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EAN : 9782226485892
256 pages
Albin Michel (03/01/2024)
3.71/5   59 notes
Résumé :
Amoureuse de l'avant-garde, peintre, poétesse et femme passionnée, Hélène d'Oettingen, née Miontchinksa en Ukraine, fut à la fois muse et mécène. Cette enquête intime et littéraire reconstitue le destin de cette figure de la Belle Epoque, plongeant le lecteur dans le Montparnasse bohème du début du XXe siècle où elle côtoie Apollinaire, Modigliani, Max Jacob et le Douanier Rousseau.
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai eu la chance d'assister à une rencontre avec Thomas Snégaroff à Valenciennes, dans ma librairie préférée, pour la présentation de ce roman, son deuxième. J'apprécie son excellente émission politique sur la 5 , le dimanche. Il me paraissait sympathique. Il l'est, assurément, et passionnant à écouter, lorsqu'il évoque la baronne d' Oettingen.

Vies rêvées, oui, car comme il nous l'a expliqué, la ligne de démarcation est fragile entre réalité et fiction. Elle a bien existé, cette femme fantasque, aristocrate venue d'Ukraine, attirée par Paris, avec son frère de coeur, Serge. Riche, elle deviendra la mécène de nombreux artistes, avant la première guerre mondiale, celle de Picasso, du Douanier Rousseau, de Modigliani. Femme aux multiples identités, peintre, poète et romancière elle-même, quelle personnalité ! L'auteur, en bon historien, s'est appuyé sur une documentation fournie et nous restitue bien le fourmillement artistique du début 20ème siècle, à Montparnasse, autour du chef de file, Apollinaire, qui sera l'ami de la baronne.

Cependant, le lien romanesque entre elle et l' arrière grand-père de l'auteur imprimeur , est-il une réalité, une invention? Il a laissé planer le mystère en nous en parlant. En tout cas, cette femme singulière l'a suffisamment intrigué pour qu'il en fasse une héroïne de roman. Souffrant de phases de dépression puis d'exaltation ( on la dirait aujourd'hui bipolaire ), passionnée, elle a attiré de nombreux hommes, mais les a repoussés lorsqu'ils s'attachaient trop à elle, l'amour altérant, selon elle, leur génie créateur.

Cette femme, dans la première partie du livre, m'a souvent exaspérée. Je commençais à la trouver lassante mais l'apparition dans sa vie du Douanier Rousseau et surtout d'Apollinaire, qui ne se remet pas de sa séparation avec Marie Laurencin, a ravivé mon intérêt. Et assister à la déchéance de la fière Elena ou Hélène, l'argent n'arrivant plus après la révolution russe, est poignant...

L'écriture est fluide, élégante, le thème original. On sent une volonté sincère de nous présenter "sa" baronne d'Oettingen. Et de nous inviter à ne pas l'oublier, comme tant d'autres artistes, talentueux ou talentueuses, qui ont fini leur vie dans la pauvreté et l'indifférence.
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Début du XXème siècle, à Paris, dans le quartier du Montparnasse, les artistes se retrouvent, tout le monde se connait dans ce "petit village" en plein Paris. Peintres, poètes, écrivains, mécènes, tous vivent au jour le jour !

Mais dans cet univers, une figure s'impose, une figure que tout le monde connait et agite le monde des artistes : la baronne d'Oettingen. Tout le monde sait aussi qu'elle n'est pas plus baronne, que Vénitienne, et qu'elle porte plusieurs pseudo.. il faut alors remonter le temps pour tout savoir de cette fameuse baronne..

Habité par la légende de son arrière grand père, célèbre imprimeur d'art et ami de la baronne, Thomas Snégaroff retrace alors le destin de cette femme mystérieuse mais morte dans l'anonymat complet et la pauvreté après avoir eu une vie riche et mouvementée..

Hélène d'Oettingen, née Elena Miontchinska en Ukraine, garde son titre de baronne, qu'elle doit à son premier mariage (union pour se livrer des carcans de sa mère). Divorce validé, muni d'un "frère" Serge Ferrat, elle prend la route de l'Italie puis de Paris, son rêve !

