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Critiques de George Schinteie (41)
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Le Désert de Quartz

Le Désert de Quartz - Poèmes au gré du vent - Recueil de poèmes - George Schinteie - Traduit du roumain par Gabrielle Danoux (Tandarica sur Babelio) - lu en septembre/octobre 2023.



"Quel âge a le temps chaque matin quand je secoue à peine la rosée sur mon coeur en songeant aux pluies retardées ou bien qui ont oublié de venir" (Lié au temps)



De la poésie en prose, c'est ce que nous offre George Schinteie dans son recueil intitulé le Désert de Quartz.

Le quartz, pierre précieuse qui peut avoir diverses couleurs, rose, gris, blanc... une pierre dure et cristalline, elle est paraît-il "un nettoyeur profond de l'âme, elle "purifie le corps de l'intérieur et les corps subtils pour relier le corps physique à l'esprit" ai-je lu sur Internet.



Je me demandais pourquoi ce titre de recueil de poèmes et la réponse est là, les poèmes de George Schinteie sont des mots façonnés dans cette pierre, taillés selon ses sentiments du moment, roses, gris, blancs, jaunes... au gré des vents aussi, de la douce brise à la froide bise, ils évoquent la nostalgie, la mélancolie, le temps qui passe inexorablement.



Ce n'est pas évident de chroniquer de la poésie, c'est même un exercice difficile, pour moi certainement, donc je vais me contenter de vous livrer quelques extraits, ceux qui ont éveillé en moi des émotions.



QUELQUE PART AU LOIN

le vent court dans mon âme

tel un enfant après des papillons

il fait voler en éclats tout ce qu'il rencontre sur sa route

les âges de la jeunesse la buée de la félicité

les nuages des sourires et l'ombre des réussites

les joies s'étant discrètement glissées dans

un trop plein de tristesses...



DISSIMULE DANS UNE ÉTOILE

pendant mon enfance

je me cachais en catimini dans une étoile

surtout les nuits d'été

après les pluies rapides qui me surprenaient dans les champs

j'avais l'arc-en-ciel dans l'âme

je le gardais précieusement à l'endroit du coeur...



TEMPS MALADE

...la lune se glisse discrètement parmi ce qui advient quotidiennement

et fait semblant de ne pas remarquer la couleur neige de mes tempes

laissant glisser la lumière hésitante

par-dessus les coups de vent de l'âge

tel un cheval récalcitrant je vis de plus en plus

des souvenirs d'actes inaccomplis

et je me demande pourquoi s'est mis à me faire mal

de plus en plus intensément le temps que le vent

me le fait glisser toujours entre mes doigts

qui fixent comme dans un insectarium les mots de ce poème

sur le clavier inondé de sang



DÉSIR

...si par une nuit tu compteras les étoiles

et que tu constateras qu'il en manque une

ne t'attriste pas

c'est dans mon coeur qu'elle s'est réfugiée

pour éclairer l'amour



Dans les poèmes de George- Schinteie, aucune ponctuation, les mots se suivent inlassablement, comme pour ne pas reprendre son souffle, comme si en plaçant ça et là un point ou une virgule, il allait perdre le fil de sa pensée.



J'ai aimé ramasser au fur et à mesure des jours qui passent, les petits morceaux de quartz que George Schinteie a semé sur les touches de son clavier pour le plus grand plaisir de mes yeux et de mon esprit.



Je remercie Gabrielle Danoux de m'avoir permis de découvrir ce poète roumain inconnu chez nous (pour moi, en Belgique), et la féliciter pour son travail tant j'imagine que ça doit être compliqué de traduire exactement ce que le poète a voulu transmettre. Bravo également à Cristina Sava pour la superbe préface de ce recueil et la postface de Marian Odangiu.



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Le Désert de Quartz

Je remercie Gabrielle Danoux pour m'avoir adressé une nouvelle fois des textes qu'elle a traduit du roumain, précisément ces très beaux poèmes de George Scninteie, porteurs d'une poésie sensible, proche de la nature, des sentiments, de tout ce qui peut imprégner l'humain et que vraiment seule la poésie est capable d'exprimer.



Des mots reviennent souvent au fil des strophes qui emmènent le lecteur dans un univers onirique et nostalgique dans lequel il peut volontiers s'abandonner, laisser aller ses propres rêves en contemplant le ciel, la lune, les étoiles, la nature sans cesse évoquée.



C'est certainement le temps, revenant sans cesse au fil des poèmes, qui m'a le plus séduit, avec l'expression de toute cette nostalgie qui si souvent nous envahit lorsque l'on sent passer l'inexorable qu'il porte et emporte, lorsque même si on ne peut le maîtriser, il nous arrive parfois de l'arrêter fugacement pour des instants exceptionnels, tels que contemplation, nature, amour.



Le poète exprime magnifiquement cette nostalgie tout en restant lucide devant les beautés qu'il dépeint, oiseaux, papillons, plantes. Il restitue toute une ambiance que chacun peut donc ressentir selon ses propres perceptions et émotions.



Quelques jolis dessins de corps féminins ont été insérés parmi les poèmes, ils sont beaux, lascifs, arrêtés, immobiles comme le temps qui les fige.



Merci Gabrielle pour cette belle découverte.

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Le Désert de Quartz

Après la parution en 1976 de son premier recueil de poèmes, George Schinteie a longtemps mis sa propre création entre parenthèses pour se consacrer au journalisme et à la promotion littéraire, organisant des événements culturels, des résidences créatives, des cercles littéraires, et soutenant la publication de revues et d’anthologies de poésie. A la révolution roumaine de 1989, il s’active à la création de la première chaîne indépendante de télévision, puis à la première radio privée du pays. Ce n’est qu’à l’approche de la soixantaine qu’il reprend le fil de son inspiration, avec une salve de huit recueils à partir de 2008, le dernier en date étant Le Désert de Quartz.





Si son premier recueil célébrait l’amour, les suivants résonnent du vécu et de l’angoisse de l’âge. Le Sablier du Silence, puis Le Sablier des mots - ronde sur l’amour et le temps, enfin un recueil par an 66, 67, 68, en référence à son âge, et encore L’ombre de l’horloge, inscrivent jusque dans leurs titres l’obsession du temps qui passe. Le Désert de Quartz prolonge les interrogations du poète désormais largement septuagénaire, ses inquiétudes métaphysiques lui inspirant une rêverie poétique tissée de mélancolie, aux couleurs symboliques de l’automne et de l’hiver. Ses vers coulent sans ponctuation comme le sable et le temps à travers les doigts, égrenant les métaphores de la nature pour suggérer l’écoulement de la vie, et tentant de conjurer sa détresse sentimentale par le souvenir de la femme aimée. Ainsi papillons, étoiles et arcs-en-ciel luisent-ils mélancoliquement, reflets d’états d’âme et de sentiments forts, perdus dans un crépuscule où la chaleur du sang s’éteint dans le vent et la pluie.





