AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Benjamin Dierstein (153)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Cour des mirages

C'est de rouge sang, mais surtout de rouge colère que se couvre ce polar politique DÉTONNANT, dont le titre joue avec les mots comme l'auteur avec nos nerfs. Si l'on en croit Wiki : « La cour des Miracles était, sous l'Ancien Régime, un ensemble d'espaces de non-droit composé de quartiers de Paris, ainsi nommés car les prétendues infirmités des mendiants qui en avaient fait leur lieu de résidence ordinaire y disparaissaient à la nuit tombée, « comme par miracle ». En réalité, une partie d'entre eux ne souffrait réellement d'aucun handicap. »





La cour des mirages est quant à elle, dans les années 2000, un ensemble d'espaces de non-droit composés de maisons bourgeoises au-dessus de tout soupçon et de places politiques occupées par des personnalités plus que véreuses, non, carrément toutes pourries, non, encore plus que ça mais je n'ai aucun mot pour l'exprimer (lisez par vous-même et essayez de faire mieux), ainsi nommée car les horreurs et les abominations des occupants qui en avait fait leur lieu de réunions extraordinaires semblaient disparaître au jour levé, « comme un mirage », un mirage aidé par les drogues le LSD en tête, un putain de mirage de gueule de bois, un cauchemar. En réalité, tout cela existait vraiment et les victimes souffraient de l'insondable perversité des Hommes - non, des monstres - qui peuplent cette planète et infiltrent nos vies quotidiennes, avec la suffisance de ceux qui possèdent la certitude de n'être jamais inquiétés. Elles en souffraient, donc. A en crever.





Bienvenue dans ce polar de dingues où la justice tente de côtoyer l'ignominie. Et si la justice est paralysée par la politique, alors elle sera rendue par une poignée de flics dévoués qui n'ont pas encore perdu leur humanité (mais leur tête peut-être, car jusqu'à quand pourront-ils encore tenir et à quel prix ?) avec l'espoir qu'ils ont souvent vomi dans ce récit et jeté aux toilettes en tirant plusieurs fois la chasse merci au revoir. Sous ses airs de polar, c'est une diatribe de la classe politique et de ses magouilles, une dénonciation aussi des réseaux indémentelables à force de manipulations, de menaces et de « neutralisation ». Un portrait de notre monde. Pourri.





Autant le dire franchement : Ce n'est pas le livre à lire si vous avez déjà envie de sauter par la fenêtre. Ce n'est pas non-plus à lire quand vous avez envie d'une comédie romantique… Et je ne vais rien révéler qui ne soit précisé sur la quatrième de couverture mais, au cas où vous auriez l'habitude de ne pas les lire pour garder la surprise, faites une exception pour cette fois car ce roman est réservé à un public AVERTI. Maintenant vous l'êtes : âmes sensibles aux malheurs qui arrivent aux enfants, s'abstenir ! le nounours de la couverture, qui se noie en tentant de passer entre les balles, représente bien cette enfance souillée, sacrifiée, détruite.





Si vous pouvez gérer ça, FONCEZ ! Lisez ce polar de fous hyper bien écrit et construit, rythmé, dont les personnages sont incroyables : deux flics notamment. Laurence, une dure à cuire ambitieuse, mère de famille et divorcée qui quitte la DCRI pour la Brigade Criminelle. Les chapitres où on la suit sont racontés avec le recul, comme une carapace qui se fendille, d'un narrateur omniscient qui nous met dans sa peau et dans ses mots. Et puis Prigent, héros d'un opus précédent (La sirène qui fume), hanté par la disparition de sa fille six ans plus tôt, qui se dévoue entièrement corps et âme à ses enquêtes… au sens littéral. Ses chapitres à lui sont racontés de l'intérieur, par lui-même, amas de graisse, de tristesse et de sensations si bien rendues, trop plein de soupe et d'émotions, un vrai gentil anéanti par le genre d'humains qu'il côtoie au quotidien, et par les cachets qu'il absorbe pour y faire face. Prigent et toutes les voix dans sa tête…





Attachants malgré leurs portraits d'écorchés incontrôlables, ces deux-là ne se retrouvent pas à bosser sur la même enquête par hasard. Cette enquête, c'est la mort d'une famille qui semble s'être suicidée… jusqu'à ce qu'on trouve un laissez-passer politique dans leur maison, en 2012, juste après l'élection de la gauche au pouvoir et pendant ce jeu de chaises musicales qui en découle, consistant à placer les copains dans tous les corps de métier possibles. A partir de là, entre ceux qui veulent faire la lumière, et ceux qui veulent continuer à perpétrer les ténèbres dans leur ombre confortable, ce sera la guerre. Ni l'horreur, ni les cadavres ne nous seront épargnés. Mais si l'on voit bien à quel point la politique régit nos vies, et si tous les corps de police et leur hiérarchie en sont infiltrés de manière révoltante, l'espoir vient des plus courageux et dévoués, ceux qui font ce métier par conviction et non par intérêt. Et parce que ce roman nous révolte tout entier, on est même prêt à passer sur les méthodes finalement employées qui, loin d'être un modèle (le dernier Norek est un bisounours à côté^^), sont celles du désespoir - à moins que, pour les victimes, ce ne soit celles de l'espoir, justement.





Un roman ADDICTIF, explosif. J'ai dévoré ses 850 pages en 5 soirées ne doutant pas une seule seconde que, s'il s'agit d'une fiction et qu'on ne veut pas y croire, des choses similaires existent bel et bien. Etonnamment, ce n'est pourtant pas une lecture plombante. Parce que l'action nous maintient en mouvement, et que le style immersif de l'auteur, dont les phrases déconstruites accompagnent les personnalités défaites, rendrait un macchabée vivant. J'en tremble encore, mais je recommande, sans hésiter !
Commenter  J’apprécie          9644
La Cour des mirages

Wow ! le livre de malade ! le genre de livre que, quand tu l'as ouvert, tu ne peux plus le refermer ; le genre que tu penses à lui tout le temps : en te brossant les dents, en mangeant tes pâtes, et même pendant les réunions de travail (oui oui), tellement qu'il est prenant et obsédant malgré ses 800 pages.

