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Critiques de Charles Baudelaire (764)
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Les fleurs du mal

« Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là » écrivait Victor Hugo. Pourtant non Victor, non, excusez-moi de vous contredire, mais non, s'il n'en restait qu'un, ce ne serait pas vous, Victor, mais lui, LUI, cet immense, ce douloureux, cet esthète sans fin, celui qui parle aux étoiles, aux nébuleuses, aux puits abandonnés, aux larmes sur mes mains et les connaît par leur prénom, celui qui porte plus haut que quiconque les flammes de la poésie française, ce serait lui, assurément. Lui, ô lui que j'eusse aimé, lui qui le savait...

Mais rassurez-vous Victor, ce n'est là que mon avis, un tout petit avis, sec et rabougri comme un bouquet de soucis, coupé jadis, jamais offert, autant dire, pas grand-chose.
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Les fleurs du mal

Ouh lala! Je suis là, à me dire : allez, je vais vous parler des Fleurs du Mal... mais tout à coup j'ai la pression...

C'est tout de même le recueil le plus usé de ma bibliothèque! Traces de doigts, marque-pages jaunis et autres traits au crayon de papier discrets (noooooon ! ne pas écrire sur un livre sacré!!!) sont là pour le confirmer.

C'est mon prof de français qui m'a filé le virus. Il arrivait, comme ça, l'air de rien, avec son recueil sous le bras. Qu'il ouvrait, comme guidé par le hasard. Prenait une voix solennelle mais susurrée. Et le silence se faisait tout à coup dans la classe. On entendait une prière, un jeu de sons caressés par le respect, une certaine religiosité, oui, c'est ça, de la foi dans les mots. Ca remplissait le volume de la salle. On se sentait tout à coup transportés, envoûtés (pour être un bon prof, il faut être un peu Hans joueur de flûte ou sirène, ça je l'ai appris un peu plus tard).

On ne comprenait pas tout, non. Mais quand la Mort plantait son drapeau noir dans le cerveau du pauvre Baudelaire, on l'éprouvait, la douleur métaphysique. On était frappés par cette image terrible et on entendait dans la voix du prof une profondeur qui nous ouvrait grand les portes de l'Enfer.

Comment voulez-vous que j'oublie ces lectures suspendues hors du temps ?

J'avais donc ce recueil à la maison. Le seul livre avec de la poésie dedans. A la maison on était plutôt des pragmatiques : pas de bibliothèque (quelques livres de cuisine), surtout pas de poésie (ça ne sert à rien, la poésie!). Il était donc là, ce recueil, à me regarder et à me promettre des émotions étranges, presque interdites, comme quand le prof se mettait à nous lire ces incantations. J'ai dû l'ouvrir avec prudence d'abord. Il avait tout de même été condamné et jeté dans l'enfer des bibliothèques! Et puis le charme a fait le reste...

Spleen, « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle »... J'ai eu longtemps un couvercle sur la tête ( pas la peine de rire, certains ont bien une épée de Damoclès...) et des chauve-souris dans le cerveau. On comprend ça, quand on est adolescent et qu'on se débat dans sa tête et qu'on a que son chat pour ami : « Viens mon beau chat, sur mon coeur amoureux;/ Retiens les griffes de ta patte »...

Et tous ces visages, tous ces corps qui s'offraient à l'imagination fertile : la mendiante rousse, les petites vieilles et les vieillards, cette passante « fugitive beauté », les pauvres, les artistes, l'assassin, Satan, une charogne même (ah je l'aime cette charogne!)... Ils sont tous là, dans le livre! Et quand tu l'ouvres tu n'es plus seul. Tu es avec eux, tu es... comme eux!

Voilà que j'ai alors compris quelque chose d'essentiel : Les Fleurs du Mal, ça nous envoûte parce que ça nous parle de nous, ça nous tend un miroir et ça voit même au fond de l'âme. Quelle obscurité, dites-moi, mais quelle Beauté!

