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Noël Arnaud (Préfacier, etc.)
EAN : 9782253141334
120 pages
Le Livre de Poche (01/02/1997)
4.06/5   662 notes
Résumé :
Ce livre est un hommage à l’auteur-illustrateur Martin Matje, de son vrai nom Thierry Martin, qui est décédé le 13 septembre 2004. Martin Matje avait pour projet d’illustrer le poème «Quand j’aurais du vent dans mon crâne» de Boris Vian.
Il avait entrepris les démarches dans ce sens et demandé l’autorisation à Ursula Vian, veuve de l’écrivain. La fulgurance de sa maladie l’a empêché de venir à bout de son dessein et les proches à qui il en avait parlé ont déc... >Voir plus
Que lire après Je voudrais pas creverVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Un bel album, même si je ne trouve pas ça très malin d'avoir mis tous les textes en majuscules. Une belle réédition du recueil «Je voudrais pas crever», en hommage à l'illustrateur Martin Maatje, mort avant d'avoir pu faire aboutir son projet de livre avec le poème de Vian «Quand j'aurais du vent dans mon crâne». du coup «les copains ont repris le pinceau là où il l'avait posé», nous explique-t-on, et c'est réussi.
Si les illustrations sont sympas, le ton des poèmes de Vian lui, avec sa drôle de façon de mêler la joyeuseté et le tragique de la vie, a un charme fou.

Ça nous parle de la mort avec des jeux de mots macabrement réjouissants
«Quand j'aurai du vent dans mon crâne
Quand j'aurai du vert sur mes osses
P'tête qu'on croira que je ricane
Mais ça sera une impression fosse»

Ça nous parle de la vie, du monde qui n'est pas toujours bien marrant, et souvent carrément terrible, mais tant qu'le ciel ne nous tombe pas sur la tête, hein, il y aura toujours l'élan vital à quoi se raccrocher, le truc essentiel de sentir en soi la vie vivante
«Ils peuvent casser le monde
En petits morceaux
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
J'aurais toujours un peu d'air
Un petit filet de vie
Dans l'oeil un peu de lumière
Et le vent dans les orties»

Ça nous parle de la création poétique, qui n'est pas toujours bien facile quand on passe après les autres
«Alors moi qu'est-ce qui me reste
Ils ont pris tous les mots commodes
Les beaux mots à faire du verbe
Les écumants, les chauds, les gros
Les cieux, les astres, les lanternes
Et ces brutes molles de vagues
Ragent rongent les rochers rouges
C'est plein de ténèbre et de cris
C'est plein de sang et plein de sexe
Plein de ventouses et de rubis
Alors moi qu'est-ce qui me reste»

En vrai, il en reste assez pour lui et sa créativité débordante fait jaillir un univers poétique inédit, surprenant, bien à lui, où l'inventivité et l'humour noir, l'émotion et la fantaisie, ont largement de quoi emballer le lecteur.
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Je ne voudrais pas, surtout, cesser de découvrir les mille et une facettes du génie de Vian!
Les poèmes et textes réunis dans ce recueil sont autant de fleurs d'un bouquet final ...comme un feu d'artifice au terme somptueux. Comme cette vie d'un auteur qui avait toujours dit qu'il n'atteindrait pas quarante ans... et qui teint parole.... et qui mit les bouchées doubles dans une oeuvre protéiforme!
Les cahiers et dossiers du Collège de Pataphysique possèdent cette élégance dans l'absurde que l'on ne trouve que chez Vian. cette sorte de légère dérision qui sied au vrai gentleman.
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Enfin une poésie qu'elle est bien,
Qu'elle fait pas chier avec des mots compliqués,
Qu'elle intimide pas avec des émotions trop chiquées,
Qui fait rire et ça c'est pas rien.


Rire, oui chère Coli,
Rire pour rire parce que c'est bon,
Rire pour agacer les vieux croûtons,
Rire pour séduire les filles jolies.


Alors on a ri, ri, ri avec Boris.
Alors on a lu, lu, lu ses poèmes,
Et c'est le régal, vous comprenez.
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Je suis embêté, car j'adore Boris, mais j'ai du mal avec son écriture brute de pomme, qui passe du coq à l'âne, sans liens, sans sauce : Boris Vian, surdoué, était peut être asperger.
Dans ce petit livre, il y a des poèmes sans queue ni tête ;
des poèmes marrants.
Mais ce qui m'a le plus interrogé, ce sont les quatre lettres adressées au mystérieux Collège (ou Institut ) de Pataphysique.
Quelles sont leur signification ? Et qu'est ce Collège, fondé en 1948 par Alfred Jarry ?

