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Citation de collectifpolar


Elle redoutait d’apprendre une nouvelle disparition. Une nouvelle proie enlevée sur le chemin du travail : une ouvrière, une employée des conserveries, une parmi ces millions de femmes de l’ombre, ces millions d’âmes anonymes qui se levaient tôt le matin pour faire tourner le pays pendant que d’autres restaient bien au chaud dans leur lit.
Assise à l’arrière de l’hélico, elle sentit les braises de la colère rougeoyer au creux de son ventre. Elle les sentait de plus en plus souvent ces temps-ci.
Car, avant Vera Sáez Louro, il y avait eu Paz Ruíz Barranco, vingt-huit ans, et Andrea del Árbol Castro, trente-trois ans. Toutes deux enlevées tôt le matin alors qu’elles partaient au travail (Andrea trimait dans une conserverie de La Corogne, Paz était femme de ménage). À chaque fois, on avait retrouvé leur cadavre quelques jours après leur disparition. Le premier au fond d’une barque abandonnée dans une crique au nord d’O Pindo, non loin d’une usine désaffectée où on découpait et préparait jadis les baleines.
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