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Critiques de Benjamin Fogel (67)
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Le silence selon Manon

C’est un roman sur l’amour, ou plutôt sur le manque d’amour, et sur les ravages que ça provoque. C’est un roman sur la haine en ligne, très disert, très précis, avec des séquences violentes très réussies, des revirements surprenants et inattendus, des personnages très fouillés, pleins de contradictions, écartelés entre la vie qu’ils veulent mener, qu’ils disent mener, et celle qu’ils mènent en réalité. C’est un roman sur le mensonge aussi, celui qu’autorisent les écrans, les réseaux, les fausses identités, mais aussi celui qui protège de la réalité, et celui qui permet d’éviter la prison quand on a des meurtres sur la conscience. C’est enfin un roman sur le bruit et le silence, le bruit que font les sourds et le silence qu’on peut retrouver même quand on a des acouphènes permanents qui vrillent le cerveau.

Nous sommes en 2025, petit décalage temporel avec notre époque qui permet de se dégager de l’actualité politique et de présenter quelques innovations technologiques comme allant de soi, mais le roman aurait pu tout aussi bien se passer aujourd’hui. On est emportés en 2025 et, c’est la première surprise, dans le milieu méconnu (de moi, en tout cas) des incels, les célibataires involontaires, radicalisés par la frustration, contaminés par les idées d’extrême-droite, masculinistes et misogynes, violents en ligne et parfois dans la vie réelle, jaloux des beaux mecs et enragés par les jolies filles qu’ils ne baiseront jamais, certains que le féminisme est la cause de leur mal-être, et peut-être bien aussi tous ces bronzés qui leur piquent des femmes. Benjamin Fogel en fait un tableau effrayant (...)

A l’opposé, il nous présente des hommes féministes, des musiciens aux idées généreuses, des groupes qui veulent avancer résolument vers l’égalité des femmes et des hommes, des femmes qui se sentent en confiance (...)

Là où ça devient vraiment passionnant, c’est lorsque la plongée dans ces milieux progressistes montre que la misère sexuelle est bien partagée, que le sentiment d’échec est là même si on fait des concerts bondés, que ce n’est pas parce qu’on est beau et friqué que la vie est belle, que ces néo babas-cools ne sont pas si cools que ça, pas si féministes non plus, tandis que du côté des fachos nostalgiques d’une époque fantasmée où les femmes étaient soumises aux hommes, des éclairs d’humanité et de lucidité nous surprennent.

Benjamin Fogel nous entraîne sur une piste inattendue, loin des stéréotypes sur lequel le roman s’est engagé et on est pris par les personnages, leur duplicité, on comprend leur volonté de s’en sortir malgré tout, de changer la vie et tout d’abord leur vie à eux, leur volonté de mentir pour y arriver, de se cacher toujours pour faire croire que tout va bien, de se persuader qu’un crime parfait n’est pas un crime, de croire qu’on peut arriver à vivre heureux.

Le silence selon Manon est un livre étonnant, très prenant, qui pose des questions sur la vérité, la transparence, les libertés, le monde qui change, les frustrations, avec une tension qui va en grandissant, des personnages qui vous accompagnent longtemps après la fermeture du livre.

Un roman à lire, bien sûr.



François Muratet dans Double Marge (Extrait)


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Le silence selon Manon

J’avais découvert la plume de Benjamin Fogel, en 2019, lors de la parution de son précédent roman « La transparence selon Irina ». Ce livre avait déjà pour thème les dérives d’Internet et des nouvelles technologies. Une fois encore, par son dernier livre « Le silence selon Manon », il tente de mettre en garde ses lecteurs contre les effets néfastes du monde virtuel. En fait, ce second bouquin est en quelque sorte le préquel du précédent.



Alors que nous étions précédemment en 2058, nous sommes ici plus près de chez nous puisqu’on fait un bond de 4 ans pour ce roman qui – à la fois – s’apparente à un roman noir mais aussi d’anticipation. Toujours en lien avec Internet, on plonge ici dans le cyber-harcèlement, dans ses formes les plus violentes. Il est aisé de faire un parallèle avec notre quotidien puisque, chaque semaine, les médias font état de suicides de jeunes filles mais aussi de jeunes hommes, souvent poussés à ce geste extrême par des trolls se cachant lâchement derrière leurs écrans.



En plus de ce thème, ce livre traite également de l’opposition entre les incels, des célibataires involontaires qui se complaisent à déverser leur haine de la Femme et les partisans du groupe de musique des Significant Youth, défenseurs féministes de l’écologie. Se livrant une lutte sans merci, dont la violence monte crescendo, le combat fera de nombreux dégâts.



Alors que j’avais déjà beaucoup aimé « La transparence selon Irina », j’ai encore plus apprécié celui-ci. J’ai trouvé que l’écriture est encore mieux travaillée, l’intrigue finement ciselée et que cela donne un extrêmement bon livre à la fois cohérent mais encore plus effrayant de réalisme. L’absence de longueurs improductives fait qu’on est directement plongé dans le propos traité avec beaucoup de subtilités et d’adresse.



Chaque chapitre est énoncé par la voix d’un des personnages principaux et ils alternent ainsi avec des similitudes mais aussi des différences de perceptions intéressantes selon les protagonistes. Traitant de thèmes très actuels comme le féminisme, l’écologisme, les attentats venant de tous les extrémistes, cela pousse indubitablement à la réflexion.



Ce qui fait la force de ce roman est qu’on se rend vite compte que la réalité n’est jamais très loin de la fiction. L’introduction de l’auteur y indique d’ailleurs le vrai du faux. Une fois refermé, tout ce dont vous aurez envie, sera de vous couper des réseaux sociaux, des médias, d’Internet, bref de toutes technologies et d’aller vous abriter au fin fond de l’Alaska où aucun réseau ne passe.



A vite le prochain romain de Benjamin Fogel!
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L'absence selon Camille

L’absence selon Michel.



Ce livre m’a cueilli, je ne m’y attendais pas.

D’abord parce qu’il se trouve dans un continuum parfait avec mes précédentes lectures : Vallée du Silicium et l’Hypothése K.

Ensuite parce qu’il rentre en résonance avec ce que j’appelle "La transparence selon Babelio".



Je m’absente donc régulièrement de Babelio, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Je le fais avec une certaine culpabilité et je commence, grâce au livre de Benjamin Fogel, à comprendre pourquoi.

L’Absence selon Camille est un livre à double entrée: un polar dystopique et un essai de philosophie politique.

C’est le troisième livre d’une trilogie.

Disons le tout net : si l’on n’a pas lu les deux précédents (La Transparence selon Irina et Le Silence selon Manon), la trame narrative reste un peu confuse malgré les retours en arrière et les rappels implicites. Nous sommes en 2060. Les clivages politiques traditionnels ont éclaté.

