Espèces dangereuses

Le livre débute avec des souvenirs épars de vies passées. Moments fugaces, sensations, un mélange d'une vie renfermée & d'une liberté trop vite éprouvée. Ce début, chaotique, manque de subtilités. Cet amas de détails, ce fourre-tout d'informations manque de cohérences et laisse à craindre le pire pour la suite. Percevons ''cet épilogue" comme un échauffement. Par chance, l'auteur suit alors une temporalité qui sied à merveille avec l'émancipation d'un jeune homme en Russie & l'envie de découvrir l'Occident. Sergueï Shikalov est homosexuel, dans un pays où l'homosexualité n'est pas acceptée. Et pourtant pendant un court moment, elle l'a été. L'espoir d'égalité, le besoin de reconnaissance, l'envie de faire comme les autres : l'auteur a connu ses plaisirs fugaces. Mais cet espoir s'est vite renfermé, et l'envie d'un autre horizon s'est présenté. Mais attention à vous, petits étudiants : "la tentation de côtoyer librement des gens comme "nous" (...), il ne faut pas oublier que l'homme libre est avant tout un homme discipliné".
Poutine arrive au pouvoir, l'ouverture d'esprit se referme, le sida fait mourir de peur des milliers d'homo sans aucune information. Partons ailleurs en Europe, aux USA, rencontrons, baisons & pleurons notre solitude. Cri du coeur, cri de peine, Sergueï Shikalov écrit sa peine & sa peur délaissé.
Espèces dangereuses est le récit d'un jeune homme gay d'une trentaine d'années en Russie qui revient sur son adolescence. Comment s'accepter soi-même alors que le pays accepte & refuse votre existence en quelques mois. Des références (Madonna, Mylène Farmer...) lui permettent de tenir, de se sentir moins seul. Un livre coup de poing contre un régime politique honteusement mauvais. Une envie de vivre librement en étant qui il est.

Le 27 mai 1993, le gouvernement de Boris Eltsine radie l'article 121 qui stigmatisait les homosexuels. Désormais, chacun est libre d'aimer comme il veut. Même si il convenait toujours de faire profil bas, la société emmenée par le courant des progressistes devient plus tolérante envers ceux que l'on appelait les gloloubyïé ( les « bleus »).
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Sergueï Shikalov qui avait appris le français en écoutant les chansons de Mylène Farmer quitte la Russie en 2016 pour s'installer en France. Ce roman traduit ce qu'il reste de ses rêves d'une société plus juste en convoquant des images et des mots de ses années de jeunesse dans un pays qui, désormais, préfère la guerre à l'amour libre.
Un roman courageux sur une génération désenchantée.

L'histoire de toute une communauté queer en Russie. L'auteur retrace une décennie de dépénalisation, de liberté et d'espoir avant le retour massacrant de l'homophobie.

Autopsie d'une génération désenchantée.

C'est poignant, poétique, déchirant, c'est très bien écrit.

J'ai adoré !

J'ai absolument adoré ce texte que je n'ai pas pu lâcher !
C'est un texte fort qui revient sur l'histoire de la communauté gay à travers le récit du narrateur. Ce récit est à la fois collectif et personnel, intime et universel.
Les chapitres sont courts, ils s'enchainent avec vivacité et les faits sont relatés avec une écriture nerveuse, moderne qui me semble parfaitement coller au propos.
C'est un texte qui convoque de nombreuses références qui - j'en suis sure - parleront à toutes et tous, vous feront sourire et vous rappelleront des souvenirs.
Outre l'intérêt de ce texte qui est à la fois esthétique, narratif, il est un livre fort et politique en cela qu'il dit que les progrès que l'on acquiert âprement ne sont jamais acquis. Ce récit est bouleversant en ce qu'il dit la souffrance, l'espoir et la désillusion. C'est un grand texte qui passionnera tout ceux que la Russie intéresse et tous ceux qui sont sensibles à la cause LGBT.
J'ai eu un immense coup de coeur pour ce roman !

C'est un livre vraiment très fort, politique, dont l'écriture est à la fois nerveuse et élégante. La forme en très courts chapitres m'a beaucoup plu. le narrateur s'efface derrière l'expérience collective de tous et cela m'a paru beau comme parti pris narratif. Pour moi c'est un coup de coeur, je le recommande vivement.