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Critiques de Benoît Vitkine (224)
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Les loups

Cela a été extrêmement troublant de lire ce roman tant il résonne avec l'actualité du moment, en l'occurence le terrible bras de fer qui se joue à la frontière russo-ukrainienne. Ou quand la fiction croise la réalité et glace.



Emérite journaliste spécialiste des pays de l'ex bloc soviétique, correspondant du Monde, lauréat du prix Albert Londres 2019, Benoît Vitkine s'est déjà essayé à la fiction avec un premier roman très réussi, Donbass, sur un trame policière. Cette fois, il opte pour un thriller politique proche du roman noir. Olena Hapko vient de remporter les élections présidentielles ukrainiennes. Dans trente jours, elle sera investie. Trente jours de lutte à mort face aux oligarques ukrainiens et aux services secrets de Poutine qui vont tout faire pour l'abattre.



Comme dans Donbass, l'auteur parvient à éclairer de façon très lisible toute la complexité de la situation ulkrainienne depuis l'écroulement de l'URSS en 1991. Pour Poutine ( personnage assumé du roman ), l'indépendance de l'Ukraine est une trahison de Gorbatchev et des Occidentaux, une incongruité qu'il veut détruire ou à laquelle il peut éventuellement pardonner à condition qu'elle joue selon ses règles en acceptant manipulations et corruptions. Olena a été élue sur un programme de promesses réformatrices afin de laisser respirer un pays étouffé par les commissions illicites prélevées sur tout par les oligarques. Inacceptable pour les Russes qui lancent une campagne de krompomat ( art du chantage né du KGB consistant à discréditer quelqu'un par la publication de documents compromettants ) en fouillant dans son peu recommandable passé.



Là où l'auteur fait très fort, c'est qu'il ne choisit pas une héroïne attachante mais une véritable badass avide de pouvoir, qui a tout défoncé pour s'extraire de son milieu, elle, la femme d'affaires redoutable qui a construit son ascension avec les mêmes pratiques que les oligarques qu'elle a désormais à affronter. Pour elle, la conquête ne s'arrête que lorsque l'ennemi est totalement écrasé. Autant dire qu'elle ne va pas se laisser faire. c'est absolument jubilatoire de lire les passages décrivant de son point de vue les moeurs de l'élite post-soviétique dans le marigot ukrainien. Benoît Vitkine manie parfaitement un humour très noir.



«  Elle leur a offert ce qu'ils voulaient. C'est à la vulgarité qu'on jauge le pouvoir, se dit-elle en regardant la fille balancer ses jambes dans une belle harmonie. Il n'y a que ces Européens arriérés pour croire que le luxe se mesure au silence feutré et au moelleux des fauteuils. Des coqs privés de griffes, des enfants gâtés engoncés dans leur timidité qui ont oublié une chose : le luxe est un combat, une victoire, qu'il convient de célébrer avec bruit et fureur. Avec du champagne et de la vodka, pas avec de la camomille. »



Dès les premiers chapitres, on est totalement embarqué dans le compte-à-rebours pour la survie ( ou pas ) d'Olena. L'intrigue est nette et resserrée Les chapitres égrènent le défilé des trente jours avant l'investiture présidentielle. La machine narrative est ultra propulsive, sans temps morts et crée un vrai suspense jusqu'à un final inattendu, truculent même qui tire le roman vers la fable politique cruelle, avec l'ombre du célèbre communiste libertaire Nestor Makhno ( mort en 1934 ) qui plane au-dessus de la ville orientale de Gouliaï Polié, là où tout va se jouer, sa ville natale comme celle d'Olena.



Une excellente lecture qui allie très intelligemment le fond et la forme, sans manichéisme afin de laisser toute sa place au discernement du lecteur. Je ne peux que vous conseiller cette lecture, ainsi que son précédent roman Donbass si le sujet vous intéresse.

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Donbass

Rien ne rend mieux la réalité que la fiction, surtout lorsque c'est un reporter de guerre émérite qui prend la plume : Benoît Vitkine est lauréat 2019 du Prix Albert Londres pour sa série d'enquêtes publiée au Monde sur l'influence russe, notamment au Donbass.



Le Donbass, c'est cette région minière ukrainienne aux frontières russes, en proie à un conflit armé qui oppose depuis 2014 le gouvernement pro-européen aux séparatistes russophones soutenus par Poutine. Plus qu'une toile de fond, cette guerre qui n'intéresse plus personne est au coeur de ce roman dont la plus grande vertu est d'en rendre les enjeux compréhensibles, même pour un lecteur sans connaissances géopolitiques précises. Benoît Vitkine sait se faire pédagogue sans pour autant alourdir le récit.



L'immersion est immédiate. On est plongé dans l'intimité de la guerre, au plus près d'hommes et femmes ordinaires pour qui la guerre est devenue une routine. On sent que ce qui intéresse avant tout l'auteur, c'est de montrer l'intime dans le chaos, de montrer comment la guerre mine la psychologie des hommes et exacerbe les sentiments, pour le meilleur et pour le pire, dans un univers où il n'y a pas de place pour les tièdes ou les nuances.



Le pire, c'est le assassinat sauvage d'un enfant dans la ville Avdïivka tout près de la ligne de front. Un crime qui peut sembler dérisoire au vue des horreurs de la guerre, mais pour le colonel de police Kavadze, retrouver l'assassin, c'est se prouver que la guerre n'a pas tué toute humanité en lui, toute capacité à s'indigner. Il ne lâchera rien, lui le vétéran de l'Afghanistan, lui le flic désabusé qui se réfugie derrière un cynisme blasé pour éviter de souffrir plus que de mesure.



L'intrigue polar est bien là, mais ce n'est qu'un prétexte. Elle est traitée de façon un peu discontinue et il manque ça et là quelques rouages pour fluidifier son avancée qui passe souvent à l'arrière-plan. Maladresses qui importent peu tellement ce roman est plus qu'un polar. Avec son sens du détail, il distille une atmosphère singulière et imprime des images fortes dans les rétines : celle de cette cokerie, seule debout à faire vivre encore un tant soit peu cette ville martyre de Avdïivka ; celle de la traversée hallucinée de la ligne de front par Kavadze ; celle de la confrontation de ce dernier avec un homme rendu fou par les guerres passés. Et surtout ces inoubliables babouchkas qui tiennent le terrain pendant que les hommes jouent à la guerre, frappent ou boivent.