Pour prendre des mesures écologiques radicales et grâce aux progrès de la technique, on a changé radicalement la donne. En Occident, l’obédience à la transparence a remplacé le capitalisme. La centralisation des données confère aux gouvernements les indicateurs nécessaires pour contenir les crises écologiques et superviser la décroissance. Grace à l’IA, aux algorithme et à la robotique, cela fonctionne. Tous les individus sont "pucés". Ils sont alors identifiés, touchent un revenu minimum universel et doivent se connecter au Réseau pour avoir accès à tout : nourriture synthétique amenée par drone, jeux, indice de popularité, communication etc. La vie se passe donc essentiellement en ligne. La vraie vie perd de son intérêt, les transports sont limités, le réchauffement climatique n’incite pas à sortir etc. On peut cependant aller faire un tour dans la vraie vie pour aller boire un coup ou aller danser. Le réseau est soumis à une règle d’or : la Transparence. Toutes les données sont accessibles publiquement. Toutes ou presque, c’est là où se déroule le jeu politique.

Sur le Réseau, on utilise son vrai nom, tout le monde connait les données bancaires de son voisins etc.

Dans la Réalité, tout le monde est sous pseudo et sort masqué par des modificateurs faciaux.

Tout cela fonctionne : seuls vingt pour cent de la population travaillent, ceux qui veulent travailler plus gagnent plus, plus le travail est pénible mieux il est payé, il n’y a plus de délinquance qu’en ligne, on a fermé les frontières de l’UE (Frontex tire à vue), la végétation et la faune reprennent leurs droits.

Mais tout le monde n’est pas d’accord : il y a ceux qui veulent plus de transparence (traçage des déplacements et transparence obligatoire dans la réalité) et ceux qui en veulent moins (retour de l’anonymat en ligne).

À l’extrême gauche Russel Jim Devoto, chef des "Obscuranets" mouvement révolutionnaire et clandestin. À l’extrême droite Sebastien et Holly Mille, flics de choc.

L’intrigue, complexe, met en scène les uns contre les autres à travers une foultitude de personnages, d’histoires d’amour et de trahison, de transidentités, de secrets de famille etc.

Je vous grâce de tout ça malgré la grande cohérence du récit, aussi ramifié soit-il.



Ce qui m’a vraiment plu, c’est le contexte politique que je trouve largement plausible. À droite toute ceux qui rêvent d’une société où l’on ne pourrait rien cacher à autrui et à l’État, à gauche ceux qui valorisent une transparence modérée et ceux qui demandent une contribution consentie aux bases de données mondiales.

Je rappelle que dans cette France de 2060 sauvée de l’écocide, le Réseau constitue la seule vie qui vaille d’être vécu. Les algorithmes permettent de trouver le/la/iel partenaire idéal grâce au taux de compatibilité. Le vote par valeur pondérée a remplacé l’obsolète scrutin majoritaire à deux tours. Chaque vote est rendu public. Il y a donc zéro risque de voir arriver au pouvoir un politicien détesté par 49 % de l’électorat.



Bon je vois bien que vous ne trouvez pas cela crédible. Pourtant beaucoup de politologues, de sociologues pensent que c’est une occurrence plausible.

Benjamin Fogiel nous propose une bibliographie alléchante ( "Ma santé, mes données" de Coralie Lemke ou "Le Temps de l’ironie: Comment Internet a réinventé l’authenticité" de Alexandra Profizi par exemple).



Et puis il y a un questionnement passionnant sur la notion d’identité.

Du coup, à bien réfléchir dans cette semaine de vraie vie, je suis assez d’accord avec l’un des héroïnes de cette saga.

Elle se nomme Irina Loubovsky et a une conversation avec Camille Laville ( personnage intersexué, figure de la télé-réalité et influenceur-e XXL). En voici un passage:



-IL : J'essaye d'avoir une discussion constructive avec toi.

Merci de ne pas y glisser ta rhétorique anarchiste. J'attends mieux de toi. La transparence s'oppose à l'apparence, à la fausseté, aux obstacles qui nous écartent du vrai. La transparence, ce n'est pas mentir sur soi-même, c'est travailler sans cesse sur l'accord entre être vu et voir, c'est une lutte permanente contre les mensonges qu'on raconte aux autres et à soi-même. Le Réseau qui centralise les données rend possible cet exercice de vérité, de conformité et de cohérence. Quand nous mentons, l'algorithme sait que nous nous éloignons de notre personnalité, que nos réactions et informations communiquées sont fausses. Il peut alerter notre entourage et les gens qui parcourent notre profil. Le Réseau traque les fake news sur nous-mêmes que nous produisons à notre insu.

- CL : Je vois ce que tu veux dire. Le Réseau ne permet pas de se connaître soi-même, mais reste une synthèse, plus proche du vrai moi que l'être bancal qui émerge après des années d'analyse sur le divan d'un psy.

- IL : Dans l'autoportrait que l'on réalise aux côtés d'un psychanalyste, on ne livre qu'une version de soi-même à l'instant t. L'autoportrait fige, constitue une version limitée.

Alors que notre moi numérique est un référentiel stable. C'est notre personnalité réelle qui est un autoportrait de notre moi numérique. Voilà pourquoi l'identité dans la vie réelle n'a pas sens, que seule compte la vie sur le Réseau.

- CL : Je ne cherche pas à te provoquer, mais n'est-ce pas notre moi sur le Réseau qui est un fantôme de notre moi réel ?

Une trace laissée en ligne dépourvue de vie, de spiritualité et de la capacité de réinvention perpétuelle qui fait la force des humains ?

IL : Ne sois pas stupide, Camille. Effacer volontairement une partie de sa personnalité, ce n'est pas faire évoluer son soi, c'est le corrompre. Là où se connecter en ligne, c'est se révéler.



Alors que faut-il penser?

La vraie vie au risque de la sixième extinction de masse ou la vie virtuelle sur Babelio et bientôt sur le Réseau, en toute transparence…

Pour ma part, j’ai choisi.

Et vous ???
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Le silence selon Manon

En France, dans quelques années : les haines des groupes les uns envers les autres continuent à s’amplifier. En particulier certains hommes particulièrement virulents contre les femmes qui ne correspondent pas à leurs critères, à leur façon d’imaginer comment doivent se comporter les personnes de l’autre sexe. Et je ne parle même pas de celles et ceux qui sont entre les deux. Sous couvert d’anonymat, grâce aux réseaux, ils démolissent véritablement leurs cibles, les poussant parfois au suicide, sans remords apparent. Un groupe de musique au discours engagé va subir les foudres de ces groupuscules qui vont aller très loin dans la violence.



