est pas une posture que de ne pas apprécier un best-seller, ça peut arriver, en toute bonne foi, et sans aucun mépris ou condescendance, et je serais ravie, et ça m’est sûrement déjà arrivé d’être en adéquation avec un succès littéraire.

J’ai su très vite que je n’accrocherais pas. Au bout de dix pages, j’ai eu le sentiment que je lisais l’enfant naturel de « L’élégance du hérisson » et de n’importe quel roman au choix d’Anna Gavalda.

Un style passe-partout, soigné, une intrigue bien dans l’air du temps, une philosophie « New Age » dans laquelle on peut se laisser couler sans être dérangé. Ah ? L’argent ne fait pas le bonheur ? Tout le monde ment ? Les enfants nous échappent ? Les histoires d’amour finissent mal en général ?

Mais je ne voudrais pas être ironique outre mesure. J’ai senti l’effort louable de l’auteur à se glisser dans la peau d’une femme. Mais tout de même, il y a un sacré hiatus dans son entreprise. Ce qui ne va pas, c’est que le personnage principal, Jocelyne, évolue de nos jours en ayant une mentalité et un quotidien qui rappelle les années cinquante, semble être peu cultivée, timide, renfermée, naïve. Or, elle est la narratrice, et parle un français choisi, usant souvent de l’imparfait du subjonctif par exemple, évoquant parfois des références culturelles et intellectuelles non crédibles par rapport à ce que l’on sait de son passé, son éducation. Ce gouffre entre la forme et le fond m’est apparu comme très dérangeant. Par ailleurs, je n’ai rien trouvé d’original dans l’histoire, que ce soient les péripéties, l’histoire conjugale, et la fin est franchement banale, à la limite du ridicule et du convenu. Certes, on peut trouver çà et là quelques tournures originales, mais ce ne sont que quelques éclats dans un tableau terne et sans relief.

Pensant à mes amies, je me suis efforcée de trouver des arguments positifs pour nos prochaines discussions, mais je crois qu’ils sont pires que les négatifs. Je me suis dit que j’aurais pu aimer ce livre à douze ans, en n’ayant rien vécu, et je l’aurais sans doute trouvé sortant un peu des sentiers battus. Oui, je l’imagine bien en film, avec Audrey Tautou, tiens !

Je n’ai aucune prétention à dire que je n’ai pas aimé ce livre, c’est juste un fait. Peut-être parce que je n’ai pas la « fraîcheur » des personnes qui lisent peu, peut-être que mon vécu est trop à mille lieux de ce que je considère comme un catalogue de clichés à peine supérieur à ceux que je retrouve chaque matin dans la rubrique « pour elles » du moteur de recherche de mon ordinateur allumé, qui, sous un vernis vaguement provocateur nous renvoient à une image de la femme et du couple conformiste et rétrograde. Mais peut-être quelque chose m’a échappé ?


Lien : http://parures-de-petitebijo..
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La liste de mes envies

J'ai adoré à la fois le fond et la forme de ce roman dont le style ne peut pas être comparé à celui d'un autre écrivain.

Grégoire Delacourt est un publicitaire et son goût pour les mots ciselés et les expressions percutantes rendent la lecture fort agréable même si les thèmes abordées (notamment les rapports amour- beauté, amour-argent) peuvent paraitre de prime abord banals.

Mais l'essentiel n'est il pas fait de banalités ?

Pour moi ce livre a été une découverte importante dans mon itinéraire de lectrice et je ne peux que conseiller sa lecture.

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On ne voyait que le bonheur

♫ Parlez-moi de lui

Comment va sa vie ?

Est-il heureux enfin ? ♫ (p296)



Parlez moi de lui-1973- Nicole Croisille



Le contraire du conte de fée,

Style à la sauce Emil Cioran

désillusions, aphorismes percutants

rend au philematophobe le baiser impossible

Grégoire Delacourt nous raconte ici, l'indicible

l'inimaginable, l'ineffable

la tête de son enfant sous l'oreiller

Les six balles...dans le bas...riait !!!!?

Rien que dix pensées, et le mâle est fait ...



Aux antipodes des exquis mots

Mais si cons pour un oxy-maure

désir, et fusion de l'autre, l'envie de mort





Vos critiques ! J'ai ouï lire Pathos !!!!

Normal pour un auteur publicitaire

dans la Distribution des Mousquetaires

au pays des hacienDa VoS... pâte Athos !

Faut être deux blessés pour se rencontrer

Errance incongrue

Jamais d'eux, fait lécher

L'eusses-tu cru ? ¹

Premier Noël sans ailes

Coucher de soleil sur tour Eiffel

Odyssée de ces chagrins,

qui s'écrasent un jour

au rocher d'une vie qu'on aime plus.

Exister pour ce que vous êtes

Pas pour ce que vous avez vécu....



Aujourd'hui est un cadeau c'est pour ça qu'on l'appelle présent

Un présent qui hier déjà,

nous annonçait encore un Nouvel An demain.



.....Bonne Année à vous tous. ☼

¹Jamais d'oeufs félés chez Lustucru
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Mon Père

Mon Père - Grégoire Delacourt - Éditions le livre de poche - Lu en avril 2020.