«  Elles étaient des survivantes. le quartier était rempli de ces veuves impassibles. Le pays pouvait bien s'étriper, elles continueraient à fabriquer des confitures et à mariner des champignons. Leurs maris s'étaient agités toute leur vie, puis leurs coeurs avaient lâché, fatigués de tant donner à des corps massifs, à des vies trop brutales. Elles, elles restaient. Elles vivaient quinze ans, vingt ans de plus que leurs hommes. Et pendant vingt ans, elles enfilaient chaque jour les mêmes chaussons, les mêmes robes de chambre. Elles accomplissaient consciencieusement la routine de leurs petites vies. »



Un roman captivant sur un angle mort de la géopolitique mondiale et du polar en général.
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Donbass

Le Donbass, bassin minier qui forme la partie Est de l’Ukraine, est depuis 2014 le théâtre d’une guerre entre le régime ukrainien pro-européen et les séparatistes russophones soutenus par Poutine. Dans la petite ville de Vdiïvka, en plein sur la ligne de front, la vie continue tant bien que mal, sous les tirs d’obus et de roquettes qui détruisent et tuent chaque jour un peu plus. La corruption et les trafics en tous genres ne semblent que mieux s’en porter, dans l’indifférence générale. Pourtant, lorsqu’un enfant est retrouvé assassiné, le chef de la police Henrik Kavadze sort soudain de sa torpeur pour se lancer dans une enquête dont il est loin de soupçonner les liens avec son passé de vétéran d’Afghanistan.





Au-delà du polar, en l’occurrence addictif et bien ficelé, ce sont les connaissances et l’expérience du reporter de terrain et du journaliste spécialiste de la zone qui donnent tout son relief à ce livre : Benoît Vitkine excelle à dessiner et à rendre intelligible l’intriqué contexte géo-politique de son histoire, mais aussi à restituer le climat si particulier de cette ville sinistrée, qui cumule la grisaille et la misère héritées des années soviétiques à la tension et aux dangers d’un conflit armé dont tous ont oublié les troubles raisons. Plongé dans ces lieux comme s’il y était, le lecteur y part à la rencontre de personnages plus vrais que nature, qui tous crèvent les pages et donnent le frisson : petites gens résignées à la peur et à la misère, hommes tués avant l’âge par la violence, les trafics et l’alcool, femmes acculées à la prostitution ou trop souvent laissées veuves sans ressources, fonctionnaires corrompus et voyous de tout poil, tous tentent de survivre avec les moyens du bord et une absence totale d’horizon. A la souffrance des civils s’ajoute celle des militaires, dont beaucoup ont connu le bourbier afghan et, quand ils en sont revenus, traînent leur traumatisme jusqu’à la folie. Le chaos règne autant dans les têtes que dans les rues dévastées…





Impressionnant de précision et de véracité, ce livre qui se lit avec la facilité addictive du roman policier est avant tout un excellent reportage empli d’images fortes et inoubliables, une galerie de portraits représentatifs d’une population martyrisée oubliée par l’opinion publique internationale, et une manière aussi plaisante qu’instructive de comprendre le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Donbass

Au risque de paraitre ignare , je l'avoue humblement , pour moi , le titre du livre , " Donbass" , il n'évoquait pas grand chose sinon un mystère que j'allais forcément lever lors de ma lecture . Oui , et bien le Donbass, aujourd'hui , j'en sais un peu plus que ce qu'ont bien voulu m'en offrir les " actualités " que je regarde à la télévision. Évidemment, cette " région " ukrainienne située près de la frontière russe est en état de guerre depuis 2014 , mais cela ne semble pas de nature à troubler les consciences dans notre pays . D'un côté, on souhaite intégrer l'Europe , de l'autre la Russie ....Difficile et cruel dilemme pour les habitants qui , en optant pour l'un ou l'autre , ont déclenché une guerre qui , il faut bien le dire , ne dit pas vraiment son nom , ne semble pas susciter un intérêt de nature à émouvoir...Terrible . Il est là le cadre de ce roman .La guerre , les souffrances , le bruit incessant des obus qui éclatent ça et là, tellement proches , tellement lointains qu'on finit par les ignorer même si l'on sait que, un jour ou l'autre.....

C'est que , voyez- vous , dans ce monde cruel , certains savent évoluer, exploiter , échanger les richesses . Corruption , Backchichs , privilèges ,compromis avec l'ennemi , et les avoirs inondent certaines " poches " pour qui " la guerre est belle " .Tant pis pour ceux qui , ici ou là, voient leurs enfants transformés en chair à canon .

Business. Rien de bien nouveau , rien de bien original ....

Et puis , un jour , on découvre le cadavre d'un enfant ....Autre chose , là , non? ...Et le colonel Henrik Kavadze , chef de la police locale se lance sur l'affaire . Pas un marrant , le colon . Désabusé, c'est plutôt un observateur du " temps qui passe " . Oui , mais un enfant .....

Il faut faire la lumière sur cette histoire au grand dam de certains qui , au contraire craignent pour leurs juteuses affaires ...

Roman court , moins de 300 pages , ce roman n'en " dégueule pas moins " d'intérêt. Pour moi , il est déjà très bien écrit, sans temps mort , sans fioritures .Il est très bien documenté sur le conflit , décrit avec art les enjeux , les intérêts économiques plus ou moins licites ....Et puis , cette histoire de crimes et l'existence d'un éventuel psychopathe....Une menace pour de lucratifs trafics....pour de gros , très gros profits....Un polar ? Sans doute . Un roman historique ? L'avenir le dira . Un témoignage sur un " bourbier " pas si lointain de nous ? Certainement . Un bon bouquin ? Oh ,que oui .....

Le roman de Benoît Viktine, correspondant du Monde à Moscou , m'a été offert par ma chère épouse sur les conseils de mon libraire . La seule chose que je puisse dire est qu'ils ont fait un superbe choix que je souhaite partager avec vous ....La couverture , superbe à mon sens, donne le ton . Amateurs du genre , precipitez- vous....
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Les loups

Trente jours séparent Olena Hapko, la nouvelle présidente de l’Ukraine juste élue, de son investiture. Trente jours pendant lesquels il va lui falloir jouer serré pour contrer les tentatives de déstabilisation des Russes, bien décidés à la faire tomber. Mais l’expérience et la férocité de cette oligarque habituée à employer la manière forte suffiront-elles ? Surtout lorsque le passé et ses violences ne demandent qu’à resurgir...





Journaliste spécialiste des pays de l’ancien bloc soviétique, Benoît Vitkine a obtenu en 2019 le prix Albert Londres pour ses enquêtes sur l’influence russe, tout particulièrement dans le cadre de la guerre du Donbass. En 2020, son premier roman Donbass nous impressionnait, sous couvert d'un polar, par ses images fortes et réalistes du calvaire vécu par la population de cette région, et par son habileté à rendre intelligible le contexte géo-politique ukrainien. Ce second roman poursuit dans la même excellente veine, avec une histoire aussi addictive, mais, sans aucun doute, bien plus frappante encore. Car, si, en dehors de Poutine et de quelques-un de ses proches, tous les personnages en sont fictifs, ils sont inspirés de personnalités réelles et composent un tableau, à ce point sidérant et effrayant soit-il, tout à fait représentatif de la situation ukrainienne il y a dix ans. Sous le choc, c'est d’un œil transformé et troublé que le lecteur observera, après cette lecture, la brûlante actualité russo-ukrainienne !