Dans La Transparence selon Irina, Benjamin Fogel imaginait une société où l’anonymat en ligne était devenu impossible. De même que la vie privée au sens où nous l’entendons. Tout cela par choix politique, pour éviter les débordements de haine que nous connaissons actuellement. Si vous ne l’avez pas lu, ce n’est pas un problème pour découvrir Le Silence selon Manon, mais il faudra y venir à un moment ou à un autre tant cette œuvre offre une proposition riche et une réflexion extrêmement pertinente sur un avenir possible. Je ne vais pas en parler davantage pour ne pas trop déflorer le sujet, mais je serai obligé de faire quelques allusions qui risquent de révéler quelques pistes évoquées dans le précédent roman.



Ensuite, une remarque. D’aucuns (surtout à droite de l’échiquier) pourraient reprocher à Benjamin Fogel de laisser de côté le thème, si cher à pas mal de médias, de l’immigration et donc du racisme. Cela apparaît dans ce récit, mais n’est pas le thème central. On parle surtout de violence verbale (et davantage) contre la gente féminine, en pleine expansion depuis le développement de la vague masculiniste qui envahit une certaine frange des réseaux. Aussi, Benjamin Fogel a déjà assez à faire avec cette partie de la haine. Cela ne discrédite absolument pas son propos à mon avis.



L’une des forces de cet auteur, outre sa réflexion dense et documentée qui permet à ce monde imaginé d’être extrêmement crédible, c’est la construction impeccable et très rythmée de ses récits. Les chapitres sont courts et les narrateurs alternent de l’un à l’autre. Sans que cela gêne en rien la bonne compréhension du récit. Les points de vue se multiplient, offrant des regards différents sur les mêmes évènements, sans redite désagréable comme cela arrive parfois. Benjamin Fogel s’offre même le luxe de choisir un personnage l’utilisation de la première personne : « je », au lieu du « il » ou « elle » dont se contentent les autres. Ce n’est pas, de façon étonnante, le personnage éponyme, jeune femme sourde qui va pourtant être en lien avec le monde la musique. Et ce n’est pas forcément le plus sympathique, d’où mes questions à propos de ce choix. Mais peut-être est-ce fait pour mieux comprendre les raisons de ses décisions.



Ce que j’apprécie aussi c’est le ton. Sans être froid ni clinique, il est précis et sans fioriture. Pas de description imagée de la nature comme on en trouve chez Patrick K. Dewdney dans La Maison des veilleurs, par exemple (je sais, le genre et le sujet sont totalement différents, mais les styles ne sont pas nécessairement contraints par le type d’œuvre). Il colle à la dureté du thème, au manque de passion de certains personnages cachés derrière leur image. Il permet de suivre les évènements au plus près, sans se perdre dans des considérations qui n’apporteraient rien au récit. L’histoire avance, implacable, avec ses violences, ses morts. Car attention, Benjamin Fogel fait partie de ces auteurs qui n’hésitent pas à sacrifier un personnage quand cela est nécessaire. Qu’il nous soit antipathique ou non. Ce n’est pas une boucherie, mais les cadavres sont là et bien là.



Avec Le Silence selon Manon, Benjamin Fogel offre une porte d’introduction à la Transparence. Il propose une raison d’être à ce régime politique. Il montre comment on a pu en arriver là. Car en lisant La Transparence selon Irina, je me demandais parfois comment une population avait pu accepter une telle visibilité : tout le monde a accès à toutes les informations à propos de n’importe qui. Salaire, problèmes médicaux, opinions. Tout est trouvable sans problème en ligne. Très difficile de se composer une image très différente de ce que l’on est soi-même. Avec ses avantages (je viens de regarder quelques commentaires sur des sites de journaux en ligne et la haine transparaît dans au moins un commentaire sur deux) mais aussi ses inconvénients (la disparition de la vie privée inhibe certaines personnes, les obligent à se retenir, à se mentir à elles-mêmes). Avec Le Silence selon Manon, le virage pris par la société est compréhensible. Même si pas vraiment souhaitable. On comprend que ces tombereaux de violence verbale, cette logorrhée insupportable répandue jour après, heure après heure, minute après minute puissent aboutir à cette extrémité.



Décidément, je suis de plus en plus convaincu du talent de Benjamin Fogel et de la nécessité de lire cette Trilogie de la Transparence. Le prochain volume, L’Absence selon Camille,est déjà sur ma table de nuit et je ne devrais pas tarder à m’y attaquer. Car, outre la réflexion sur un futur peu désirable mais en grande partie crédible, cette trilogie propose des polars efficaces et souvent haletants, habités par des personnages denses. De vrais moments de plaisir !
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Le silence selon Manon

Et nous faisons connaissance avec les Incels (Involuntary celibates), cette communauté d’individus masculins esseulés incapables de trouver des partenaires amoureux malgré leur désir de vivre en couple.

Les ultra Incels déferlent sur les réseaux sociaux en cyber-harcelant des féministes qu’ils jugent responsables de leurs échecs.



Le bruit et le silence sont les constituants de ce roman noir. La musique, d’abord, l’auteur sachant faire vivre les émotions des concerts.

Les acouphènes de Simon ensuite, qui l’envahissent ne lui laissant pas de répit pour vivre.

Les bruissements des réseaux sociaux haineux…

En contrepoint, Manon qui s’échappe de son silence de sourde avec la langue des signes.



Benjamin Fogel nous embarque sans manichéisme dans ce roman original qui brasse ces thèmes, sans parti pris.



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La Transparence selon Irina

Nous sommes en 2058..Internet n’existe plus, remplacé par le « Réseau », qui a inauguré l’ère de la transparence de toutes les données, y compris les plus intimes.



Dans cette « nouvelle ère », le mot clé, mis à toutes les sauces, est la transparence qui sous couvert de bienveillance va ouvrir le feu à toutes les disgressions et trangressions .



Entre harcèlement en ligne, attentats « masculinistes » et réseaux sociaux devenus des escadrons de l’ombre, Benjamin Fogel développe une enquête policière à la fois dystopique et impressionnante, sous fond de rock et de recherche d'anonymat à tout prix .



Benjamin Fogel est le cofondateur et directeur des éditions Playlist Society où il publie des essais sur le cinéma et la musique, deux de ses passions.



On ignorait qu'il écrivait également des romans noirs, sa présence cette année à quais du Polar permet de nous le faire découvrir et c'est une belle découverte .



Dans ce roman mêlant anticipation sociale, thriller et roman psychologique, il pointe du doigt les dérives d'Internet et des nouvelles technologies et dépeint avec force et intelligence notre monde de demain, qui ressemble étrangement à celui d'aujourd'hui , avec le développement des réseaux et l'intelligence artificielle. A noter que dans son dernier roman le silence selon Manon », il met égaalement en garde ses lecteurs contre les effets néfastes du monde virtuel avec une intrigue situé ce coup ci dans un futur bien plus proche soit en 2025. Un fil conducteur dans une oeuvre assurément prometteuse et remarquable :
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L'absence selon Camille

Léonard recherche son père. Lui qui le croyait mort à surpris une conversation de sa mère : Russel Jim Devoto aurait fait croire à son suicide afin de participer à la résistance contre la Transparence. Il tente donc d’infiltrer un groupe des Obscuranets. Objectif : prouver à son père qu’il a ses idées et qu’il leur faut se retrouver. Naïf ? Oui, d’autant que cette première aventure se termine mal.