C'est complètement retournée que j'ai fermé hier soir la dernière page du livre Mon Père de Grégoire Delacourt.



Nous passons de chapitre en chapitre de l'enfance d'Édouard, père de Benjamin à l'enfance de Benjamin lui-même et du père au père, ecclésiaste.



Après 138 critiques déjà postées sur Babelio, que puis-je ajouter de plus à tant d'horreurs décrites dans ce livre, ce petit Benjamin, fils d’Édouard et Nathalie, l'innocence, la candeur, la confiance qu'un gamin peut avoir dans les adultes qui va voir sa vie basculer dans l'enfer.



Mais avant d'en arriver là, l'auteur nous parle de l' enfance d'Édouard, de son père boucher qui lui apprend à manier les couteaux bien plus qu'il ne peut lui communiquer d'amour et de tendresse, qui a honte de ses mains de boucher incrustées du sang des animaux, de sa mère qui travaille au presbytère, une femme très pieuse, qui ne jure que par Dieu et tout ce qui tourne autour. Édouard dira "Sans la chaleur de ses mains, ma mère avait froid" "Plus tard, j'ai pensé qu'un père qui n'étreint pas ne façonne pas et qu'on en conserve pour toujours une infirmité. Une sorte d'inachèvement" page 32.



Venons-en à Benjamin, enfant né d'une union presque forcée, ayant été conçu dans "l'illégalité", Édouard et Nathalie doivent se marier. Et puis, Nathalie s'en va, premier déchirement pour ce petit garçon. Sa maman l'emmènera avec elle à 200 km de son père.

Et puis, un jour, Benjamin est envoyé en colonie de vacances, et c'est là que son enfer va commencer avec ce père ecclésiaste qui sous couvert de l'amitié va soumettre Benjamin à l'insoutenable. Benjamin qui envoie une carte à son père "viens me chercher", mais le papa n'a pas compris, n'a pas imaginé ça, n'a pas pris au sérieux l'appel au secours de l'enfant.

A son retour, l'enfant dépérit, ne rit plus, à des douleurs au ventre, de la fièvre, des maux de tête, ne mange plus bien, mais ne dit rien, ses parents ont beau l'interroger, il se tait.



Jusqu'au jour où il entre à l'hôpital et que les médecins découvrent la vérité.



"Il est des silences qui se brisent trop tard" - page 111



Le papa de Benjamin n'aura de cesse que de retrouver ce prêtre qui a abusé de la confiance de l'enfant avant d'abuser de son corps. C'est un cri, un long cri de rage, un cri de révolte, un cri de honte. Il ne croit pas en la justice. "Pourquoi n'avons-nous rien vu, Nathalie ? Pourquoi ?" page 152.



Vous l'aurez compris, ce n'est pas facile à lire, mais l'auteur a dû avoir encore plus difficile à mettre noir sur blanc ce vécu pour briser le silence qui se fait autour des abus d'enfants par certains hommes d'église en qui les enfants devraient avoir toute confiance. le silence de l'Église elle-même jusqu'il n'y a pas longtemps.



Ce que j'ai moins aimé, mais j'ai bien compris la démarche, c'est le parallèle que l'auteur fait chaque fois avec Abraham à qui Dieu demande de sacrifier son fils Isaac, et dont le geste fût arrêté par un ange (ancien testament). Il compare le silence d'Isaac qui n'a jamais demandé à son père pourquoi, le silence de ceux qui savaient (les serviteurs) et qui se sont tus et n'ont pas bougé. Est-ce que la vie d'un enfant compte si peu ? Que l'auteur nous explique cette comparaison, oui, mais y revenir jusqu'à la fin du livre, c'est juste un peu trop.



Un livre que j'ai lu avec le cœur chaviré du début à la fin, mais il fallait que je le lise.

La préface est absolument splendide, je vais la mettre en citation. Elle dit bien mieux que je ne pourrais le faire pourquoi l'auteur a écrit ce livre.









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On ne voyait que le bonheur

La surenchère médiatique autour de "La liste de mes envies" m'avait dissuadée jusqu'ici de tenter l'expérience Delacourt. Et puis voilà-t-y pas qu'une amie m'offre "On ne voyait que le bonheur"

– J'ai hésité avec "Le Royaume" de Carrère

qu'elle me dit

– Et m****

que je me dis.



Bon ben allons-y sur Delacourt alors…



Du coup forcément j'imaginais du léger. Surprise, c'est du lourd. du lourdingue en réalité. Moi j'appelle ça du pathos gratos, du qui fait pleurer dans les chaumières pour pas cher.



Oui, j'ai un coeur de pierre toujours aussi peu sensible à ce type de déballage morbidolacrymal qui tient à faire croire qu'un roman est profond sous prétexte qu'il est cruel, sombre ou violent. Je ne suis pas non plus groupie de ces auteurs qui prétendent «parler à notre humanité» en exploitant opportunément mais sans réelle subtilité d'analyse le thème rebattu de la «valeur de la vie». Coelho l'a fait, Puértolas aussi, on sait où ça les a menés (qui a dit en tête de gondole ?)