Mais qu'a-t'il donc de si extraordinaire ?

C'est un polar comme un Soulages, d'un "outrenoir" d'où n'émane qu'une faible lueur.



Alors que Hollande vient d'être élu Président de la République et qu'éclatent les innombrables affaires de la Sarkozie, un ex-député socialiste et sa famille sont retrouvés atrocement trucidés dans leur maison de Neuilly. L'enquête est confiée à une brigade criminelle du 36 quai des Orfèvres, où officient notamment une femme-flic grande gueule et dure à cuire, et un capitaine de police héroïque qui sort d'HP et entend des voix. Ils ne savent pas quel enfer les attend -s'ils le savaient, ils se reconvertiraient illico dans la sophrologie et la boulangerie.



La politique est surtout un contexte, on est bien et avant tout dans un roman noir, dur, violent, méchant. Lire ce bouquin, c'est comme se prendre des coups de bottin sur la tête : ça fait mal et ça laisse groggy. On sombre dans l'innommable, l'insoutenable, en se raccrochant à des personnages fracassés, agaçants d'arrogance et touchants de vulnérabilité. Ce livre est un cauchemar douloureux mais bien éveillé.

Alors pourquoi le lire si c'est si horrible et qu'on n'est pas maso ?

Parce que Benjamin Dierstein est un furieux, un enragé du fond et de la forme. Il m'a immanquablement fait penser à David Peace (que, ça tombe bien, j'adore) par la noirceur triste de son histoire et par sa façon de torturer la langue -je buvais du petit lait en m'imprégnant de son écriture saccadée et hallucinée, si addictive. Plaisir amplifié par l'intrigue elle-même, maîtrisée de sang-froid malgré la folie qui en suinte ; quel talent ! On sent que l'auteur s'est bien documenté sur son sujet avant de l'attaquer, et il n'hésite pas à balancer des noms pour rendre son histoire plus réaliste et terrifiante encore.



C'est donc une expérience littéraire d'une rare intensité. Je découvre Dierstein avec ce troisième tome d'une trilogie dont je n'ai pas lu les opus précédents (ballot, oui), mais sans que cela ait nui à ma compréhension. Surtout, je vais me jeter sur les deux premiers tomes, et je vous invite à découvrir, à votre tour, cet écrivain inouï.

Un immense merci à Babelio et aux Editions Les Arènes pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une Masse Critique.
Commenter  J’apprécie          6329
La Défaite des idoles

"La Défaite des idoles est un polar enlevé et violent, qui coche toutes les cases du genre noir avec des flics désespérés et au bout du rouleau, des ex-flics pourris, des trafiquants des cités du 93, jeunes, doués, mauvais comme pas possible, des truands de l’île de Beauté, vieux et aguerris, un gang d’Albanais teigneux, des officines privées qui recyclent des flics à la retraite, vivent de la prostitution et de la drogue, des immersions dans des machinations politiques dingues qui paraissent très crédibles quand on connaît un peu l’affaire Sarkozy-Kadhafi. La collusion entre aventuriers internationaux et caisses noires de parti politique est détaillée, de même que le récit compliqué de l’élimination des traces des pétrodollars libyens qui ont abondé les caisses du parti Les Républicains, à cela s’ajoutent des réseaux djihadistes bien plus intéressés par le trafic de drogue que par l’appel à la guerre sainte.

C’est dire si le roman est riche. Dès le début, on est pris par le tourbillon des événements et la maestria de l’auteur. On le voit à l’aise aussi bien dans les scènes intimistes que dans les reconstitutions épiques comme la mort de Kadhafi, dans les règlements de compte entre malfrats que dans la plongée dans l’univers mental d’une flique, la capitaine Laurence Verhaeghen, qui prend très à cœur son métier, ou plutôt sa carrière, au risque de sa vie et de celle de son enfant.

Bon, tout cela ne va pas sans certains excès, et lire que la capitaine tabasse les gens qu’elle interroge dans leur propre bureau, ou qu’un commissaire d’un autre service la fait tabasser par ses sbires avant de l’enrôler, laisse un peu dubitatif, mais ça n’empêche pas de continuer à tourner les pages.



Car c’est aussi une écriture qui tabasse, elle est nerveuse, épurée, riches de détails sordides parfois, avec des effets de style assez réussis. Elle fait fortement penser à Ellroy, on y trouve la même méchanceté, la même violence, des personnages aussi déjantés, une histoire très politique, des politiques obnubilés par leur seule carrière.

Personne n’en réchappe, la droite est bien dans le collimateur avec ses hommes de main qui veulent récupérer encore plus d’argent libyen et surtout supprimer toutes les preuves, mais la gauche et ses réseaux savent aussi y faire question collusion, manipulation, extorsion de fonds. (...)

Bref un très bon polar, qui fait suite d’ailleurs à La Sirène qui fume, qui avait été remarqué en son temps."

François Muratet pour Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/la-d..
Commenter  J’apprécie          511
La sirène qui fume

Premier tome de la trilogie de Benjamin Dierstein (que j'ai commencée par la fin), et l'impression de sombrer dans le gouffre noir de l'humanité.

Le très compétent Capitaine Prigent est muté au 36 quai des Orfèvres, après avoir balancé ses ripoux de collègues de Rennes. Héros pour les uns, salaud pour les autres, il doit intégrer une nouvelle équipe qui se réjouit peu de son arrivée. Heureusement, le boulot ne manque pas, surtout avec cette affaire d'adolescentes assassinées dans des conditions terribles. Prigent se lance à corps perdu dans l'enquête, au risque de tout y perdre. Ce faisant, il affronte le Lieutenant Kertesz, collègue surdoué d'un autre service, aussi barré que lui et également déterminé à résoudre l'affaire.