J’ai parlé il y a peu du deuxième tome (le premier chronologiquement parlant) de la Trilogie de la Transparence, Le Silence selon Manon. Et j’en ai dit beaucoup de bien tant la pertinence du monde crée par Benjamin Fogel m’a sauté aux yeux. Je ne pouvais différer longtemps la lecture du dernier volume de la série, L’Absence selon Camille, dont l’action se déroule deux ans après La Transparence selon Irina, le premier ouvrage . Et j’ai bien fait. Ce roman conclut la trilogie de façon magistrale. Avertissement habituel : si vous n’avez pas lu les autres récits, passez votre chemin. Et allez les lire, car sans eux, vous ne profiterez pas pleinement de celui-ci. Des personnages reviennent, des évènements passés sont évoqués et expliquent certaines actions. Bref, c’est un ensemble complet qu’il vaut mieux découvrir dans l’ordre et qui mérite assurément le détour.



La transparence est-elle réellement possible ? Car malgré la mise en ligne de toutes vos données, gratuitement, librement, n’est-il pas possible de continuer à cacher son vrai moi ? Tous les citoyens jouent-ils le jeu ? Par conviction ou par obligation. Car certains, même en désaccord avec la doctrine du gouvernement en place, et donc la loi, n’ont pas le choix. Tout le monde possède un puce, implanté à la naissance. Sans elle, pas de Revenu universel qui permet de vivre sans travailler. Car c’est l’une des innovations de cette société : vivre ne nécessite plus de s’échiner du matin au soir dans un métier qui ne comble pas nécessairement, voire épuise et désespère (je sais, certains s’épanouissent dans leur travail, mais ce n’est pas le cas de tout le monde). Bien sûr, pour parvenir à s’offrir la plupart de ses petits plaisirs, il vaut mieux avoir une activité, car sinon, on se contente de manger et de ses besoins les plus limités. C’est d’ailleurs le cas de Sébastien Mille, le policier découvert dans les autres romans de la série, et qui est à présent à la retraite. Mais cela ne le satisfait : il a besoin de se sentir utile et il tente de jouer les prolongations. Au grand désespoir de sa fille, qui a embrassé la même carrière et vit dans l’ombre de son géniteur. Jamais bon, ça !



Mais aussi, la transparence est-elle réellement souhaitable ? Car si, dans Le Silence selon Manon, on a compris que certains la prônaient afin d’éviter la haine déversée par tombereaux grâce à la promesse d’anonymat, l’excès inverse est-il pertinent dans la société ? En effet, voir toutes ses données offertes au regard de tout un chacun est un sacré choc : on s’habitue sans doute, mais par rapport à ce que nous connaissons actuellement, c’est un changement radical. Nous sommes surveillés en permanence et certaines de nos libertés actuelles bridées, pour notre bien (aliments contrôlés, tout comme le niveau sonore de nos écouteurs, …). Or l’auteur situe l’action en 2060. Dans pas si longtemps que ça. Il est normal, donc, que les tensions à propos de ce dogme soient encore vives et que les oppositions soient toujours répandues dans la population. Et donc qu’une organisation prônant le retour à un certain anonymat tente de revenir en arrière, tandis qu’un homme politique lui, au contraire, essaie de se faire élire afin d’obtenir l’absolue transparence. Y compris de vos déplacements, ce qui est pour le moment interdit. Peut-on se permettre d’être absent de la grille, du réseau ?



Comme je l’avais dit également en parlant du Silence selon Manon, Benajamin Fogel n’est pas seulement un auteur qui pose de bonnes questions. C’est aussi un écrivain qui entraîne son lecteur de la première à la dernière page, sans que celui-ci ait envie d’aller voir ailleurs. L’intrigue est solide, les personnages suffisamment nombreux pour permettre des surprises et des rebondissements. Voire des disparitions en cours de route : ici encore, la mort peut emporter une femme ou un homme en cours de récit. Le rythme est vif, avec ses chapitres courts et son changement continu de point de vue. Et sans que cela ne nuise à la lisibilité de l’histoire, qui est très fluide. Une belle réussite !



Dans ce dernier roman, Benjamin Fogel offre à ses personnages les résultats de ce qu’ils ont semé tout au cours de la trilogie. Et aussi un regard précis et pas nécessairement rassurant sur notre société et ses possibles devenirs. L’importance prise par les réseaux et autres moyens de communiquer en ligne est telle qu’il est impossible de faire l’impasse sur eux. Comment allons-nous nous adapter à eux et les adapter à nous ? Comment gérer l’anonymat en ligne et l’impression d’impunité qui en découle ? Voici quelques questions posées par ce polar diablement efficace que je n’ai pu lâcher sans en connaître le dernier mot. Un grand merci à son auteur pour les réflexions entamées et le plaisir pris.
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L'absence selon Camille

L’absence selon Camille coche toute les (bonnes) cases. A la fois anticipation singulière, polar atypique, roman noir social et politique subtil, thriller tendu, récit choral prenant. Benjamin Fogel a trouvé la recette pour combiner avec intelligence et talent tous ces ingrédients.



Le roman est le troisième pan d’un triptyque débuté par La Transparence selon Irina, poursuivi par Le silence selon Manon. Que cela ne refroidisse pas les lecteurs qui prendraient le train en marche, il se lit avec tout autant d’intérêt et de délectation, j’en suis la preuve.



L’auteur pousse le curseur temporel jusqu’en 2060 pour nous présenter une société qui s’est réinventée, loin des poncifs post-apocalyptiques de nombreux romans d’anticipation.



Le capitalisme est mort, la transparence l’a remplacée. Les données personnelles de chacun, y compris celles des politiques et des industries, sont accessibles par tous. En France, le revenu universel a mis fin à la faim et a gommé nombre d’inégalités. Les dangers climatiques ont été combattus par la communauté.



Mais quid de l’intimité de chacun ? Des membres des Obscuranets, mouvement révolutionnaire qui lutte contre la prolifération du virtuel, menacent de révéler un scandale à l’échelle de l’État. « Malgré la transparence, on vous ment ».



L’auteur a imaginé son monde futur avec soin, poussant les réflexions et les idées très loin, avec subtilité et force. Le lecteur friand d’anticipation et de dystopie que je suis a été emballé de la première à la dernière ligne.



Tout est réuni pour passer un formidable moment de lecture, original, palpitant, fascinant, enrichissant. Le rythme ne faiblit pas, porté par une écriture dynamique, les idées fusent, à la pelle, parfaitement intégrées dans le récit.



Un des romans les plus riches et puissants que j’ai pu lire ces dernières années, dans le genre.