« le vent court dans mon âme / tel un enfant après des papillons / il fait voler en éclats tout ce qu’il rencontre sur sa route / les âges de la jeunesse la buée de la félicité / les nuages des sourires et l’ombre des réussites »

« la pluie s’est nichée dans mes paroles / prononcée par cette matinée nuageuse / dont s’est discrètement enfuie la lumière / j’ai la nostalgie de l’ombre de ton départ »

« la soirée mord timidement dans le temps / rendant la journée plus courte / et tire le rideau d’obscurité / par-dessus des joies interrompues »

« l’hiver a boutonné tous ses boutons / comme une cape de vie par-dessus / les âmes fourbues par l’absence de vie »





Préfacé par la poète, écrivain et critique littéraire Cristina Sava, postfacée par l’éditeur Marian Odangiu et par la traductrice Gabrielle Danoux dont il convient de saluer, une nouvelle fois, aussi bien le délicat travail que l’engagement au service de la promotion en France des lettres roumaines, ce recueil est illustré par l’artiste contemporain Valeriu Sepi, dans une édition soignée qui fait de cet ouvrage un Beau Livre dans tous les sens du terme.





Un grand merci à Gabrielle, alias Tandarica, pour cette découverte d’un nouveau pan de la création artistique contemporaine, si dynamique en Roumanie.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Poeme într-un vers

« Poèmes en un seul vers » est une belle réalisation éditoriale qui mesure 14 cm par 20,5 cm. Il s'agit d'environ 200 monostiches (cela n'a pas été facile à compter car les pages ne sont pas numérotées) comportant tous un titre en majuscules. Celui-ci est composé souvent d'un seul mot qui donne un ordre alphabétique à l'ensemble. Une belle impression de succession de définitions poétiques. Un recueil épuré, d'une grande beauté, avec même quelques rimes internes : un exemple avec « Espoir/le pissenlit derrière les nuages les couleurs lie en sept rouages » („Speranța/Păpădia după nori se leagă-n șapte culori”).

J'ai remarqué plusieurs « motifs » qui se répètent : les papillons (presque omniprésents), les escargots, les chevaux, les enfants (et l'enfance), l'arc-en-ciel, pour ne citer que quelques-uns.

Le rapprochement avec les monostiches de Ion Pillat est incontournable : même élégance, même délicatesse, même sobriété dans l'usage des figures de style (essentiellement des comparaisons ou des métaphores). Parfois plusieurs poèmes ont le même titre comme par exemple pour « amour » dont un d'entre eux exhorte le tu de « laisse[r] la rose me colorer le sang ».

Pour finir je note un dernier poème : « Poésie : telle une épée la parole en métaphores met à mort ».

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Le Désert de Quartz

Avec générosité, BABELIO permet de mettre en avant et même de faire connaître tout simplement, des livres en français (ou pas) parus dans d'autres pays. C'est une aubaine pour moi et je ne saurais jamais assez remercier le site pour cela.



Tout frais sorti de chez l'imprimeur, ce recueil bilingue (roumain/ français) de poèmes qui me tient beaucoup à coeur. Sa traduction a été relativement rapide, mais aussi source de plaisir littéraire pour moi, comme je l'explique dans une note finale intitulée : « Credo poétique : balançoire du rêve, la parole frappe aux portes de l'éternité » ou la découverte du désir de traduire George Schinteie.



J'ai connu le poète, il y a environ trois ans, et un projet de traduction, avec parution en Roumanie a germé lentement mais sûrement. Une belle équipe a contribué à la réalisation d'un livre-objet unique, dont je suis très fière.



Quelques mots sur la poésie de George Schinteie : c'est sans ponctuation (attention, on parvient facilement à reprendre son souffle), mais avec beaucoup de sensibilité et de talent. Les thèmes sont classiques pourrait-on dire (l'amour, la nature, l'écoulement du temps, le cycle des saisons), mais leur traitement me semble très original, avec toujours cette ode à la force de la parole écrite.



Comme le fait remarquer Marian Odangiu dans sa postface : « Dans une certaine mesure, les livres de George Schinteie sont de véritables (auto)biographies lyriques qui suivent les méandres d'une existence tumultueuse, vécue toujours et encore dans les sphères de l'esthétique, de la musique et de la poésie. C'est un parcours répété sans cesse de son devenir en tant que poète, de sa redécouverte des splendeurs des mots […] »



Et Cristina SAVA de conclure sa riche préface en ces termes :



« George Schinteie, poète de « marque » neo-moderniste, manifeste dans un ars poetica, sa prédilection pour une phénoménologie de mot à part (« coulent des calendriers entiers sur l'eau de la neige/fondue par le soleil/comme des barques imaginaires flottant seules/au gré du vent […] une sorte de saison où toujours je te cherche/piétinant sans pitié les crocus/toi cachée étant/comme un trèfle à quatre feuilles/tu renvoies vers moi l'écho du silence […] quelqu'un enfonce dans chaque désir/un papillon/me faisant retourner à ma place dans le sablier/tandis que les fils de sable passent invisibles […] en tâtonnant je continue à compter/les traces des pas tremblés […]/alors que des souvenirs découpés dans/les calendriers me montrent/de quel côté arrive l'apocalypse », de quel côté arrive l'apocalypse). Avec des nuances techniques romantiques, dans un décor bucolique, dans un « autrement » du « sablier », la pensée interrogative est le subterfuge de la rhétorique d'un découpage de puzzle livresque, architectural. Un travail d'un commun accord entre le créateur et la création, sous le signe d'Éros, dans un vécu subjectif, cette fois-ci rapporté dans un discours qui détermine des sentiments, des états d'âmes, définis par le poète ou bien et se définissant eux-mêmes, travail qui met en exergue le particulier élevé au rang d'universel. Substantialité et rationalité, une perception d'un genre supérieur, voilà ce que signifie le Désert de quartz (poèmes au gré du vent), non pas apocalyptique (quand même), mais lié au temps ! ».