Noir c'est noir, il n'y a plus qu'une infime lueur d'espoir dans ce polar vertigineux. Ayant déjà pénétré dans l'univers cauchemardesque de Dierstein, je savais quelle obscurité m'attendait en ouvrant ce livre, et si la stupeur du choc initial s'est quelque peu estompée, j'ai retrouvé avec un plaisir trouble cette folie des âmes en fusion. Impossible de me détacher de ces deux flics obstinés qui carburent aux cachetons, éperdus d'idéal (chacun à leur façon), tout aussi capables de briser les os d'un homme d'un coup de matraque que de se mettre à pleurer sans pouvoir se contrôler. Epuisant, mais épatant. Suivre les circonvolutions de leur cerveau malade mais prodigieux m'a subjuguée, je buvais du petit lait (au goût suri, quand même) en lisant ce roman.

Il faut dire que l'auteur maîtrise son récit du début à la fin -même si certains rebondissements m'ont semblé un peu démesurés, mais au regard de la dimension quasi-mythique de ses deux héros, j'étais prête à tout accepter. Inévitablement, le style nerveux m'a fait penser à David Peace et sa tétralogie poisseuse du Yorkshire, mais vu que j'en suis fan, j'ai vécu cette ressemblance comme un grand bonheur. C'est donc avec voracité que je me jetterai sur le deuxième tome.



Attention, c'est une lecture éprouvante, du genre à laisser des bleus à l'âme. Mais pour qui aime être violenté littérairement, c'est absolument divin ! Avis aux amateurs...

A noter, la très belle préface de Caryl Fery, qui rappelle qu'en matière d'écriture, "Partager est tout ce qui importe." Mission totalement remplie par Benjamin Dierstein.
Commenter  J’apprécie          4730
La Défaite des idoles

Suite de "La sirène qui fume", et l'on retrouve Kertesz et Verhaeghen en Octobre 2011, alors que la campagne présidentielle débute en France et que la Libye sombre dans le chaos. Deux événements qui s'entrechoquent, et dans les coulisses desquels Kertesz et Verhaeghen vont se croiser et se perdre.



Impossible de résumer ce gros polar politique qui met en scène de multiples personnages réels, de Guéant à Kadhafi, en passant par Squarcini, Merah, Djourhi et tant d'autres. Benjamin Dierstein s'empare de sujets aussi multiples et lourds que les ambitions électorales, le trafic de drogue, le terrorisme islamiste, le financement libyen, la guerre des polices, les mafias corse et albanaise, les caïds des cités etc., pour en faire un récit aux nombreuses intrigues complexes, mais toujours habilement maîtrisées. S'y ajoutent une histoire d'amour douloureuse et un gros trauma de jeunesse (qui m'a semblé maladroitement amené et finalement inutile, mais c'est mon seul reproche), et on obtient un polar haut de gamme, qui ne prend pas son lecteur pour un imbécile, et l'éclaire même sur certaines magouilles de la Sarkozie qui ne peuvent que susciter (voire confirmer) le dégoût.

Forcément, c'est très noir et très violent, l'auteur nous fait entrer dans les corps et les cerveaux épuisés de deux obsessionnels qui ne craignent pas de tout sacrifier pour atteindre leurs buts, et par son écriture obsédante, il place le lecteur dans la même situation : on se sent prêt à tout sacrifier pour terminer ce roman, tant l'histoire est palpitante, tant le style est nerveux et haletant. Une fois encore, Dierstein se hisse à la hauteur de James Ellroy et David Peace, et c'est un bonheur total pour tout amateur de polars hallucinés dont on ne sort que le souffle coupé.



Lire ce roman, et toute la trilogie impitoyable dans laquelle il s'inscrit, est donc une expérience éprouvante, mais ô combien formidable ! Alors, si vous aimez les romans fiévreux et hargneux, n'hésitez pas un instant, débranchez le téléphone, préparez-vous du café bien noir, et immergez-vous dans l'univers sordide et désespéré de l'une des meilleures séries policières françaises actuelles (et sans doute la seule conséquence positive des années Sarko).
Commenter  J’apprécie          4614
La Défaite des idoles

Polar noir de chez noir où toutes les facettes du genre se trouvent entremêlées.

En pleine campagne présidentielle qui verra s'affronter, d'un côté N. Sarkozy, président sortant et F. Hollande prétendant au sacre, Laurence Verhaeghen, capitaine à la brigade criminelle, puis commandante à la DCRI, policière militante soutenant Sarkozy, s'oppose à Christian Kertesz, flic déchu, reconverti dans le grand banditisme.

De son passé, que nous recevons, par-ci, par-là, comme des confessions ou elle rabâche, sans cesse ses malheurs de jeunesse, elle a accumulé un tel sommet de frustrations, qu'elle déteste tout ce qui bouge sur terre et notamment Kertesz qui l'a humiliée du temps où ils étaient dans le même service de police.

Kertesz, lui s'est mué en gros bras de la mafia corse, Messieurs les hommes, le milieu comme on disait à une certaine époque, auquel est venu s'arrimer toute une population de nouveaux vauriens de tous bord dont le seul dieu est l'argent, le fric, le pognon...

Kertesz bras armé des fournisseurs de drogue, cocaïne principalement, mais autres variétés aussi, exécuteur des basses oeuvres, tueur et liquidateur des empêcheurs de fournir en rond.

Pour faire échouer la construction d'un hôtel, Kertesz y est dépêché pour tout casser. Une bavure et un tué mettront Verhaeghen sur la piste de celui-là, persuadée qu'elle est que c'est sa responsabilité.

S'ensuivra une course poursuite à multiples rebondissements et une haine féroce de l'autre.

L'auteur, B. Dierstein réalise, ici, un roman allant à cent à l'heure avec une époque 2011/2012 où l'on verra le monde bouger, les printemps arabes, la chute et la mort de certains responsables politiques, dont Kadhafi qui est accusé d'avoir financé la campagne de Sarkozy en 2007.

Le panier de crabes y va de fausses nouvelles, fausses accusations, mais quel que soit le camp de faire chuter l'autre en ajoutant une couche après une couche.

Le lecteur est épuisé par le changement continuel de rythme, les poursuites, les nuits sans sommeil, les coups de revolver ou autres joyeusetés, les abus de caféine, les poursuites en voiture, les modes de transports, bateaux, avions ainsi qu'une violence volontaire et malsaine.

Tout est bon pour arriver à ses fins, coups et blessures, chantage, vol, mensonges, exécutions, magouilles et corruption.