Ainsi, Delacourt invoque en vrac la lâcheté, l'amour, le pardon, la résilience ou la rédemption, déplore la maladie, la maltraitance, la trahison ou les non-dits (c'est moche), fustige les impôts, les fonctionnaires ou l'appât du gain (c'est pas bien) dans un manichéisme populiste dissimulé sous de multiples pseudo-introspections artificiellement tortueuses. Par chance, l'épilogue cul-cul-convenu allège considérablement le dernier quart de l'histoire, illustrant au passage la philosophie générale du roman.



Dommage, un tel scenario, bien que peu crédible, méritait d'être exploité avec davantage d'authenticité et moins de pathos racoleur. La prose de Grégoire Delacourt est dans l'ensemble agréable et quelques remarques touchantes m'ont interpelée malgré tout, mais pour moi ce roman a d'ores et déjà rejoint la catégorie "oubliable et nettement superflu".



Et au moment de poster cette critique, je parcours pour la première fois les 62 avis des membres de Babelio. Ouille, je crois bien que je vais me faire lyncher.

Allez, je poste…




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Mon Père

Si Mon Père n’était qu’un roman, qu’une histoire inventée de toutes pièces, je n’aurai probablement pas un océan de douleur salée dans les profondeurs de mes yeux noyés. Car il s’agit de l’histoire de trop nombreux enfants arrachés à la vie, à leur enfance et à la promesse.



Notre Père qui est aux cieux,

Ne nous soumet pas à la tentation,

mais délivre nous du mal.



Grégoire Delacourt signe un roman magistral sur les dérives perverses ecclésiastiques mais il signe surtout un portrait glaçant des rouages du silence. Mon père est un roman-tiroirs où grouille, tels des milliers de vers, toute la misère du monde.



On ne met pas au monde un enfant pour le plonger dans l’horreur, non, on aspire pour lui à lui montrer combien le monde est beau, bon et juste. On va l’aimer du mieux que l’on peut cet enfant. On va l’aimer pour qu’il grandisse bien, pour qu’il s’épanouisse, pour qu’il soit heureux. Voilà le rôle d’un père. Édouard c’est ainsi qu’il prend à cœur son rôle de père auprès du petit Benjamin, dix ans.

Si les parents peuvent sauver un enfant par l’amour écrira Delacourt, un enfant ne sauve pas ses parents par l’amour. Parce que l’enfant est arrivé avant qu’Edouard et Nathalie ne soient un couple, parce que Nathalie est volage et passionnelle, le couple ne tient pas. Dans ce divorce sans histoire, le petit Benjamin se met à changer. Insomnies, cauchemars, problèmes alimentaires,... On imagine que l’enfant réagit mal au divorce. Car bien évidemment, qui peut imaginer le pire ? Le pire est insoupçonnable. On n’en veut pas, on ne le voit pas, on ne l’entend pas, on ne l’imagine même pas.



Parce que la confiance est là, parce que l’enfant se montre fragile, différent, réceptif à l’amitié, parce que l’enfant est insouciant, parce que la peau d’un enfant est chrysalide, douce, qu’un enfant est « séduisant et désirant », Mon Père use, touche, abuse et saccage.

À vomir.



Le silence est omniprésent. Taire l’horreur. Taire ce qu’un enfant ne peut comprendre.

« Le silence est un assassin qui ne dénonce pas.

Le silence est le seul refuge des enfants quand ceux qui devaient inconditionnellement vous aimer vous ont trahi. »



Pas un mot de trop.

Comme une histoire vraie qui fait mal, c’est cela Mon Père. Horriblement mal pour tous ces enfants sacrifiés au nom de la jouissance d’hommes de dieu qui sous la joute de lois de chasteté, cherchent le plaisir dans les peaux jeunes.



Un roman fort, qui trouverait sa place sur les planches d’un théâtre tant les scènes entre Édouard et le Père sont intenses et bouleversantes dans un huit-clos insoutenable.



Grégoire Delacourt expliquera dans une interview qu’il lui a fallu du temps pour mûrir ce roman, qu’il était là Mon père, mais qu’il n’était pas prêt. Élevé dans la foi de Dieu et les préceptes chrétiens, il a vu enfant, les jeux auxquels s’adonnent les prêtres. Il a vu cet enfant revenir de la chambre du prêtre et pleurer sous sa couverture. Et lui priait que son tour n’arrive pas.



Un roman nécessaire pour mettre toute la lumière sur ces immondices au sein des églises.

Un roman qui ne prétend pas guérir mais qui rappelle que trop d’enfants seront à jamais damnés du paradis.

Un roman où Dieu, je l’espère, pleure des larmes de sang de voir le monde de dégénérés qu’est devenu son paradis.



Amen.



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La liste de mes envies

Pourquoi La liste de mes envies est un coup de coeur :



Tout le monde s’est un jour posé la question d’un gain faramineux et des conséquences sur la vie quotidienne. Et tout le monde s’est imaginé rayant ligne avec ligne la liste des petits ou grands rêves qui, comme le dit l’auteur, sont «nos petites choses à faire, qui nous projettent à demain, à après-demain, dans le futur ; ces petits riens qu’on achètera la semaine prochaine et qui nous permettent de penser que la semaine prochaine, on sera encore vivant». L’identification est immédiate : la mercière en nous s’y retrouve.