Voilà... je m'arrête dans ces souvenirs qui sont sans doute un peu les vôtres. Depuis, on n'a pas trouvé d'antidote au virus et c'est tant mieux. Alors j'ai besoin de ma dose de Baudelaire régulièrement. Et puis comme ça me fait du bien, j'en lis un peu en classe de temps en temps, histoire de partager...

Pour faire plus concis j'aurais pu dire : envoûtant...

Mais une voix sortie de la mémoire, une voix grave mais toujours susurrée m'a lancé de derrière son bureau : « C'est un peu court jeune fille !... »
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Les fleurs du mal

"Dans ce livre atroce, j'ai mis tout mon coeur" disait Baudelaire. Atroce ? Ce n'est pas le mot que j'aurais employé... Maléfique, torturé, mystérieux, voluptueux... voilà ce qui me vient à l'esprit en relisant ce recueil majestueux. Mettre en vers beauté et misère, angoisse et damnation, paradis artificiels et mort, n'est-ce pas cela la beauté et, surtout, la liberté de cet art appelé poésie ?



Je ne vais pas refaire ici une étude complète des poèmes, certains s'en sont déjà chargés, et beaucoup mieux que moi. J'ai relu cette oeuvre dans un objectif précis : "le challenge totem" de Lili Galipette. Qu'est-ce que c'est que ça ?, allez-vous me demander l'air sournois et le rictus peu avenant. Le but est de choisir un animal et de lire les livres en relation avec celui-ci. Ayant choisi le chat, je voulais revoir les poèmes qui en parlaient, ayant à l'esprit ces quelques vers :



" Viens mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;

Retiens les griffes de ta patte,

Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux

Mêlés de métal et d'agate." (Le Chat, XXXIV)





Pas moins de trois poèmes sur les chats sont dans ce recueil. Dans le premier poème que je viens de citer, le chat est comparé à une femme dangereuse, objet de désir, la sensualité étant le fil conducteur. Dans les deux autres, le félin ne fait qu'un avec le poète. A la fois doux et apaisant, il sait aussi se montrer sous un autre angle : sacré, libre et insoumis comme le montrent ces bribes :



"Amis de la science et de la volupté,

Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres ;

L' Érèbe les eut pris pour ses coursiers funèbres,

S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté." (Les Chats, LXVI )



N'est-ce pas là, par ailleurs, l'image même du poète ?
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Les fleurs du mal

"Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.



A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux."



L'albatros.



L'air piteux, j'ai ressorti d'un carton tout poussiéreux, ces fleurs du mal, fleurs jaunies et fanées de les avoir laissées dans un coin sans les arroser. Le pichet d'eau à la main, je te rassure, dans l'autre, il y a ce verre de petit jaune qui m'accompagne, je replonge dans ces mers et redécouvre toutes les annotations que j'avais soulignées au crayon à papier HB de l'époque, si je me souviens bien, c'était au siècle dernière, livre que j'ai choisi pour l’épreuve de français d'un baccalauréat passé sans passion ni idéal.



Il y a peu - très peu même - de bouquins qui ont marqué ma carrière du fond de la classe, écouteurs autour du cou, coude sur le radiateur, le regard porté sur mon silence déjà abyssal. Peut-être est-ce même le seul, l'unique qui a retenu toute mon attention. A défaut d'idéal, je pense que j'étais déjà attiré par le spleen, des prédispositions probablement à me sentir pas à mon aise dans cette vie-là.



"Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose !

Mais la tristesse en moi monte comme la mer,

Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose

Le souvenir cuisant de son limon amer."



Causerie.



