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Critiques de Arnaldur Indriðason (3999)
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Ce que savait la nuit

Avec Ce que savait la nuit, et Konrad, son ex flic à la retraite, croisé dans Passage des ombres, nous continuons d'avancer à tâtons dans cette nouvelle histoire concoctée par Arnaldur Indridason.



Ici, la mémoire et les souvenirs supplantent les réponses obtenues par les données et les relevés scientifiques. L'être humain y surpasse la technologie, c'est moins rapide, chronophage mais d'une efficacité redoutable.



Les énigmes se résolvent peu à peu, au gré des rencontres, de flash-back, de témoignages.

Le temps se dilate, l'espace temps est roi, et la réalité en 3D, les temporalités s'entrelacent.



Les nuits sont plus longues que les jours en cette fin d'automne. Les saisons balisent le récit et, la météorologie celle de l'état d'esprit de Konrad.

Konrad, cet enquêteur vieillissant qui , lui aussi comme son prédécesseur Erlendur, redonne la voix à ceux qui se sont tus il y a déjà bien longtemps, se faisant le médiateur entre le monde des vivants et celui des morts.



Eclipse lunaire, fonte des glaces, nous sommes si petits et si grands, des poussières d'étoiles en attente du grand voyage semble nous chuchoter Arnaldur Indridason, déchirés, écartelés entre nos parts d'ombre et de lumière, une lutte sans répit que son compatriote le poète Einar Benediktsson (1864-1940) a su si bien évoquer.



Alors encore une fois chapeau bas Monsieur Arnaldur Indridason, bravo à Eric Boury,

merci pour ces vagues d'émotions que vous savez si bien susciter.

Un roman policier qui va bien au-delà du genre,

une réflexion existentialiste teintée d'une grande humanité… et des préoccupations universelles et très actuelles.

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Les fantômes de Reykjavik

Arnaldur Indridason est une valeur sûre pour ceux qui aiment les polars de facture classique. Jamais d'effusion de sang, pas de recherche du glauque à tout prix, des victimes ordinaires et des bourreaux sans excès, autant d'ingrédients pour une enquête peu spectaculaire mais ultra efficace. Ces Fantômes de Reykjavik, sans atteindre les sommets de certains de ses romans, ne dérogent pas à la règle.



Depuis La Cité des Jarres, l'auteur avance loin des clichés sur la petite Islande, dans la pénombre de la société islandaise dont la petitesse de la population ( 360.000 habitants ) ne l'exemptent pas des dérives violentes inhérentes au monde contemporain. Ici, à travers deux enquêtes croisées ( un cold case autour de la noyade d'une jeune fille de douze ans et une enquête sur la disparition d'une junkie plusieurs décennies après ) lui permettent de gratter les plaies des violences faites aux enfants et aux femmes.



Le policier retraité Konrad a remplacé le formidable commissaire Erlendur dont il pourrait être le frère tant ces deux personnages se répondent et partagent la même aptitude à la compassion. Cette générosité s'étend à la fois aux vivants et aux morts, ici la fillette qui n'est peut-être pas morte accidentellement. C'est avec détermination qu'il entend rendre leur dignité à cette oubliée, découvrant avec colère à quel point l'enquête initiale a été bâclée sur fond de mépris à l'égard des classes sociales défavorisées. Comme pour Erlendur, Indridason révèle son passé pour mieux expliquer cet acharnement à trouver la vérité et confondre les coupables, quitte à prendre des risques et à sortir des clous de la légalité.



C'est avec une grande précision que l'intrigue se construit. Au départ très pépère, un peu molle avec ses apparences très banales, elle gagne en intensité, enrichie par des personnages secondaires très intéressant comme la médium Eyglo qui est hantée, sans caricature, par la vision de la petite fille noyée à la recherche de sa poupée. L'enquête prend méticuleusement forme, patiemment, emplie d'une mélancolie touchante lorsque le vieux Konrad se rappelle son enfance, son escroc de père, assassinée sans qu'on en sache plus sur l'auteur du crime, sa soeur dont il va découvrir les secrets en résonance avec ses deux autres enquêtes.
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Le Roi et l'Horloger

Arnaldur Indridason surprend en s'éloignant totalement de l'univers polar dans lequel il excelle pour proposer un surprenant roman noir historique qui se déroule fin XVIIIème siècle entre le palais de Christianborg à Copenhague et la campagne isolée du fjord Breidafjördur au Nord-Ouest de l'Islande.



Cela commence comme un conte. Jon Sivertsen, simple horloger, en train de restaurer une précieuse horloge dans les sous-sol du palais royal danois, rencontre inopinément le roi Christian VII en personne. Une conversation quasi surréaliste s'engage. Jon lui raconte la tragique histoire de son père islandais et de sa gouvernante tous deux exécutés sur ordre du roi Frédéric V ( père de l'actuel ). Il doit convaincre son roi que la peine était injuste sinon il risque la prison ou pire.



On retrouve dans ce roman les qualités de conteur de l'auteur dont la narration enveloppe le lecteur avec une fluidité remarquable pour passer du passé islandais du père au présent danois de l'horloger. Comme dans ses polars, aucune fioriture, aucun rebondissement superficiel, aucune recherche de spectaculaire. J'ai été surprise d'être aussi prise et intéressée par les passages liés à la restauration de l'horloge, Jon essayant de comprendre son fonctionnement mécanique et partant à la recherche des pièces ( automates ou carillons ) qui ont été dispersés dans Copenhague. D'ailleurs, cette horloge, chef d'oeuvre réalisé par l'horloger suisse Isaac Habrecht en 1572 existe vraiment, visible au palais de Rosenborg.



On retrouve également toutes les obsessions d'Arnaldur Indridason : le questionnement du passé de l'Islande, la volonté de rendre justice aux victimes et la perte d'êtres chers. C'est tout le drame d'une Islande colonisée par le Danemark que raconte Jon comme pour ouvrir les yeux à son roi. Une Islande de misère où les enfant meurent de malnutrition, une Islande rurale broyée par le Stóridómur ( un corpus de lois adoptées en 1564 pour interdire les relations sexuelles hors mariage et lutter contre la prétendue légèreté de moeurs des Islandais ) appliqué iniquement et brutalement par des baillis royaux avides de récupérer les biens des condamnés.