Je voudrais vous inviter à découvrir ce beau recueil, mais hélas, peu d'exemplaires circuleront en France, grâce à la générosité du poète qui m'a gratifiée pour ma contribution, en m'envoyant des livres (à ma demande) ! Un troc salutaire, pour moi et pour quelques « happy few ». Je n'ai pas encore fait mes choix, donc s'il y a des intéressés, manifestez-vous, s'il vous plaît !





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Le Désert de Quartz

Ces vers s'offrent à mon coeur désert comme le Paris du mois d'août. Les cristaux de quartz… Je pense au quartz violet, l'améthyste, à une joaillerie de paroles, et à un lieu abstrait. Ni eau, ni végétal, ni animal… ce serait une planète sans vie. Mais, dès le premier poème, une arche de Noé est mise en scène, comme une surprise, un espoir ! Je pressens qu'il s'agit plutôt d'un dépouillement, d'une apocalypse intérieure, nécessaires pour la refonte. Ce « prélude » est essentiel au poète pour parvenir à écrire ainsi. Et c'est finalement une terre « gémissant de verdure » où Dieu n'est qu'une colombe, et un océan de promesses qui s'ouvrent à nous.

Plus taillés ou plus bruts, ces textes sont une abstraction lyrique, tant l'émotion individuelle de l'auteur, ses plaies, ses étoiles égarées, y priment. Ce livre est tel un miroir de l'humilité, le reflet d'un sage aux tempes neigeuse : être docile et sans orgueil, doué de l'errance, sachant se nourrir de sa solitude. Néanmoins c'est un poète gratifié de l'hyperesthésie, baigné de rêves, c'est par là qu'il pèche ! Son papillon de désir se lève tous les matins, et l'horizon, bleu d'amour, le presse de prononcer des mots pas encore prononcés jusqu'à tomber en syncope, jusqu'à se rendre compte d'une « illusion à deux ». Et l'amour s'égrène comme un puzzle. Jusqu'à ce que son amoureuse qui l'a « oublié en vie », sans indice ni jalon, se loge discrètement en lui à nouveau et tout lui semble de nouveau d'une rare beauté… Car l'amour planera toujours dans les airs, se tapira dans les grains de la rosée à chaque aube. Comme la valse des pluies qui tournera, sautera, bondira, encore et encore, si nécessaire à l'arc-en-ciel de la poésie. Comme l'amour du poète pour l'automne, qu'il ne se lasse jamais d'évoquer.

Le poète, c'est un quartz irisé ! Parce que c'est une créature accidentelle, fendillée par essence ! Pour lui, la bien-aimée est tout, il y a du panthéisme dans cette vision ! George Schinteie chérit, comme moi, les grues cendrées, les pappus du pissenlit et encore tant d'autres choses minuscules, il a cette même naïveté qui nous sauve dans toutes questions existentielles et apporte le sentiment d'avoir mordu le temps !

Dans ce recueil, le temps est parfois perçu comme une raideur articulaire, quelque chose qui tord les mains et les pieds, une douleur d'actes inaccomplis dans une sisypherie du corps fatigué. En dépit de cela, le poème est toujours prêt à cueillir, fécondé par la Nature, il suffit d'y consentir, comme on consent à l'absurde des trois biches qui s'avancent dans la ville, ou à celui des coquelicots qui débordent sur une voie ferrée, ou encore à celui de faire commerce de ses bonhommes de neige en plein hiver glacial. Consentons au vers, et un invisible maestro nous offrira une dizaine d'années ! Faisons comme si…

Le Poète passe, à pas feutrés, tel un époux splendide sur une rive dépeuplée, toujours en quête d'une fiancée qu'il a hallucinée. Je reste longtemps dans le sillage de ses paroles, étonnée.

C'est une poésie parfaite, harmonieuse et même « cohérente ». Il y a un remède à tout chez le poète-penseur qui envisage un bien-être complet par la poésie. Mais la beauté du « Désert de Quartz » est toujours décente et gracieuse, ne connaissant pas de gouffre, pas d'angoisse, pas de risque. J'aime quand la poésie se révèle plus dangereuse. J'attends de sa rencontre une espèce de frisson, le plaisir de frôler l'interdit, l'immoral. N'écrire que ce qu'on ne peut pas dire ! C'est pour cela que, pour ma part, je préfère largement des pages plus espiègles et plus audacieuses de George Schinteie à celles où la mélancolie s'insinue par la parabole résignée du sable et du sablier.

Il me reste à féliciter la traductrice Gabrielle Danoux qui a oeuvré avec abnégation et délicatesse pour la sortie de ce livre en français, poussée par son extraordinaire admiration du poète George Schinteie. Car il faut tant d'endurance pour pénétrer dans la pensée de l'autre et ensuite la transmettre fidèlement. C'est parfois plus difficile que de rédiger sa propre idée, composer son propre vers. Grâce à Gabrielle, cette lecture a semé un florilège de citations dans le ciel de Babelio, comme une comète.

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Le Désert de Quartz

George Schinteie, un nom qui m'était alors inconnu jusque là et cela aurait été vraiment dommage. C'est la traductrice, voyant que j'appréciais volontiers la poésie (merci Gabrielle Danoux) qui m'a proposé de me le faire découvrir et je ne la remercierai jamais assez et c'est ce qu'elle explique elle -même dans sa post-post-face intitulée "Credo poétique : balançoire du rêve, la parole frappe aux portes de l'éternité ou la découverte du désir de traduire George Scintille" justement cette volonté, en acceptant de le traduire en français, et ce, malgré la frontière de la langue, de permettre à un plus grand nombre de lecteurs d'y avoir accès.