Parlons-en de cette mercière, Jocelyne, qui a identifié son destin à ces petits signes construits qui pavent notre existence, et qui, de coïncidence, deviennent sort jeté. Elle devait donc gagner un jour, Jocelyne, qui a épousé Jocelyn, et avait ainsi défié les lois du hasard à plusieurs reprises. Et Jocelyne, on a l’impression de la connaître. Jusqu’à se reprocher de ne pas encore être allé à sa rencontre, qu’elle soit mercière, employée des postes, ou infirmière. Et l’on aura perdu l’occasion de découvrir toute sa richesse cachée (blog, vie associative, talent gardé secret) et ses blessures ordinaires. L’auteur nous offre l’opportunité de pousser sa porte.



La liste rédigée, comme elle se transforme avec le cheminement qu’implique une telle mésaventure! De discrets et raisonnables (les petits riens preuves de notre existence), les désirs se font plus audacieux. Et malgré tout cela, Jocelyne ne peut passer à l’acte, parce que l’assouvissement de ces désirs laissera place aux envies, c’est à dire à la fin du rêve, et à l’éloignement du bonheur. Car elle comprend rapidement cela : ce qui lui manque le plus ne s’achète pas. Son mari en fera l’amère expérience.



Je comprends également à l’issue de cette lecture pourquoi une admiratrice a demandé à l’auteur la raison d’un pseudonyme masculin! L’illusion est totale. La part féminine de Grégoire Delacourt s’est exprimée avec beaucoup d’adresse et de justesse.



L’écriture, légère, drôle, ne se prend pas au sérieux. Elle incarne parfaitement l’héroïne dans sa simplicité, et son humour parfois amer. Très sensible au pouvoir des mots, un peu midinette, elle avoue aimer «les phrases longues, les soupirs qui s’éternisent», ou «quand les mots cachent parfois ce qu’ils disent, ou le disent d’une manière nouvelle»



Derrière le fait divers qui fait la trame du roman, s’inscrit en filigrane l’ombre d’une grande solitude, que ne comblent pas la vie en couple, usée par le quotidien et les écueils inévitables après de longues années de cohabitation, ou les contacts virtuels derrière un écran de pixels. Le gain inattendu creuse le fossé, par la crainte de perdre les quelques relations sincères qui faisaient le sel de la vie.




Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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L'Enfant réparé

Ce dixième roman de Grégoire Delacourt aux allures de biographie est celui qui apporte un nouvel éclairage sur tous les précédents et en particulier sur «Mon Père», où l’auteur livrait un huis-clos écœurant entre un prêtre pédophile et le père de sa victime, tout en donnant une voix aux enfants abusés qui se murent dans le silence.



D’entrée, l’auteur de «La Liste de mes envies» et d’ «Un jour viendra couleur d’orange» nous glace en annonçant que le père de «Mon Père» et l’enfant abusé sont en fait la même personne. Si l’homme qu’il est devenu allait en effet à la recherche de l’enfant abusé qu’il était, dans ce roman il va de surcroît tenter de le réparer…



« Je regarde mon corps et je me demande où cela a commencé. Quelle partie a d’abord été touchée. Engloutie. Caressée peut-être. Les caresses ne laissent pas de trace. Les baisers non plus. Seules les morsures des affamés cisaillent la chair. Je n’ai pas été mordu. Je n’ai pas été brûlé, ni coupé. C’est pire. Il ne reste rien. Aucune preuve. »



Cinquante ans plus tard, le traumatisme est tellement profond que l’esprit en a effacé toute trace consciente. Au fil des pages de cette introspection, les souvenirs longtemps enfouis refont surface et les mots viennent progressivement nommer ce mal qui le ronge depuis l’enfance. En remontant le fil de sa vie, Grégoire Delacourt se met à nu avec beaucoup de franchise, revient sur son enfance, ses amours, le décès de ses parents, sa psychanalyse et finit par comprendre son incapacité d’aimer, ses lâchetés, les traumatismes de ses personnages lors de précédents romans et son incapacité à vivre heureux à cause de cet enfant mort qu’il trimbale depuis le début !



Ce chemin de croix qu’il mène la plume à la main ne révélera pas seulement les abus d’un père, mais surtout l’amour invisible d’une mère qui le changeait de chambre et l’envoyait en pension, non pas pour lui tourner le dos comme il l’a toujours cru, mais pour le protéger comme toute mère se doit de le faire…



Un roman émouvant, bouleversant qui jette un nouvel éclairage sur toute l’œuvre de cet auteur !
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La liste de mes envies

Qu'on me donne la peine, pour que j'aime dormir.

Pour que j'aime le froid qu'on me donne la flamme.

Pour que j'aime la terre qu'on me donne l'exil.

Et qu'on m'enferme un an pour rêver à des femmes.