Je pioche quelques lignes par-ci par-là, dans ce recueil aux écueils souvent sombres. C'est en cela que je me dis qu'il faudrait l'avoir toujours sur soi. Dans la poche de gauche, ces fleurs du mal ; dans la poche de droite, les contes de la folie ordinaire. Ainsi équipé, du spleen et de l'idéal, ces souvenirs de pas grand chose m'accompagneront à la tournée des bistrots. Après tout, la poésie est signée Charles dans les deux opus et aucun Charles ne refusera de partager avec mon spleen l'idéal d'une absinthe ou d'une bière. Il m'arrive même de me sentir à la terrasse d'un café, ces deux poètes posés sur la table encadrant respectueusement mon verre. J'imagine alors cette brune passer, au sourire indécent et au regard incandescent. Elle s'assoit en face de ma tristesse, les paris sont ouverts pour savoir sur quel Charles va-t-elle commencer la discussion.
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Les fleurs du mal

C’est le seul livre de poésie qui ait aussi durablement fait effet sur moi. C’est un monument comme il n’en existe nul autre.



Lorsque je m’y plonge, je ressens à la fois les sensations d’une descente dans des catacombes et celles d’une élévation mystique. Des semaines plus tard résonnent encore à mes oreilles dans des échos profonds les vers étourdissants de « Harmonie du soir » :

« Valse mélancolique et langoureux vertige !

[…]

Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige. »

Ce poème me fera toujours frissonner d’une indicible et grisante extase.



Peintre des passions aux vibrations souterraines et du désenchantement sublime, Baudelaire est par excellence l’alchimiste du désespoir. Dans le creuset de son âme, gravité et légèreté s’entremêlent par un subtil et savant dosage. Une solennité secrète ondoie comme des volutes de fumée tout au long de ces pages en même temps que gronde l’animalité entravée secouant ses chaînes. Les profonds cris de révolte et la désespérance qui s’élèvent de ces strophes raffinées leur confèrent une noirceur d’un éclat particulier si fascinant en même temps qu’effrayant.



Il fut un être humilié qui n’eut pas une vie, dit-on, à la mesure de son génie. Mais aurait-il enfanté cette œuvre s’il eût vécu une autre vie ? Il n’eût pas eu la douleur, la « boue », indispensable à tout artiste digne de ce nom pour produire une œuvre noble et voulant embrasser l’universel dans la transcendance :

« Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance

Comme un divin remède à nos impuretés […]

Je sais que vous gardez une place au Poète

Dans les rangs bienheureux des saintes Légions, […]

Je sais que la douleur est la noblesse unique […]

Imposer tous les temps et tous les univers. »

Bénédiction



La hauteur, la profondeur et la grande variété de ses vues sont impossibles à résumer ici. Elles sont horribles et belles, sombres et lumineuses, contradictoires et pourtant vraies. Elles sont toutes les tendances et les aspirations qui tiraillent et écartèlent l’être humain sur le grand autel de la vie. Ce livre est comme la table de dissection de l’âme du poète sur laquelle nous nous penchons avec inquiétude et excitation, à la fois contents et révulsés de nous y reconnaître.



Baudelaire est le grand poète du XIXe siècle et bien plus : il est le poète qui sut le mieux exprimer cette perception des « […] longs échos qui de loin se confondent/ Dans une ténébreuse et profonde unité » où « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». Il éclipse pour moi tous les autres. Il s’est imposé dans toute la puissance de sa quête de sublimation. Il a réussi ce que tant d’autres avant et après lui n’ont fait que survoler : il est « descendu » profondément en lui-même et a observé et joui de sa nature pleine et entière. Il en a cultivé les contrastes et concilié les extrêmes. Il en a opéré la synthèse.
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Les fleurs du mal

"Il est amer et doux, pendant les nuits d'hiver,

D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume,

Les souvenirs lointains lentement s'élever

Au bruit des carillons qui chantent dans la brume."

("La cloche fêlée")



Rien de tel, en cette saison sombre et morose, que de se fourrer sous un plaid péruvien 100% lama alpaga, avec un thé russe noir comme le ciel à midi, et un livre de poésie française !



"Les fleurs du Mal".

Baudelaire brutal, Baudelaire sentimental, Baudelaire cynique, Baudelaire si typiquement baudelairien !

La rock star de ma puberté difficile, le poète maudit.