Il est toujours très délicat de "critiquer/chroniquer"" un ouvrage de poésie car cela peut être extrêmement variable en fonction de la sensibilité de chacun, du fait d'adhérer surtout au fait que l'on ressortira de cette lecture avec plus de questionnements qu'auparavant car dans sa propre expérience et au travers des mots qu'il emploie, ses propres méditations et sur sa propre réflexion, font forcément écho chez le lecteur. De plus, étant donné que nous sommes dans le domaine du lyrique, il ne donne pas d'explication- ce qui est normal vu qu'il n'y en a pas et que cela relève encore du domaine personnel et propre à chacun, au travers du vécu et des Idées que nous nous faisons de nos expériences. Georges George Schinteie, un nom qui m'était alors inconnu jusque là et cela aurait été vraiment dommage. C'est la traductrice, voyant que j'appréciais volontiers la poésie (merci Gabrielle Danoux) qui m'a proposé de me le faire découvrir et je ne la remercierai jamais assez et c'est ce qu'elle explique elle -même dans sa post-post-face intitulée "Credo poétique : balançoire du rêve, la parole frappe aux portes de l'éternité ou la découverte du désir de traduire George Schintele" justement cette volonté, en acceptant de le traduire en français, et ce, malgré la frontière de la langue, de permettre à un plus grand nombre de lecteurs d'y avoir accès.George Schinteie, un nom qui m'était alors inconnu jusque là et cela aurait été vraiment dommage. C'est la traductrice, voyant que j'appréciais volontiers la poésie (merci Gabrielle Danoux) qui m'a proposé de me le faire découvrir et je ne la remercierai jamais assez et c'est ce qu'elle explique elle -même dans sa post-post-face intitulée "Credo poétique : balançoire du rêve, la parole frappe aux portes de l'éternité ou la découverte du désir de traduire George Schintele" justement cette volonté, en acceptant de le traduire en français, et ce, malgré la frontière de la langue, de permettre à un plus grand nombre de lecteurs d'y avoir accès.



Ouvrage préfacé par Christina Sava, docteur es lettres 'accrochez-vous futurs prochains lecteurs car cette préface est assez difficile d'accès car très complexe, voire, excuser-moi le mot,, pompeuse par instants) mais à tout de même le mérite d'éclairer le lecteur (si il ne s'est déjà pas trop perdu) et avec une post-face de Marian Odangiu (beaucoup plus succincte et facile d'accès à mon goût) avant le credo de la traductrice qui nous éclaire sur le choix, cette fois-ci de certains mots et nous familiarise un peu avec les us et coutumes roumaines. George Schinteie attarde ici volontiers sur le temps et ce n'est pas pour rien (comme nous le fait remarquer à juste titre Marian Odangiu si ill débute son recueil avec pour premier mot "vie" et qu'il le conclut avec celui d' "apocalypse", comme si, en quelque sorte la boucle était bouclée. Vie / Mort, c'est ce qui qualifie non seulement le passage du poète sur Terre mais également celui de chacun d'entre nous. Si il fait parfois allusion aux divinités ou à la notion d'éternité, cela reste une chimère car tous autant que nous sommes, que nous le voulions ou non, restons et resterons jusqu'à la fin des temps, mortels. Certes, la poésie, au travers du Verbe, peut atteindre une certaine sorte d'éternité (et à travers elle le poète mais non pas l'homme qui se cache en lui) mais cela restera à jamais une Idée. Idée aussi, celle de la femme ou de l'être aimée qui n'est pas vue ici comme un simple objet sexuel mais plutôt comme une Notion abstraite, parfois inatteignable et c'est cela qui est magique ici. L'on a trop tendance, dans la poésie à lire des vers où il est question d'amour charnel mais il n'es est très peu question ici (et c'est ce que j'ai apprécié) car ainsi le poète se démarque encore une fois. Ce qui m'a le plus marqué au travers de ces vers est, comme je le disais en débutant cette chronique, lo notion du temps, comme si le poète voulait faire un bilan de sa vie et comme Gabrielle Danoux nous le fait remarquer dans son credo, l'emploi à plusieurs reprises du mot "nostalgie" qu'elle a choisi pour traduire ce mot roumain intraduisible en français : "dor" et qui, d'après ma propre interprétation renverrait plutôt à ce que Baudelaire (citons tout de même un de nos remarquable poètes français) vouait traduire dans son recueil "Le Spleen de Paris" (ouvrage lu lorsque j'étais en faculté et qui est resté ancré en moi...même si j'avoue qu'il faudrait que je le relire, l'âge aidant, peut-être y trouverais-je d'autres significations aujourd'hui).



D'ailleurs, pour conclure, je dirais même que tout ouvrage de poésie devrait être lu une première fois, puis relu par la suite quelques temps plus tard dans son intégralité (encore une fois) puis par la suite par bribes de temps à autre, fonctions de nos humeurs car l'on a toujours à y apprendre et à redécouvrir des choses qui nous semblaient obscures au premier abord ( c'est je pense ce que je vais faire avec le dit ouvrage). Enfin , la qualité esthétique de l'objet présent "Le Désert de Quartz" est à la hauteur du contenu qu'il renferme, à savoir une véritable oeuvre d'art et je ne peux que vous en conseiller la lecture, et sinon, la contemplation !
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Le Désert de Quartz

Je remercie Gabrielle (Tandarica) pour la découverte de George Schinteie, poète roumain encore inconnu en France parce que peu traduit. J’admire le travail du traducteur, véritable passeur d’une langue à l’autre et qui doit veiller à garder l’âme du poète. Un vrai travail d’équilibriste que je salue.



Lorsque je suis entrée dans le poème, il m’est apparu que le texte, parfois, gardait sa part d’énigme mais j’ai été sensible au rythme et à la mélancolie qui s’en dégagent. J’ai appris ainsi que cette nostalgie se nomme « Dor » en roumain. Sans références sur la poésie roumaine, ce spleen me renvoie à Vigny ou Baudelaire.



George Schistifie nous ouvre les portes de son âme en une sorte de confession. Il revient sur des souvenirs d’enfance, parle du temps qui passe, tel un sablier implacable, nous confie cette traversée du désert où « personne ne venait y pleurer / personne ne venait y sourire »

L’amour est très présent au fil des strophes, « l’amour en forme d’oiseau / prend son envol chaque nuit/ depuis une étoile » Mais l’amour entraine aussi son lot de désillusions et de souffrances, l’amour s’éloigne et le poète amoureux porte « la nostalgie d’elle comme un mouchoir créponné à la poitrine » ou encore « cet automne mon amoureuse s’est nichée timidement en moi »

Mêlant sacré et profane, le poème introduit aussi le rêve et quelques apparitions oniriques le traversent comme ces « trois biches entrées dans la ville »

Les saisons et les éléments sont très présents, avec « la valse de la pluie » ou encore « le soleil (qui) se détache comme une coccinelle » et les paysages sont sublimés comme cette montagne qui « gémit de verdure »

On sent le passage inexorable du temps qui ravive les souvenirs : «la lune passe à pas de loup/ telle une mariée de lumière /sur la plage déserte »



Il y a des images fortes, des évocations puissantes dans cette poésie parfois trop élégiaque à mon goût, avec une emphase excessive dans l’expression des sentiments. Tout ceci contribuant à affaiblir les émotions et c’est regrettable.