On pourrait faire un parallèle avec un long épisode de la série Black Mirror, poussé dans ses retranchements, pensé dans ses moindres détails, construit pour surprendre et pousser aux questionnements. Avec des thématiques puissantes, sans jamais oublier l’aspect ludique.



La construction du roman est également pour beaucoup dans sa réussite, l’alternance des points de vue renforce les idées développées, poussant à l’interroger. Chacun portant sa voix, selon ses choix et son passé, qu’on va suivre au plus près grâce à la choralité.



Car rien n’est si simple dans la Transparence. Le partage total de ses données, de sa vie, ne risque-t-il pas de pousser à un nouveau mode de totalitarisme ? Pourtant, ce monde semble s’être sauvé par ce choix sociétal. J’ai été subjugué par le travail considérable et l’acuité de l’auteur pour construire ce futur, sans perdre le fil de son intrigue à la fois subtile et perturbante.



Benjamin Fogel porte une voix forte à travers L’absence selon Camille et propose une vision frappante de notre futur. Un roman noir d’anticipation véritablement bluffant.
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La Transparence selon Irina

Deuxième livre reçu dans le cadre des Explorateurs du polar, ce roman noir d’anticipation est glaçant, tant par son réalisme que par sa possible proximité. A l’heure du succès grandissant des réseaux sociaux qui régissent notre quotidien, ce livre sonne souvent comme une mise en garde contre les dérives d’Internet et des nouvelles technologies.



Nous sommes en 2058 et les vies des citoyens sont régies par le Réseau, omniprésent dans leur quotidien. Les données personnelles de chacun sont désormais accessibles par tous en ligne. La transparence est devenue la norme. Pourtant, certains veulent mener une résistance contre cette toute-puissance, présentée comme une manière d’accéder à paix sociale.



C’est notamment le cas de Camille Lavigne, connue dans la réalité sous le pseudonyme de Dyna Rogne (devinez l’anagramme) et qui vit sous l’emprise d’Irina Loubowsky, une essayiste aussi intrigante que dérangeante et entourée de mystères dont la transparence est le thème de prédilection. En plus de ces « Nonymes » qui souhaitent maintenir une forme de secret entre vie réelle et vie virtuelle, un groupe de radicaux, les « Obscuranets », ont décidé de venir à bout de cette dictature de la transparence par n’importe quel moyen.



A la fois roman d’anticipation et roman noir, Benjamin Fogel y intronise une société où l’individualisme sera devenu la norme (déjà grandissant à l’heure actuelle) et où les relations sociales ont disparu pour une quête vers la performance. Centrés sur une relation assez « malsaine » entre Camille/Irina, les parallèles avec les réseaux sociaux sont évidents tout au long du récit (comment ne pas déplaire au plus grand nombre, afficher des photos parfaites pour faire envie les autres).



C’est souvent incisif par la volonté de l’auteur de nous confronter à nos peurs de la divulgation de nos secrets enfouis le plus profondément possible. Quand je vous disais que cela en est effrayant, c’est parce qu’on n’en est pas si loin dans notre société actuelle. En effet, nous nous exposons aux yeux du monde via nos profils Instagram, Facebook et tous les autres, oubliant souvent les risques encourus et le fait qu’Internet garde nos traces pour de nombreuses années, abandonnant tout anonymat possible.



Encore un tout grand merci au site lecteurs.com et aux éditions Rivages/Noir pour l’envoi de ce livre. Agréablement surprise, je ne peux que conseiller ce livre aux lecteurs qui aiment aller plus loin que la simple lecture d’une histoire, notamment en se questionnant sur eux-mêmes.
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Le silence selon Manon

Si je reconnais l'intérêt du sujet (violence des réseaux sociaux, tensions hommes femmes) et le caractère visionnaire de l'auteur (délires masculinistes...), je suis resté sur ma faim en ce qui concerne l'intrigue du livre (publié en 2021) qui se situe d'ailleurs précisément maintenant.

J'ai été un peu déçu d'avoir un livre à la narration éclatée entre pas mal de personnages, quand le début du livre laissait penser à une enquête centrée autour d'un personnage de policier que l'on ne revoit ensuite qu'épisodiquement.

Un livre qui se lit sans déplaisir, mais la force du sujet, l'acuité sociale, fait regretter un roman plus puissant et plus classique peut-être...Mais je suis convaincu qu'il y a un peu une question de génération, et que le talent de l'auteur atteindra sa cible !
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La Transparence selon Irina

En 2058, le Réseau est omniprésent et régente la vie des citoyens. Aboutissement de l’Internet tel qu’on l’a commun à partir de l’émergence des réseaux sociaux, ce Réseau promeut et entretien la transparence. Chacun est fiché, sa vie accessible à tous par le biais des données qu’il transmet avec plus ou moins de bonne volonté, et noté. Vendue comme une manière d’entretenir la paix sociale, puisque les comportements déviants sont amenés à s’effacer grâce à elle, cette transparence presque totale n’est pas encore acceptée par tous. Il y a ceux, comme Camille Lavigne, qui vit dans la réalité sous le pseudonyme de Dyna Rogne, qui désirent conserver un certain anonymat au risque de devenir suspects au regard des autres. Ces « Nonymes » entretiennent le secret dans la vie réelle, celle où dorénavant on peut se dissimuler derrière un pseudonyme et même un masque. Camille entretient encore l’ambiguïté à travers bisexualité et apparence androgyne. Et il y a les plus radicaux, ces « Obscuranets » qui dénoncent la dictature de la transparence et luttent contre elle. Enfin, il y a Irina Loubovsky, mystérieuse essayiste et polémiste qui dénonce le Réseau en promouvant son œuvre à travers lui et dont Camille Lavigne, sans l’avoir jamais rencontrée, est devenue une sorte d’assistant(e).

Des événements violents qui touchent son entourage, à commencer par son ami Chris Karmer, policier chargé de la traque des « Obscuranets », mais aussi une histoire d’amour vont amener Camille à pousser plus avant sa réflexion sur l’identité et sur la manière dont la transparence peut tordre la réalité.

Que devient-on quand on n’a plus rien à cacher ? À quoi peut ressembler un monde dans lequel, entièrement mis à nus, on ne peut plus jouer d’ambigüité, plus mentir, et dont la promotion de la totale transparence pousse à l’uniformisation ? Ce monde de 2058 - c’est la loi du genre lorsque l’on aborde un récit d’anticipation comme ce polar de Benjamin Fogel – ressemble beaucoup au notre et, en fin de compte, tous les systèmes de surveillance, d’évaluation et même les débats qui agitent les personnages selon le camp qu’ils ont choisi, existent aujourd’hui. C’est la manière dont l’auteur les fait tous entrer dans la même histoire, dont ils structurent le monde qu’il présente, qui les rend si visibles ici et écrasants. La Transparence selon Irina, apparaît dès lors comme une quête d’identité à un moment où celle-ci, en s’abandonnant à la transparence, finit par s’effacer derrière les données et à créer des humains façonnés dans un même moule, bien pratique pour s’assurer qu’ils ne se révolteront pas. Ce totalitarisme mou et sournois fait ici l’effet d’un rouleau compresseur et apparaît comme l’aboutissement d’un abandon progressif du politique qui tient autant à l’individualisme qu’à la peur du conflit. Le Réseau, on le voit à travers la personnalité trouble d’Irina dont on ne sait plus très vite si elle le dénonce où le sert d’une manière détournée, est certes un lieu où le conflit existe, mais où il se limite à un harcèlement en meute et où l’on renonce à toute véritable confrontation d’idées.