De façon très subtile, l'auteur amène ses deux personnages si dissemblables au départ à se rapprocher et on y croit à cette improbable relation. L'histoire racontée par Jon sème la confusion chez Christian VII, roi fantoche écarté du pouvoir par son propre fils car souffrant de démence. Ce dernier, ridicule au départ, devient de plus en plus humain à mesure que ses failles se révèlent, et au final c'est toute la clique de sa cour qui semble fort risible. Sur la fin, le récit se teinte de mélancolie sur le temps qui passe, devenant méditatif sur la solitude lorsque ceux qu'on aime ne sont que des fantômes qui vous hantent.



Ce roman parle aussi de la liberté d'expression. Jon, le narrateur sorte de Shéhérazade polaire, semble être une métaphore de l'écrivain. Il crée une histoire pour retenir l'attention du roi, sans dire de mensonges mais en inventant ce qu'il n'a pas vu de ses yeux :

« Il avait à cœur de relater l’ensemble des faits dans un souci de justesse et de vérité, sans omettre aucun détail d’importance, même s’il devait en pâtir. Que devait-il laisser de côté ? Qu’est-ce qui comptait le plus ? Quels personnages liés à cette histoire méritaient d’être mentionnés ? Quels éléments allait-il choisir de taire ? Lesquels comptait-il utiliser ? Comment maintenir l’attention du souverain ? Comment éviter de déclencher ses foudres ? Devait-il se borner à dire ce que, selon lui, Sa Majesté avait envie d’entendre ? N’était-ce pas un meilleur choix d’être honnête et de lui faire part du fond de sa pensée ? Ne devait-il pas juste laisser libre cours au récit, quelles que soient les conséquences de ses paroles ? Mais si ses propos le mettaient en mauvaise posture, n’était-il pas préférable de s’abstenir ? L’occasion lui était offerte de façonner les opinions de Sa Majesté le roi Christian VII ? Ne devait-il pas en profiter ? »

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Passage des ombres

Le temps de la situation connu par l'Islande durant la Seconde Guerre mondiale est déjà bien loin, et en effet les tensions provoquées par l'Occupation anglaise puis américaine semblent être oubliées aujourd'hui et, font partie à présent de l'histoire ancienne.



Pourtant, la découverte du corps d'un vieil homme gisant sur son lit,en apparence décédé dans son sommeil, va réactiver la mémoire d'une des personnes chargée de l'enquête et faire ressurgir des secrets oubliés, enterrés et transposer à nouveau le lecteur auprès du binôme islando-canadien, formé par Flovent de la Brigade criminelle de Reykjavik et de Thoran de la police miltaire, rencontré dans les volets précédents de la Trilogie des Ombres.



L'occasion de vérifier que « le passé finit toujours par rattraper le présent ».



C'est avec plaisir que j'ai retrouvé l'adresse, la sensibilité, le tact si caractéristiques de la plume d'Indridason, véritable orfèvre pour évoquer le passage du temps.

Dès la lecture des premières pages je suis partie de nouveau en voyage pour devenir le témoin privilégié d'une histoire, celle très émouvante d'un des protagonistes qui attend que l'on prenne le temps d'autopsier son cadavre… histoire personnelle qui se fait évidemment le réceptacle et le révélateur d'autres histoires, celles de jeunes filles disparues à l'époque des rendez vous clandestins et des amours défendus.



Alors oui il me semble, car on est jamais certain, que le vrai héros de cette trilogie c'est le temps marqué par le recours à la mémoire collective des islandais pour aboutir à la résolution de l'enquête.



Le Passage des ombres clos magnifiquement cette trilogie.



Indridason témoigne de cette époque charnière en en révélant tous les bouleversements :

« Notre société paysanne pauvre brusquement arrachée à ses racines et projetée dans le tourbillon des événements mondiaux » serait définitivement autre….

Révolu le temps d'une Islande agricole et patriarcale isolée du monde ;

révolu aussi le temps des fléaux, des grandes épidémies (allusion à la plus contemporaine et très meurtrière grippe espagnole de 1918) …



Temps historique, temps personnel et temps réel s 'épousent donc dans ce troisième volet où s'entrelacent passé et présent pour mieux témoigner de leurs passages dans la mémoire des hommes : mémoire vacillante, mémoire vive ou mémoire qui part en miettes…



Des histoires, celles du peuple islandais pour ne pas oublier la grande celle avec un grand H et faire un clin d'oeil au petit peuple de l'ombre…



Merci Arnaldur Indridason

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Dans l'ombre

Reykjavik  été 1941: les troupes américaines déferlent sur la capitale, consécutivement aux troupes  britanniques présentes depuis le 10 mai 1940.

Suite à l'extension du IIIème Reich, avec l'occupation allemande du Danemark le 9 avril 1940, les Anglais alertés occupent l'Islande pour contrer un éventuel projet d'implantation des nazis sur la terre de leurs soi-disant glorieux ancêtres Vikings. 

Avec Dans l'ombre, premier volet d'une trilogie, Arnaldur Indridason nous fait découvrir le chaos que provoque l'arrivée de tous ces soldats étrangers dans son pays et les répercussions qu'elle entraîne dans la société civile et l'économie de l'île.

Dans ce tumulte, les débordements ne cessent d'augmenter: les baraquements où sont confinés les troupes d'occupation se vident le soir pour se déverser dans les dancings de la ville, l'hôtel Island ne désemplit pas, on y vient écouter du jazz, boire un coup, danser, courtiser et plus si affinités.

Ces bouleversements auxquels sont confrontés la population se résume en un seul mot: la situation.

Ce terme recouvre la période et les réalités nouvelles de la société islandaise: l'occupation des troupes britanniques puis américaines de 1940 à 1945 et les relations entretenues entres les filles du pays et les soldats étrangers.

Les jeunes femmes attirées comme les hommes par la perspective d'une vie meilleure affluent vers Reykjavik car s'ouvre à elles des voies nouvelles : les blanchisseries se multiplient (en effet les uniformes de tous ces soldats doivent être nettoyés et préparés) … une Brigade de Protection des mineurs est mise en place pour éviter que les plus jeunes ne servent de chair fraîche aux soldats.



Voilà le décor planté, une île chamboulée par la présence de contingents militaires et les échos de la seconde guerre mondiale.