Je pense que ce texte complexe mérite plusieurs lectures.

Et, j’allais les oublier, les respirations apportées par les dessins de nus qui illustrent avec élégance le recueil.

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Le Désert de Quartz

"Je bois en silence mon café

allongé sur la balançoire

et j’écoute le chant de la grenouille cachée

quelque part à la racine des chrysanthèmes

en essayant de me figurer la vitesse à laquelle

passe quotidiennement le train du temps

à travers mon cœur "



De la Roumanie je ne connais pas grand chose et quand je convoque un nom,il me vient aussitôt à l’esprit Emil Cioran et ses syllogismes de l’amertume,un "pessimisme jubilatoire " qui transparaît dans le discours poétique de George Schintele.Ses textes sont empreints du "dor",un sentiment intense et indéfinissable, une nostalgie roumaine intraduisible qui enveloppe d’une langueur doucement rythmée par les états d’âme de l’auteur.

Cette palette de sentiments nous parle des saisons,de la perte,du temps qui passe,de la fugacité des choses.

Pour se sentir vivant,il nous offre des mots,des métaphores, au gré du vent,qui réveillent ce qui se cache,tout au fond du fond de notre âme.



Merci à Gabrielle pour ce cadeau et la découverte de ces pierres précieuses.
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Juste quelques mots sur cette lecture de 2020.



Ce livre est avant tout l’expression parfaitement réussie d’un mariage multicolore célébré entre les poèmes de George Schinteie et les extraordinaires illustrations d’Edith Torony, une jeune artiste roumaine qui mérite largement d’être admirée et connue. Personnellement j'adore son univers graphique.



Ce livre est ce qu’on appelle un beau livre : papier glacé, format assez atypique, police de caractère élégante, mise en page aérée.



Des thèmes chers au poète dont j’ai traduit le dernier recueil, Le Désert de quartz : l’amour, le passage du temps, la foi en Dieu et en la création poétique. Un recueil paru lors du 67ᵉ anniversaire du poète, en 2016.



J’ai l’agréable impression que George Schinteie se renouvelle sans cesse dans ses poèmes.



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Le Désert de Quartz

Merci Tandarica

Pour ce mets délicat.

Cet envoi

plein d'émois

a rempli tout un mois.

J'ai aimé ce rapport au temps thème universel, intemporel et fantastique conté par la plume de George Schinteie.

« J'observe étonné dans le miroir mon

Ombre s'éloigner

Dans une marche continue. «

Cette rencontre des mondes minéral, végétal, animal dont l'homme fait partie.

« Et c'est alors que tu as eu recours à un coup de vent

Provoquant en moi la tempête »

L'homme ballotté comme une feuille au vent, emporté par le vent sans retour possible auquel il ne reste que la nostalgie et parfois les regrets de ce qui fut.

« par-dessus les coups de vent de l'âge

Tel un cheval récalcitrant je vis de plus en plus

Des souvenirs d'actes inaccomplis… »

C'est beau, c'est lumineux, c'est clair comme du quartz.

Mais j'ai aussi une énorme admiration pour le travail de Gabrielle Danoux qui nous apporte ces petites madeleines roumaines.

Si traduire un texte est plus facile, je m'incline bien bas quand il s'agit de poésie, c'est tout un art. Conserver l'esprit, l'âme et les rimes, nous faire parvenir cette beauté.

Mille mercis pour le soin apporté et cette culture roumaine que vous nous transmettez.

« Si par une nuit tu compteras les étoiles

Et que tu constateras qu'il en manque une

Ne t'attriste pas

C'est dans mon coeur qu'elle s'est réfugiée pour éclairer l'amour »



CHALLENGE POÉVIE : la POÉSIE c'est la VIE (2022-2023)

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Le Désert de Quartz

Le recueil commence avec une arche de Noé et se termine dans l’attente de l’apocalypse. Si les larmes commencent par être bienfaisantes puisque y flotte l’arche, même « de plus en plus brisée », le dernier poème ne laisse guère de place à l’espoir: l’arche a disparu, ne restent que quelques barques imaginaires ; un peu d’eau stagne dans la « gouttière du temps », la mer de larmes a été remplacée par « une plage immense » dont tous les grains épandus signalent que le sablier a bientôt fini de s’écouler.

Le temps irréversible est la grande affaire de ce recueil et le désespoir teinté d’humour de George Schinteie n’est adouci ni par l’amour enfui ni par la poésie aux promesses d’immortalité décevantes.

J’avoue n’avoir été séduite ni par des illustrations à l’érotisme simpliste , ni par le lyrisme un peu convenu de certains poèmes qui font la part belle à un vocabulaire démonétisé par trop d’usage: il y a dans ce recueil trop d’ « étoiles » à mon goût, trop d’ « arcs-en-ciel », trop de « rêves », de « papillons » ou de « symphonies ». J’ai aimé en revanche l’irruption de la trivialité qui rend la poésie de Schinteie si familière : l’espoir « que le passage (des années) me paraisse plus léger / et que je ne regarde pas trop souvent mon numéro de sécurité sociale », les mots qui « font un infarctus sans me prévenir », le temps qui fait mal alors qu’ « aucun médecin ne me prévient / que je dois l’amener en consultation », les blessures intimes « enveloppées / dans l’aluminium » d’une couverture de survie… Les images surréalistes qui saturent les poèmes nous chahutent sans être obscures: « les années sont raides comme des bouleaux / qui ont poussé dans la carte d’identité »; « si l’étonnement avait une montre au poignet / il n’y aurait plus des accidents vasculaires dans les étoiles »; « un groupe philharmonique de corbeaux / saupoudre généreusement des signes de purgation / sur les chapeaux de bonne qualité / des spectateurs au concert »…

Pour moi qui suis totalement ignare en poésie roumaine, il a été impossible de ne pas penser à Apollinaire en lisant ce recueil : la fuite du temps est rendue concrète par l’absence de ponctuation (et de majuscules) et comme dans « Alcools » le sens d’un vers à l’autre en est rendu plus incertain ; le poète parvient à exprimer l’intensité de sa douleur tout en la maintenant à bonne distance en se moquant de lui-même ; et la modernité y fait bon ménage avec des thèmes traditionnels. Si on ne trouve ici nulle colchique, ce sont des dents-de-lion que piétinent « dans leurs jeux les enfants », tandis que le vent souffle, même s’il est moins « dément » que chez Apollinaire.