La première lettre est une analyse de "Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse". Est-ce une moquerie de l'art de couper les cheveux en quatre ?
Boris semble se moquer de tout, mais avec gravité ...
La deuxième lettre est excellente : si l'on fait une coquille au mot "coquille", ça peut devenir une couille.... Mais là aussi, la lettre part en....couille.
La lettre suivante est sur la guerre. Lui qui a créé la belle chanson "Le déserteur", semble se moquer de la guerre, et pousse la logique jusqu'à son extrême : selon lui, dans une bonne guerre, il doit n'y avoir aucun survivant, sinon, elle est ratée.
.
Trompettiste, écrivain, poète, membre du Collège de Pataphysique, Boris Vian est aussi, quelque part, humaniste, et philosophe.
Avec un style très différent, certains de ses écrits me rappellent un peu Rabelais ou Voltaire :)
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Oui, moi aussi je voudrais pas crever...c'est peut-être pour ça que je lis de la poésie. Car enfin quoi de plus immortel que les mots traqués, puis extirpés de la conscience, de ses limites vagues...puis couchés sur le papier. Surtout s'ils ne racontent rien...mais qu'ils disent, qu'ils ne montrent pas... mais qu'ils révèlent.

Les images survivent à leurs créateurs...La petite musique à ceux qui l'ont entendu et qui, caisse de résonance, l'ont propagé...Et les poètes ne sont peut être que les caisses de résonance singulières du chant du monde...Du chant de l'âme. L'urgence est de le faire avant qu'"ils cassent le monde"...Qui c'est "ils" ? Regarde-toi dans un miroir...

Et si la tragédie, noir ressac, se rappelle sans cesse à nous...inlassablement la poésie lui répond ; que dit-elle ? Je voudrais pas crever...avant d'avoir vécu.

Tu te refuses à croire
Au porteur de lumière
Le feu de sa colère
Est une bougie qui vacille
Dans un océan de nuit
Et chacun de ses pas
Est un coeur qui bat

La lave de mer déploie l'ivresse
D'un bateau oublié du temps
Les petits dieux ne répondent pas
La vigne, le sel masquent leurs pas
Et les collines dans un soleil d'encre
Immobiles et fières ont jeté l'ancre
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Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche

Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...
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Ils cassent le monde
En petits morceaux
Ils cassent le monde
A coups de marteau
Mais ça m’est égal
Ca m’est bien égal
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
Il suffit que j’aime
Une plume bleue
Un chemin de sable
Un oiseau peureux
Il suffit que j’aime
Un brin d’herbe mince
Une goutte de rosée
Un grillon de bois
Ils peuvent casser le monde
En petits morceaux
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
J’aurais toujours un peu d’air
Un petit filet de vie
Dans l’oeil un peu de lumière
Et le vent dans les orties
Et même, et même
S’ils me mettent en prison
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
Il suffit que j’aime
Cette pierre corrodée
Ces crochets de fer
Où s’attarde un peu de sang
Je l’aime, je l’aime
La planche usée de mon lit
La paillasse et le châlit
La poussière de soleil
J’aime le judas qui s’ouvre
Les hommes qui sont entrés
Qui s’avancent, qui m’emmènent
Retrouver la vie du monde
Et retrouver la couleur
J’aime ces deux longs montants
Ce couteau triangulaire
Ces messieurs vêtus de noir
C’est ma fête et je suis fier
Je l’aime, je l’aime
Ce panier rempli de son
Où je vais poser ma tête
Oh, je l’aime pour de bon
Il suffit que j’aime
Un petit brin d’herbe bleue
Une goutte de rosée
Un amour d’oiseau peureux
Ils cassent le monde
Aves leurs marteaux pesants
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez, mon coeur.
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Je mourrai d’un cancer de la colonne vertébrale