La découverte du cadavre d'un simple représentant assassiné chez lui sème la panique. En effet sur la scène de crime de nombreux indices sont relevés : l'arme tout d'abord, un Colt américain, puis un signe barbouillé sur le front du cadavre, une croix gammée, et enfin une capsule de cyanure cachée dans la poignée de la valise de la victime…

Ces indices soulèvent de nombreuses questions : règlement de comptes, espionnage, infiltration nazie.



Dans le doute, la Brigade criminelle islandaise n'étant composée que d'un seul homme, l'inspecteur Flovent, les autorités militaires lui adjoignent une aide, l'enquêteur Thorson, un américain d'origine islandaise, « un islandais de l'Ouest ».

Ensemble ils vont devoir prendre en compte ces informations extra-ordinaires et les trier afin de se sortir de ce qui paraît être un vrai panier de crabes au fur et à mesure des investigations et des interrogatoires rythmant l'enquête. Car n'oublions pas, l'inspecteur Flovent débute dans le métier même si il a été formé à Scotland Yard et son acolyte Thorson a du s' improviser enquêteur !



Un premier volet que j'ai beaucoup apprécié : on y retrouve la patte de l'auteur, son style propre, une écriture toute en finesse, sa subtilité pour évoquer la différence, la précarité, et dessiner des portraits de personnages biens travaillés qu'il soit masculin ou  féminin.



Indridason se fait un plaisir à balader le lecteur dans les méandres de l'histoire et les visages multiples de l'Islande du temps de la situation avec une intrigue qui permet de noyer le lecteur grâce à de nombreuses diversions.

La fièvre de la capitale contre l'immuabilité des travaux à la campagne avec le temps la fenaison dans les fermes.

Le temps des folies en ville et celui des traditions dans les fjords reculés.

Les déambulations de Flovent dans Reykjavik qu'il connaît comme sa poche avec l'histoire de ses quartiers, et de ses principaux bâtiments.

Les visites de Thorson dans les fjords éloignés qui lui permettent de s'imprégner et de se réapproprier l'âme islandaise.

 Et bien sûr la promesse d'une émancipation pour les femmes..



Un vrai régal.

Inconditionnelle d'Indridason, j'ai hâte de savourer le second volet pour retrouver ce nouveau binôme fraîchement entré dans le métier et encore si peu expérimenté.

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La femme en vert

Moyenne de 4 / 5 , 248 votes , 60 critiques...Tout est dit !

Si le systeme de notation Babelio avait été plus pointu , j'aurais pu me fendre d'un 4.728 . Mais apres 3 h de vaines tentatives à essayer de cliquer sur 1/3 , 1/4 d'étoiles dans l'espoir d'affiner mon jugement , les faits sont là Arnaldur , je ne pourrais qu'attribuer un quatre étoiles , les cinq étant exclusivement réservées à la collection Harlequin...



La Femme en Vert semble avoir été bardé de récompenses ! Prix des lectrices de ELLE en 2007 ; Prix Clé de verre 2003 du roman noir scandinave ( à ne jamais remettre à un parkinsonien ! ) ; Prix CWA Gold Dagger 2005 . Excusez du peu...N'ayant pas de prix à décerner , je me contenterai d'applaudir et des deux mains encore , ce qui est toujours plus pratique . Assurément le meilleur Indridason lu à ce jour !



L'enquete : Toti fete ses huit ans . Sa petite soeur , elle , semble s'amuser avec un cadeau atypique mais oh combien original : un os humain ( Noel approche , pensez-y ) . Une fois le squelette localisé , revoila l'infatigable Erlendur , assisté de sa fine équipe , en charge d'identifier la macabre découverte . Un supposé meurtre datant de pres de 60 ans !

Indridason n'est pas Barbara Cartland ! Le rose semble lui etre tout à fait étranger , ce qui est vraiment dommageable , car il nous prive , du coup , de dialogues incroyablement touchants et gravés à vie dans la mémoire collective :

- As-tu du souçi qui te cause du tracas Anna Gram ?

-Nan , laisse-moi Anna Lphabeth , j'ai seulement des problemes...

Merci Barbara...



Son truc , à Indridason , c'est le sociétal ! Le racisme , l'homosexualité , la violence sexuelle...Et le moins que l'on puisse dire , c'est qu'il tape souvent juste ! Là ou ça fait mal ! Il a l'art d'éveiller les consciences aux pires travers , aux pires penchants inavouables commis par l'Homme , maillon supreme de la chaine de l'évolution . Dans cette enquete , l'auteur va prendre un malin plaisir à nous balader d'une époque à une autre , sorte de yo-yo temporel entre un passé à élucider et un présent qui n'a peut-etre plus d'avenir pour Eva Lind , la fille d'Erlendur , découverte par son pere inanimée et promise par le médecin à une mort quasi-certaine . Erlendur pourrait alors perdre du meme coup et sa fille , et son titre de grand-pere . Eva etant alors prégnante au moment des faits . Leurs rapports furent toujours houleux et c'est dans ces conditions extremes qu'Erlendur va se dévoiler comme jamais , offrant ainsi à sa fille ( et au lecteur ) une confession ou la maladresse n'a d'égale que l'amour qu'il lui porte . Touchant .

Comme bien souvent , c'est le boulot qui permet à tout un chacun de tenir lorsque la vie vous envoie vacherie sur vacherie .

Et Erlendur s'y livrera à corps perdu . Son obsession , découvrir l'identité de ce cadavre d'apres-guerre . Une fois de plus , Indridason nous perdra avec délectation . C'est à un incroyable jeu de piste auquel l'auteur nous convie . Il nous en donne cependant les clés . Deux hypothese s'offrent à nous et nous paraissent aussi plausibles l'une que l'autre à tour de role . L'on croit deviner ce qui semble etre comme une évidence et un nouveau personnage , un nouveau fait vient instaurer le doute et faire voler en éclat ce qui apparaissait trois pages plus tot comme la résolution indubitable d'une enquete rondement menée . L'une de ces pistes conduit à une famille qui aurait habité les environs au moment du drame. Une femme . Un homme ( encore que..) . Trois enfants dont la petite derniere handicapée . Et c'est avec douleur et compassion que l'on va supporter cette femme en passe de perdre son humanité sous les coups journaliers de son mari et presque résignée à son sort peu enviable . Indridason dépeint crument la violence conjugale au quotidien . L'assassinat de l'ame . Un plaidoyer grandiose sur la condition de femme battue !

Indridason signe là un polar douloureux et sans concessions . Une Islande d'apres-guerre magistralement évoquée . Un grand polar tout simplement !