On trouve du tout, chez Baudelaire. L'amour de la vie, fascination par la mort; les éloges de la beauté mélangés avec les images funestes de "vanité, vanité, tout n'est que vanité..." L'enchantement par la laideur, qui, à votre grand étonnement, vous enchante tout autant.

Vous vous attendez à sortir de cette lecture plein de spleen, mélancolie, et à deux doigts de la dépression, mais non - ça vous aide juste à trouver un certain charme à ce monde si merveilleusement immonde.

Baudelaire ramasse les saletés dans la rue et vous les jette à la figure. Il enfonce son talon dans les charognes. Il magnifie la douleur et la petite vertu.

C'est alors compréhensible que la société prude de l'époque n'a pas pu réagir autrement que par le rejet. Opiomane endetté et incompris, syphilitique souffrant le martyre... rebelle et poseur ?

Malgré mon amour pour Baudelaire, la question me taraude. A quel point ses poèmes sont un véritable miroir, et quelle est la part de "l'art pour l'artisme" dans tout ça ? Serait-il possible que...

Quelle idée ! Ca vous glace les os et vous avez presque peur de tourner la page. Va t-il encore défier votre cynisme sur une note sinistre, ou fera t-il vibrer la corde mélancolique ?

"La musique, parfois, me prend comme la mer !"



De nos jours, c'est devenu presque une norme littéraire de donner des coups de pied dans un nid de guêpes. Baudelaire a déjà payé l'amende. Mais ce n'est certainement pas la seule raison pour laquelle on se laisse toujours séduire par ces poèmes. Beaucoup d'écrivains peuvent caresser la vie à rebrousse-poil, mais combien ont cette étincelle sombre qui est dans Baudelaire ?



Donc, lisez "Les fleurs du Mal", et après, donnez moi une définition de la beauté, je vous en prie...
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Les fleurs du mal

Je ne lis pas Les fleurs du mal comme les autres. Je le prends, je lis quelques lignes, je lis quelques pages au grès de mes envies et du moment. Il n'est pas dans la bibliothèque avec les autres. Il voyage dans la maison avec moi. Là où je le dépose, je le reprends, quelques heures, quelques jours plus tard, pour lire quelques pages, quelques lignes. Au hasard de nos rencontres, dans toutes les pièces de la maison. Je ne sais pas si je l'ai lu entièrement ou non et peu importe...il est là...j'aime le rencontrer et m'arrêter pour "partager un moment " avec lui...Le hasard joue son rôle...je le redécouvre tous les jours, ou presque.
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Les fleurs du mal

S'il y a un magicien ès lettres françaises c'est peut-être lui; Charles Baudelaire. Le poète qui a su épurer la poésie de son temps de la sentimentalité exagérée des romantiques et de l'impersonnalité impassible des parnassiens pour toucher le cœur humain au plus profond.



Dans les Fleurs du Mal, il y a une voix, celle de l'homme aspirant sans cesse à un idéal insaisissable et ne retrouvant que spleen et amertume. L'homme qui essaie de s'échapper de ce spleen par l'art, la poésie, la tentation romantique, la solitude, les paradis artificiels et les amours excessives, allant jusqu'au blasphème et cherchant la mort comme dernier soulagement à ce mal impalpable!

La poésie qu'on sent la plus proche de nous, voilà ce que sont ces fleurs maladives. Baudelaire résume parfaitement son sentiment : "Ce que je sens, c'est un immense découragement, une sensation d'isolement insupportable, une peur perpétuelle d'un malheur vague, une défiance complète de mes forces, une absence totale de désirs, une impossibilité de trouver un amusement quelconque".



Certains ont vu dans l'ordre des poèmes une composition parfaite qui donne une tragédie en cinq actes.

Quelle grandeur M. Baudelaire:



Il me semble parfois que mon sang coule à flots,

Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots.

Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,

Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
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Les fleurs du mal

Ô Baudelaire, comme vous m'avez longuement retenu dans vos pages!