Alors que Donbass nous immergeait de plein-pied dans le quotidien sans horizon de petites gens s'épuisant à survivre, entre peur et misère, dans une société gangrenée à tous les étages par la violence et la corruption, nous voici cette fois au coeur des manigances des puissants, dans un combat sans limites pour le pouvoir. Olena Hapko est l’une de ses personnalités qui ont su profiter de l’effondrement du système soviétique pour, peu importe la méthode, s’emparer de secteurs économiques et bâtir des empires personnels leur assurant richesse et puissance. Crime et grand banditisme, complots et manipulations, intimidation et violence la plus extrême, forment le quotidien de ces oligarques pétris de brutalité et dénués de tout scrupule, qui, par la force, la peur et la corruption, tiennent entre leurs mains pouvoirs politique, économique et financier. Toute cette clique s’étripe sans merci dans de monstrueux combats d’égos, dont pays et populations tout entiers paient le prix fort. Les stratégies sont machiavéliques et ne renoncent à aucun moyen. Et toujours, en arrière-plan de ces affrontements, se dessine l’ombre du pouvoir suprême, celle du président de la Fédération de Russie, attentif à la moindre opportunité d’avancer ses propres pions en faveur de la puissance russe…





Le roman permet à Benoît Vitkine de donner corps, de la manière la plus parlante et le plus frappante qui soit, à sa connaissance fine de la situation et des intervenants à l’oeuvre en Ukraine et en Russie. Les stupéfiants rebondissements et retournements de son intrigue tendue par un implacable compte-à-rebours, tout comme ses personnages d’une férocité et d’un machiavélisme débridés dans leur affrontement sanguinaire pour le pouvoir, laissent entrevoir des nations russe et ukrainienne régentées, de haut en bas, mais aussi dans leur relation au monde, par la seule loi du rapport de force. La dernière page des Loups tournée, une évidence s'impose : le jeu de bras de fer russe ne date pas d'hier, la Crimée en ayant notamment déjà fait les frais. Il vient juste de s'élargir brutalement, en nous impliquant, nous, les Occidentaux, dans un test majeur, et pas seulement pour l'Ukraine. Car c'est le rapport de force mondial que Poutine s'estime désormais capable d'éprouver en attaquant ouvertement son voisin, comme s'il se sentait maintenant loup en chef...





Une lecture forte et troublante, très éclairante dans le contexte du moment. Coup de coeur.


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Donbass

Etre un héros mort ou être un lâche vivant, c’est le choix offert aux habitants de Avdiïvka (dans la banlieue de Donetz) située sur la ligne de front de « l’opération spéciale ».



Publié en 2020 ce reportage, récompensé de plusieurs prix dont le prix Albert Londres, décrit la vie des populations à l’est du l’Ukraine, dans une région russophone idéalement placée sur une route de la soie noyant l’Europe avec la drogue cultivée en Afghanistan, pour le grand profit des apparatchiks locaux et le petit profit des corrompus qui ferment les yeux ou manutentionnent les sacs de contrebande.



Dans ce contexte, Benoit Vitrine déroule une intrigue criminelle qui passionnera les amateurs du genre et des oeuvres portant un jugement critique et des critères moraux. Le rythme de la narration et des dialogues anime le scénario qui s’élargit au fil des chapitres et des cadavres.



Mon héros est Oleg Gribounov, frère d’Antonia Gribounova, mineur syndicaliste éliminé après la découverte et la dénonciation de magouilles ayant provoqué l’effondrement de la mine et la mort de dizaines de travailleurs. L’intégrité, le courage, la ténacité d’Oleg forcent le respect. Son traitement en établissement « psychiatrique », son bouleversant martyre, son inhumation dans le silence et la désertion de ses camarades rendent ce Donbass inoubliable.



Tant que notre Europe engendrera de nouveaux Oleg, l’espoir existera en Ukraine comme en Russie.



Mais beaucoup préfèreront « longer la mer jusqu’au Portugal » achève l’auteur désabusé.
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Donbass

Le matin quand je me lève, je me mets à la fenêtre pour prendre mon déjeuner, je regarde l'étang dans mon jardin, il fait beau, ou pas, mais tout est calme et putain qu'est_ce que c'est beau la vie!!

J'allume la radio et j'entends parler de ces centaines de milliers de civils bombardés à Gaza, j'entends parler de l'Ukraine, du bordel à Haïti ...

JE SUIS UN SACRÉ VEINARD de vivre ici, en paix, tranquille à pouvoir apprécier cette putain de belle vie!!!



Je vous dis ça pourquoi? parce-qu'après avoir fini de lire mon bouquin : Donbass, je pense que là-bas, les choses ont commencé en 2014! Dix ans déjà que ça dure : bombardements, fusillades, tirs de roquettes, la mort qui rôde à chaque coin de rue!

Dans ce récit, grâce à l'écriture très efficace et documentée de Benoît Vitkine, on est plongé tout de suite dans le bain, on vit avec la guerre, on meurt avec la guerre!

Mais il y a aussi, les trafics de toutes sortes, la corruption, les conflits de pouvoir, bref avec la guerre viennent toutes les formes d'effondrement possible : social, économique, sociétal.

En plus, ici, il s'agit d'un meurtre d'enfant, comprenez-moi bien, ce n'est pas un enfant qui est mort à cause d'une bombe, d'une balle perdue, non, non, le gamin a été punaisé au sol avec un poignard de guerre : un véritable crime dans toute son atrocité (Eh oui, même en pèriode de guerre, on peut établir une échelle dans l'horreur!)

Sous couvert d'une enquête menée par le colonel Henrik Kavadze, chef de la police locale, nous allons assister à tout ce qu'un conflit de ce type, entre nationalismes exacerbés, défense d'intérêts économiques et tripatouillages parallèles, peut générer comme abominations.

Le roman a une qualité documentaire indéniable, quasi journalistique, et se lit très bien!

Pour celles et ceux qui seront capables de se balader dans cette région de ruines, fréquentée par des êtres plus survivants qu'autre chose, c'est un excellent roman!
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Donbass

Vous connaissez le Donbass ? Non ? Humm alors voilà une bonne raison de lire ce titre de Benoit Vitkine. Déjà que l'auteur est crédible, journaliste, spécialiste des pays de l'Est et de l'ex -URSS, lauréat du prix Albert-Londres, on peut s'y fier je crois.

Alors, le Donbass est une région d'Ukraine, bassin houiller important où le conflit armé sévit depuis 2014 avec la crise ukrainienne et dont on entend peu parlé. Ce sont les séparatistes russophones qui ne reconnaissent pas le nouveau régime ukrainien, ce sont des frontières contraintes entre territoires conquis par l'un ou l'autre, c'est l'effondrement économique où les mines de charbon abandonnées par les autorités sont reprises par les mafias, c'est la corruption, ce sont les oligarques pas toujours très nets et pour certains c'est l'Afghanistan qui les hante encore. Le meurtre d'un petit garçon près d'une mine mettra la ville en émoi et encore plus le policier chargé de l'enquête. Il enquête sur un terrain miné, dans tous les sens du mot. Il doit composer avec ses fantômes, ses collègues corrompus, avec une administration qui ne veut que balayer la poussière sous le tapis, bref il est seul avec sa vodka et sa désillusion.