A tous ceux qui pretent la moindre signification aux couleurs , La Femme en Vert n'engendre pas de grands espoirs , elle les matérialise !!
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Betty

Ah ! Betty....Betty, plantureuse, voluptueuse, sensuelle...Betty qui cherche un conseiller juridique pour son armateur de mari. Car Betty est mariée, mal mariée avec un homme qui la bat. Oui mais c'est un homme riche, très riche, qu'elle ne veut pas quitter.

Pour Betty, on serait prêt à tout : accepter le job, la voir en cachette, vouloir l'aimer, la protéger, ...se retrouver en prison pour meurtre. Ah ! Betty...Betty, menteuse, manipulatrice, fatale...



Quoi de plus banal qu'un triangle amoureux qui tourne mal ? Quoi de plus éculé que l'image de la femme fatale aussi belle que manipulatrice ? Quoi de plus pathétique que le dindon de la farce qui crie son innocence tout en pleurant son amour perdu ?

Pourtant Arnaldur INDRIDASON réussit le tour de force d'en faire un petit bijou qui se joue du lecteur avec brio. Misant sur nos esprits formatés et conventionnels, il bouscule le schéma classique et nous surprend de façon magistrale. Un exercice brillantissime !
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La femme en vert

Un bébé qui mâchouille et bavouille pour se faire les dents… C’est mignon comme tout… Surtout quand on se rend compte que ce qui lui sert pour faire les dents ressemble à un os… humain… une côté fêlée… Un os remonté à la surface dans le terrain d’à-côté suite aux travaux de construction d’une nouvelle résidence. Reykjavik est en pleine expansion, qui aurait cru que la ville se serait étendue sur ces terres sauvages… Erlendur doit se rendre sur place, plus préoccupé par le sort de sa fille, retrouvée dans une piaule à drogués. Et si j’appelais un archéologue pour qu’il m’en dise plus sur ces ossements ? Fatale erreur. Il ne sait pas comment travaillent ces archéologues, avec pince à épiler et petit pinceau pour nettoyer la terre. A ce rythme-là, je vais avoir le temps de finir mon pack de bières, et de voir des trolls danser autour de moi. Une cuvée des trolls, l’esprit un peu islandais.



Pendant ce temps, Erlendur réfléchit, à sa fille et à ces groseilliers sauvages sur la parcelle d’à-côté. Est-ce qu’il y a vraiment des groseilliers sauvages qui poussent sur la lande islandaise ? La réponse à l’énigme doit se trouver là. Quelqu’un a une recette de confiture de groseilles ? C’est que les travaux des archéologues ont à peine démarré, et je sens qu’il va en falloir des jours et des jours, d’attente. Peut-être que je devrais aller acheter une bouteille de vodka ?



Je me souviens d’avoir vu aussi traîner une femme dans un long manteau vert, « la femme en vert », un peu tordue aussi. Il faudrait la retrouver, surtout ne la lâche pas, elle doit avoir des trucs à nous dire.



J’ai replongé en terre islandaise pour revivre l’une des premières enquêtes de Erlendur. J’en apprends un peu plus sur lui, sa fuite et sa fille et son frère, obsession que j’ai suivi dans les épisodes futurs. Je prends le pouls des étoiles nordiques, la nuit qui tombe ou reste tombée pendant des heures, des heures que les archéologues tentent de dépoussiérer un tas d’os. Des os qui datent probablement de la guerre. Arnaldur Indridason aime bien faire revivre le passé de son île. Mais à qui appartiennent donc ces os ? À des militaires anglais, ou américains ? À une femme islandaise ? L’enquête sera longue et lente, mais haletante, prendre son temps, une pelle aurait quand même accéléré le rythme plutôt qu’un pinceau. Et puis dans cette affaire, sans dévoiler le crime, ou la passion du crime, les violences conjugales sont au centre de ce corps. Sombre centre que la lune n’éclaire pas, une femme qui n’est plus une femme… Triste aussi, et rageant. La colère, la peur. L’indignation surtout. Mais comme il s’agit d’un roman noir, cette ballade (pas si bucolique) islandaise est bien noire, comme la nuit, comme le café, comme la stout…
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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La femme en vert

La femme en vert m'a scotchée, mise au tapis, laissée pantoise. Elle m'a mise ipon sans préavis! Jusqu'à ce jour c'est l'ouvrage d'Indridason qui a ma préférence.

Ce qui m'a touchée c'est sans aucun doute l'histoire de cette femme ayant vécu l'horreur de la violence conjugale. Cette tragédie vient s'imbriquer dans l'enquête d'Erlendur, notre policier de la criminelle de Reykjavik.

Tout débute avec la découverte d'un os humain qui se retrouve entre les mains d'une petite fille qui se l'est appropriée pour se faire les dents!

De fil en aiguille cet os les mène en banlieue de la capitale islandaise et des fouilles commencent pour déterrer un squelette qui pourrait bien être là depuis la deuxième guerre mondiale.

Il va sans dire que même sous la torture je n'en dévoilerai pas plus sur cette intrigue, qui se déroule avec une précision et une progression digne des plus grands thrillers.

Après cette lecture, je ne regarderai plus mes groseillers de la même façon...
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Les fils de la poussière

C'est un polar noir plutôt bien ficelé que j'ai globalement aimé avec une intrigue assez originale avec une dose de fantastique qui n'écrase pas l'histoire mais lui donne une dimension encore plus forte, donc un intérêt de lecture réel.



L'intrigue met toutefois assez longtemps à se mettre en place et le rythme de la première partie m'a paru assez lent sans devenir vraiment ennuyeux. La fin m'a semblé bien plus trépidante, avec un dénouement insolite, même si certains aspects de celui-ci sont dévoilés à mesure des avancées de l'enquête.



Un intérêt particulier dans la structure de cette enquête : elle est conduite à la fois par la police et par un particulier, Palmi, frère d'un personnage clé, qui désire mener lui-même toutes les investigations possibles sur le suicide de son frère qui survient dès les premières pages du livre. Et Palmi m'a semblé meilleur limier que les policiers, obtenant le maximum des résultats, sans doute par l'opiniâtreté qu'il met dans sa démarche, car il se reproche son incompréhension des souffrances de son frère.



Le style est aisé, le contexte islandais bien installé, même si j'aurais apprécié personnellement plus de descriptions des villes, quartiers, campagne de l'Islande.