Si l’on pourra sans doute regretter que Benjamin Fogel, parfois, semble hésiter à suivre le fil de l’intrigue policière ou la quête plus existentielle de Camille, il n’en demeure pas moins qu’il propose là un roman souvent vertigineux sur la déshumanisation progressive d’une société entièrement tournée vers la performance et son corollaire, le contrôle. Tout cela peut-il finir par éradiquer les sentiments ? Jusqu’où cette machinerie peut-elle arriver à fonctionner, à éviter les grains de sable susceptibles de la gripper ? Benjamin Fogel apporte plus de questions que de réponses et, en l’occurrence, c’est bien là ce qui est important.

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La Transparence selon Irina

Cela faisait un petit bout de temps que j'avais classé ce livre dans mon "pense-bête", ayant lu ici ou là quelques critiques. Et le résumé en quatrième de couverture m'alléchait également au plus haut point.



Une société où le virtuel l'emporte sur le réel, ça vous parle, non? D'aucun pourrait avancer que nous y sommes presque, voire déjà. Benjamin Fogel n'a en réalité poussé le bouchon qu'un peu plus loin qu'il ne l'est déjà.

Nous nous trouvons dans un futur proche, sans date précise ou déterminée. Les humains sont devenus tributaires des intelligences artificielles, ces dernières les guidant et leur permettant d'accèder à un certain type de classe ou de confort selon la note que l'on parvient à avoir sur le grand réseau internet (cela m'a clairement rappelé le synopsis d'un épisode de la série Black Mirror). Si on souhaite faire un parallèle avec Babelio, c'est comme si les livres ayant une note globale entre quatre et cinq pemettaient d'avoir beaucoup plus de visibilité qu'un autre ayant une note moyenne comprise entre 2,5 et 3,5. Dans cet univers, contrairement à aujourd'hui, c'est dans la vraie vie qu'on peut décider de recourir au pseudonyme car, virtuellement, pas le choix, on "vit" sous son vrai patronyme. Mais quand on disparaît dans la vraie vie, qu'est-ce qui devient alors le plus important?



J'ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman même si je suis restée sur ma faim. Si j'ai adoré l'idée de départ, j'ai trouvé qu'elle n'était finalement pas aboutie - en tout cas pas comme je l'attendais. J'ai trouvé le mélange dystopie - thriller - policier quelque peu brouillon et mon intérêt fluctuait au fur et à mesure des pages. J'ai dû, à plusieurs reprises, relire des passages, n'étant pas certaine d'avoir réellement saisi le propos de l'auteur. Je dois avouer, au final, plus d'un mois après ma lecture, qu'il ne m'en reste pas grand chose. Certes, je ne l'oublierai pas de sitôt car je ne lirai certainement pas deux fois la même histoire, l'intrigue demeurant originale. Mais je ne pense pas non plus que ce roman saura se rappeler à moi à l'occasion de mes futures lectures comme certains livres savent tellement bien le faire.



En résumé, une lecture divertissante et plaisante sans pour autant être indispensable dans le genre.



Lu en février 2021



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L'absence selon Camille

Tout d'abord je remercie Masse critique Babelio pour l'envoi du livre.



''L'absence selon Camille'' fait partie de la trilogie de la transparence. Je n'ai pas lu les deux précédents livres : ''La transparence selon Irina'' et ''Le silence selon Manon'' mais cela ne m'a pas du tout gêné pour la lecture.



Benjamin Fogel nous entraîne en 2060 où la transparence est de mise. Les bébés sont pucés dès la naissance afin d'être tracés toute leur vie. Les casiers judiciaires sont visibles par tous, l'intelligence artificielle calcule grâce à des algorithmes les comptabilités amoureuses, le revenu universel est perçu par tous...

Les obscuranets représentent le contre-pouvoir dans cette société de la transparence et remettent en cause l'ordre établi. Leur slogan ''Malgré la transparence, on vous ment''.

A quel prix et jusqu'où peut-on aller pour s'opposer aux idées des autres ? On peut modifier son apparence grâce à des modificateurs des traits du visage, modifier sa voix, enlever sa puce, tuer... ?



Un roman qui fait réfléchir au monde de demain, qui mêle progrès technologiques et ambitions politiques.

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La Transparence selon Irina

Sur le Réseau, la transparence est une évidence : plus de pseudo, plus de secret. Tout le monde a accès aux données complètes de tout le monde. Pour se cacher, il faut désormais se retrouver hors connexion. « L'anonymat dans la réalité ne permet pas d'être soi. Il offre seulement un espace de liberté temporaire. Des vacances en apnée. » (p. 8) Camille dissocie strictement ses deux identités : sur le Réseau, elle est l'assistante de la célèbre et virulente essayiste, Irina Loubovsky ; dans le monde réel, elle est une « nonyme » sous le pseudo de Dyna Rogne. Sa relation avec Irina est étrange : sans l'avoir jamais rencontrée, Camille sait qu'Irina est son âme sœur. « Je canalise Irina tandis qu'elle m'exhorte à donner le meilleur de moi-même. » (p. 76) Mais en dehors du Réseau, elle rencontre Lukas, et c'est une autre passion qui commence. « Je réalise qu'on peut aimer deux personnes simultanément. Il suffit que la barrière entre leurs mondes reste étanche. » (p. 148)



Je passe sur la plume très plate de l'auteur. Le principal reproche que j'adresse à ce roman est son manque d'aboutissement. De nombreuses intrigues se croisent et s'achèvent à la va-vite. « Il faut alimenter la machine en données. » (p. 19) Là, la machine, c'est moi lectrice... Beaucoup de personnages traversent le roman sans être vraiment développés, comme des PNJ de jeux vidéo, à peine des silhouettes interchangeables. « Voilà votre problème à vous les rienacas, vous confondez les gens et les informations que vous avez sur les gens. Vous aimez des faits, pas des personnalités. » (p. 20) J'aurais aimé que l'intrigue relative aux Obscuranets soit traitée plus longuement, et non pas expédiée, voire noyée dans une autre, devenant de fait un prétexte assez inutile pour différer la révélation finale. J'avais d'ailleurs anticipé celle-ci à la page 73. La transparence selon Irina n'est pas un mauvais roman, c'est un texte qui, à mon sens, n'est pas fini. Il y a beaucoup de La zone du dehors, d'Alain Damasio dans ce texte, et l'auteur ne s'en cache. Mais la comparaison n'est hélas pas à l'avantage du roman de Benjamin Fogel.
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L'absence selon Camille

Avec L'Absence selon Camille, Benjamin Fogel clôt la trilogie de la Transparence entamée avec La Transparence selon Irina et poursuivie avec Le Silence selon Manon bien que l'action se déroule presque trente ans plus tôt. Le troisième volet est dans la continuité temporelle du premier opus et intègre tous les personnages et tous les évènements croisés dans les deux précédents romans. Il va sans dire qu'il est préférable, voire indispensable, d'avoir lu les deux premiers opus pour saisir l'ensemble de la réflexion présentée ici et ne pas se sentir perdu face aux innombrables allusions sur les évènements passés.