Un récit crédible sur cette mauvaise guerre, une enquête policière dans un décor de cauchemar, bref un voyage dans un quotidien lugubre, trouble, où l'optimisme ne serait qu'un trait de l'esprit.
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Les loups

En cette année 2012, en Ukraine une nouvelle présidente vient d'être élue, Olena Hapko. Une femme d'affaires aux dents longues qui, en préservant ses intérêts, veut faire bouger les choses dans son pays (notamment la très grande corruption). Ce qui va passer par la manipulation des oligarques ukrainiens, les loups dont elle fait partie, et n'est pas au goût des Russes qu'elle va devoir affronter jusqu'à son investiture dans une lutte à mort.



À l'heure où les armes parlent en Ukraine Benoît Vitkine, correspondant du journal le Monde à Moscou et lauréat du prix Albert-Londres 2019, donne avec Les loups une idée assez précise d'un pays que les Russes considèrent depuis son indépendance comme un enfant indiscipliné qu'il faut mettre au pas, quitte à employer les moyens les plus radicaux. Un roman noir de politique fiction passionnant qui a de quoi nous faire réfléchir sur ce qui se joue réellement derrière une guerre initiée par Poutine martyrisant l'Ukraine, loin des simplifications manichéennes journalistiques.
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L'enclave

C’est un beau roman d’apprentissage que nous propose Benoit Vitkine, spécialiste des pays de l’ex-URSS et de l’Europe de l'Est.

Ilia, jeune voyou surnommé Le Gris, sort de prison et commence un long voyage pour rejoindre sa mère dans sa ville natale de Sovietsk sur la rive sud du Niémen. Le récit se déroule en 1991, et, cette année est celle de l’indépendance des pays Baltes. La ville natale du Gris se trouve dans l’enclave, l’Oblast de Kaliningrad, coupée de la Russie par la Pologne et la Lituanie, mais conservant un débouché sur la mer Baltique.

Loin d’une leçon magistrale de géopolitique, l’auteur, à travers les rencontres que le jeune garçon va faire tout au long de son voyage, nous montre cette période de basculement et d’incertitude tout en nous éclairant sur les aléas de l’histoire.

Le jeune garçon, aspire à la liberté, mais saura-t-il la trouver dans une URSS qui se délite et où chacun se prépare à un changement de vie ? Les tensions entre russes et autres nationalités augmentent tandis que les truands s’adaptent aux changements politiques sans état d’âme et que la corruption et la violence sont partout.

Comme dans un conte initiatique, chaque rencontre réserve une épreuve à Ilia ainsi que l’occasion de mieux comprendre les soubresauts de l’histoire. Mais cette liberté qui semble à portée de main, sera étouffée par la police et par les militaires qui sont là pour rappeler les dures lois de l’autocratie.



Malgré ses défauts de petit voyou sans foi ni loi, le jeune Ilia m’a touché par sa crédulité et son espoir fou de liberté. Il doit surmonter de nombreuses épreuves avant d’arriver chez lui et son avenir ne sera pas celui qu’il espérait.

Un roman d’apprentissage avec d’intéressants portraits humains et une découverte de cette région de Russie méconnue qui m’a enchantée. De plus, l’écriture fluide, rythmée de Benoit Vitkine nous emporte avec ardeur dans cette aventure humaine et historique.



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Les loups

Dans ce thriller politique on ne peut plus d'actualité, Benoît Vetkine dévoile les arcanes du pouvoir à l'occasion de l'élection de la nouvelle Présidente de l'Ukraine. Ancienne femme d'affaires, Olena Hapko a dû s'adapter aux pratiques en vigueur, essentiellement masculines, pour obtenir la richesse et asseoir son pouvoir : pas toujours légales, souvent violentes. Parfois mortelles. Poursuivant son ascension, elle s'est pourtant faite élire du peuple ukrainien en promettant de nettoyer le pays de la corruption. Mais les puissants dont elle a besoin pour accomplir cette prouesse sont, à leur tour, prêts à tout pour défendre leurs intérêts et protéger leurs acquis. Si aucun n'est contre le fait de profiter de la protection de la future présidente, rares sont ceux qui, sous couvert de donner leur appui, ne manigancent pas pour eux-mêmes… ou des intérêts encore supérieurs, voire même étrangers.

La nouvelle présidente a un mois avant son investiture officielle : un mois pour solidifier ses appuis, fidéliser ses partenaires - ou les contraindre. Manipulation des médias par ses ennemis, contre-manipulation des forces de l'ordre par la future Présidente, menace des familles de ses amis politiques : Aucune manoeuvre n'est à négliger pour parvenir à ses fins, surtout lorsque Vladimir Poutine la fait chanter et la menace (discrètement) de mort si elle n'accepte pas de signer de nouvelles conditions contractuelles pour le fameux gazoduc…! Mais si tous ces enrichissements personnels et toutes ces corruptions mortelles étaient découverts par le peuple, soutiendrait-il encore sa nouvelle Présidente, ou le scandale lui serait-il fatal…?





Benoît Vetkine est le correspondant du Monde à Moscou. En tant que journaliste, il a notamment couvert la guerre dans l'Est de l'Ukraine. Autant vous dire qu'il connaît bien son sujet et que son livre, sorti en février 2022, est visionnaire. Les Loups, qu'il a certes romancés pour raconter son histoire, il les connaît. le lire à l'occasion de l'actualité brûlante qui les invite tous les soirs dans nos salons n'en est que plus effrayant - et désolant. L'auteur précise d'ailleurs à la fin de l'ouvrage que si la plupart des personnages du roman n'existent pas en tant que tels, ils sont inspirés de personnalités réelles, parfois de croisements de personnalités. « Les Loups n'existent pas, pourtant leur emprise sur l'Ukraine est indéniable. Ils contrôlent les médias, son industrie, ses députés. » Et par la corruption, sa justice. le roman est rendu d'autant plus réaliste qu'il met par ailleurs en scène des personnages existant bel et bien, comme ce Président russe qu'on ne présente plus. Par extension, il est bien évident que ce genre de manigances n'existe pas uniquement dans les Etats de l'Est. Il est toujours intéressant de voir jusqu'où peut aller la nature humaine, même si elle est souvent laide et effrayante.





Pour raconter son histoire, Vetkine marie une plume fluide à une construction efficace : Il alterne chaque jour qui sépare la nouvelle Présidente de son investiture avec des événements du passé qui auront des conséquences de nos jours. On apprend ainsi à connaître la personne privée et la personne publique, ses actes, ses convictions. Une narration moderne, un sujet brûlant d'actualité, un rythme effréné qui ne laisse aucun répit. 300 pages qui roulent toutes seules et se lisent d'une traite, avec un joli clin d'oeil final qui permet au lecteur d'imaginer la fin...





Simple, court, efficace.
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Donbass

Donbass, un nom qui claque comme une rafale de kalachnikov. Un territoire presque inconnu aux yeux de l'Occident il y a encore quelques mois et que beaucoup d'entre nous savent désormais situer sur une carte d'Ukraine depuis un fameux 24 février 2022 où la Fédération de Russie a lancé ce qu'elle nomme « une opération spéciale » contre l'Ukraine.

Le conflit qui déchire ce grand bassin minier et sidérurgique d'Ukraine existe pourtant bel et bien depuis le printemps 2014, opposant soldats pro-européens de la République d'Ukraine et séparatistes prorusses soutenus par Poutine sur une ligne de front qui divise autant un territoire désormais abîmé que des familles qui le sont tout autant.