Vous a qui revient le titre de Roi des poètes dits "maudits.

Vous qui dans vos ténèbres m'avez conduit,

Ah, Baudelaire dont l'âpre et douce amertume traverse les âges!

Parce que ce qui vous hante et que vous nous offrez, ces Fleurs du mal

C'est toujours là, puissant, hypnotique, affolant et génial.

Pauvre voyageur humble , déjà, de votre Spleen de Paris, j'ai circulé au milieu de vos tombes et dans vos cauchemars si prégnants... Là où la douceur parfois m'a surpris. Comme j'ai voyagé, avec vous, Baudelaire! Surtout le matin avant d'aller bosser! Curieux "coup de fouet", me direz-vous.

Je suis sorti de chez-vous et de vos sombres jardins... Ce matin. Je me suis enfoncé dans l'encore-nuit de ce matin humide, avec vos Fleurs qui ne faneront jamais dans ma mémoire.

Merci à vous, Charles Baudelaire.
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Le Spleen de Paris : Petits poèmes en prose

C’est Baudelaire qui m’a fait découvrir cette notion de spleen, sentiment que je ressentais sans pouvoir nommer.

Ses petits poèmes en prose sont un roman poétique, un recueil d’essais, de nouvelles, bref, un mélange singulier de thèmes différents (chers à Charles Baudelaire) comme l’art, la charité, l’évasion, la femme, l’ivresse, la solitude, Satan, ou le temps. Thèmes déjà présents dans ses Fleurs du mal. Baudelaire se libère de la forme poétique versifiée tout en gardant l’âme même de la poésie (« Sois toujours poète, même en prose »), le langage imagé et métaphorique ainsi que le regard différent, autre, des choses les plus communes et des êtres les plus simples.

Je me retrouve à chaque fois que je lis Baudelaire, il est l’auteur qui nous enchante, nous enivre même en plein spleen, il chasse les idées noires, pour nous livrer un monde parfait ; le monde comme il est et comme il doit être, simple, misérable, il faut juste avoir le bon œil pour le voir et le sentir. « Nous avons sur cette terre ce qui rend la vie digne d'être vécue » comme le dit Darwich (en arabe c’est plus poétique). La poésie de Baudelaire en fait partie de ces choses là. Un ouvrage qui rend le spleen et la solitude plus doux.
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Les fleurs du mal

Avec les Fleurs du Mal, la poésie moderne est née. Nous découvrons un recueil de plus de 100 poèmes d'une grande modernité et d'une nouvelle esthétique qui fait surgir à chaque page le sublime et le Beau. L'œuvre est éblouissante, inépuisable et extraordinaire. Baudelaire arrive à accéder au beau par l'expérience de la laideur. De beaux passages constituent cet ouvrage mais on y trouve aussi des passages assez glauques qui ne se comprennent qu'avec une certaine maturité. Le recueil est intense et aborde de nombreux sujets comme l'amour, la passion et la tristesse. J'ai immédiatement été sensible à l'harmonie des mots. Le style de Baudelaire est riche et inoubliable. C'est un livre intemporel qui ne s'oublie pas de si tôt grâce à la richesse des rimes, à l'intensité des mots mais aussi à la délicatesse des phrases extrêmement bien ciselées.



Grande classique de Baudelaire à lire d'une traite.
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Les fleurs du mal

Il y a l’exemplaire « Pour toujours », en édition de luxe, bien rangé en bonne place parmi les chefs-d’œuvre

Et puis, Il y a l’exemplaire « Pour tous les jours », celui que je prends et repose, surligne, souligne, oublie pour mieux le redécouvrir.



Comment parler d’un texte qui m’accompagne depuis l’adolescence ?

Je m’aperçois que je n’ai pas les mots.

Je me sens désemparée comme devant un paysage de montagnes avec le soleil affleurant les cimes, lorsque le silence est le seul hommage à la magnificence.



Sublime est le seul mot qui me vient !