Grâce à son argent, elle entre dans le Paris Bohème, devient mécène, muse, refuge, amie, amoureuse aussi.. le Douanier Rousseau, Modigliani, Picasso, Max Jacob, Léger, Apollinaire.. Mais la guerre passe, les âmes partent, la vie change, l'argent ne rentre plus, les artistes s'éloignent, les tableaux vendus.. la maladie et la pauvreté comme seule fin..

Quel magnifique roman sur cette baronne totalement tombée dans l'oubli alors qu'elle a tout fait pour des grands noms qui sont adulés à l'heure d'aujourd'hui. La plume est fluide, addictif, passionnante, aboutie, un vrai régal de se retrouver au milieu de cette vie rocambolesque et d'entrée dans ce Paris des artistes. Une réussite !
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Quel plaisir de retrouver la jolie plume de Thomas Snégaroff après le déjà très réussi "Putzi" !

Cette fois-ci, l'auteur nous fait raconte la vie (ou les vies) de la baronne d'Oettingen, mécène, muse, artiste oubliée. On découvre son parcours de vie (qui valait bien un roman !) rythmé par son amour de l'art et de Paris, sa passion des ruines (un paradoxe à sa profonde modernité) et par-dessus tout sa liberté !

Dès les premières pages, l'auteur nous partage la raison pour laquelle il nous conte cette histoire : non seulement parce que Thomas Snégaroff est historien, mais aussi et surtout grâce à son grand-père, imprimeur d'art au début du siècle dernier. En héritant de son bureau, il découvre, dans un des tiroirs fermé à clé, des croquis de cette baronne. C'est en tirant le fil de cette découverte que naît cette histoire, entre réalité et fiction. Exercice sans doute intéressant pour l'historien ! Bien que ce soit un roman, il est en effet assez rare que l'historien prenne la liberté de se détacher des faits lorsque ces derniers manquent (il y a très peu de choses sur cette baronne) et se permette d'inventer ! Cette liberté semble par ailleurs le lier à son personnage principal, qui plus que tout se permettait d'inventer sa vie ! Peut-être l'a-t-elle inspiré ?

En effet, Hélène était fascinante par sa liberté. Refusant de s'interdire, elle changeait d'identité, jusqu'à sa nationalité, au gré de ses rêves et envies, mais toujours au nom de l'art !
Elle était donc : mécène, muse, peintre, poète, femme mais aussi... homme !

On découvre tout au long du récit à quel point Hélène était complexe : impétueuse, fantasque, fatale, inspirante, insupportable, attachante mais surtout touchante dans sa dévotion totale à l'Art et aux Artistes.

C'est cette passion dévorante qui guida toute sa vie, au point même de quitter ses amants artistes, si d'une quelconque manière, cette relation pouvait nuire à leur potentiel créatif ! Cette femme ne vivait que de passions et de démesures. Et si la démesure la caractérisait c'est parce qu'elle ne rentrait dans aucune case ! En cela on peut lui prêter des airs de Virginia Woolf, elle aussi complexe, qui ne respirait que par l'écriture, oscillant entre excès de vie et période de profond désespoir, elle aussi à ses heures perdues, flirtant avec l'androgynie.

Au-delà de ce personnage fascinant qui est l'essence du roman, Thomas Snégaroff à travers le prisme de cette baronne, nous plonge dans La belle époque, dans ce Paris d'entre-deux-guerres, effervescent, artistique. Nous sommes téléportés au coeur de Montparnasse, où au détour d'une page, on côtoie Modigliani, le Douanier Rousseau, Apollinaire
C'est poétique, mélancolique, romantique. L'auteur décrit de façon très juste le spleen ambiant qu'on imagine quand on pense à cette époque où tant de grands maîtres ont créé leurs plus belles oeuvres.

Enfin, à travers cette baronne, Thomas Snégaroff nous invite, peut-être malgré lui, à remettre en question l'ordre établi : rêvons, créons, soyons libres, défaisons-nous des normes, codes et injonctions sociales si celles-ci nous empêchent d'être !
Cette citation extraite du roman reflète parfaitement la philosophie d'Hélène à ce sujet : « Que la vie est grande pour ceux qui savent s'en inventer plusieurs. »

Avec ce roman, l'auteur rend un bel hommage à cette femme, que l'histoire a oublié, et à tout ce qu'elle a été, mais aussi plus largement à cette belle époque, à Paris et ces nombreux artistes…

En résumé, une intrigue déjà passionnante, sublimée par la plume délicate, élégante, mélancolique de Thomas Snégaroff, qui réussit l'exercice (qui peut être périlleux) de se glisser dans la peau d'une femme, et pas la plus facile !