C'est un peu long dans l'ensemble avec, comme très souvent, un final paraissant abrégé, celui-ci laissant toutefois une ouverture quant à une éventuelle suite. Je ne connais pas suffisamment cet auteur pour savoir si elle a été écrite.
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La femme de l'ombre

Printemps 1943, les troupes alliées déployées en Islande, sur une île encore préservée des folies du monde moderne, loin des fureurs de la seconde guerre mondiale, profitent de leur isolement pour prendre du bon temps.

Les islandais, eux, vivent bon gré mal gré « la situation ».



En hiver 1942, ceux vivant en Europe du nord pour diverses raisons (travail, formation universitaire, santé ...) sont évacués par un convoi exceptionnel de Petsamo en Norvège à Reykjavik (via Trondheim et les Orcades) . Ce rapatriement est le résultat de l'invasion du Danemark par l'Allemagne nazie : si le régime du Troisième Reich tolère ce projet, reconnaissant ainsi la neutralité de l'Islande il n'en surveille pas moins le trajet.

De retour au pays à bord du paquebot Esja, ils vont découvrir de nouvelles donnes et vont devoir s'adapter à « la situation », aux changements irrémédiables qu'elle entraîne.



A Reykjavik, le commissariat de Posthustraeti ne désemplit pas, les troubles sur la voie publique, les affaires de mœurs, accrochages entres autochtones et soldats imbibés sont de plus en plus fréquents …

Notre binôme, formé de Flovent , la recrue locale et de Thorson, le canadien, va être mis à rude épreuve. La mort d'une victime décédée suite à une agression sauvage et, la découverte d'un noyé vont leur permettre d'affiner leur coopération. Si les deux années passées depuis Dans l'ombre ont amélioré leur complicité elles ne les ont pas encore assez aguerris aux méthodes d'investigation, parfois maladroits c'est surtout sur leur ténacité qu'il va falloir compter. Mais Baldur le médecin légiste leur apportera une aide précieuse.



Indrindason en explorant cette période mouvementée continue de nous immerger avec La femme de l'ombre dans une Islande occupée par les Alliés, et la confrontation de ces deux cultures qui apportent son lot de changement des mentalités. Le lecteur assiste au développement d'activités lucratives propre à ces périodes troubles.



Le décor principal, une zone de no man's land avec son pré, le pré de Klambatrun, coincé entre le quartier pauvre des Polarnir et les baraquements militaires, le choc de deux univers où se retrouvent

en soirée, gens du pays et militaires et, où pullulent les gargotes dont la plus prisée est celle du Picadilly, rebaptisée par les américains le Pick-a-Dolly… tout un programme !



Dans ce deuxième volet de la trilogie des ombres, Arnaldur Indridason nous a fignolé une intrigue où l'apparente complexité temporelle permet de laisser mariner le lecteur dans un flou maîtrisé qui lui permet d'en apprécier tous les ressorts . Rempli d'anecdotes (bière made in iceland réservé aux alliés, …) , de clins d'oeil à la culture et l'histoire islandaise (nous croisons de célèbres poètes, le nom donné au paquebot, l'Esja), il nous sert un récit foisonnant, aux multiples rebondissements, agrémenté d'une palette de portraits de personnages, pris dans les affres et les échos de la Seconde guerre mondiale, les tourments de la vie et leur lot de conflits relationnels (conjugaux, amoureux).



Avec sensibilité et finesse , il traduit toute les couleurs des sentiments et des comportements que la population islandaise a pu adopté ainsi que celle des américains durant la situation.

Un voyage au coeur d'un épisode complexe de l'Histoire islandaise qui nous familiarise avec le quotidien de ses habitants.



Prête pour Le passage des ombres, le dernier volet de la trilogie.

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Les nuits de Reykjavik

D'anciennes tourbières comme terrain de jeu pour les enfants. Mais aussi le lieu d'une macabre découverte, celui du corps d'un SDF, Hannibal. Une noyade, voilà ce que diront les inspecteurs une fois sur place. Et, pourtant, cela ne semble guère convenir au jeune policier Erlendur Sveinsson qui déplore le manque de zèle de ses collègues pour enquêter sur ce décès. Pour avoir côtoyé l'homme plusieurs fois dans les rues sombres de Reykjavik, lors de ses rondes de nuit, le clochard lui avait confié que quelqu'un avait tenté d'incendier la cave dans laquelle il habitait. Erlendur ne cesse d'y repenser et décide alors de mener sa propre enquête...



Arnaldur Indriðason revient, dans ce polar, sur les premiers pas dans la police de son inspecteur fétiche, Erlendur. Alors âgé d'une vingtaine d'années, le jeune policier travaille dans la police de proximité, pendant la nuit. Au cours de ses rondes, accompagné de deux collègues, il devra faire face au quotidien parfois violent de la population. Des braquages de bijouterie aux disparitions irrésolues en passant par la violence conjugale, des bas-fonds aux banlieues chic, les nuits de Reykjavik sont plus que jamais sombres. Au delà de l'enquête sur le décès de ce clochard, l'auteur dépeint avec force et une certaine noirceur cette société en proie aux doutes qui semble noyer son chagrin dans l'alcool. Pas de course-poursuite infernale mais une atmosphère dans laquelle Indriðason sait si bien nous envelopper. C'est toujours avec plaisir que l'on retrouve ce cher Erlendur, soucieux et taciturne, hanté par les fantômes de son enfance et déjà passionné par tout ce qui touche aux disparitions inexpliquées.



Les nuits de Reykjavik... sombres et froides...
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Le Roi et l'Horloger

Connu pour le succès planétaire de ses romans policiers, Arnaldur Indridason, historien de formation, nous revient avec un roman historique plus que jamais marqué par son thème de prédilection : le passage du temps.





A la fin du XVIIIe siècle, dans les réserves du palais royal de Christiansborg à Copenhague, le vieil horloger Jon Sivertsen travaille à la délicate réparation d’un chef d’oeuvre oublié d'Isaac Habrecht : une réplique, désormais en piteux état, de l'horloge de la cathédrale de Strasbourg. Un soir, guère plus vaillant que les vieux objets abandonnés aux bons soins des souris et de la poussière dans ce coin reculé du château, surgit tel un spectre, échevelé et aviné dans sa robe de chambre, le roi Christian VII que ce que tout le monde nomme sa folie tient enfermé dans ses appartements, loin du pouvoir désormais exercé par sa belle-mère et son beau-frère. Très seul, le monarque « remisé » cherche de la compagnie et prend bientôt l’habitude de ces visites impromptues à l’artisan.