Je mourrai d’un cancer de la colonne vertébrale
Ça sera par un soir horrible
Clair, chaud, parfumé, sensuel
Je mourrai d’un pourrissement
De certaines cellules peu connues
Je mourrai d’une jambe arrachée
Par un rat géant jailli d’un trou géant
Je mourrai de cent coupures
Le ciel sera tombé sur moi
Ça se brise comme une vitre lourde
Je mourrai d’un éclat de voix
Crevant mes oreilles
Je mourrai de blessures sourdes
Infligées à deux heures du matin
Par des tueurs indécis et chauves
Je mourrai sans m’apercevoir
Que je meurs, je mourrai
Enseveli sous les ruines sèches
De mille mètres de coton écroulé
Je mourrai noyé dans l’huile de vidange
Foulé aux pieds par des bêtes indifférentes
Et, juste après, par des bêtes différentes
Je mourrai nu, ou vêtu de toile rouge
Ou cousu dans un sac avec des lames de rasoir
Je mourrai peut-être sans m’en faire
Du vernis à ongles aux doigts de pied
Et des larmes plein les mains
Et des larmes plein les mains
Je mourrai quand on décollera
Mes paupières sous un soleil enragé
Quand on me dira lentement
Des méchancetés à l’oreille
Je mourrai de voir torturer des enfants
Et des hommes étonnés et blêmes
Je mourrai rongé vivant
Par des vers, je mourrai les
Mains attachées sous une cascade
Je mourrai brûlé dans un incendie triste
Je mourrai un peu, beaucoup,
Sans passion, mais avec intérêt
Et puis quand tout sera fini
Je mourrai.
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Elle serait là, si lourde
Avec son ventre de fer
Et ses volants de laiton
Ses tubes d'eau et de fièvre
Elle courrait sur ses rails
Comme la mort à la guerre
Comme l'ombre dans les yeux
Il y a tant de travail
Tant et tant de coups de lime
Tant de peine et de douleurs
Tant de colère et d'ardeur
Et il y a tant d'années
Tant de visions entassées
De volonté ramassée
De blessures et d'orgueils
Métal arraché au sol
Martyrisé par la flamme
Plié, tourmenté, crevé
Tordu en forme de rêve
Il y a la sueur des âges
Enfermée dans cette cage
Dix et cent mille ans d'attente
Et de gaucherie vaincue
S'il restait
Un oiseau
Et une locomotive
Et moi seul dans le désert
Avec l'oiseau et le chose
Et si l'on disait choisis
Que ferais-je, que ferais-je
Il aurait un bec menu
Comme il sied aux conirostres
Deux boutons brillants aux yeux
Un petit ventre dodu
Je le tiendrais dans ma main
Et son coeur battrait si vite...
Tout autour, la fin du monde
En deux cent douze épisodes
Il aurait des plumes grises
Un peu de rouille au bréchet
Et ses fines pattes séches
Aiguilles gainées de peau
Allons, que garderez vous
Car il faut que tout périsse
Mais pour vos loyaux services
On vous laisse conserver
Un unique échantillon
Comotive ou zoizillon
Tout reprendre à son début
Tous ces lourds secrets perdus
Toute science abattue
Si je laisse la machine
Mais ses plumes sont si fines
Et son cœur battrait si vite
Que je garderais l'oiseau.
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Y a du soleil dans la rue
J’aime le soleil mais j’aime pas la rue
Alors je reste chez moi
En attendant que le monde vienne
Avec ses tours dorées
Et ses cascades blanches
Avec ses voix de larmes
Et les chansons des gens qui sont gais
Ou qui sont payés pour chanter
Et le soir il vient un moment
Où la rue devient autre chose
Et disparaît sous le plumage
De la nuit pleine de peut-être
Et des rêves de ceux qui sont morts
Alors je descends dans la rue
Elle s’étend là-bas jusqu’à l’aube
Une fumée s’étire tout près
Et je marche au milieu de l’eau sèche
De l’eau rêche de la nuit fraîche
Le soleil reviendra bientôt.
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Vidéo de Boris Vian
Lecture par Judith ChemlaDans le cadre du cycle de lectures « À voix haute », la comédienne Judith Chemla lit des textes de jeunesse de Boris Vian, dont la nouvelle Les Fourmis qui met en scène de manière grinçante le débarquement en Normandie. C'est l'occasion aussi de découvrir un Boris Vian moins connu à travers ses « ballades » et les lettres à sa mère.Lecture enregistrée le 4 mars 2024 à la BnF I Richelieu.
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