Et on voyage, Lybie, Autriche, Belgique, Albanie, Sahara pour faire coucou aux Touaregs et en France bien entendu. Mais ici les voyages sont mortifères et ne forment pas vraiment la jeunesse.

Un livre qui se lit d'une traite.

Âme sensible s'abstenir.

Je remercie Babelio pour cette masse critique ainsi que les éditions Points Policier pour l'envoi de ce livre.

Commenter  J’apprécie          410
La Cour des mirages

Présenté sur la table des nouveautés de ma bibliothèque, ce livre a fait tilt.... Mais oui j'ai lu deux critiques emballées et enthousiastes de Brooklyn by the sea et d'Onee. Bilan je l'ai emprunté les yeux fermés. Je me souvenais juste que c'était un polar politico-machin. Sans savoir que mettre derrière "machin".

Je verrai bien à la lecture.

Clairement je ne suis pas aussi emballée que mes deux comparses. Mais uniquement pour une très simple raison : ce livre entre dans ma catégorie "livre à cauchemar". Je pense que la lecture peut également provoquer de la persistance rétinienne. Croyez-moi, certaines images du livre vont me rester. Et quand ça concerne des enfants, c'est dur, très dur....

.

Donc quand j'ai commencé ce livre j'ai tout de suite su que mettre derrière mon fameux "politico-machin". La pédocriminalité.

Chapeau bas à l'auteur : ses 3 premières pages sont totalement glaçantes, exceptionnelles. Une réussite. Dans l'horreur. Pourtant dans ces premières pages il n'y a pas une goutte de sang.... par contre notre imagination prend le relai. On imagine le pire. Qui va révéler en-dessous de ce qui va être raconté.

On va imbriquer plusieurs histoires qui paraissent étrangères les unes des autres avec de la prostitution "haut de gamme", des détournements de fonds, de la politique, de la pédocriminalité.

C'est bien écrit et totalement addictif (ma productivité au travail a dû s'en ressentir de mes nuits raccourcies pour avancer ce bouquin), précis et détaillé. On sent que l'auteur s'est informé. J'ai découvert les luttes de pouvoir au sein de la police suite à un changement de majorité. A dire vrai je ne pensais pas que ça atteignait de tels niveaux....

Les parties dans la tête du policier Prigent sont également passionnantes. Flic compétent, mais bourré de toutes sortes de produits chimiques légaux prescrits par son psychiatre depuis que sa fille de 10 ans a disparu.... 6 ans auparavant.... Lui-même ne sait plus si ce qu'il ressent est la réalité ou le fruit de ces produits chimiques....

.

Ce livre fait partie d'une trilogie. Les deux autres tomes ne traitent pas, a priori, de violence sur des enfants. J'aurais peut-être du commencer par ceux-là.

Clairement si ce sujet vous fait peur, passez votre chemin. C'est un roman certes, mais tout ce qui est décrit a eu lieu "en vrai". On repense à certains dossiers et c'est encore pire.....

Sinon ce bouquin est passionnant en imbriquant les différents services de police, les guerres intestines, les fausses pistes.... Franchement ça fait un peu peur (sans même l'aspect violences sur des petits) et ça ne rassure ni sur l'état de notre police ni sur celui de notre démocratie.....
Commenter  J’apprécie          399
La sirène qui fume

Capitaine Gabriel Prigent ; lieutenant Christian Kertesz : deux flics qui tentent de survivre avec leur fractures et leurs névroses. Le premier a mis la justice au-dessus de tout, au point d'en négliger sa famille et de ne pas hésiter à franchir les lignes rouge pour punir les méchants. Le second a basculé du coté de la pègre pour tenter d'effacer un dette. Tout les oppose, et ils tenteront de s'annihiler, jusqu'à ce qu'une cause commune les réunissent : Gabriel veut identifier les meurtriers de plusieurs jeunes prostituées ; Christian veut sauver l'une d'entre-elle, qui semble avoir échappé aux tueurs, mais qui reste introuvable. Leurs enquêtes se croisent, avant de se rejoindre, dans les milieux interlopes du grand banditisme corse, des réseaux de prostitution venant de l'Europe de l'est, de la politique, et des flics ripoux.



Pour son premier roman, Benjamin Dierstein nous raconte une histoire assez improbable, mettant en scène les caricatures du flic justicier et du flic ripoux, de la mafia corse et du nouveau proxénétisme venant de l'Europe de l'est. Les plus sympathiques, ce sont peut-être les corses, avec une forme de naïveté "à l'ancienne" qui les perdra.



Que reste-t'il alors pour rendre la lecture attractive ? D'abord, le rythme échevelé de l'action et de la narration, avec l'alternance des points de vue des deux héros, le justicier et le ripoux. Ensuite, l'écriture, précise, directe, sans fioriture, où les mots sont parfois tronqués pour accélérer le rythme. Enfin, l'étude psychologique des deux flics dont l'action est en grande partie dictée par les traumatismes du passé. Peut-être peut-on terminer en reprochant, parfois, une violence inutile.



En 4ème de couverture, Caryl Férey écrit : "Du DOA sous amphets, précis, nerveux, sans fioritures." J'ai envie de le paraphraser en écrivant : "Noir et violent comme le Férey de Zulu, Utu, Haka ou Mapuche, mais sans la dimension ethnologique."




Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
Commenter  J’apprécie          391
La sirène qui fume

Benjamin Dierstein signe ici son premier roman. Comme l'écrit Caryl FEREY " Un putain de bon roman ". Je bien d'accord avec lui.
Commenter  J’apprécie          350
Un dernier ballon pour la route

Vous avez dit bizarre, vous avez dit destroyed, vous avez dit ... Je confirme et encore je ne vous dit pas tous les qualificatifs qui me viennent à l'esprit.

Freddie et Didier reconvertis en détectives privés sans licence sont des forts en gueule, prêts à cogner et surtout toujours prêts à consommer jusqu'à plus soif tout ou presque à condition que cela soit alcoolisé, ajoutez-y un peu de speed, ou de kétamine par ex...une fois défoncés pas grand-chose les arrêtent. Alors lorsque Freddie remet les pieds dans son village natal après 15 ans il en prend plein la gueule au sens propre et figuré !