Lorsque le roman commence, nous sommes en 2018. Quatre ans déjà ! Sur ce territoire où le conflit et ses tirs d'artillerie quotidiens sont entrés dans la routine de ses habitants, nous découvrons une ville, Avdïivka, posée là comme une déflagration dans le paysage, tout près de la ligne de front. C'est dans cette ville, dans un quartier sombre et lugubre, que l'on va découvrir le corps du petit Sacha Zourabov, un enfant de six ans sauvagement assassiné et mutilé.

Le colonel de police, Henrik Kavadze, un vétéran de la guerre d'Afghanistan quand l'Ukraine n'était alors qu'une république de l'URSS, est dépêché sur les lieux pour prendre en charge l'enquête...

Henrik Kavadze est un flic cynique et désabusé. Il fait partie de ces hommes qui avancent désormais parmi les vivants et les morts, dans un paysage de désolation peuplé de maisons détruites, de gares désaffectées, d'arbres soufflés par l'éclat des explosions.

Le cauchemar afghan le réveille souvent, le taraudant comme une vrille dans la tête. Mais depuis l'horreur de la découverte du cadavre de ce garçonnet, ce sont des réminiscences, les fantômes du passé...

Sa vie n'est qu'un désastre, un champ dévasté par les mines.

Dans une enquête qui piétine, Henrik Kavadze doit jouer des coudes. S'il n'y avait que la guerre... Mais il doit composer avec la corruption, les trafics en tous genres, des gangsters devenus des patrons d'usines sidérurgiques... Sans compter une hiérarchie en déliquescence...

Parfois il faut passer de l'autre côté, se débrouiller avec un laissé-passez obtenu à l'arrache, tâcher de revenir vivant et entier...

Ici Benoît Vitkine, grand reporter de guerre au Figaro, connaît bien son sujet. Il connaît ce terrain miné comme sa poche. C'est une fiction, mais une réalité âpre et oppressante nous colle sans cesse à la peau.

La force de ce roman est son écriture réaliste qui nous plonge d'emblée dans le chaos. À chaque page, le fracas métallique venu du ciel résonne dans nos têtes. Nous sursautons au bruit des tirs de mortier... Nous sentons l'odeur de la mort parmi la boue et la neige souillée, les tensions palpables entre les protagonistes de l'histoire.

Et puis il y a la douleur d'Alina Zourabov la mère du garçon assassiné, celle aussi de la vieille Louissia Louzovitch, deux personnages féminins qui m'ont touché.

Parfois il y a une trêve, le temps d'enterrer un enfant, un enfant qui aura vécu la majorité de sa vie dans la guerre.

Au prétexte d'un thriller au ton cynique, Benoît Vitkine nous invite au plus près de ce conflit. Sans doute l'auteur n'imaginait pas, en écrivant ce roman en 2020, l'ampleur que les événements prendraient deux ans plus tard, ou peut-être si, en analyste géopolitique averti, car tout était déjà écrit, dans les cicatrices du terrain et dans la tête de Poutine...

Combien de familles déchirées, pro-ukrainiennes contre prorusses... ? Modernistes contre traditionnalistes... ? Qui saura un jour réparer les routes, les ponts détruits entre ces familles ? Combien de temps faudra-t-il pour cela ?

Paysages humains de désolation, dévastés à jamais, parfois irisés par des rires qui tiennent chaud au fond d'une cave, tandis que les bombes pilonnent dans le lointain.

Vous l'aurez compris, Donbass est un roman noir au sens littéral du terme, qui résonne aujourd'hui d'une voix particulière, avec en arrière-plan de nos préoccupations la réalité d'un conflit à fleur de peau qui n'en finit pas de se propager. Un roman à lire aussi pour s'immerger au plus près de ces existences fracassées par une guerre qu'elles n'ont pas voulue, les yeux tendus vers l'Occident, là où le soleil se couche.

Un roman pour mieux comprendre cette réalité insupportable...

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L'enclave



Au bout de quelques chapitres, je me suis dit : comment l’auteur arrive-t-il à écrire un si beau roman avec un personnage principal si déplaisant, comme le jeune le Gris qui au bout de six mois sort de taule et ne fait que multiplier les bêtises .



Mais le Gris ne reflète qu’un système politique qui est à bout. Nous sommes en 1991 et c’est l’époque confuse de la Perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, la réaction violente des vieux staliniens et finalement l’abolition de l’Union Soviétique. C’est aussi l’époque de l’octroi de certains droits et de certaines libertés en Russie, qui sont interprétés par certains de façon assez fantaisiste.

Et pour compliquer la situation davantage, quelques républiques soviétiques sous le joug de Moscou demandent leur indépendance, telle la Moldavie par exemple.



Pour l’enclave russe, entourée de la Lituanie au nord et à l’est, la Pologne au sud et bordant à l’ouest la mer Baltique, la situation est d’autant plus alambiquée.



L’enclave russe s’appelle en fait l’Oblast (province) de Kaliningrad, en Allemand Köningsberg. L’ancienne capitale de la Prusse-Orientale, où les habitants réglaient leur montre sur le passage à heures fixes du maître philosophe, Emmanuel Kant (1724-1804).

Il s’agit d’un territoire d’un peu plus de 15.000 kilomètres carrés et d’un peu plus d’un million d’habitants.



Je vous laisse découvrir les péripéties de notre héros le Gris, tout juste 18 ans, lorsqu’il sort de sa prison de Baltiisk, la ville russe la plus occidentale, en passant par la capitale Kaliningrad, en direction du nord à Sovietsk, près de la frontière lituanienne, où habite sa mère.



Sera ce le catharsis et deviendra le Gris, Ilia Kireev, un jeune homme libre et responsable ?



Point besoin d’insister que Benoît Vitkine, comme correspondant permanent du quotidien "Le Monde" à Moscou et lauréat du Prix Albert-Londres, connaît son sujet.

C’est son troisième roman et je trouve qu’il est un fascinant raconteur.

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Les loups

Quel point commun y a-t-il entre cette adolescente rebelle de seize ans qui riait sous le soleil de l'été 1976 au bord d'une plage de Crimée et cette femme ambitieuse et déterminée, un jour de juin 2012 à Kiev, qui s'apprête à être investie demain aux fonctions de la Présidence de la République de l'Ukraine ?

Il s'agit de la même femme, Olena Hapko, celle qu'on appelle désormais La Chienne. Trente-six ans se sont écoulés, tandis que trente jours séparent encore son élection de la cérémonie d'investiture qui la placera au sommet de l'État.

Olena Hapko a été élue sur un programme ambitieux, le peuple ukrainien lui a donné sa confiance, car elle s'est engagée à lutter contre la corruption qui gangrène son pays.

Dès le début du roman, nous sommes happés sur un rythme effréné par ces deux chemins, ces deux itinéraires qui se croisent comme des lacets, tourmentés et chaotiques.