Interrogé par le roi sur ses origines islandaises et sur la vie dans la colonie danoise perdue dans l’océan, si loin au nord, là où entre volcans, tremblements de terre et famines, il paraît que les gens – pauvres diables à l’odeur inhumaine – vivent dans des chaumières enfoncées dans la terre – un calvaire auquel le Danemark, par charité, a même un jour songé à mettre fin en transférant tous les habitants de l'île en métropole –, le vieux Jon surmonte peu à peu sa timidité pour lui confier, au fil de leurs entrevues, l'histoire de ses parents en Islande. Son récit est effectivement terrible, mais pour bien d'autres raisons que l'âpreté de cette terre inhospitalière, l'injuste et tragique sort de ces pauvres gens s'étant en vérité retrouvé scellé par l'application à l'emporte-pièce de lois coloniales en complet décalage avec les moeurs locales.





En évoquant la cruauté de l'administration danoise en Islande, jamais Jon n'aurait imaginé provoquer une telle confusion dans l'esprit déjà perturbé du souverain. Il faut dire que lui aussi ostracisé dans sa famille et dans son royaume pour sa folie supposément à l'origine de ses comportements immoraux et déviants - n'a-t-il pas endossé la paternité des deux enfants nés de l'infidélité de son épouse et, jusqu'à ce que son rival et proche conseiller, le médecin Johann Friedrich Struensee soit exécuté, conservé pour lui son estime et son amitié ? -, Christian VII a toutes les raisons de percevoir de fortes résonances entre son propre destin et celui des Sivertsen...





C’est ainsi que, les souvenirs de l’un libérant la mémoire de l’autre, aux automates cabossés réanimés par la délicate restauration de la complexe horloge, semblent se mêler deux sujets supplémentaires : deux hommes meurtris, parvenus à ce stade de l’existence où la boucle du temps se referme, ne laissant guère à l’avenir que la saveur douce-amère du passé. Une lecture mélancolique et poétique, au charme certain, qu’intrigué par ce roi dont on ignore toujours s’il fut réellement fou ou si ses adversaires usèrent de cet argument pour circonvenir ses réformes éclairées par les Lumières, l’on pourra agréablement prolonger avec l’excellent Le médecin personnel du roi d’Enquist Per Olov.


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Dans l'ombre

Je vous préviens de suite , je ne serai pas objectif : j'adore Indridason . Bon , ça c'est fait mais je sens poindre votre question : pourquoi ? Je m'en doutais et j'ai préparé ma réponse. Ben , Parce que. Oui , bonne réponse mais ...D'abord parce qu' Indridason , son enquête, il sait la mener de main de maître, du début à la fin , nous balader comme " des bleus " . Tout est logique , taillé au scalpel et la fin coule de source sans qu'on ne l'ait forcément prévue . Et même si on l'a prévue ( vantards...) , il faut avouer qu'elle a " de la gueule " . Ensuite , c'est tout de même pas mal écrit et traduit , non ? Ça " gigote" pas forcément dans tous les coins , y'a pas un cadavre toutes les trois pages , mais , franchement, on ne ressent jamais le moindre ennui , au contraire , et là , c'est tout de même fort . Ça cherche, ça questionne , ça déduit, ça se trompe, ça avance , ça recule ...bref , ça vit . Bon , je vous entends . Où ça se passe ? Ben , en Islande . Quand ? En 1941 . La guerre ? Ben oui . Il y a les anglais , les américains stationnés là pour " contrer " les nazis et ...un peu plus loin , les espions travaillant pour ces mêmes nazis .Pour les femmes perdues , isolées, abandonnées dans des terres hostiles , le rêve d'un avenir meilleur , parfois une illusion , souvent un mirage . Ça s'appelle " la Situation " ..Pour les troupes alliées...je vous laisse deviner, l'" offrande " , des hommes quoi !!! Et puis , des " agents spéciaux " . Des rancoeurs .Des jalousies . Des espoirs . La vie .Le roman est très documenté et s'insère avec finesse et modestie dans une période historique floue .Un roman politico - fiction - historique . Oui , oui , rien que ça ! Est- ce qu'il y a des héros ? Ben , oui , je vous l'ai dit c'est une fiction .Le premier , c'est Flovent , le seul inspecteur ( si , si ) d'Islande . En même . temps , en Islande , des crimes , y'en n'a pas ou trés peu donc , le poste , il n'est pas forcément glorieux ....Alors , quand y'a un crime , un , c'est pas top mais c'est tout de même l'opportunité de se faire connaître ...Le second , c'est un américain d'origine islandaise , Thorson , un gars de l'Ouest, un militaire , tiens , tiens .....une belle équipe en devenir puisque ce roman est le premier d'une trilogie dont je ne manquerai pas de vous rendre compte puisque , pour moi , c'est évident, je ne lâcherai pas " le morceau "! Mais je suis certain que , vous aussi ...et là , hein , vous n'aurez plus aucun regard pour moi qui aurai été votre " premier guide " ....Ah , l'ingratitude ...Pas grave... surtout si vous aimez !!

Ah , oui , j'oubliais : un mort avec la marque " ss " écrite sur le front avec ...son sang , , une balle , une capsule de cyanure ... Vous avez quatre heures . Pour écrire une fiction ...ou la lire . Moi ? Je l'ai lue et je ne regrette rien , " non , rien de rien " ......Mais , franchement , je ne l'aurais pas écrite...Trop fort , Arnaldur .
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Betty

Petit one shot d'Indridason qui , une fois n'est pas coutume , délaisse l'ami Erlendur au profit d'une beauté vénéneuse prénommée Betty .

Si physiquement , la bougresse possède d'évidents arguments à faire valoir , elle reste cependant , niveau intensité , bien loin d'égaler notre commissaire emblématique !



Pour dire je serais Normand ce qui me permettrait alors de balancer sereinement un : huum , avec Betty , on ne tape ni dans l'excellence , ni dans la médiocrité . Exemple parfait du verre à moitié vide ou à moitié plein .