Benjamin Dierstein propulse son lecteur dans un entre-deux, à la fois un monde réel où le lecteur halluciné reconnait certains codes et un monde inimaginable marqué par le seau de la violence, de la marginalité, du désespoir et de la déchéance morale. Si l'humour, l'ironie macabre sont au rendez-vous l'ambiance est mortifère et délétère. Une lecture difficile pour moi, une lecture qui remue les tripes et vous donne envie de dégueuler , certaines scènes sont d'une violence extrême !

Une lecture qui m'a été proposée dans le cadre de la dernière Masse critique mauvais genre , je remercie les éditions du Points et babelio pour ce partage.
Commenter  J’apprécie          331
Un dernier ballon pour la route

Benjamin Diersten nous offre avec ce troisième roman, un opus déjanté, un western moderne, un roadmovie breton, teinté de références littéraires et cinématographiques.



L’auteur nous entraîne à la suite de Freddie et Didier dans les bas fonds de notre société, les rades, les squats, les troquets où coule à flots la Kro. Mais, derrière ce tableau peu reluisant, avec beaucoup de justesse, il ne tombe jamais dans l’excès même s’il le frôle parfois, souvent même. Les franchissements de ligne sont souvent sauvés par les références, nombreuses, au premier rang desquelles, l’hommage à Steinbeck et plus particulièrement George et Lennie.



Langage fleuri, alcool, armes, drogues, violence… Tous ces ingrédients savamment dosés font toutefois de ce roman un livre à ne pas mettre entre toutes les mains. Inversement, si vous aimez quand ça cogne, que ça saigne, foncez consommer sans modération Un dernier ballon pour la route.
Lien : https://imaginoire.fr/2021/1..
Commenter  J’apprécie          330
La Cour des mirages

Ne vous fiez pas à la couverture (faussement) tape-à-l'œil, sa couleur vive, le bandeau qui annonce aussi bien du croustillant politique et médiatique que du polar noir et dur.

Pourtant tout est vrai.

La politique est là, partout, toujours, tout le temps, au moindre personnage qui allumé une télévision ou monte en voiture, la radio allumé, elle vient donc entrecoupée le texte par des passages incrustés comme un leti motiv qui nous dirait que, oui, tout est là, sous nos yeux, dans nos rmoreilles, dans les interstices qu'il faut savoir lire entre les lignes.

Oui, donc, tout est là, la poétique comme le polar dur et méchant. Dur et méchant, très très méchant, et très très très dur, mais de cette dureté nécessaire et loin d'être racoleuse.

Oui encore pour le rouge tape-à-l'œil, rouge oui, mais pas si tape-à-l'œil que ça, plutôt ce rouge que vous connaissez, ce rouge sang, ce rouge colère, ce rouge écarlate de later te et de la stupeur, et du cauchemar. Le cauchemar commence dès la première phrase et ne vous quitte plus jusqu'à la dernière.

Benjamin Dierstein a quelque chose de Dominique Manotti dans la précision chirurgicale de ses recherches et de James Ellroy, oui, pour son implacabilité et pour sa musique. La musicalité du phrasé, la musicalité du rythme et de la répétition, des phrases longues, ou au contraire très courte, comme autant de balles tirées à bout portant, des phrases aussi violentes (ou presque) que les propos qu'elles contiennent, c'est là le style tout à fait personnel de l'auteur, et qui n'appartient qu'à lui.

Vous voilà prévenu. C'est le roman rouge du cauchemar sur une musique aussi foudroyante que la pire berceuse de l'enfer.

Indispensable.
Commenter  J’apprécie          322
La Cour des mirages

Après un intermède alcoolo-burlesque, Benjamin Dierstein revient aux affaires mêlant criminalité, business et politique , supports de ses deux premiers romans.

On retrouve donc les protagonistes qu’on avait laissé en cette fin 2011 quelques mois plus tard, la droite sarkozyste en pleine débâcle , Hollande et son gouvernement aux manettes , les premières affaires et scandales financiers voyant progressivement le jour.Dans le jeu de chaises musicales, de chasse aux sorcières et de magouilles diverses et avariées , la commandante Laurence Verhaeghen se retrouve mutée, un galon en moins, de la DCRI au 36 (Brigade Criminelle) où elle va côtoyer un Gabriel Prigent, méconnaissable, sorte de cachalot dopé aux anxiolytiques , tout juste sorti de l'Hôpital psychiatrique. L’une dont les relations familiales sont en déliquescence, l’autre qui n’a qu’une obsession (maladive) : retrouver sa fille Juliette, disparue six ans plus tôt dans une rame de métro rennais. Ces deux-là que tout oppose ( le style et l’ambition notamment) , ont une grosse affaire sur les bras à résoudre et la pression qui va avec . Le suicide d’un ancien cadre politique de haut rang qui, avant de se mettre la corde au cou, a tué sauvagement sa femme et son fils. Derrière ce drame familial , les enquêteurs vont découvrir un réseau pédocriminel d’une envergure insoupçonnée où toutes les horreurs sur les enfants sont permises si elles peuvent rapporter gros…

Bienvenue en enfer ! Bienvenue dans ce cauchemar éveillé qui ne fait que commencer , reflet de la pire PERVERSITÉ de l’âme humaine. De la pire MONSTRUOSITÉ de certains de nos congénères. Vous voici prévenus !



On ne sort pas totalement indemne de ce pavé de plus de 800 pages. Car comme d’autres auteurs avant lui - on pense bien sûr à Ellroy mais aussi à Mattias Köping - le style Benjamin Dierstein sort du cadre et ne fait aucune concession quand il s’agit de décrire l’horreur la plus abjecte. Il faut donc avoir le cœur bien accroché à la lecture de certains passages qui donnent envie de rendre son dernier repas . Rassurez-vous on est bien dans une fiction mais cette réalité existe belle et bien !

Somme de témoignages, d’enquêtes multiples dans l’univers de la pédocriminalité , les Dutroux ou Fourniret sont hélas là pour nous rappeler la présence de monstres parmi nous . Sans parler de ces pseudos intellectuels français qui proclamaient haut et fort sur les plateaux de télé leur désir et leurs exploits avec de très jeunes filles et que le milieu a mis un certain temps à bannir de leur cercle.