2060, l'ère du capitalisme est révolue, la Transparence fait foi. Du citoyen lambda au chef d'état, du directeur général à l'employé, tous sont tenus à l'exhibition de leur vie sur les réseaux. Les données personnelles de tout un chacun sont désormais disponibles et accessibles par tous, tout le temps. C'est la fin de la corruption et autres dérapages d'autant plus qu'avec la mise en place du Revenu Universel chacun dispose de moyens financiers suffisants pour "vivre". Seuls quelques contestataires hors-système prônent un retour à l'anonymat. Leur leitmotiv, la transparence est un leurre, malgré elle, on vous ment !



C'est sur ces trois mots on vous ment que Benjamin Fogel construit son intrigue, déroulant un univers dystopique plausible et cohérent, il pousse les curseurs assez loin sans jamais tomber dans l'exagération. Evidement quelques facilités ou raccourcis émaillent le récit mais cela reste à la marge et n'enlève rien au propos. Il évite, comme je le soulignais déjà dans le précédent roman, tout manichéisme primaire. Cela se ressent surtout au niveau de ses multiples personnages, aucun d'entre eux n'est irréprochable, chacun a ses convictions mais face à la réalité, le choix de la raison n'est pas forcément celui du coeur. Ces différents portraits plus vrais que nature sont la vraie réussite du roman.



La construction du récit, avec des chapitres courts et une alternance des points de vue, participe à la réflexion, l'auteur ne s'arrêtant jamais à une idée, la contrebalançant aussitôt par une opinion contradictoire. L'absence selon Camille, bien qu'étant le livre le plus romanesque de la trilogie, est celui qui apporte le plus de questions et de réflexions sur nos sociétés modernes, tout en mettant en avant notre schizophrénie entre le désir d'un état plus coercitif et l'envie d'une plus grande liberté.



Le petit plus étant l'imbrication des trois romans l'un dans l'autre, permettant d'avoir un angle nouveau sur les évènements passés, de découvrir ou redécouvrir certaines scènes et d'en appréhender l'essence même. Une très grande réussite qui n'est pas sans rappeler les écrits d'Emily St John Mandel. Les similitudes sont nombreuses entre les deux écrivains (la première étant que j'aime beaucoup les histoires qu'ils nous narrent !).


Lien : https://les-lectures-du-maki..
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L'absence selon Camille

Nous sommes en 2060, la vie virtuelle prédomine sur la vie réelle : les gens sont pucés et toute leur vie privée ou professionnelle est étalée sur le Net. Ils passent leur temps à surveiller leur cote de popularité… Un groupe résiste de par le monde : les Obscuranets qui revendiquent le droit à vivre sans être connecté ! En France, les élections présidentielles approchent et la commissaire Holly Mille avec l'aide de son père, vaillant retraité de 85 ans, est chargée d'empêcher leurs actions terroristes.

Ce roman original est à la fois thriller d'anticipation et enquête policière. Nous suivons un personnage par chapitre, parfois du côté des forces de l'ordre et des pouvoirs publics, parfois du côté des rebelles. La société future imaginée par l'auteur est intéressante, avec des personnages attachants et une traque qui nous tient en haleine. Cette fiction met en avant la dérive de l'hyperconnectivité et l'exploitation qui peut en être faite par les pouvoirs publics ou des organisations en tout genre ayant une ligne de conduite pas toujours intègre.

Seul bémol : les chapitres du début comportent de longues (trop longues à mon goût) descriptions des idées politiques et sociétales des uns et des autres. le style de ces passages me fait penser à un recueil politique de revendications actuelles – ce qui me gêne quand je souhaite m'évader du quotidien avec un bon thriller.

Ce roman est le 3ᵉ opus d'une trilogie consacrée à la « transparence » comme système politique. Je n'ai pas lu les deux premiers, cela ne m'a pas gêné, il n'y a aucun personnage récurrent.

Ce livre m'a donné envie de relire mes classiques : 1984, le meilleur des mondes et Ravage…

Livre lu dans le cadre de Masse Critique. Je remercie Babelio et Rivages/Noir de m'avoir permis de passer un bon moment et découvrir un auteur français contemporain.
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La Transparence selon Irina

Nous sommes en 2058. Le Réseau – qui a remplacé Internet depuis des décennies – sait pratiquement tout, sur tout le monde ! La société (mondiale) actuelle se divise en plusieurs catégories, les deux principales demeurant les « rienacalistes » (qui n’ont rien à cacher) et les « nonymes » (qui protègent leur identité en évoluant sous un pseudonyme) Les citoyens les plus âgés sont majoritairement des membres de la première catégorie, les générations nées après 2027 faisant plutôt partie de la seconde … Toutefois chacun est (encore) libre de son choix !



Camille Lavigne (la narratrice) est une « nonyme » : personne ne la connait donc sous son vrai nom (son pseudo est Dyna Rogne…) Son ami Maxime Bellanger – lui – est un « rienaca » qui étale toute sa vie sur le Réseau … Généralement, les uns et les autres évitent de se fréquenter. (Un « rienaca » est une version modérée du « rienacaliste » qui est pour la « mise à nu » totale des individus …) De même que le « nonyme » est une version modérée du « noniste » qui – lui – ne fréquente même plus ses parents … Un choix qui se fait souvent lorsqu’une personne atteint sa majorité … Et puis il y a (plus rarement !) les « vifistes » comme la « mystérieuse » Irina Loubovsky (dont le pseudonyme est Anna …) Ces derniers mènent une existence exclusivement virtuelle … Malgré cela, tout un chacun peut parfaitement décider de se rendre dans un café, aller au restaurant ou faire la fête en boite de nuit, comme dans le « bon vieux temps » …



Les gens sont pucés, le Réseau entièrement transparent … Chacun a son « métadicateur » (sorte d’appréciation individuelle, décernée par les autres au fur et à mesure des années, selon son comportement …) À l’origine, le but principal était d’éradiquer la criminalité. Jusqu’à l’apparition des « Obsuranets », des cyber-terroristes bien décidés à détruire ce système qu’ils jugent toxique …



En y réfléchissant, ça donne vraiment des frissons ! D’aucuns vous diront que nous n’en sommes pas très loin, la Chine semble déjà y adhérer …



Une intrigue édifiante, particulièrement bien construite. Un récit passionnant, à mi-chemin entre réflexion philosophique, anticipation, thriller et polar. Un roman plutôt lucide sur les dangers de notre société – devenue aujourd’hui par trop intrusive – et ses nombreuses dérives (passablement inquiétantes !) qui en résultent … Dérives provoquées par une utilisation – pratiquement systématique – des outils informatiques à notre disposition. Une « intelligence artificielle » parfois bien utile mais qui porte de plus en plus atteinte à la vie privée et au libre arbitre.



