Et là, je pose pour la première fois la question primordiale, celle qui nous intéresse ici et qui reviendra souvent: Pourquoi le voyage?
C'est une question, comme toutes les questions, à la fois particulière et générale, individuelle et absolue, universelle et quotidienne.
Ainsi, qu'est-ce qui peut bien pousser notre Breton moyen à payer 14 euros de taxi jusqu'à la gare de Morlaix, à subir trois heures et demie de TGV, trois stations de métro et dix-sept ou dix-huit de RER, selon le terminal, une bonne demi-heure de queue pour dire un au revoir incertain à ses bagages, un ou deux contrôles de sécurité -je passe sur l'humiliation silencieuse que représente l'enlèvement des ceintures, chaussures et autres produits d'hygiène-, un vol de vingt-sept heures, enfin, ponctué de deux ou trois escales, pour aller s'alanguir sur les plages de Nouvelle-Calédonie, qui n'ont, dans l'absolu, si ce n'est une petite différence de température, de faune et de flore, rien de plus que celles du Finistère?