On est jamais certain du pire tant qu'on n’en n’a pas vraiment pris conscience. Et

Benjamin Dierstein est là pour nous le rappeler, enfonçant le clou ad nauseam , pages après pages. Avec ce rythme infernal, ce style , écorché vif et d’une précision chirurgicale , avec ces couleurs , le rouge et le noir , couvrant tout le spectre , du très sombre au très sanglant. La violence du verbe et cette prose qui colle si bien aux sentiments des deux principaux personnages, Verhaeghen et Prigent, entre ahurissement, dégoût, dévastation ou folie.

Du très grand roman TRÈS NOIR , à ne pas mettre entre toutes les mains de peur qu’il n’en brûle certaines .

Commenter  J’apprécie          303
La sirène qui fume

.

OUKK J'AI EU DU MAL !...



Je ne sais pas pourquoi. D'habitude ça fuse. Dès le bouquin fermé, le commentaire n'est pas bien compliqué.

Mais là. le premier de la trilogie, rien. le deuxième, rerien. le troisième, trois fois rien.



Et pourtant, pourtant, ...

Que j'aime les trois.

...

...

...



C'est du lourd. C'est du bien construit. C'est du bien écrit. C'est, c'est ... Que du superlatif. Du Top. Du Top de chez Top.



Que je vous raconte un petit peu. Comment dire ? C'est (2)4(H) mois chrono, comme dans la série télé.

* Comme il n'y avait pas un Sutherland en rayon comme dans la série télé. On te sort deux mecs, des sous-flics très schtarbés. Un "Petit Bon" et un "Grand Pas Con".

* Comme dans la série, ça écrabouille, du sang, de la chair, les os, cela broie du noir (celui des humeurs).

* Comme dans la série, t'es mort tu te relèves à la Ritaline. Les medocs se croquent sans eau, à gogo au kilo.

* Comme la série, plein de bruit, ça jacte tout le temps. Des super dialogues, percutants, courts, crus, colorés.

* Comme y a pas d'images télé, un récit pour expliquer, découpé en calendrier. Les chapitres s'alternent, l'un conjugué au TU (toi), l'autre au JE (moi, donc toi aussi évidemment). T'es alors doublement concerné. Il t'a coincé.

* Comme dans la série, chaque chapitre c'est des shoots : film des actions, le présent de chacun.



Une trilogie mille fois mieux qu'une série télé, bien plus stressante. J'ai eu peur. Oukkk j'ai eu peur !

* Que ce fût un polar politique genre Manotti-Mediapart, du Sarkozy en veux-tu en voilà, comme j'ai pu le lire chez certains. C'est en fait, une bande son d'actualités genre BFM-TV. Elle te cadre le décor. C'est tout.

* Pour de vrai. A cause de son "Toi" et "Moi", au présent. Cela a très bien greffé chez moi. J'étais un coup "le petit pas con", un autre "le grand pas bon". T'en ressors sonné.



A savoir si cela le sera pour vous, lisez ce(s) tome(s) de hargne, de morgues, d'oxycodone et de testostérone.

Et prenez tout votre temps. Parce que ça va dégager. Un rythme d'enfer. le pied toujours au plancher. Quand ça change c'est pour accélérer. Pas le temps de pisser. Et il y a un sacré paquet de pages.



Pour résumer. Un polar excellentissime. On n'imagine pas que c'est son premier. La maitrise est parfaite. Il est sorti en 2020, faut dire qu'on était en plein Covid, mais je n'ai entendu personne en parler. Y en a marre de ces journalistes critiques spécialistes littéraires. On passe à coté de pépites parce qu'ils occupent tout l'écran de leurs niaiseries et pour leur petits potes. Les petites maisons d'édition, ils te les poussent du pied. Casse Toi Pov ...



Si on ne me l'avait pas suggéré je ne serais pas ici à bavarder.

Merci Brooklyn_by_the_seaside_of_the_coney_island_beach.





















.









Commenter  J’apprécie          287
Un dernier ballon pour la route

Benjamin Dierstein nous avait habitué dans ces deux précédents romans à hanter les zones sombres des milieux politico-financiers , il nous offre aujourd’hui une intrigue foutraque , hommage aux brèves de comptoirs et à leurs acteurs , mettant en vedette deux olibrius aux caractères bien trempés et un brin imbibés …



Freddie Morvan et son pote Didier ont une mission à accomplir: retrouver la petite Romane et sa mère Marilou en chair et en os et de préférence en vie . Une mission confiée par Virgile de Larochelière à son ancien copain d’enfance , à l’époque où les deux habitaient dans le même village .

Depuis Freddie a fait du chemin enfin ...il s’est surtout éloigné de sa ville natale pour gagner la région parisienne ,avant de rentrer dans l’armée , puis dans la Police et de terminer détective privé , trois secteurs d’activité où sa hiérarchie a su reconnaître à sa juste valeur son intolérance pour le travail pour lui proposer de réorienter au plus vite son activité vers d’autres cieux moins laborieux . Sans boulot, Freddie s’est recroquevillé dans des réflexions existentielles basées essentiellement sur la couleur de l’alcool qu’il allait ingurgiter les prochaines minutes avant que Virgile le rappelle à son bon souvenir .

Une fois sa mission terminée ( non sans mal ) et avoir sorti des griffes de dangereux apaches la jeune Romane , ce n’est pas sa mère, également disparue , qui a surgi à côté d’elle , mais une ado black au caractère bien trempé , Lily -Prune .

Pour toucher sa prime, Freddie n’a pas d’autres choix que de retourner dans le village de son enfance qu’il a quitté des années plus tôt . Il va découvrir une ville bien changée , entièrement aux mains de la famille de Larochelière , dont les différentes exploitations emploient une majorité d’ habitants de la commune et qui tente de modeler le village en fonction de ses ambitions économiques .

Mais la mort étrange de nombreuses vaches , la disparition mystérieuse d’un jeune vont mettre en ébullition une population aux abois et remettre Freddie et son pote Didier sur les rails de nouvelles périlleuses investigations .