Comme chez le poète français, j’ai donc aimé chez Schinteie ce mélange de candeur et de dextérité, la richesse des images qui sollicite l’interprétation du lecteur, l’affleurement du mythe dans la vie quotidienne. Et je remercie infiniment notre amie Tandarica, alias Gabrielle Danoux, la traductrice de cet ouvrage, de m’avoir fait découvrir les multiples vertus du Quartz, pierre talisman dont on fait aussi les montres…
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Le Désert de Quartz

Je découvre la poésie de George Schinteie. Recueil qui fait suite à l'anthologie des 10 poètes Roumains que j'ai récemment lue. Je ne suis pas très à l'aise pour rédiger cette critique. Certaines images, idées, subtilités, m'auront bien sûr échappées et je vais m'en tenir à mes impressions brutes. Contrairement aux poètes des siècles passés dont je viens de relire certains extraits, la poésie contemporaine offre un regard si aigu sur le monde, parfois si acerbe qu'elle me renvoie à ma propre vie, à mes propres tourments, à mon environnement proche, à la société qui m'entoure et me laisse souvent perplexe face à ma pauvre existence. George Schinteie ne se contente pas de nous parler de la mort, de l'amour, de la nature. Il malaxe tous ses thèmes pour nous toucher droit au coeur et à l'âme. « J'ai de plus en plus la nostalgie d'un temps innomé dispersé à travers l'enfance et je ne peux vraiment rien faire pour le revivre encore une fois » (Lié au temps). de l'enfance au passage du temps, les vers de Schinteie nous amènent à nous questionner sur l'existence, notre place dans ce monde. La souffrance y a sa part. le poète triture notre conscience avec du sang et des larmes et nous nous révélons tels que nous sommes : de pauvres humains ballottés par des éléments qui nous dépassent. Il nous amène à nous replacer dans l'univers, les étoiles, le soleil, seul Éden possible, mais inexorablement, nous sommes replongés dans les affres de notre condition, de nos sentiments. « Je suis boiteux et j'ai mal aux étoiles tuées dans le sable sous la semelle de ma sandale » (L'arc-en-ciel des eaux). L'amour, source d'incompréhension et de déception, n'est pas la solution. « Ton souvenir est toujours une fleur d'iris fleurie avant l'heure et je ne te trouve pas » (Parfois). La solution est peut-être dans l'instant présent qu'il faut savoir saisir le temps d'un « déchirement du temps : passent les instants comme des paroles pressées » (Déchirement du temps). Vous aurez compris que cette poésie me va droit au coeur et à l'âme et que ce recueil restera encore quelques temps à mon chevet. Cette critique n'est que le reflet de mon ressenti. Rien qu'un avis parmi d'autres. Rien de plus. Une fois encore, Gabrielle, je vous remercie amicalement pour m'avoir fait découvrir cet auteur que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.
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Le Désert de Quartz

Du temps pour le poète



De la poésie, j’en picore un peu, j’en goûte surtout sur Babelio grâce aux citations postées par des lectrices (accord majoritaire, mais je n’oublie pas les lecteurs) dont Tandarica qui m’a proposé de recevoir en PDF le recueil bilingue de George Schinteie, Le Désert de Quartz, poète roumain dont je n’avais bien sûr jamais entendu parler, d’abord parce que je suis une bille, ensuite parce que « le roumain [la langue, le pays, ses habitants] n’a pas bonne presse (sic) dans les pays francophones », comme l’explique Gabrielle Danoux, la traductrice, dans une interview donnée au Petitjournal.com qu’on trouve facilement sur Internet et où l’on découvre une passionnée originaire de Roumanie passée de la fiscalité à la traduction littéraire après l’écoute de La femme chocolat d’Olivia Ruiz, et dont la rencontre avec George Schinteie s’est opérée sous le signe des monostiches — dont avec cette phrase interminable pour le moins je me démarque, sans qu’il faille voir un sens à cet élan, point. (Ouf)



Comme autrefois avec le méconnu Mulukuku de Nicolas Duffour, il m’incombe une responsabilité particulière, moins armé cependant que pour le commentaire d’un roman, mais heureusement aidé par un appareil de pré et postfaces qui enchâsse les poèmes, dont la préface — ardue mais passionnante de la professeure Cristina Sava — qui m’a ouvert à l’œuvre suivant « un souffle de compréhension suggestive » (très belle idée).

Préface habitée de références à Paul Ricoeur qui me ramènent comme le mouvement des vagues à ma lecture (et recension) récente de La voie de la conscience de Pierre Guenancia qui consacre le dernier chapitre au précité. Je pense aussi à « l’hospitalité langagière ». Traduire, écrit Ricoeur, c’est accueillir une autre langue dans la sienne, c’est aussi s’exiler, se faire autre pour comprendre. Et c’est bien ce dont il s’agit, dans le geste de la traductrice, Gabrielle Danoux, redoublé par l’invitation lancée par Tandarica, son avatar (outing), à découvrir ce poète roumain, une voix dans sa langue.



Gabrielle l’écrit en postface : « J’ ’habite’, et c’est ma nouvelle ‘patrie’, pour paraphraser Cioran, la langue de la traduction : cette langue à la croisée des chemins, qui s’abreuve à deux sources linguistiques et s’enrichit constamment des créations de certains (les auteurs traduits), qu’elle façonne, avec un haut degré de fidélité, pour ma part, à destination d’un plus grand nombre encore (les nouveaux lecteurs). »



Cristina Sava cite aussi à cet égard l’historien de la littérature Nicolae Manoslescu : « La poésie n’est pas une pseudo-communication, mais une communication ’autrement’ par rapport à celle réalisée par la langue elle-même au moyen des paroles et des relations qui s’établissent entre elles. »

La poésie circule ainsi dans cette relation entre subjectivité et intersubjectivité, tandis qu’au commencement « nous prenons place chacun sur un rivage / chacun avec sa propre mer. »

Je cite encore la préface : « On confirme ainsi la définition de la poésie proposée par Adrian Dinu Rachieru, comme "siginif[ant], à travers une domestication du cœur, un retour au soi et l’accès à elle, longtemps convoité, libérant la voix de l’âme, [qui] procure la miraculeuse rencontre de l’Homme avec son soi-même, en veillant sur l’implosion du langage dans l’Être. »



J’avais prévenu, la préface est ardue, mais la puissance de la poésie, en l’occurrence de celle-ci est de faire vivre simplement ce qui s’explique difficilement. Simplicité de l’expérience ou du sentiment, directement accessible, pour parvenir à un scintillement de significations. Là où il y a une conscience, il y a du sens, dirait le phénoménologue. Un retour aux choses-mêmes par lequel elles peuvent être partagées. Choses perçues qui se donnent par esquisses, choses vécues tel un absolu qui se livre tout entier.