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Les fleurs du mal

Demandez à n'importe qui de citer deux grands poètes français.

Il y a de fortes chances pour que Baudelaire et Rimbaud remportent tous les suffrages (avec parfois l'ami Hugo pour les intégristes de la barbe fleurie et de la vie insulaire).

Cette introduction sous forme de sondage pour dire que Baudelaire n'est pas un poète comme les autres et que partant, Les Fleurs du Mal ne saurait être un recueil comme les autres. Situé à mi-chemin entre les épanchements mièvres des uns et le fatras hermétique des autres, des générations d'élèves ont découvert et aimé la poésie grâce à cet ouvrage quasi-sacré.

Je ne fais pas exception à la règle. Il est vrai que ce livre avait tout pour lui. La personnalité fascinante de son auteur d'abord. Un poète maudit, génie incompris et torturé. Des poèmes lumineux et mélancoliques, des vers accessibles et recherchés, une musicalité incroyable. Une modernité enfin, une crudité dans le propos, le ton; la beauté qui éclate au sein même de l'horreur, du désespoir. Comment résister? Baudelaire c'est La poésie. Celle que l'on récite gamin, celle que l'on retient adulte, celle qui nous pousse aussi vers d'autres recueils, dans l'espoir d'y retrouver le même souffle, le même feu. Celle vers laquelle on revient, inlassablement.
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Le Spleen de Paris : Petits poèmes en prose

Les Petits poèmes en prose ( le Spleen de Paris ) de Charles Baudelaire , sont indissociables de Paris et des transformations architecturales , sociales , économiques que la capitale a connues dans la seconde moitié du XIX ème siècle .

La rue joue un rôle fondamental dans cette poésie , car elle represente le lieu de rencontre par excellence , un lieu de brassage extraordinaire : les classes de la société s ' y croisent , les êtres , foules ou individus , s ' y offrent dans leur diversité , leur généralité ou leur spécifité , dévoilant une forme de leur vérité et dévoilant une forme de leur vérité et de leur authenticité .

En quoi le temps , l ' histoire de la France et de l ' Europe , l ' histoire des idées , le progrès scientifique et technique modifient-ils le regard et la poétique de Baudelaire

au point de le faire entrer dans la modernité , d ' en être un des initiateurs .?

Dans le Spleen de Paris , Baudelaire se fait homme de la rue , rôdeur , voyeur et voyant . C ' est dans cette grande ville fascinante et répulsive qu ' est Paris que Baudelaire cherche son inspiration et non plus dans le spectacle de la nature .

C ' est là , dans ce lieu de débauches et d 'errances d ' où surgit parfois la beauté , qu 'il élargit le champs de l 'expérience intérieure .

Tournant le dos à la poésie conventionnelle , il entre alors dans la modernité .
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La Fanfarlo

Opération dépoussiérage ! Oui, parce que depuis le temps que ce petit bouquin dort paisiblement sur mes étagères, je vous laisse imaginer à quel point notre ennemie jurée s'y est vautrée !



Baudelaire n'est pas ici dans son rôle de poète que nous admirons tant... Et n'en déplaise à certains détracteurs y voyant là une écriture un peu gauche, maladroite, je trouve que le texte est plutôt plaisant à lire. Paru en janvier 1847 dans le Bulletin de la Société des Gens de Lettres, il raconte l'histoire de Samuel Cramer, jeune écrivain raté, voulant aider une de ses connaissances, Madame de Cosmelly, a reconquérir son époux. Celui-ci était en effet tombé sous le charme de la Fanfarlo, une danseuse. Mais peut-on résister à cette dernière ?