L’auteur nous montre une autre facette de son talent avec cette histoire haute en couleur même si le (gros) rouge prédomine .

Outre des dialogues fortement dosé en humour noir dont la tonalité dépend du taux d’alcool dans le sang de nos protagonistes en goguette , on découvre une très belle brochettes d’énergumènes , un bestiaire (a)varié d’une incroyable variété : des piliers de bar qui soutiennent l’économie locale à leur manière , un type légèrement barré en couple avec une chèvre , David Croquette le chanteur qui anime le danse-floor du bar de Mado , des loups aux dents longues , une épouse -esclave , des vaches mortes et d’autres presque vivantes avant de passer à l’abattoir , une avaleuse d’assiettes , un “Général” dont la caboche est rempli de souvenirs de l’Indochine , le chien Enfoiré , Francis un fan inconditionnel de Cabrel et Michel le presque grand gagnant au Rapido.

Un Western post-moderne en Renault super 5 au milieu d’un grand nulle part , truculent et déjanté , savamment arrosé au Piconard ( Cocktail Picon-Ricard) , Ricard Suze ou autre gnôle de compost .Ça défouraille sec côté boutanches et côté pétards qui sortent comme par enchantement dès que ça sent le grabuge . Une lutte des classes à cœur ouvert où ceux d’en bas se rebiffent contre l’injustice , comme la saveur d’un roman social qui baigne dans une mare de Valstar frelatée .



Commenter  J’apprécie          250
La Cour des mirages

Ce roman est dérangeant, glauque, vulgaire, violent, perturbant .... mais en même temps, c'est le reflet du monde détraqué dans lequel on vit. A ne pas mettre entre toutes les mains car il est question de réseaux de pédophilie et de meurtres d'enfants. J'avais demandé au libraire un livre où il y a du sang et où ça se "castagne", un vrai polar ... je n'ai pas été déçu du voyage même si je trouve qu'il y a une petite "tromperie sur la marchandise", le libraire n'ayant jamais évoqué le fond du sujet traité dans le roman. En toile de fond il y a également l'arrivée de François Hollande à la présidence de la République en 2012 et les purges anti sarkozyste dans la police. Je formule un reproche à ce livre : sa taille (748 pages). J'ai cru ne jamais le finir. Je pense que l'auteur aurait pu dire la même chose en moitié moins de pages ; il y a pas mal de redites je trouve. Âme sensible s'abstenir donc !

Commenter  J’apprécie          241
La Défaite des idoles

Clinique.

Incisif.

Percutant.

Étouffant.

Ancré dans notre Histoire.

Flics déchus, services de renseignement politisés.

Grand banditisme, politique.

Grand banditisme, terrorisme.



Tu ne sais pas encore où tu mets les pieds. Attention lecteur, Benjamin DIERSTEIN aime le noir et la violence.

Entamer "La défaite des idoles" équivaut à entrer dans une ruelle sinistre en pleine obscurité.

Maintenant que tu y es, soit méfiant, un pied après l'autre, les paragraphes s'enchainent.

N'aie pas peur cher lecteur, tu vas prendre ton pied.



Verhaegen, officier de police traînant sa haine et son désir de reconnaissance, veut à tout prix coincer Kertesz, ancien collègue, dorénavant au service des corses dans le grand banditisme, et d'une société de renseignements privée qui pratique occasionnellement l'espionnage industriel.



En plein cœur de l'élection présidentielle en France de 2012 et la mort de Kadhafi, ex dirigeant de la Lybie, les services de renseignements français utilisent leur arme de prédilection, à savoir l'information, pour faire pencher la balance du côté de Sarkozy ou du côté d' Hollande, selon le parti soutenu.



Tous les coups sont permis, ou presque, dans ce jeu de pouvoir, qui couronnera le futur président de la République française.



Récit de fiction, alimenté par des informations précises et réelles, tu seras happé dans les rouages de ce thriller politique teinté de pourpre. La suite de "La Sirène qui fume" est un roman coup de poing, à l'ambiance aussi noire et explosive que la série Braquo.

Commenter  J’apprécie          220
La Cour des mirages

Le billet de Chantal pour Collectif Polar

La Cour des Mirages, Benjamin Dierstein

Je l’avoue, ce titre m’a attirée quand j’ai lu à propos de l’auteur, sous la plume de Caryl Ferey : « Du DOA sous amphètes, précis, nerveux, sans fioritures. »Je ne connaissais pas du tout B. Dierstein, et , comme ça m’arrive parfois, j’ai acheté immédiatement ce roman, « La cour des mirages », sans savoir que c’était le 3è tome d’une trilogie, ni que cette lecture allait être un vrai choc. C’est un récit de plus de 800 pages, ce qui se fait rare en la matière, mais la longueur ne me dérange pas, à partir du moment où l’on n’a plus qu’une envie: poursuivre coûte que coûte la lecture !

Le fait d’être pris dans une trilogie ne m’a pas gênée non plus, car l’auteur va reprendre, au début, ses personnages principaux et les restituer en quelque sorte, dans son intrigue. D’un côté, le capitaine Gabriel Prigent, de l’autre, Laurence Veraeghen, qui vient d’intégrer le service de la Police Judiciaire. Tous deux ont un passé plus que lourd. Prigent a quasiment vu sous ses yeux sa petite fille de 8 ans se faire enlever dans le métro, et elle n’a jamais été retrouvée. De l’autre, Veraeghen a tiré une balle dans la tête de son ex-chef de service, qui a menacé sa fille, Veraeghen n’étant pas tout à fait dans les clous malgré son efficacité à la Brigade criminelle. Ces deux personnages vont se retrouver collègues sous les ordres de la commissaire Chatel et vont devoir coopérer tant bien que mal entre eux deux mais aussi avec leurs nouveaux collègues.

L’assassinat de toute une famille va lancer Prigent et Veraeghen dans une quête effrénée : trouver les coupables de ce massacre mais surtout, retrouver la petite fille de la famille, qui, elle, n’a pas été tuée mais a disparu.

Prigent est hanté par la disparition de sa propre fille et c’est à coups d’anti-dépresseurs qu’il arrive à travailler. Sa collègue, dont la vie aussi bien au travail que privées est proche du désastre, va suivre une piste pédophile.