La grande affaire c’est le temps. « Je portais une chemise temporelle / et je fourrais dans sa poche sur la poitrine / une poignée d’illusions. » La poésie s’y aventure, quand bien même « les paroles ont des ailes humides ». Elle est la conscience qui donne du sens où règne l’errance et son silence (différent de celui de la pénitence). Elle fait son chemin dans un rapport ambivalent au temps quand « chaque matin une pelote de temps / me roule vers l’infini. » Espère face à sa fuite : « mettons un frein au temps / me dit l’ange. » Un signe céleste, le tonnerre, peut alors fendre l’âge en deux, mais plus banalement, le temps est déchiré par un souvenir, un sourire, alors que « la soirée se presse contre les instants qui passent / comme les brebis dans le parc pour la traite. »



Et s’il est ennemi, il l’est indispensable : « le temps n’a de cesse de me chercher / pour que je m’allège de l’errance. » Les recueils publiés l’arrêtent alors, arrêtent un temps, celui du livre (« dans son format classique ») posé comme une marque, une trace, un cairn de papier.



Le sous-titre annonçait la couleur, ou plutôt la laissait entendre : « Poèmes au gré du vent. » De ce vent j’entends le temps. Du titre, Désert de Quartz, en revanche (bémol) je n’entends rien. Étranges aridité et promesse d’arêtes aiguës, d’ambiances minérales, tandis que l’on sent la mousse et l’on imagine la pluie perler contre les vitres...



Pour conclure, une citation extraite de la postface du critique Marian Odangiu : « L’art poétique de l’auteur tourne sur l’orbite de l’idée que, finalement, ce ne sont pas les mots qui meurent, mais leur contenu de réalité, tandis que le Poète est celui investi du don de fragmenter, au moyen de la poésie, pour un instant, leur ‘passage’. »



Merci de m’avoir fait découvrir George Schinteie. Mais au fait, comment se prononce son nom ?



P.-S. : Un petit cailloux dans le jardin de la traductrice (ou de l’auteur, qui sait ?). Trop de « à l’instar » à mon goût...

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Le Désert de Quartz

Écrire (ou traduire) pour exister, apporte quelque part plus de satisfaction et de création que d'aller à la messe le Dimanche... La religion nous emmène, la poésie s'adopte...

La poésie est un langage à part entière, pas un ersatz ou une variante de quelque chose; Tels les toiles d'une araignée, tout est relié et fonctionne ensemble.

Il est difficile d'écrire sans la passion... Certains écrivent pour le business, mais c'est un très mauvais choix, ils seront bien vite rattrapés par le Temps.

La vie comme une arche de Noé

(Page 165).

"Des vagues plus hautes que l’amour"

Mets en scène à mes yeux la peur de l'échec..

Quelque part au loin

(Page 167)

Représente un désir, la peur surmontée, de se lancer dans la vie.

Uniquement toi

(Page 188).

Un peu comme "Quelque part au Loin" ce texte nous propulse en avant dans la vie, les obstacles sont surmontés, tout peut commencer...

Allez j'en critique un dernier!! Car je suis une bille en Littérature Poétique.

Je constate que

(Page 192).

On sent percer maintenant comme une indifférence, le combat a eu lieu, on est fiers, et on a mérité de s'en moquer maintenant...

(Si je peux suggérer une petite musique "Nous rirons" de "Chair Chant Corps")

Il est question de "Plaisir Poétique" l'image du "Dur désir de durer" ne nous lâche pas. C'est peut-être cela qu'on appelle la rage de vivre?!
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Le Désert de Quartz

Je remercie @tandarica (Gabrielle Danoux) de m’avoir proposé de lire ce recueil de poésie.



Il n’est pas évident de se soustraire à une critique d’un tel ouvrage.

Au début, je me suis senti perdu dans les explications, et puis les poèmes sont arrivés. Je fus émerveillé par les mots et la douceur de ses derniers.



Je n’ai pas l’habitude de lire ce genre de littérature. Mais sortir de ma zone de confort ne me dérange pas.

Je l’ai lu en plusieurs jours pour apprécier chaque mot. Et ne pas me sentir submergé d’incompréhension. Car c’est bien ça le problème des poèmes, c’est de ne plus savoir ou se situer au bout d’une demi-heure de lecture.



Je m’aperçois qu’au fil du temps j’aime lire plusieurs ouvrages en même temps de différents genres : BD, recueil, et roman. Ce qui me permet de les apprécier davantage.



Je vous laisse découvrir cette traduction hors du commun…



Bonne lecture !
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Le Désert de Quartz

Ce livre porte bien son nom, Le désert de quartz, au gré du vent…



George SCHINTEIE a la plume un brin nostalgique, il nous offre de très beaux textes qui abordent une foule de sujets: les saisons, la nature, l’amour, la passion, l’abandon, la naissance, le temps qui passe, la maladie, les souvenirs…



Un sujet revient souvent, c’est l’amour, l’amour vécu, l’amour retrouvé ou l’amour perdu, mais l’amour toujours avec ce qu’il comporte de passions, de désillusions, de ruptures et de souvenirs.



Quel que soit le thème abordé, la nature est omniprésente, c’est une vraie balade dans les éléments, la faune et la flore. Au fil des textes, nous rencontrons le ciel, le sable, un papillon, une saison, la pluie, le vent, la mer, le désert, une étoile, le soleil. Cette nature qu’il convoque sans cesse revient comme un mantra tout au long du livre, il s’en sert pour faire des métaphores.



Il y a un autre thème récurrent, c’est le temps qui passe, ça revient comme une litanie, comme le tic tac d’une horloge, avec toute la nostalgie qu’il engendre et les désagréments : l’âge, la maladie, les douleurs, la solitude et la perte. Le temps égrené, qui passe inexorablement et qui ne reviendra pas, le temps passé qui va laisser des souvenirs, parfois des regrets.



Nous retrouvons dans certaines poésies la peur de vieillir et toutes les tracasseries liées à l’âge : le temps malade, la conclusion, l’automne, le sablier du temps, l’infini, l’infarctus, les gonalgies, la perte de mémoire et des souvenirs.