C'était la liste de mes Envies,

Euh, pas la mienne, celle de Johnny

Souvenez vous le hacker Rockeur*

dans le film éponyme ce n'est pas lui l'acteur

Marc Lavoine avec Mathilde Grand Seigneur,

avec la bouche en coeur et les mensonges à l'intérieur,

histoire d'humeur signée d'un grand conteur...



Grégoire Delacourt, comme moi, Né à Valenciennes,

dédicace "l'écrivain de la famille" et ma critique au Hit,

" T'habites à Bruz ti ! et comment va l'ancienne ?"

"bienvenue chez les ch'tis" ! ma journée pépite !!



* http://www.babelio.com/livres/Guiton-Hackers/468672/critiques/1206563





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Danser au bord de l'abîme

Désir, bouche ouverte, s’offre tout entier, désir, tu danses, tu flottes, tu brûles, désir, viens je te veux.

Évanescence des sens en émois, sens je te sens, sens sans sens, sens qu’as-tu fait de mon sang brûlant, sens, battements de sens, papillon des sens.

Pulsion jusqu’à ta folie, tu me happes, tu me prends comme une sangsue accrochée au filet du désir des sens.

Les corps se lâchent. La peau se tend. Des mains pour une caresse. Des lèvres pour être mouillée, prises ouvertes jusqu’au cœur.



Danser au bord de l’abîme.

Car pour elle, Emma, elle, Emmanuelle, la vie il faut l’abîmer, la tordre, la pincer, la laisser nous rendre fous.

A la brasserie André, c’est le coup de foudre.

Emmanuelle. Alexandre.

Deux êtres indisponibles qui pourtant se veulent tout à l’autre. Chaque objet est prétexte à érotiser la vie. Chaque mot n’est que désir.

La voix.

L’odeur.

Le regard.

Les lèvres.

Les cheveux.

Vapeur des sens.

Les corps brûlent.

Les âmes chavirent.



Danser au bord de l’abîme, c’est l’amour sans le faire, c’est l’obsession d’exister à travers le désir. Être dans l’autre. Sur l’autre. Par l’autre.



J’hésitais je dois bien l’avouer entre une étoile et cinq étoiles pour ce roman de Grégoire Delacourt. Une étoile parce que cela frisait la déraison, l’absurdité, une femme mariée qui s’éprend subitement d’un inconnu dans un bistro. Qui laisse tout. Sans regret. Sans amertume. Sans conscience. Puis non, le désir, les mots sensuels, l’emprise de cette danse sur mon propre désir, les trois cents et quelques citations, c’est fort, ça brûle, c’est grandiose. Grégoire Delacourt, dans un gant de velours, sur des draps de satin éveille la sensualité, il donne envie, il allume chaque parcelle de la peau.



Un roman fiévreux qui s’élance à la poursuite d’une femme qui aime une fois et pour toujours.

Du grand art pour public averti.
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Une nuit particulière

Après un dixième roman introspectif et personnel, où Grégoire Delacourt se mettait à nu tout en tentant de réparer un traumatisme d’enfance, l’auteur offre ici un roman d’amour qui se déroule le temps d’une nuit…particulière. Loin de l’amour abjecte de « L’enfant réparé », il nous sert ici le véritable amour, le beau, l’inconditionnel, le lumineux…même s’il s’avère également tragique et éphémère.



Aurore, 55 ans, arpente les rues de Paris à la recherche d’une rencontre qui lui permettra d’échapper au gouffre qui vient d’avaler tout son être. Après trente ans d’un amour passionnel, son mari la quitte. Pendant qu’il quitte définitivement leur appartement, elle erre dans la capitale, demande du feu à un inconnu, lui prend la main et lui demande de l’emmener…



Une nuit, deux personnages qui déambulent dans la ville le temps d’une rencontre improbable, où deux solitudes cherchent à se combler. Deux êtres au bord du précipice, voire déjà en train de sombrer, qui décident, sur un coup de tête, de remplir leurs vides respectifs d’un amour aussi intense qu’éphémère.



Racontée du point de vue d’Aurore, puis de Simeone, l’histoire invite à croiser l’amour sous plusieurs formes. Se glissant tout d’abord dans la peau d’une femme, puis dans celle d’un homme, Grégoire Delacourt nous plonge dans leur intimité, mêlant sentiments crus et poésie. Sacrifiant souvent la crédibilité des dialogues au profit du sens de la formule, l’auteur parvient néanmoins à transmettre beaucoup d’émotions en nous parlant d’amour…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Un jour viendra couleur d'orange

Mon premier roman giratoire.

Nul besoin d’un oracle pour deviner (ou d’un devin pour "oracler") que les gilets jaunes allaient vêtir les muses de certains de nos romanciers, inspirés par l’occupation de nos ronds-points citronnés.

Face à ce roman, couleur forcément jaune Grasset, je craignais autant la caricature du jaunard sur sa chaise pliante que l’apologie de la révolte. J’avais tort.

Si le mouvement de colère, qui semble déjà dater d'un siècle, sert de toile de fond à son histoire, Grégoire Delacourt offre un nuancier qui oscille avec poésie entre colère et espoir.