C’est clair : un gros coup de coeur en ce qui me concerne ! Je l’ai « dévoré » en une soirée et une matinée !
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L'absence selon Camille

Deux mots : Génialement effrayant 😱



En préambule il faut souligner qu il s agit du dernier d une trilogie. MAIS il peut totalement se lire indépendamment des autres (ce qui est mon cas) et on peut tout autant l apprécier.



Que dire ! C est un roman qui m'a bousculé.



L'auteur a fait le choix d'une dystopie. Il faut dire que ce genre littéraire a vraiment le vent en poupe. Dur donc de s y faire une place et de se démarquer du déjà lu. Et ben mes amis je vous dis de suite que Benjamin FOGEL réussit totalement ce pari difficile 🤩🤩🤩. Sa grande force est de prendre une dystopie très proche de nous, que ce soit dans la temporalité ; dans les objets quotidiens ; dans les concepts.

Du coup on se projette totalement dans ce monde en quête d absolue transparence et on se demande si ce n est pas l avenir qui nous attend !!



Les idées sont géniales et je dois avouer que la Prison de verre est pour moi la plus glaçante de toute. Mais elle illustre parfaitement les derives de la transparence totale, qu aborde ce roman. Les luttes politiques et Rebelle mises en avant est faite avec suffisamment de finesse pour nous rappeler certaines situations actuelles.



Mais ce roman parle aussi des personnes qui doivent porter leur lourd héritage tout en essayant de défendre leur avenir. Et je trouve que le duo d enquêteurs Holly et Sébastien est très touchant. Tout comme Léonard en quête de ce père disparu.



Et que dire de Zax !!! Gourou, visionnaire ou donneur d alerte ? On a du mal à le qualifier. Il me fait inévitablement penser par certains aspects au Colonel Kurtz. Et c est la ou Fogel est fort c est que les lignes des bons et des mechants sont très floues. Et j adore ça.



Le tout avec une intrigue solide qui vous capte et vous maintient en haleine jusqu'à ce final à vous couper le souffle.



Et si tout ca etait notre avenir très proche 🤔



Vous l aurez compris. J ai adoré car il nous fait poser les bonnes questions au vu de l évolution de notre société et des technologies.



Comme je vous le disais en intro



GENIALEMENT EFFRAYANT
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La Transparence selon Irina

La Transparence selon Irina est un livre transgenre qui navigue entre le thriller, l'anticipation, la dystopie et le polar mais dont le thème principal tourne autour de l'Internet, pardon du "Réseau" qui l'a remplacé et qui a mis fin à l'anonymat dans le monde virtuel, toutes les données bancaires, sociales, juridiques, médicales étant en libre accès pour tous. Par contre, il est possible de se créer un pseudonyme dans la vie réelle pour que les personnes que vous côtoyez tous les jours ou occasionnellement ne viennent briser votre intimité ou vous épier dans le monde virtuel. Ce sont les "nonymes", qui s'opposent aux "rienacas" qui eux veulent une transparence totale que ce soit dans le monde réel ou dans le monde virtuel, quand d'autres, les "nonistes" ont coupé tout contact avec le Réseau et vivent en marge de la société. Parmi eux se retrouve une frange des "Obscuranets", terroristes insaisissables qui veulent mettre fin au système en place.



Camille Lavigne, très active sur le Réseau, gravite dans la sphère d'une influenceuse Irina Loubovsky, une brillante intellectuelle très clivante qui fait un peu la pluie et le beau temps sur la toile. Camille cherche à en savoir un peu plus sur son modèle, quitte à franchir les lignes rouges du monde de demain...



La narration est un peu décousue, à croire que Benjamin Fogel n'a pas su comment orienter son récit. La mise en place de son univers quoique précise est un peu lente avant que l'histoire tourne au polar puis se recentre sur la vie de Camille pour finir en apothéose. De nombreuses notes de bas de pages émaillent le début du roman coupant le rythme de lecture. Notes qui n'apportent peu à l'histoire hormis quelques explications que l'auteur amène très bien par ailleurs dans son récit.



Cependant Benjamin Fogel dépeint une société future très proche de la nôtre et vers laquelle nous pourrions tendre. Il dresse un portrait sans faille de citoyens avides d'informations et de données, où les réseaux sociaux restent leur seul espace de communication, de détente, de travail et de plaisir et où le privatif n'a plus lieu d'être. Sans jamais tomber dans le manichéisme primaire, il explicite à renfort de pensées de grands philosophes les thématiques mises en jeu, arguant tout et son contraire pour pousser le lecteur dans ses retranchements et l'amener à réfléchir sur nos sociétés en devenir, sur l'utilisation des réseaux sociaux et sur l'intelligence artificielle.



Derrière quelques défauts mineurs, La transparence selon Irina reste un roman aussi recommandable que passionnant et je vais m'empresser de lire le second volet : Le silence selon Manon.


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L'absence selon Camille

L'histoire

2060 : la vie en ligne a supplanté la vie réelle. « Malgré la transparence, on vous ment » : ce slogan qui vient d'apparaitre sur les murs de Paris inquiète les forces de l'ordre. Sébastien Mille, vieux flic bénévole, et sa fille, la commissaire Holly Mille, enquêtent sur l'origine de ces graffitis. Léonard Parvel, 13 ans, fait partie des taggeurs. Persuadé que son père disparu est membres des Obscuranets, mouvement révolutionnaire qui lutte contre la prolifération du virtuel, il participe à des actions insurrectionnelles dans l'espoir de retrouver sa trace.



Mon avis

Un polar dans un monde futuriste où la transparence à remplacé le capitalisme, où des solutions fonctionnent pour sauver la planète et l'humanité occidentale. Cette société se veut protectrice (revenu universel, logement pour tous...) et garanti à tous les citoyens un espace de liberté. Mais quelques personnes contestent cette vision. Et essayent d'ouvrir le débat en alertant l'opinion publique par des révélations chocs.

Les flics sont à leur trousse.

Ce roman mêle polar atypique et essai de prospective. C'est intelligent. Des pistes pour un futur plausible, probable et desirable sont explorées. Les doutes sont étudiés à travers les personnages parfaitement croqués.
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