Mais de temps en temps, une poésie redonne l’espoir, la gaieté, avec une naissance, l’amour fou , le désir...



En bref, plus de quarante poésies pour notre plus grand plaisir, qui ont comme décor la nature, comme sujets des thèmes intemporels, tels que l’amour et le temps qui passe. Un livre à savourer, à consommer sans modération.



À lire installé(e) sur un drap de plage, les pieds dans le sable, en vous régalant avec une part d’Amandina et en dégustant un verre de Cotnari. « Noroc ! »



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Le Désert de Quartz

Merci à Gabrielle (@Tandarica) pour l'envoi de ce superbe recueil de George Schinteie. Les poèmes en version bilingue sont accompagnés de trois courts essais dont un de notre traductrice bienfaitrice et sont ornés de dessins crayonnés ou de couleurs vives qui nous mettent en appétit.

Passons au contenu : Le poète nous partage ses émotions qui naissent au moindre moment simple et modeste de sa vie: l'apparition de la lune, la pluie, les saisons, sa propre vue dans le miroir; chaque petit événement est prétexte à un voyage d'introspection. Il se fraie un chemin dans le passé, évoque la nostalgie d'un amour perdu et entame une réflexion sur le temps et l'éternité.

Il y a avant tout chez Schinteie une conscience qui s'éveille et, à travers tout un paysage de symboles tels que le sablier, les papillons, la lune, le désert, l'arc en ciel ou le bonhomme de neige, donne sens et densité à son être intérieur .

Remarquons enfin le travail difficile de la traductrice qui rend parfaitement le style propre au poète qui se complaît dans de longues phrases découpées en vers plutôt brefs et rythmés



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Le Désert de Quartz

Un recueil poétique qui m’a été envoyé par la traductrice Gabrielle Danoux (Tandarica sur Babelio) que je remercie chaleureusement de cet envoi.

C’est un recueil bilingue roumain-français agrémenté de beaux dessins énigmatiques et impassibles.



Plusieurs textes le présentent, une préface en forme de commentaire érudit du Professeur Cristina Sava, une postface analysant l’ensemble de l’œuvre de Schinteie par Marian Odangiu, et un texte court mais fort intéressant de la traductrice Gabrielle Danoux (j’y ai apprécié son commentaire sur le mot dor, traduit ici, à défaut de mieux, en nostalgie, alors qu’il serait « intraduisible », car cette notion passionnante est évoquée aussi pour d’autres langues, saudade en portugais, sehnsucht en allemand, et Kundera consacre à ce thème du sens de la nostalgie tout le début de son roman l’Ignorance).



J’ai des sentiments partagés sur les poèmes de ce recueil.



Les thèmes qui traversent les poèmes sont des « classiques »: l’amour absent ou déchiré, la fuite du temps, la nostalgie de l’enfance, la mort, le rapport à la nature, mais traités de façon très lyrique Les poèmes donnent une large part à un questionnement qui n’est pas angoissé, mais d’une douceur mélancolique dans laquelle l’automne, cette saison romantique par excellence, est souvent présente. Mais certains sont plus désabusés, plus ironiques, quand par exemple l’auteur parle de la déchéance physique qui accompagne la vieillesse.



Leur forme sans ponctuation, et je le crois, la traduction, (une fois de plus mon admiration pour le travail de la traductrice) m’ont entraîné dans ce que j’imagine comme une belle promenade dans un monde de rêverie poétique,



Ce qui m’a gêné, quand même, après plusieurs relectures de ces poèmes, c’est une certaine forme de surabondance des images métaphoriques, leur répétition, et leur signification trop évidente: ainsi en est-il, par exemple, des papillons, des mouettes, des sabliers, de la lune….

Il est vrai que je venais de terminer un recueil de Jaccottet qui cherche à approcher le mystère de la mort en évitant le piège de la métaphore, et que, grand lecteur de Rimbaud, des surréalistes et d’autres poètes du 20ème siècle, je suis adepte de la poésie « disant sans vraiment dire » selon la formule d'Andrée Chedid.

Et puis, je ne suis pas très sensible à ce lyrisme excessif, que je trouve par moments emphatique et affecté.

Je sais bien que d’autres apprécient au contraire le lyrisme de ces images et leur répétition..

Et donc que mon avis ne reflète que mon goût pour une certaine forme de poésie. Ce qui fait la limite d’une analyse critique.

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Le Désert de Quartz

Lire les poèmes de Georges Schinteie, poète roumain, c'est se laisser aller à une douce langueur.

Poèmes dépourvus de strophes et de ponctuation, ils me font beaucoup penser à une toile impressionniste où rien n'est vraiment défini et où ne subsistent que de magnifiques impressions.

Nostalgie, Temps qui passe, Amour perdu, Nature au fil des saisons, Souvenirs d'enfance, Océan ... sont les impressions qui subsistent après la lecture de ce recueil de poèmes.

Des impressions furtives et légères comme peuvent l'être parfois nos souvenirs fugaces.



Ce recueil m'a été gentiment envoyé par Gabrielle, alias Tandarica, qui en a fait la traduction et je l'en remercie.

J'ai toujours plus de mal à apprécier un texte en version PDF et c'est sans doute pour cela que j'ai mis autant de temps à vous livrer mes impressions sur ce recueil !





Il est évident qu'il convient de lire quelques passages au gré des jours et des envies et que la version papier ne s'y prête pas trop. C'est le genre de livre que l'on feuillette au coin du feu et sur lequel notre regard accroche (ou pas) aux mots de l'auteur.



J'ai aimé certains poèmes, d'autres moins. J'ai, par exemple, été gênée par la présence au beau milieu d'un vers très poétique d'éléments du quotidien qui sont loin de l'être. Exemple illustrant mes propos :

"quelle que soit la saison que tu es abandonne-toi à l’oubli

pour que le passage me paraisse plus léger

et que je ne regarde pas trop souvent mon numéro de sécurité sociale".



J'ai, en revanche, beaucoup aimé l'enlacement des tourments de l'âme avec les éléments naturels. Ils sont à chaque vers intimement liés et j'apprécie beaucoup ce genre de poésie. En voici un peu exemple :

"tard dans la nuit quand le ciel s’est un peu calmé

j’ai tenté de te chercher

jusqu’à ce que tu t’incarnes en arc-en-ciel

le soleil faisait déjà dans l’âme de l’ombre

à la défiance à l’égard des couleurs"





Merci à Tandarica pour cette découverte !
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