Les couleurs justement, structurent avec les chiffres, le monde imaginaire de Geoffroy, 13 ans, qu’une forme d’autisme isole des autres enfants, mais aussi de son père. Ce dernier, Pierre, qui se sent inutile et incapable de s’occuper de son propre enfant occupe un emploi de vigile à mi-temps dans un supermarché après un licenciement. Il va trouver dans le mouvement des gilets jaunes un certain réconfort auprès de ses copains d'infortune et un exutoire à sa colère. Il lui faut trouver des responsables à son chagrin et à ses échecs.

Sa femme, Louise, est infirmière dans un service de soins palliatifs, aussi dévouée et bienveillante avec ses malades qu’avec son fils. La mort, c’est sa vie et elle la rend la plus douce possible.

La lumière qui jaillit de ce récit s’échappe des histoires d’amour qui transcendent ce drame social.

Histoire d’amour d’enfants entre Geoffroy et Djamila, jeune fille charmée par la pureté et le caractère lunaire du jeune garçon.

Passion également dans l’urgence de l’éternité entre Louise et un homme en fin de vie.

Amour enfin révélé d’un père pour son fils, une fois la colère dépassée.

Trois phrases où mes verbes font grève, par solidarité.

Tout est bien qui ne finit pas forcément bien mais cette prose nerveuse et cette pureté de l’écriture offrent un récit d'une profonde humanité où même un cynique comme moi n'a plus pied.

Seule réserve, le trop plein de calamités. Après les masques, pénurie de mouchoirs en tissus ou en papier à prévoir. Que fait le gouvernement ? A trop forcer la dose, le roman perd un peu en justesse, notamment avec l’histoire parallèle de Djamila, pourchassée par des frères imbéciles, obsédés par la religion et leur réputation dans la cité.

Le titre mystérieux du roman est tiré d’un poème d’Aragon en hommage au poète Federico Garcia Lorca assassiné en 36 par les franquistes. A choisir, j’aurai sauté un vers et choisi de baptiser ce très beau récit, « Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront », évoqué dans la quatrième de couverture… jaune.

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L'écrivain de la famille

My Lady D'Arbanville / Why do you sleep so still / I'll wake you tomorrow / And you will be my fill / Yes you will be my fill .

p65



L'année dernière je commençais ma dernière critique par une chanson des années 70, permettez-moi d' entamer 2017 avec un autre tube de la même époque, d'autant que là c'est Grégoire Delacourt qui nous le suggère !

Le ton est donné, moment nostalgie, l'auteur nous replonge dans sa petite enfance, perturbée par la séparation de ses parents, il nous ressortira les émissions, les chansons, les romans ...les réclames de l'époque. Ce qui m'a profondément touché, c'est surtout ce moment de recueillement à l'Eglise St Michel de Valenciennes, c'est là que moi aussi j'ai été baptisé, où j'ai défilé en communiant, et où j'ai vu partir les miens...

L'écrivain de la Famille restera comme une empreinte laissée au fil du temps, comme une image subliminale qui s' efface... tout doucement, comme la couverture d'un livre que l'on vient de finir..... Yes you will be my fill !
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Danser au bord de l'abîme

Je suis triste et heureuse à la fois d'avoir terminé ce magnifique roman.

A danser au bord de l'abîme, on rique de tomber ou de s'envoler. Mon âme a choisi les deux.

Ce livre fera partie de mes livres préférés, dans le top 10 pour être plus précise.

Déjà, performance insensée, Monsieur Delacourt écrit avec la plume d'une femme, lui si homme. De bout en bout, le génie aidant, nous lisons le témoignage d'une femme, à aucun moment, la masculinité de l'auteur n'a transpiré.

Attention ! A ne lire que si on va bien, tout début de dépression ne supporterait pas l'infinie tristesse de ce livre... Non, plus sérieusement, il vaut mieux aller bien sinon on est mal pendant au moins une semaine.



Cette écriture est d'une beauté inoubliable.

C'est beau comme une tragédie grecque, triste, infiniment triste comme un film italien.

C'est la lourdeur de la peine, la fulgurance des douleurs, le déchirement des adieux.

Je ne veux pas toucher à l'histoire, ni résumer l'intrigue.

Par pudeur peut être, tant j'ai eu mal à lire ce livre, tant les pleurs m'ont secoué, la mélancolie m'a rejointe, la joie est devenue tristesse.



La pauvre Emmanuelle, Emma (Bovary ?), est l'héroïne de cette tragédie. Car comment nommer cette portion de vie autrement ? Certains destins basculent trop fort et trop vite. C'est le cas de cette femme courageuse, qui perd tout.



J'ai adoré les répliques de Sautet (César et Rosalie), j'ai adoré le parallèle avec La chèvre de Monsieur Seguin, j'ai tout aimé, tout dévoré.



La lecture de ce livre est une aventure, aventure effroyablement triste, poignante, et d'une beauté sans nom.



Parfois, j'ai retrouvé la plume d'Anna Galvada. Avec le plus grand plaisir.



Oui, vous l'aurez compris, vous ne pourrez pas faire l'économie de ce livre.