Betty , personnage incontournable et charismatique d'un trio amoureux qui , comme bien souvent , présente la particularité d'incarner un bien mauvais chiffre . N'écoutant que son machiavélisme et sa propension entubatoire de niveau stratosphérique , elle oeuvrera parfaitement pour son futur bien-être personnel , faisant du même coup deux «  innocentes «  victimes collatérales !



Indéniablement , Indridason maîtrise l'art d'intriguer et de ferrer jusqu'à l'accoutumance . Le problème , c'est que contrairement à cette pathétique et lamentable sœur Anne ne voyant toujours rien venir , ici , le lecteur , même moyen voire totalement novice en matière de mécanique thrilleristique , anticipe très rapidement tous les tenants et les aboutissants d'un récit sans réelle surprise . La trame est machiavélique , certes , mais pêche fortement par son manque d'originalité ! Ce petit coquinou d'Indridason balance bien quelques scuds histoire de relancer la machine mais rien n'y fait , l'histoire poursuit tranquillou son p'tit bonhomme de chemin sur des rails ultra balisés...dommage...

Une narration ultra formatée et des personnages à la limite de la caricature font que ce cru ne restera pas comme l'un des plus mémorables . Même si , paradoxalement , il se déguste sans pour autant faire la fine bouche , la plume enlevée de l'auteur aidant .

Ici , point d'enquête . Uniquement la mise en œuvre d'un plan retors appelé à laisser sur le carreau certains protagonistes à défaut du lecteur .



Betty , la noirceur de la mygale , le venin en moins...

http://www.youtube.com/watch?v=lMLnDuzgkjo
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Les fantômes de Reykjavik

J'ai toujours beaucoup aimé les policiers d'Arnaldur Indridason dont j'ai lu tous les opus.

Je garde un excellent souvenir de : La femme en vert et de : La cité des Jarres.

Les fantômes de Reykjavik ne manquent pas à l'appel. Je l'ai trouvé magistral.

Mais si nous n'avons plus à faire à l'inspecteur Erllendur, une étrange similitude se fait avec Konrad, flic à la retraite, secoué par une histoire familiale très perturbante. Arnaldur Indridason sait merveilleusement bien nous parler des failles et des fêlures humaines. Celles qui brisent votre vie et celle des autres. Dans cette Islande, aux couleurs de ces glaciers uniques et de cette ambiance brumeuse. Il nous entraîne encore une fois dans des secrets de famille, des femmes maltraitées, des enfances saccagées et usées réduisant leurs vies à des silences au plus profond des abîmes de la noirceur de l'homme.

Je vous recommande, amis, amateurs de bons polars, de vous plonger sans tarder dans Les fantômes de Reykjavik.
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Etranges rivages

Fuck le blizzard, j’ai envie de plagier. Une tempête à te geler le majeur, et tes lèvres bleutées. Inouï ce qu’il peut faire froid. Dans ce pays de vikings, de pécheurs islandais, et d’étranges disparitions. Si encore, les corps réapparaissaient systématiquement sur les « étranges rivages » après une escapade en pleine mer. Mais non, certains disparaissent sans laisser de trace. Erlendur que tout le monde avait perdu de vue sur « La muraille de lave », collègues de la police, lecteurs de polar nordique et buveurs de Skoll compris. Tu te demandes dans quelle catégorie je me situe. Je dirais, réflexion longuement mûrie, dans cette troisième classe, sauf que j’ai fini ma dernière bouteille de Skoll lors du match France-Islande. Du coup, je me demande si je ne vais pas me faire une bière givrée. C’est tendance, la bière givrée, avec une paille !



Seul dans sa cabane, sans chauffage, à même le sol, à même l’humidité, un lit de mousse et le froid pénétrant à travers les os, Erlendur devient ermite. Que fait-il, sur cette terre d’enfance, cette lande sauvage qui lui rappelle les heures sombres de son histoire. Une histoire poignante d’ailleurs qui marqua à tout jamais le petit garçon qu’il était et probablement l’envie de devenir flic. Seul dans le noir, la tempête souffle et voilà ce vieil inspecteur qui enquête de façon non officielle sur une vieille disparition, celle de Matthildur dont on ne retrouva jamais le corps depuis plus de 70 ans. Les témoins de l’époque ne sont plus très nombreux, sourds, grabataires ou impotents. Peu importe, il avance dans le noir, dans le blizzard, non pas pour trouver des coupables, mais pour trouver des réponses, comme s’il s’agissait de sa dernière enquête. Celle qui mettra fin à son sentiment de culpabilité qui le hante depuis l’âge de 10 ans.



Tu veux mon avis, même si je n’ai pas encore lu toute la bibliographie d’Arnaldur Indridason, ces étranges rivages sont pour moi la meilleure enquête de l’inspecteur Erlendur. Pas par son suspens, ses revirements de situation ou ses éventuels turn-over, mais simplement parce qu’elle propose du coeur, de l’âme et de la douleur. La rédemption d’un inspecteur, une histoire de coeur, une histoire d’enfance, une histoire de blizzard. Tu l’entends ? bien sur que tu l’entends, le blizzard. Fuck le blizzard.
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Les fantômes de Reykjavik

J'avoue avoir toujours eu plaisir à lire Arnaldur Indridason et je dois bien volontiers reconnaître que ma passion ne sera pas le moins du monde émoussée par la lecture des " fantômes de Reyjavik " , loin de là.

On dit , sans doute à juste raison , que l'Islande est l'un des pays les plus " sûrs " au monde . Pourtant , le perversité humaine n'ayant , hélas, pas de frontières , force est de constater que personne n'est à l'abri de faits atroces commis ou vécus par des gens socialement bien nantis et ayant " pignon sur rue " comme on dit par chez nous . Oui , Indridason nous fait pénétrer dans le monde de la drogue et autres atrocités malheureusement fréquentes dans le monde entier . La Covid n'est pas la seule " pandémie " et bien d'autres calamités et fléaux sillonnent le monde . Heureusement ( ? ) , la parole se libère et l'avenir sera peut - être un jour plus radieux .....

Bon , de toute façon , ne rêvons pas , on aura toujours besoin de policiers de valeur , même si , bien entendu , certains continueront à évoluer entre incompétence et corruption comme il en est question dans ce roman .