Un très bon roman, à lire vite !
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Née en Ukraine en 1885, d'une comtesse russe et d'un père inconnu, Elena Miontchinska s'invente très jeune des mondes pour échapper au manque d'amour et se construire une vie romanesque. Pour mettre encore un peu plus de distance avec sa vie familiale, et parce que la jeune fille est à la fois fantasque et romantique, Elena accepte la demande en mariage d'un baron plus âgé qu'elle. Union qui s'avèrera un fiasco mais qui lui permet de prendre sa liberté. Et sa liberté Elena veut l'écrire en France là où se trouve la richesse du monde culturel. Elle devient alors Hélène, baronne d'Oettingen et, accompagnée de Serge Férat, un cousin qui deviendra son plus fidèle allié, elle s'installe à Paris à la toute fin du XIXème siècle. Aidée par une fortune personnelle conséquente, elle devient alors le soutient mais aussi la muse des nombreux artistes venus de tous les coins de monde (Chagall, Survage, Picasso, Modigliani…) et qui peuplent Montmartre puis Montparnasse en ces années d'avant la première guerre mondiale et après. Proche d'Apollinaire, qu'elle aide financièrement pour sa revue Les Soirée de Paris, elle est elle-même peintre, poète, romancière. S'inventant des personnalités pour chacune de ses vies, elle est tour à tour François Angiboult, Léonard Pieux ou Roch Grey. C'est dans le cadre professionnel qu'elle va ainsi rencontrer Dimitri Snégaroff, arrière-grand-père de l'auteur, lui-même exilé russe et imprimeur, entre autres, des Soirée de Paris. Hélène est aussi une grande amoureuse. Mais une amoureuse qui refuse d'être enfermée dans une relation et qui veut conserver sa liberté. L'après seconde guerre signe toutefois pour la baronne la fin de l'opulence et des jours heureux. Hélène terminera ses jours dans le plus grand dénuement.

Quand on pense que le récit de ce destin incroyable ne tient qu'à l'ouverture d'un tiroir ! Car c'est en tombant sur des papiers, et notamment des portraits de son aïeul peints par Hélène, dans le tiroir d'un bureau dont il vient d'hériter que l'auteur va s'intéresser à cette personnalité hors du commun.

Et il aurait vraiment été dommage de ne pas redonner sa place à cette femme indépendante à la personnalité complexe, capable des plus grands enthousiasmes comme des plus profonds abattements. A travers se portrait étonnamment moderne et vivant, Thomas Snégaroff décrit aussi un monde qui s'achève. La description du décrochage un à un des tableaux de la baronne qu'elle est obligée de vendre et qui disparaissent progressivement est une image forte et terriblement mélancolique.

Il montre aussi combien les sentiments et les relations, durant toutes ces années, n'ont finalement été que frivoles et superficielles car la baronne finit sa vie seule avec pour seul soutient son cousin Serge. Elle est en effet abandonnée de tous à partir du moment où elle n'a plus les moyens financiers de soutenir tous ces artistes.