Trente-six ans après cette journée presque désinvolte sur une plage de Crimée où elle serrait déjà les poings devant le machisme de ses camarades masculins, cette femme savoure enfin sa victoire, son ascension dans le monde des affaires fut très rapide, un itinéraire au passé violent, pas toujours clair, pas toujours loyal envers ses proches, mais il faut savoir jouer des coudes, tenir bon, survivre...

Dans ce marigot infernal, grenouillent les agents des services secrets russes et les oligarques ukrainiens, ceux qu'on surnomme ici Les loups. Quels sont les pires de ses ennemis entre deux maux qui se ressemblent ?

Nous les voyons s'agiter dans l'ombre, et parfois carrément à ciel ouvert, se livrer dans une lutte sans merci pour imposer leur loi et empêcher qu'Olena Hapko accède à la Présidence de l'Ukraine, dirige le pays comme elle le souhaite et surtout comme elle l'a promis dans son programme qui l'a amené à triompher contre le candidat Président sortant, celui-là qui trimballe des casseroles dignes de celles accrochées au mur de la grande cuisine du château de Chenonceaux.

Olena Hapko a 52 ans, elle est intelligente, elle sait qu'elle doit composer avec Les Loups, chacun des deux camps peut y trouver un intérêt, mais elle ne veut pas transiger sur la promesse pour laquelle elle a été élue par le peuple qui est à cran : la corruption. Pourtant, la corruption, autrefois elle y a goûté aussi, avec jubilation... Mais c'était avant...

Bienvenue en Ukraine !

Les ennemis ne sont pas toujours là où on les attend... Ils peuvent aussi être construits, manoeuvrés, instrumentalisés comme des marionnettes par ceux qu'on craignait au départ. Ils peuvent survenir d'un passé qui rattrape le présent, comme une vague de fond qui revient sournoisement.

L'ennemi peut aussi être un cahier d'école, un noyau de cerise qui devient un véritable caillou dans la chaussure, une jeune fille dénommée Katia dont le visage sera défigurée par l'acide. On appelle cela l'effet papillon.

En ce jour de gloire, elle sait que tout peut encore basculer. Il lui reste un mois avant d'être investie. Mais Olena Hapko est forte. Elle est féroce, impitoyable, intelligente aussi et c'est cette dernière qualité qui peut être sa meilleure alliée...

Benoît Vitkine m'a entraîné ici dans un thriller politique totalement addictif. Il y a un scénario politique en effet qui se dessine, qui se construit habilement un peu comme une partie d'échecs durant trente jours où il faut négocier avec ceux qui tiennent le pays et puis il y a une autre histoire en toile de fond, celle qui traverse trente-six ans d'un paysage ukrainien malmené déjà depuis bien longtemps par la grande Histoire.

Mais surtout, dans ce récit incroyable qui en fait aussi sa force et sa crédibilité, Benoît Vitkine convoque des personnages saisissants de vérité et attachants d'émotions. Autour d'une comète fulgurante figurent de très belles étoiles qui ont leur mot à dire et une raison d'être dans ce récit. J'ai aimé ces personnages presque anonymes, Katia Galiouk, son ami Marko, la vieille institutrice Larissa Ivanovna, Semion Moisssenko dit Semion Grandes-Mains allié historique d'Olena Hapko, qui réside désormais dans le quartier d'Obolon où vit ma belle-famille, - ou plutôt vivait avant la guerre... Autant de destins fracassés dans le parcours d'Olena Hapko...

Je me suis demandé si, dans la solitude effroyable du pouvoir, cette femme aimait, doutait, regrettait, avait un coeur qui bat...

J'ai adoré ce récit qui se veut de fiction, mais j'ai bien saisi le message de l'auteur qui connaît bien son sujet. Même si Olena Hapko est un personnage de fiction, ce récit est d'un réalisme sidérant. La fiction sert ici à décrire la réalité peut-être plus féroce encore.

Dans la fiction de ce récit, un personnage réel se détache tirant les manettes de ce scénario comme il le fait encore aujourd'hui, on voudrait qu'il soit fictif, ce Vladimir Poutine au regard d'acier, au sourire de métal, caricature de lui-même sortie tout droit d'un mauvais James Bond, guignol ubuesque et machiavélique qui voudrait réécrire L Histoire à sa façon, j'ai peine à prononcer son nom ce soir.

Quelques temps avant la guerre actuelle, je me souviens que l'Ukraine était encore et déjà une jeune démocratie. Trente ans, c'est encore jeune. Déjà tournée vers l'Occident, l'Europe, elle cherchait à s'émanciper du vieux modèle encore présent, se tourner vers un mode de fonctionnement plus transparent, plus européen, quelque chose non seulement inacceptable pour la Russie, mais en plus, représentant un danger pour la mainmise russe. Ceci explique peut-être la raison pour laquelle Poutine décida de déclarer la guerre à l'Ukraine un 24 février et tenta de fabriquer un alibi qui ne tint pas la route longtemps, sauf malheureusement aux yeux du peuple russe qui gobe comme des mouches tout ce que le pouvoir lui dit, hélas a-t-il le choix... ?

La fin du récit est à la hauteur de ce roman que j'ai vraiment adoré. Benoît Vitkine m'a totalement convaincu dans son propos narratif.

Bienvenue en Ukraine !

C'est le message qui me fut délivré lorsque j'atterris pour la première fois en Ukraine, à l'aéroport de Kiev Boryspil un certain 27 décembre 2014, accueilli par celle qui allait devenir mon épouse...

Elle m'entraîna dès le lendemain sur Maïdan Nezalejnosti, la place Maïdan, la place de l'Indépendance, l'esplanade centrale de Kiev, celle où tout le pays converge à chaque coup chaud... j'y découvrais 109 photos dressées tout autour de la place, des résistants abattus comme des lapins par les snipers russes depuis le toit d'un des grands hôtels qui dominaient la place, l'Hôtel Ukraine, un certain 18 février 2014, lors de la fameuse révolution de Maïdan... Sous chaque photo, des bougies étaient régulièrement allumées. Des femmes pleuraient ici encore, des mères, des soeurs, des épouses... Les larmes me sont venues en imaginant cette résistance d'un peuple si proche géographiquement de nous en 2014 renversant le Président Viktor Ianoukovytch inféodé au pouvoir russe, les larmes me sont venues devant la photo du plus jeune, 17 ans, et du plus ancien, 79 ans... Je croyais entendre à cet instant-là leurs voix, des cris, le bruit des balles, j'ai alors compris que derrière ce pays il y avait une nation incroyable, éprise de solidarité et de résilience. Puis nos pas nous entraînèrent vers la poursuite de cette visite insolite de Kiev, mais là c'est une autre histoire...

Je me suis attaché à ce peuple ukrainien qui m'a adopté. J'avais entendu parler d'un pays corrompu et un soir je me suis retrouvé dans un bus bondé.

À chaque arrêt de station, le passager entrait par l'arrière du bus et tendait un billet pour payer sa place et je voyais son billet passer de main en main jusqu'au chauffeur qui rendait la monnaie et celle-ci refaisait le même voyage en sens inverse... J'ai été épaté par cette scène ordinaire et incroyable. Qui a dit que la corruption était à tous les étages en Ukraine ?