Parmi les " tout bons " , on retrouve Konrad , retraité, certes , mais pas que ....Un ancien qui ne peut se " passer du terrain " , pris entre sa passion pour la justice et un côté un peu " fouille- m...." , si je puis m'exprimer ainsi ( je ne devrais pas , bien sûr , mais ça me vient comme ça à l'idée...) qui irrite du reste quelque peu ses anciens collègues ( oui , les retraités, ça a tout vu , ça sait tout , ça se croit indispensable ) ....J'arrête, vous allez me détester. Il n'empêche, le personnage est vraiment intéressant à suivre dans sa progression tout au long du récit . Indridason , en fin observateur , nous dresse un portrait qui , pour moi , fait de Konrad un personnage ..." attachiant ", secret , marqué et hanté par un passé perturbé . Il sera bien aidé dans sa démarche, signe d' un indéniable charisme .

L'histoire est ambiguë, complexe , tellement complexe , du reste , qu'on ne saisit pas toujours la relation qui va unir tel événement à un autre , un événement du passé à un autre du présent. Ne vous inquiétez pas , Indridason , travaillant comme un " chirurgien ou un orfèvre " connaît les ficelles du métier et n'est pas né de la dernière pluie " , une machine parfaitement huilée se met en route dès le début et vous mène en douceur , sans secousse mais avec intérêt au terme d'une aventure dont il a le secret .

Avec Indridason , c'est bien simple , même les noms islandais semblent aisés à prononcer . Enfin , assez faciles à prononcer . Enfin , assez faciles ...quand ils n'en changent pas .... si , si , ça arrive . Je ne vous en dis pas plus , ça suffit pour ce soir , les jours sont courts en Islande !



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La voix

Il faut le savoir, Père-Noël c'est un métier à risque. D'aucuns se souviennent encore de Félix, pour ne citer que lui, infortunée victime d'un lâcher de fer à repasser dans la face un radieux soir de décembre 1979 (Joyeux Noël Félixch).



Chez Indridason ça rigole encore moins : cette nuit Papa Noël est monté au ciel. Son cadavre est découvert qui plus outre en fâcheuse posture, pantalon sur les chevilles, préservatif encore sur la bête. « Mais avant de partir, il faudra bien te couvrir… » quand un chant de Noël prend d'un coup tout son sens.



Sonnez hautbois résonnez musettes, il est temps pour Erlendur de débouler aux fins d'enquête sur cet assassinat d'un goût hasardeux. Enquête à effet miroir pour monsieur le commissaire, puisque la magie de Noël, c'est bien connu, y a pas mieux pour convoquer dans l'allégresse et la bonne humeur souvenirs fâcheux, traumatismes ancestraux voire menus conflits familiaux.



Allons-y gaiement par conséquent, et en toute confiance, vérifier si notre enquêteur aura finalement la peau des ceusses qui ont eu la peau de Papa Noël. Car qu'on y croie ou pas, on ne touche pas au mythe non mais des fois.


Lien : HTTPS://MINIMALYKS.TUMBLR.COM/
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Les roses de la nuit

Ce livre est un peu déconcertant . Paru en poche , il comporte un superbe bandeau " nouveauté " et ....en lisant certaines critiques , on apprend que c'est le ....second dédié aux enquêtes du célèbre Erlandur , personnage que j'ai déjà rencontré dans .... des aventures postérieures...Vous suivez ? En clair , cette nouveauté est donc une nouveauté de parution mais pas une nouveauté récemment écrite . Et si vous avez suivi les aventures d'Erlandur , vous allez le retrouver là , au début de sa carrière. Ah le marketing ! On nous aurait donc menti ? On l'aurait vendu " à l'insu de notre plein gré ?" Mais non , la preuve , nombre d'entre vous étaient au courant . Et puis , de toute façon, quelle importance ? Erlandur , on l'aime bien et le retrouver plus jeune va peut- être nous éclairer un peu plus sur l'origine de son caractère, plutôt "particulier" tout de même. Alors , livre déconcertant aussi car , dés le début rencontrer un jeune couple partageant un moment d'intimité...dans un cimetière , ça je ne l'ai jamais trouvé dans la rubrique : " faire l'amour en extérieur , les lieux préférés " . Pourtant , des lieux insolites , y'en a mais là, bon . le pire est à venir , puisque , se " redressant " après l'effort , la jeune femme pose son regard satisfait et béat sur ....le cadavre d'une jeune femme nue déposé au milieu des fleurs ornant une sépulture.... Je sais pas vous , mais moi , j'aurais vite détalé.... Ben oui , mais les moeurs ont dû changer car la jeune fille ne s'affole pas spécialement ( l'effet septième ciel ? ) et appelle ...la police ( le garçon s'est carapaté .) Moi , je vous l'assure , je n'aurais pas pu fuir puisque ....Je ne serais jamais entré dans ce lieu tout de même sacré , non ? Et bien entendu , voilà le grognon Erlandur et son adjoint , le sémillant beau gosse Sigurdur Ulli réveillés en pleine nuit ( ben , oui , tant qu'à faire ) . L'enquête va entraîner les deux hommes et leurs collègues dans une aventure plutôt " noire " , au coeur des trafics de drogues , des " trafics " de " jeunes filles , des corruptions , bref une immersion dans un monde pas vraiment serein ...Nous avons là une très belle illustration de "roman noir " venu du nord , une enquête bien ficelée mais pas exceptionnelle non plus . Par contre , pour revenir un peu au début du commentaire , c'est vraiment la personnalité d'Erlandur qui va trouver quelques explications de nature à nous éclairer et mieux comprendre les tourments qui l'entrainent souvent dans des abîmes insondables . Pas faciles mais fort instructives les relations avec son ex- femme et ses enfants .Je ne saurais dire si c'est l'enquête ou la description d'Erlandur qui sont les plus " prenantes " mais nous avons là un roman bien écrit ( traduit ) , facile à lire . Un bon moment avec un personnage dont on sait qu'il a poursuivi sa route avec bonheur au point d'être devenu un " classique " parmi les policiers islandais et , d'une façon générale, nordiques .
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Arnaldur Indridason

Un soir glacial de janvier, un petit garçon asiatique de 12 ans qui rentrait de son école est assassiné au pied d’un immeuble de la banlieue de Reykjavik.

La Cité des jarres (2005)
La Femme en vert (2006)
La Voix (2007)
L'Homme du Lac (2008)
Hiver arctique (2009)
Hypothermie (2010)
La Rivière Noire (2011)
Betty (2011)
La Muraille de lave (2012)
Etrange Rivage (2013)

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