Tentez l'expérience, vous ne serez pas déçu.



PS : Voilà, par contre, si vous avez un livre très gai à me conseiller, style gros rire gras en se tenant les côtes, merci par avance, je préfèrerai cela aux antidépresseurs....
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Un jour viendra couleur d'orange

Grégoire Delacourt nous parle ici de toute la misère du monde.

On entendrait presque Charles nous chanter de là-haut, emmenez-moi au pays des merveilles, il me semble que la misère serait moins pénible au soleil...



L’auteur aux mille coups de cœur décrit ici une grande fresque sociale, entre Pierre le gilet jaune révolté entre ces politiciens qui roulent en Porsche et les plus démunis qui le vingt du mois sont à sec. Puis, il y a Louise, son épouse, infirmière aux soins intensifs qui s’épuise à aimer ces gens qui s’en vont au ciel. Il y a aussi leur fils Geoffroy, treize ans, pas vraiment comme les autres garçons de son âge. Un peu dans sa bulle, il n’aime pas être touché et il ne comprend pas le monde qui tourne dans la violence et la méchanceté. Ce sera auprès de Djamila, jeune fille couleur caramel que Geoffroy trouvera un peu de bonheur.



Grégoire Delacourt dans une langue très onirique et poétique décrit plusieurs thèmes, la pauvreté, la violence des gilets jaunes, l’injustice sociale, l’islamination contre les libertés de la femme, l’amour pour l’essentiel. Il parle de beaucoup de choses et beaucoup de phrases pourraient être placardées au mur tant elles sont belles et criantes de vérités.



Sauf que de mon côté, j’ai survolé cette histoire sans pouvoir y ressentir une émotion. J’ai trouvé que l’auteur disséquait brièvement à travers ses personnages des thèmes actuels de notre société mais sans amener une réelle énergie et corrélation entre les personnages. Une narration externe qui elle aussi m’a un peu parasitée la lecture. C’est très très bien écrit. Le métier difficile de Louise en tant qu’infirmière m’a beaucoup touchée. Mais l’ensemble ne m’a pas convaincue. Je ne me suis attachée à personne faute de passer de l’un à l’autre sans ressentir ce précieux flux triangulaire. Une déception malgré la toute beauté de la plume, ce roman sera vite oublié malheureusement. Peut-être à relire une autre fois. Et je pense que ce roman devrait plaire à beaucoup car au-delà de la plume merveilleuse, il regorge de pensées qui peuvent toucher tout le monde.
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On ne voyait que le bonheur

Je n’aime pas les titres qui se tordent dans leur contraire, on ne voyait que le bonheur, moi je n’ai vu que le malheur.

Je n’aime pas quand la lumière se suicide dans les ombres, quand la poésie semble ivre de noirceur, quand les mots trébuchent, je vais bien, je vais mal, je t’aime mais finalement plutôt mal.

Grégoire Delacourt, je l’avais bien aimé dans La liste de mes envies que j’ai lu il y a bien longtemps, parce que rien n’était tronqué et truqué.

On ne voyait que le bonheur me donne envie de moucher ce bonheur rempli de sang et d’amertume.



Antoine est un homme déçu, amer. Assureur, il calcule le prix de toute chose, d’une vie, puis il fait les comptes de cette même vie. Un tour en arrière pour un plongeon dans le passé, dans l’enfance. Un père chimiste qui aime peu, qui aime mal, qui aime ailleurs. Une mère déserteuse qui rêve de passion. Deux sœurs jumelles dont l’une décède tragiquement, celle qui reste en perdra un mot sur deux. Un tour dans l’aujourdhui et vraiment, c’est pas terrible non plus. Faut bien porter les casseroles du passé. En veux-tu en-voila, pauvre Antoine qui plie dans sa douleur.

Je n’aime pas les histoires dégoulinantes entre sucre et sel, j’avais envie de bonheur moi et plouf j’ai eu tout l’attirail de la tragédie humaine. Passez-moi la corde qu’on en finisse. C’était trop pour moi. Trop lourd, trop triste, même si c’est bourré de jolies proses pour atténuer la chute, c’était pas lumineux, c’était pas ça le bonheur.
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Danser au bord de l'abîme

Dans cette vaste maison blanche sur le golf de Bondues, non loin de Lille, vit Emma. Presque la quarantaine, jolie. Un mariage sérieux avec Olivier depuis 18 ans et 3 beaux enfants. Elle travaille dans le Vieux-Lille, dans un magasin de vêtements pour enfants tandis que lui dirige une importante concession de voitures. Un jour, dans une brasserie, dans un décor semblable à un film de Sautet, elle remarque un homme. Elle regarde d'abord sa bouche puis ses lèvres et sa fossette qui creuse ses joues. Tout en elle tremble. Vacille. Une bouffée de désir la submerge. Ce premier jour, il ne la voit pas et repart avec ses amis. Le lendemain, elle retourne rue de Béthune, à la brasserie André. Cette fois-ci, il est seul et leurs regards se sont croisés. Elle ne veut pas d'amant. Juste un vertige. Elle sait que sa vie va basculer... 