Cette lecture m'a totalement troublé. Elle nous éclaire sur ce qui se passe aujourd'hui dans la guerre d'Ukraine et permet de nous donner quelques clefs de lecture. Puisse la paix revenir au plus vite dans ce pays dont le peuple aspire à une vraie démocratie ! À la paix, à la liberté, à l'amour aussi car des femmes ont fui leur pays, fui des bras amoureux pour se protéger des bombes et de la barbarie des soldats russes...

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Donbass

Une bonne petite claque dans la gueule.



Il est certain que hors contexte chaud bouillant du conflit russo-ukrainien, cette lecture n'aurait pas eu le même impact sur moi ; mais au regard de l'actualité, ce roman policier sur fond de guerre du Donbass (2014 - ...) ne peut laisser indifférent. Soldats et civils en prennent pour leur grad(e), prisonniers d'une ligne de front et de villes cibles d'une guerre d'usure à armes à peu près égales... autant dire que ça peut durer longtemps ; et s'il est vrai qu'on s'habitue à tout, Benoît Vitkine montre bien la banalisation des bombardements, de la mort, de la misère humaine.



J'ai retrouvé dans ce roman l'atmosphère des villes et des campagnes que j'ai pu visiter en Russie ; le tempérament des habitants, leurs opinions, leurs habitudes de vie sont bien retranscrites et conformes.



L'intérêt de ce roman tient moins à l'enquête menée par le personnage principal pour identifier un meurtrier d'enfants qu'au contexte qui titille désagréablement notre conscience de citoyen européen qui a mis sous le tapis depuis huit ans ce conflit meurtrier aux portes de l'Union Européenne et qui vient de prendre une autre dimension.



La narration est assez violente, âmes sensibles s'abstenir.





Challenge MULTI-DEFIS 2022

Challenge ABC 2021/2022

Challenge ATOUT PRIX 2022
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Les loups

Eté 1976. Crimée (URSS).

Olena participe à un camp d’archéologie. L’occasion pour elle de s’éloigner de l’air pollué et de l’atmosphère de tristesse imbibée d’alcool de la très industrielle Zaporoje, située dans la région majoritairement russophone de l’est de l’Ukraine. Elle y découvre le mépris du premier chef de meute, le garçon le plus solide et le plus apprécié du groupe, lorsque, souhaitant se joindre à son groupe, il se moque d’elle : une fille ne saurait se mêler à une équipe d’élite ! Tout ce qu’elle peut alors faire, c’est serrer ses poings dans les poches de son short…



Des années plus tard…

Olena Vladimirovna Hapko se prépare à devenir la présidente de l’Ukraine. Trente jours à attendre avant de diriger le pays. Elle ne compte pas le piller comme tant d’autres l’ont fait avant elle. Non ! Elle compte bien prendre les choses en main et gouverner, enrichir l’Ukraine. Ceux qui se tiennent dans cette salle, ceux qui l’ont aidée à se faire élire, tous ces gens qui s’imaginent qu’elle les nommera à des postes où ils pourront continuer à s’engraisser de plus belle vont devoir rentrer dans le rang et se faire oublier… Elle rassemble les plus puissants d’entre eux et leur annonce qu’ils vont devoir réfréner leur appétit… La Chienne se rend compte qu’elle a sous-estimé les loups… Elle n’est pas prête à les écraser…



Critique :



Benoit Vitkine est fait pour être romancier. Ce journaliste qui a reçu le prix Albert Londres, nous convie à un festin de corruption, de manipulation, de trahison, qui pourrait bien nous aider à comprendre comment se sont bâties d’immenses fortunes en Ukraine (comme en Russie et dans les autres républiques de l’ancienne URSS). La mortelle lutte pour le pouvoir qui s’y déroule renverrait presque Machiavel jouer dans le bac-à-sable de l’école maternelle.

Il nous narre aussi l’immense désillusion vécue par ceux qui aspiraient à la chute de l’URSS, comme Valeri, le mari d’Olena Hapko, plutôt poète (et grand alcoolique), qui s’est complètement effondré, incapable de s’insérer dans cette nouvelle société faite pour ceux qui avaient les crocs les plus longs et qui causaient les morsures les plus lourdes de conséquences. Olena, elle, avait de l’énergie à revendre. Très vite, elle va adopter les lois du commerce et du capitalisme, se rendant en Turquie pour y acheter tout ce qui faisait rêver les Soviétiques : jeans, consoles de jeu, baskets, … Par nécessité, elle est obligée de s’allier avec une partie de la pègre.



Elle n’est pas encore présidente que déjà elle est convoquée par l’ambassadeur de la Russie qui lui fait écouter son président. Celui-ci s’exprime par énigmes. L’ambassadeur les décrypte. Les Russes veulent qu’elle comprenne bien qu’elle est à leur botte, l’Ukraine n’est qu’un vassal, rien de plus ! Madame-la-pas-encore-Présidente-en-fonction va-t-elle se soumettre à la bonne volonté du Maître du Kremlin ? Il faut dire qu’avec le gaz russe, dont l’Ukraine a grandement besoin, il dispose d’une arme très efficace… Mais il n’y a pas que ça ! La future présidente a fait des affaires avec les Russes. Ceux-ci ne lui avaient guère laissé le choix. Du coup, ils disposent de preuves qui vont leur permettre de la faire chanter…



Le récit fait des allers-retours dans le temps pour ménager le suspense et permettre au lecteur de découvrir comment Olena Hapko a réussi à accéder à la présidence de l’Ukraine, et quelle est sa personnalité.



N’hésitez pas à suivre les trente jours qui séparent Olena Hapko de la présidence de l’Ukraine. Un thriller politique vraiment prenant et qui nous en apprend beaucoup sur la personnalité du peuple ukrainien.

Si vous voulez avoir un aperçu de ce qui s’est passé après la chute de l’URSS (et peut-être de ce qui se passe maintenant) plongez-vous sans tarder dans « Les Loups » de Benoît Vitkin.

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Donbass

Benoît Vitkine, journaliste français, spécialiste des pays de l'ex union soviétique et correspondant au journal Le Monde à Moscou, a reçu le prix Albert Londres pour une série de reportages réalisés en Ukraine. Il campe son premier roman dans le Donbass en 2018, cette région minière où séparatistes pro Russes et ukrainiens se déchirent.

Benoît Vitkine tisse une toile de fond très noire à son roman dans la petite ville d'Avdiïvka, écrasée sous les bombes, en ruine, où la population a fuit en majeure partie, ne laissant que des vieillards . L'assassinat d'un enfant dont le corps est retrouvé dans les décombres, transpercé par un poignard, va secouer les esprits. Ce meurtre va être le prétexte pour suivre le colonel Henrik Kavadze, chef de la police locale. H. Kavadze. sans se départir de son flegme, va mener son enquête pour retrouver le meurtrier dans cette zone de guerre dévastée, gangrenée par la corruption, les trafics en tout genre, la prostitution, l'alcoolisme. Le policier est un ancien militaire d'Afghanistan, encore perturbé par ses souvenirs et dont les nuits sont encore hantées par des cauchemars, rémanences des horreurs des combats. Il est loin de se douter qu'il va être obligé de replonger dans son passé, remuer ses souvenirs et se confronter à certaines zones d'ombres de son passé, enfouies dans sa mémoire pour accéder à la vérité.