Le récit avance, dans une langue parfois chaotique quand il s’agit de Prigent, car on est dans sa tête, on suit ses obsessions et délires, mais qui ne sont jamais vains. Certains chapitres sont durs et laissent le lecteur un peu pantois et haletant. Un des thèmes principaux est la pédophilie, ses réseaux, la manipulation des enfants, voire des adultes . C’est un monde parfois difficilement soutenable dans lequel nous sommes plongés. Et encore plus quand on sent que, même si l’auteur dit avoir tout inventé, il y a bien un fond de vérité . Il est question aussi de politique, de « magouilles » diverses pour garder le pouvoir, ou sa place …

C’est un roman que je ne conseillerais pas aux amateurs d’Agatha Christie, encore moins d’Agatha Raisin ! Mais si on a lu Selby , Ellroy …, on peut se plonger dans ce roman étonnant, détonnant et aux personnages si attachants dans leurs révoltes devant l’injustice et leurs douleurs de ne pas toujours arriver à faire apparaître la vérité. Un style percutant, une intrigue qui avance sans cesse, c’est vraiment à découvrir !





NDLR :

La cours des mirages paraitra en poche chez Point policier le 3 février 2023 prochain
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
Commenter  J’apprécie          211
La sirène qui fume

Ce livre est une véritable tuerie . L'accord parfait entre personnages qui vous marquent , un récit complètement dingue - émotions garanties - et un rythme de damnés .

Une histoire de flics grandeur nature :

- le premier , le lieutenant Christian Kertesz de la Brigade de Répression du Proxénétisme est plutôt du type ripou . Il baigne dans toutes les combines qui peuvent rapporter gros quitte à utiliser sa force et sa haute stature pour faire le coup de poing avec ses amis de la mafia corse locale .

- le deuxième, le capitaine Gabriel Prigent de la Brigade Criminelle , vient d'être muté de Rennes au 36 Quai des Orfèvres pour une sombre affaire qu'il tente d'oublier à grands renforts d'anxiolytiques et d'antidépresseurs de tout poil . La justice et l'intégrité sont ses deux leitmotivs quelque soit la circonstance .



En somme deux profils que tout oppose.

Mais leurs enquêtes respectives vont les emmener tous les deux sur la piste d'un énorme trafic de prostitutions de filles de l'Est et aussi de mineures dirigé par un mystérieux Deda.

Ce trafic transfontalier est un business hyper lucratif et il implique de probables connivences policières mais aussi politiques du plus haut niveau .

Ces jeunes filles dont certaines ont été retrouvées torturées rappellent cruellement à Prigent la disparition de sa fille jumelle Juliette dont il est toujours sans nouvelles.

Leurs investigations vont peu à peu tourner à l'obsession pour les deux hommes ; notamment celle de retrouver vivante l'une de ces jeunes prostituées dont un tatouage représente une sirène qui fume ..



Ce premier roman de Benjamin Dierstein est une vraie réussite.

Il nous embarque dans cette descente aux enfers progressive de ces deux policiers que le destin va faire se croiser . Hormis ces deux protagonistes principaux l'auteur breton nous dresse un savoureux bestiaire de second rôles pour lesquels on hésite souvent entre faux gentils ou vrais méchants .

Le style est également (d)étonnant, nous proposant une narration à la première personne pour Prigent et à la deuxième personne pour Kertesz , laissant une grande place aux dialogues ce qui donne au récit un air de scénario de cinéma ..Pour les amateurs de scènes épiques j'ai beaucoup apprécié ces longues phrases sans points qui apportent une fulgurance et une dramaturgie supplémentaire au récit , mettant le lecteur dans le feu de l'action . C'est vraiment bluffant !

En résumé l'un de mes coups de coeur 2018 .

Commenter  J’apprécie          212
La sirène qui fume

La première impression en sortant de la lecture de ce roman, c'est que le terme « Roman noir » n'est encore pas assez sombre pour décrire ce livre.

On commence par planter un décor plutôt classique avec 2 enquêteurs : Prigent, le propre sur lui et Kertesz, le ripoux. Et des meurtres de prostituées. L'Enfer commence ici. Chapitre après chapitre, l'auteur va creuser dans la noirceur. Ne cherchez pas la lumière, il n'y en a pas. En revanche, il y a beaucoup de sexe et de drogue (mais pas de Rock n'Roll). Et comme si ça ne suffisait pas, tout cette enquête se déroule sur fond de début de campagne présidentielle, avec tous les scandales qui ont réellement eu lieu à ce moment, comme DSK. Ceci-dit, cet aspect de l'histoire n'est surtout qu'un bruit de fond sur l'intrigue principale et ne prend jamais vraiment le dessus. Ça permet de donner un côté plus réaliste à cette enquête, d'accroitre encore plus ce sentiment de malaise face au sordide.

Un chapitre sur deux est consacré à Prigent ou Kertesz. La particularité des chapitres de Kertesz, c'est qu'ils sont racontés à la deuxième personne. Au départ, je me suis dis que ce serait uniquement sur un chapitre, pour donner un effet dramatique. Mais ça continue. C'était assez déstabilisant, l'effet de départ prend une autre forme, permet de bien démarquer quel personnage prend les rênes de l'histoire. Puis je m'y suis habituée et me suis rapidement aperçue que ce style permet une implication bien plus importante du lecteur. Si vous n'aviez toujours pas compris que l'auteur voulait une ambiance le plus oppressante possible pour lecteur, ça devrait finir par vous convaincre.

En résumé, j'ai adoré. Pour certains, ce genre de roman plombent le moral. Pour moi, lorsque c'est bien écrit comme ici, c'est un vrai bonheur de lecture. Et en plus, c'est une trilogie ! Âmes sensibles s'abstenir, mais vous loupez quelque chose.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
Commenter  J’apprécie          200




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Benjamin Dierstein (465)Voir plus

Quiz Voir plus

Qui a écrit cette oeuvre?

Qui a écrit 1984 ?

H.G Wells
O Wells
S Beckett
G Orwell

11 questions
10675 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}