Grégoire Delacourt habite à merveille le personnage d'Emma et décrit avec passion le destin de cette femme soudainement éprise de désir pour cet homme rencontré par hasard. De suite, elle sait qu'il est un homme qui fait tout quitter à une femme. Pourtant heureuse dans sa vie, Emma basculera. Ce roman sur le désir, sur la passion, revisite le thème de la femme infidèle. Divisé en trois parties bien distinctes et d'inégale facture: la première décrivant avec justesse le sentiment amoureux et le désir, les deux suivantes basculant parfois dans le romanesque. L'on ne pourra pas toutefois reprocher à l'auteur ces tournants inattendus pimentant le sel de la vie et son analyse fine et subtile des sentiments, parsemant ici et là de jolies formules. Une danse surprenante et bouleversante qui dépeint précisément la confusion des sentiments. 
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Mon Père

C'est plein de colère et de rage qu'Édouard pénètre dans le silence sépulcral de l'église. Bascule le bénitier, fracasse la Mère du Christ contre le mur, lance les vases, renverse les chaises, démembre les prie-Dieu, arrache les pages d'un missel, brise un vitrail. Une haine tournée vers l'église, la religion. Entendant tout ce raffut, un prêtre affolé bondit vers lui et lui demande les raisons de son geste. Ce à quoi Édouard, repensant à son fils, Benjamin, lui demande aussi pourquoi ? Pourquoi avoir fait ça à son fils ? Pourquoi l'avoir violé ? Pourquoi lui ? Le père de famille veut des réponses. Là. Maintenant. Ne veut aucune zone d'ombre. Des réponses, Édouard en aura... Aussi cruelles, violentes et inimaginables soient-elles...



Grégoire Delacourt nous plonge dans un huis-clos aussi terrifiant qu'impensable. Durant 3 jours se confrontent le père et le prêtre qui a violé son fils. Parce qu'Édouard veut tout savoir, tout comprendre, quitte à se montrer violent, le prêtre n'aura d'autre choix que de se confesser. Ce roman paraît alors qu'un nouveau scandale de pédophilie éclabousse l'église catholique et que sort sur les écrans le film de François Ozon, "Grâce à Dieu'. Non seulement Grégoire Delacourt parle de pédophilie, aussi crûment et bestialement soit-elle, il aborde également divers thèmes tels que la vengeance, le pardon, la lâcheté humaine, la justice. Il entrecoupe, également, les confessions du prêtre avec les souvenirs d'Édouard. Souvenirs de son enfance au sein d'une famille très croyante et souvenirs des moments emplis de joie avec son fils. "Mon père" est un cri du cœur d'un papa qui n'a rien vu venir, un cri de révolte, d'indignation, d'horreur et de colère.

Percutant, étouffant et bouleversant...



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Danser au bord de l'abîme

« Mais la vie, c'est danser au bord de l'abîme, ce n'est pas tricoter à longueur de journée. » (p. 206)

Ça se discute, ma jolie quadra en crise, fallait peut-être y penser avant de fabriquer des gamins. On est responsable de ceux qu'on aime, surtout quand ils sont encore si jeunes, si fragiles, et qu'on est leur maman. On peut partir, mais pas comme ça, brusquement, totalement.



Elle m'a horripilée, cette Emma qui veut planter là son mari (encore que lui, il le mérite peut-être...) et ses trois ados de douze à seize ans, pour un regard, une bouche, des mains et une voix de velours. Pour se sentir vibrer (une dernière fois ?) à quarante ans, tant que la mécanique est encore bien lubrifiée. Parce qu'elle ne fait pas dans la demi-mesure, je l'ai trouvée égoïste, immature et terriblement cruelle.



Après 'La liste de mes envies', je n'étais plus attirée par cet auteur. Mais la présentation qu'il a faite de ce dernier ouvrage, sur un salon littéraire, m'a alléchée : un conte traditionnel revisité, j'accours !

L'histoire d'Emma est celle de la jolie petite chèvre de Monsieur Seguin (A. Daudet), en gros. Tout pour être heureuse, mais prête à mourir pour jouir sans entraves, toujours plus loin, toujours plus haut.

La ressemblance est bien là, et G. Delacourt a plein de choses sensées à nous dire sur l'amour, le couple, le désir, la vie, la mort. Et sur l'incontournable 'Carpe Diem', qui fait recette.

Et comme le monsieur a été publicitaire avant d'être romancier, il a le sens de la formule, il sait faire palpiter nos petits coeurs de ménagères de tout âge, nous prendre par les sentiments et par la ch****, nous faire croire que toi et moi, on le vaut bien, ce dernier amour fou.

Il sait aussi se réapproprier les idées des autres, plus ou moins grossièrement - dans ces cas-là, on peut toujours parler de clin d'oeil (à Duras, par exemple, comme après ce dialogue qui sonne comme une pâle copie de 'Moderato Cantabile').



Mon avis est mitigé, parce que j'ai alterné à la lecture entre colère, émotion et agacement face aux poncifs. Parce que je n'aime pas les romances, ni les recettes 'faciles', ni les mots attendus. Ni être une cible marketing.
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