Les thèmes chers à Baudelaire sont présents : le dandysme, les femmes... mais aussi celui de l'identité, plutôt marqué dans cette nouvelle. Samuel Cramer, anti-héros, ne représenterait-il pas le moi caché de Charles ? Qui est la Fanfarlo ? Jeanne Duval ? Sous des dehors résolument anodins, cette nouvelle recèle bien des trésors car elle amène le lecteur à réfléchir sur le message qu'a voulu faire passer le futur poète. Ajoutons à tout ceci des références à Molière, à Diderot et à Balzac et vous comprendrez pourquoi il faut absolument lire ce court ouvrage.
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Les fleurs du mal

J'aime lire un peu de poésie de temps en temps, c'est tellement poétique !

Ce recueil de poèmes fait du bien au moral, il sait nous changer les idées et nous redonne confiance. Baudelaire sait si bien parler de la vie. J'ai adoré du début à la fin et j'ai dévoré ce livre tellement il est plein d'une énergie positive !

Par exemple dans son poème " Que diras-tu ce soir pauvre âme solitaire" ça redonne vraiment la pêche ! Ou dans " Le mort joyeux " le poète nous donne plein de joie ! Et dans le poème "Une charogne", Baudelaire écrit : " Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride", c'est si musical !

L'auteur nous parle de son univers dans "De profondis " : "c'est un univers morne à l'horizon plombé, où nage la nuit l'horreur." C'est tellement cool !

Le poète nous dit aussi dans " Le vampire", que même mort :"tes baisers ressusciteraient le cadavre de ton vampire", ho ben ça, c'est trop marrant de pouvoir ressusciter sans cesse !

Baudelaire termine son poème :" l'Horloge"en disant : " Meurs , vieux lâche! il est trop tard!", badaboum, alors ça c'est bien envoyé !

Et dans "Spleen" il nous dit :" l'Angoisse atroce, despotique, sur mon crâne incliné plante son drapeau noir", c'est une bien belle image, ce joli drapeau noir pour conclure de manière si charmante !

Enfin bref, un gros coup de coeur pour plein de positivité et j'ai adoré. J'en ai encore les larmes aux yeux et la chair de poule. De la poésie optimiste qui fait tellement de bien, Chapeau, l'artiste !



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Les fleurs du mal

Charles Baudelaire a écrit trois poèmes rien que pour moi : le « Vin de l’assassin », la « Charogne » et le « Monstre ». Il devait pourtant avoir une vie bien remplie et il était certainement bien entouré lorsqu’il daignait se montrer un peu au monde, mais ça ne l’a pas empêché de penser à quelques psychopathes en germe des siècles qui allaient le suivre. Ne cherchez pas de dédicace explicite, il n’en a laissé aucune, mais lorsque j’ai lu ces poèmes, j’ai compris tout de suite qu’ils m’étaient destinés.





J’ai laissé les autres fleurs du mal sur le bord du chemin. Elles sont jolies mais enfin, elles ne m’attendent pas et je les laisse pour ceux à qui elles sont destinées. Charles Baudelaire n’a pas pensé seulement à moi mais je ne lui en veux pas, c’est bien aussi que d’autres personnes connaissent le plaisir de lire un poème qui dévore et embellit vos états d’âme.

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Le Spleen de Paris : Petits poèmes en prose

Comme vous le savez, j'ai mes livres « du petit matin ». Cette demi-heure magique devant une tasse de café fumante et une tartine beurre confiture où je suspends le temps entre le pays des rêves et la réalité d'une journée qui démarre, accompagnée de textes inspirants.



Le Spleen de Paris m'a accompagné à raison d'un petit poème en prose par jour, afin de faire durer le plaisir 



Ces poèmes en prose s'insèrent souvent dans un épisode narratif lors d'un état contemplatif faisant fi des règles et des catégories bien établies.

Ils ne sont ni prose ni poésie, mais à la fois prose et poésie car ils empruntent à la poésie ses ressources musicales, créant une parole singulière et ouvrant la porte à l'invention et à la création.



Baudelaire s'intéresse à la vie moderne et plus particulièrement à un Paris tout en contrastes, au double visage, entre les quartiers fortunés et ceux miséreux et délinquants qu'il a fréquentés dans sa vie bohême.