Mais avant cela, quelle vie, que de passions, quel destin ! Un livre qui se lit avec grand plaisir et un personnage auquel on s'attache et dans les pas duquel on est ravi d'arpenter les rues de Paris.
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Je n'avais jamais entendu parler de cette femme qui a pourtant existé ; parfois riche puis très pauvre sans en prendre conscience, elle vit des périodes d'exaltation puis de dépression (bipolaire?) Mécène, elle encourage les artistes. Elle habite Montparnasse la plupart du temps et fréquente Modigliani, Apollinaire, Picasso et a une certaine tendresse pour le douanier Rousseau.
Elle-même est artiste et prend des pseudos pour chacun des domaines qu'elle pratique Dès le début du roman on sait qu'elle sera ruinée: contrainte de vendre le tableaux et toutes ses richesses; au garde-meuble, ce qu'il lui reste.
Le propriétaire la chasse, les voisins détournent leurs regards, les amis l'ont abandonnée, sauf Serge qu'on a toujours présenté comme son frère mais qui n'est qu'un lointain cousin.
Impossible de m'identifier à cette "folle" qui finit par faire pitié.
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critiques presse (3)
LaCroix
09 février 2024
Dans un roman documenté et follement dansant, Thomas Snégaroff reconstitue le Montparnasse des années 1900. On y croise Modigliani et le Douanier Rousseau, Apollinaire et la baronne d'Oettingen
Lire la critique sur le site : LaCroix
Culturebox
02 février 2024
Il fallait l’apprivoiser cette Hélène d’Oettingen et Thomas Snégaroff y est pleinement parvenu dans ce roman historique. C’est passionnant de découvrir cette femme à la personnalité si provocante, flamboyante et attachante dans son époque… Et quelle Belle Époque !
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
11 janvier 2024
L’auteur raconte une femme complexe, partagée entre un optimisme démesuré et une tristesse venue de loin ; l’âme slave, en quelque sorte.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans la villa de la Baule, le poète s’installe dans une chambre indépendante. Il y a un petit bureau. Il pourra écrire si le cœur lui en dit. Ça lui ferait du bien, s’est imaginé Hélène. Il serait bien ici : par la fenêtre, la mer n’étant pas loin, l’air est un peu plus frais que de l’autre côté, sur le jardin arboré Mais pour ne pas lui faire trop de peine, Hélène n’ose lui dire qu’il ouvre sur le Bois d’Amour.
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À la suite d’une remarque, vers 1830, faite par un ingénieur américain selon laquelle Napoléon aurait envahi la Russie s’il avait possédé le chemin de fer, le tsar Nicolas Ier avait pris la décision d’opter pour un écartement des rails plus large qu’en Europe occidentale. Depuis lors le voyage en train était interminable.
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La baronne d’Oettingen ! On ne l’aimait pas dans la famille. Je me demandais, petit, pourquoi on disait du mal d’une personne au nom si romanesque, si séduisant. On ne l’avait pas, sans raison, c’était ainsi. Et puis, en grandissant, je l’ai oubliée.
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A la suite d'une remarque, vers 1830, faite par un ingénieur américain selon laquelle Napoléon aurait envahi la Russie s'il avait possédé le chemin de fer, le tsar Nicolas 1er avait pris la décision d'opter pour un écartement des rails plus large qu'en Europe occidentale. Depuis lors, le voyage en train était interminable.
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Pour Hélène les temps sont étranges tant les différentes identités qu’elle prend vivent des existences de plus en plus éloignées les unes des autres. Pendant que la baronne se morfond de ses amours mortes et de sa jeunesse perdue, Roch Grey se sent saisi d’une folle énergie. Il réclame en vain mais de manière tonitruante le manuscrit qu’il a envoyé et qu’a refusé Gallimard, tout en se lançant dans l’écriture effrénée de nouveaux romans, de soliloques publiés, de réflexions sur les artistes et d’adresses aux générations futures (« la coupable curiosité de savoir ce qu’un autre pense de toi »). Quant à Léonard Pieux, c’est-à-dire Hélène poète, souffreteux mais inspiré, il se penche chaque jour ou presque sur une feuille où bientôt courra un poème. Et quant à François Angiboult, c’est-à-dire Hélène peintre, il expose à la galerie de La Boétie ses compositions aux couleurs vives, enchâssées dans des cadres peints totémiques.
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Videos de Thomas Snégaroff (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Snégaroff
Qu'il sera riche, ce mois de juin, de plongées historiques et documentaires.
À l'approche des jeux, vous découvrirez une biographie sublime et sublimée de Jesse Owens par Gradimir Smudja. Louison et Thomas Snégaroff se sont alliés pour adapter le roman sur Putzi, le pianiste d'Hitler. Laurent Bonneau et Alain Bujak vous feront entendre le Bruit de l'eau en enquêtant dans la vallée de la Roya. Jeff Lemire proposera la fin des Éphémères. Quant à Luc Brunschwig et Laurent Hirn, ils vont clore leur immense saga, après 35 ans : le Pouvoir des innocents se termine !
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