Un roman passionnant et poignant qui sous prétexte d'une enquête policière nous informe sur cette région qui est au cœur du conflit entre Russes et Ukrainiens
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Donbass

Le Donbass est un bassin houiller partagé, enfin tiraillé, serait plus exact, entre l'Ukraine et la Russie qui se livrent, depuis quelques temps, un combat sans merci.

Mais quatre années de conflit confèrent à ces bombardements une certaine routine.

Même si la populace semble s'y être accoutumée, l'assassinat d'un enfant vient soudainement perturber ces esprits fatalistes.

Le Colonel Henrik Kavadze trimballe son chapelet de fantômes.

Pas sûr que cette nouvelle enquête soit propice à un regain d'optimisme démesuré.



Arf, j'aurais pas dû, non, j'aurais pas dû attaquer Donbass en ces temps d'enfermement obligeamment exhorté.

De l'ordre de 135 euros, le niveau d'encouragement, ça calme les envies de grand air, forcément.

Besoin d'amour, de joie, de bonne humeur, (Zaz, tu te calmes!) d'ambiance guillerette histoire de ne pas se mélancoliser le quotidien.

C'est pas avec Donbass que j'allais me mettre à maltraiter du Piaf.

J't'en foutrais du rose, moi.

Ici, tout est noir.

Les hommes, les femmes, les villes, les vies.



Honnêtement, cette enquête relève plus du prétexte que du polar pur jus.

Et c'est peut-être ce qui explique que je m'y sois perdu, parfois, devant jongler avec moult personnages que j'ai eu du mal à intégrer (pour cause de maîtrise plus qu'aléatoire du patois local) et un contexte géopolitique aussi passionnant que déstabilisant.



Pourtant tout y est.

Les personnages homériques sont pléthores.

Entre flic qui boit la tasse (environ 60°C la bolée récurrente) lorsqu'il n'est pas corrompu jusqu'à l'os, brave commerçant opportuniste qui aura su surfer sur la vague belliciste, vieilles au coeur aussi vaste que les contrées qu'elles habitent, hommes désabusés à l'âme aussi noire que le charbon qu'ils extraient en frôlant le bénévolat, prostituée au grand coeur, le catalogue se veut généreux sans verser dans l'ostentatoire.



Autre facteur incontournable au charme aussi dévastateur qu'un lâcher de bombes journalier : la géographie urbaine.

Dévastées, balafrées, atomisées, ces villes délicieusement évoquées sont à l'image de ses rares autochtones. Pas prêtes de voir un tour-operator s'y intéresser de près.



Benoît Vitkine, en journaliste émérite des pays de l'Est, aura su également décrire, tout en pédagogie, les tenants et les aboutissants politiques d'une région taraudée par un antagonisme belliqueux.



Tout était là pour passer un grand moment.

Un seul absent, mon ouverture d'esprit qui avait dû se faire la malle alors que j'avais le dos tourné, l'abjecte couarde.

Complètement conscient d'être passé à côté, je me suis juré qu'un jour, j'y reviendrai.



Merci à Babelio et aux éditions Equinox pour ce monochrome charbonneux digne d'un Klein, c'est pas rien.
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Donbass

Emprunté à la Réserve centrale des Bibliothèques de la ville de Paris-25 avril 2022/ par le biais de la Bibliothèque Buffon



Précieuse source d'information sur le sujet,comme si on était sur le terrain..!



En réservant cet ouvrage pour me documenter sur le Donbass et son histoire,j'ai été inquiète lorsque la bibliothécaire a insisté sur le fait que c'était un roman policier. Franchement ennuyée, j'ai débuté cette lecture avec quelque méfiance, mais il n'y avait pas de quoi,car le personnage principal, le colonel Henrik Kavadze, chef de la police locale est en effet sollicité pour enquêter sur la mort d'un enfant sauvagement assassiné, et son enquête ,ses propres interrogations, doutes,colères, interrogatoires de possibles suspects...vont en progressant nous apprendre mille choses !



Par ce moyen narratif nous découvrons les problèmes, les différentes raisons de la guerre dans le Donbass...



Un texte précieux en informations...en rappelant que Benoît Vitkine est un grand reporter de guerre,et qu'il connaît à fond son sujet...



"Henrik eut soudain, comme jamais auparavant,la certitude que la guerre allait durer encore longtemps

S'installer comme un molosse dans la niche d'un caniche et ne plus jamais en bouger. Henrik ne pourrait pas éternellement la tenir à distance.Il avait cru pouvoir rester dans sa tour,inatteignable un simple témoin de l'histoire et de la folie des hommes

Il s'était leurré. Non seulement la guerre s'était infiltré en lui depuis. Longtemps, mais à présent elle exigeait qu'il s'engage,qu'il avance ses pions sur le grand échiquier sanglant. Petia Vassiliev n'était pas là pour le protéger .Il n'y avait pas d'anges gardiens dans le Donbass.Ou bien leurs ailes étaient chargées d'anthracite.(p.176)"



En superposition à cette guerre du Donbass, de nombreux échos sont faits aux dégâts psychologiques laissés dans l'existence des soldats revenus de la guerre en Afghanistan, dont notre enquêteur-policier,Henrik...traumatisé par la mort d'un enfant qu'il voulait effacer de sa mémoire, resurgissant violemment avec l'assassinat de ce petit garçon, sur lequel il doit enquêter !!







Je tente de combler mon ignorance sur le Donbass avec l'ouvrage très complémentaire de Cédric Gras,"Anthracite "...qui finit de m'éclairer sur ce territoire tant convoité par

l'état russe !!!



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Donbass

J’estime que Benoit Vitkine donne dans Donbass un portrait saisissant de l’Est de l’Ukraine.

La description de la guerre larvée qui s’y tenait avant l’”opération spéciale” de Vladimir Poutine est remarquable, il nous dépeint avec justesse le conflit auquel personne ne s’intéressait vraiment avant, il nous dessine la population, partagée entre l’adhésion aux républiques séparatistes ou fidèle à l’Ukraine. Les torts et travers de chaque camp ne sont pas cachés, la désorganisation du pays, la corruption, le matraquage médiatique opéré par la Russie, le manque de travail, la fermeture de beaucoup d’entreprises.



C’est ce tableau nuancé que j’ai surtout aimé, la trame par contre ne m’a pas conquis.



Le portrait du colonel Kavadze m’a plu : un homme désabusé suite à son passé dans la guerre d’Afghanistan et par la situation de sa région, qui va pourtant se réveiller suite au meurtre d’un enfant.



j’aurais préféré une analyse plus poussée de certains personnages secondaires : l’épouse du Colonel Kavadze, Anna, mais aussi sa maîtresse, ses supérieurs toujours enclins à clôturer l’enquête pour ne pas faire de vagues, son adjoint corrompu Balouga, ses anciens compagnons d’Afghanistan.



Un livre qui nous fait comprendre les prémisses de la guerre en cours.





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