Le poète observe la vie dans cette société parisienne en pleine transformation sociale et celle-ci réveille des souvenirs et sollicite sa mémoire.



Dans ce recueil posthume la nostalgie et la mélancolie sont musicalement évoquées. Les thèmes, toujours très baudelairiens tels l'oppositions de l'ici et de l'ailleurs, du bien et du mal, de l'angoisse d'aimer, sont traités par une plume d'une sensibilité profonde, où transpirent les obsessions, les angoisses, les joies et la quête de la Beauté.



Et pour citer Charles Baudelaire, ces petites pauses salutaires du matin m'ont bien aidé à échapper au « spleen » qui nous hante en ce moment pour « aller n'importe où ! n'importe où ! pourvu que ce soit hors du monde »





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L'albatros

48 pages de pur bonheur ! Voilà ce qui vous attend, si vous tenez entre vos mains cet album de Mathilde Magnan. Vous allez me dire : « mais c'est de Baudelaire qu'il s'agit ! C'est « son » Albatros qui est en vedette ! » Je vous répondrais que, lorsque vous aurez refermé ce livre, vous aurez les mots de Baudelaire en tête, ce poème si beau qu'il ne se laisse pas enfermé dans les recueils poussiéreux ; Mais dans vos yeux, ce sont les illustrations de Mathilde Magnan, qui resteront…



Premier contact avec la couverture : l'objet livre est beau et d'un format généreux. Je ne résiste pas au plaisir de l'ouvrir, aussitôt reçu : sur ce lavis de bleu et de gris, entre mer et terre, horizon et ligne de fuite, tournant les pages, enfin le voici, le roi de l'azur, tournoyant et ondulant au-dessus du navire…



Très vite, en pleine page, les filets sont là ! On sent les pêcheurs moqueurs, qui se délectent déjà du jeu pervers et cruel qui les attend. Sur le pont, le martyr du voyageur ailé commence. Je les vois tout autour, ses congénères à plumes, assistant au spectacle, témoins impuissants ? indifférents ? complices ? de l'humiliation qui se joue là ! Devant nos yeux…



J'appelle Axelle et les lui présente :

– Toi qui connais les oiseaux sur le bout des doigts, viens voir un peu ! Il y a là un pélican, mais pour les autres…

– Ici tu as un fou de Bassan. Comme son oeil est bien rendu ! Il n'y a pas la couleur, mais il est là, son oeil perçant. Et ici, tu as une avocette élégante, regarde un peu son bec, c'est tout à fait cela ! Et là encore, un macareux moine. Son albatros, il est top aussi ! Il a bien son air bougon !

– ah ! Parce que c'est bougon un albatros ?

– bien sûr ! Si tu en avais vu un en vrai, tu le saurais. Il a un air renfrogné, c'est clair, tu le vois tout de suite dans son regard…

– je te dirais que j'ai encore jamais croisé un albatros, mais si tu le dis…

– Tu l'as eu où cet album ? Il est top !

– Babelio et ses masse-critiques… et les Éditions Courtes et Longues bien sûr, qui jouent le jeu, prennent des risques aussi, en envoyant à des lecteurs landas, les livres auxquels elles croient. C'est eux qu'il faut remercier.

– Je peux te l'emprunter ?



Assise à côté de moi, les pages défilent.



– Regarde un peu tous ces traits de crayon et tout le boulot qu'il a fait ?

– Elle ! qu'elle a fait. C'est une artiste. Pas un. Mathilde Magnan, elle s'appelle.

– Elle assure ! Je vais même pouvoir essayer de les redessiner tellement ils sont bien faits. Y a aussi toutes ces ombres. Ce ne sera pas si facile, mais je te jure, Liza, rien que de les voir, cela donne envie de sortir les mines !



Et me voilà les mains vides.

Le Prince des nuées envolé.

L'Albatros au bras d'une autre compagne de voyage…
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Les fleurs du mal

Les fleurs du Mal ne faneront jamais. Il y aura toujours un coeur pour les arroser.
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