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EAN : 9782380823035
400 pages
Anne Carrière (05/01/2024)
4.45/5   73 notes
Résumé :
Lauren, étouffée par le silence d'une bourgade du Kansas, part se réfugier à New York après une fusillade meurtrière dans son lycée. Aaron, héritier d'un empire mafieux à la mort de son père, peine à mettre ses ressources au service de ses victimes. Emilie, talentueuse interprète aux Nations unies, perd la parole à la suite d'une simple erreur de traduction. Nathaniel, star planétaire, décide de disparaitre pour fuir ces superproductions qui le consument. Aashakiran... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
4,45

sur 73 notes
«La malédiction de l'espoir»

Voilà un premier roman qui fera date ! En entremêlant des parcours très différents, Renaud Rodier réussit une vaste fresque pleine de bruit et de fureur, mais aussi de résilience et d'humanité. Dans leur quête, les personnages vont se croiser et s'enrichir de leur confrontation.

Voilà sans conteste l'un des romans les plus aboutis de cette rentrée. Après un prologue un peu déroutant – la confession d'un homme qui court sur un pont qui n'a pas de fin – on va découvrir les différents personnages au fil des chapitres, à commencer par Lauren Bairnsfather.
Née à Kiowa, un trou perdu du Kansas, la jeune fille va mener une vie solitaire, perchée dans la cabane sur un arbre construite par son quincailler de père, qui passe le plus clair de son temps à bricoler dans son garage. Avec son voisin Kip, tout aussi secret qu'elle, ils vont connaître un parcours scolaire assez tourmenté, qui va culminer lors du bal de fin d'année, dont Lauren sera l'une des rares survivantes. Car c'est avec un fusil mitrailleur qu'un élève va se venger de toutes les humiliations et frustrations subies. Il va transformer la fête en un bain de sang. Lauren décide alors de partir pour New York.
Aaron Friedmann est quant à lui le descendant d'une famille juive de Vienne. Son grand père a échappé aux camps de la mort pour se réfugier à New York. Une histoire qu'il ne découvrira toutefois que bien des années plus tard, après la représentation de Brundibár au Metropolitan. Ce n'est en effet qu'en 1983, après avoir interprété un rôle dans cet opéra pour enfants écrit en 1942, et qui fut mis en scène dans le camp de Theresienstadt, qu'il pourra reconstituer le parcours de sa famille.
Émilie Ruelle est fille d'expats, passant de Rio à Caracas, avant d'atterrir à Mumbai en Inde. C'est là qu'elle fera la connaissance d'Aashakiran Yengde, ou plus simplement Aasha, une intouchable qui va devenir sa meilleure amie. Jusqu'au jour où elle est congédiée pour un vol de bijoux qu'elle n'a pas commis. En rupture de ban, Émilie part alors aussi à New York, plus précisément à l'Université de Columbia.
Quand Kip prend à son tour la parole, c'est pour nous donner sa version de l'histoire, et dévoiler ce que Lauren ignore.
Puis ce sera le tour d'Aasha de rétablir quelques vérités sur ses rapports avec son père, ses relations avec Émilie et sur le financement des ses études dans la prestigieuse Caltech.
Nathaniel Bridge vit pour sa part à Monterey en Californie avec son père Adam. Par un soir de tempête, ils recueillent Olivia, tombée en panne non loin de leur villa. La belle naufragée restera finalement sept ans aux côtés du scénariste et de son fils, avant que ce dernier ne quitte l'adolescence et la Californie pour la Juilliard School de New York.
Puis vient le tour de Harry Bairnsfather de dévoiler un secret de famille, après avoir raconté sa rencontre avec sa femme Becky. Et souligner, pour l'ancien Marine revenu du Vietnam en pièces, que «le mariage, encore plus que la guerre, lui a enseigné que les mensonges sont parfois plus utiles à la survie que la vérité.»
Dans la seconde partie du livre, comme vous vous en doutez, l'auteur va faire se croiser les différents personnages. Émilie va entrer dans la vie de Lauren, puis les deux nouvelles amies vont assister l'une après l'autre à une pièce de théâtre dans laquelle joue Nathaniel. Aaron quant à lui, croisera Lauren sur la grande-roue de Coney Island, ou plus exactement fera croire au hasard de cette rencontre. C'est aussi lui qui fera la connaissance d'Aasha dans les eaux du lac Baïkal. Mais arrêtons-là. Je vous laisse découvrir par vous-mêmes ces fils tissés entre les uns et les autres, cette habile construction romanesque qui permet de mieux cerner, page après page, la personnalité et la psychologie de personnages auxquels on s'attache très vite, notamment en raison de leurs failles et de leurs doutes.
Renaud Rodier a réussi une fresque d'une grande humanité qu'il a lui-même très joliment résumée : «L'histoire tournerait autour de quatre protagonistes, des antihéros esquintés par leur enfance, et de leur quête de l'âme soeur, cet «autre moi» fantasmé, seul à même de les arracher à leur spleen. Une sorte de quête baudelairienne, où l'Idéal et le Beau seraient incarnés par une figure distante et fugitive qui manifesterait ce gouffre croissant entre ce qu'ils étaient et ce qu'ils auraient été capables d'être, la malédiction de l'espoir.»
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Après un prologue lunaire, nous suivons l'histoire de Lauren Bairnsfather. Cette adolescente habite un quartier moyen d'une petite ville du Midwest. Son père a une boutique de quincaillerie et sa mère, infirmière, « se consacre à son foyer ». A la maison, son père passe son temps à bricoler dans son garage. « Tous les espoirs de [s]es parents se concentraient sur [elle]. » Lauren est amie avec le fils de ses voisins, Kip, un enfant battu par son père et délaissé par sa mère. Non seulement Kip est battu chez lui mais il est aussi pris comme tête de Turc par les autres élèves au lycée, en particulier par Jack, le caïd. Lauren et Kip passent tous les deux beaucoup de temps ensemble, notamment dans la cabane construite par le père de Lauren dans un arbre. Un jour, Olivia, la mère de Kip, s'en va et les deux ados décident de partir à sa recherche, mais ils sont rattrapés par la police et reconduits chez eux. Kip reste seul avec son père maltraitant. Que va-t-il advenir de lui ? ● Nous ferons ensuite la connaissance d'autres personnages dans ce roman choral où chaque narrateur prend alternativement la parole à la première personne : Aaron, dont le père est immensément riche ; Emilie, aussi jolie que Lauren et venant d'une famille presque aussi riche que celle d'Aaron ; Nathaniel, aspirant comédien ; Aashakiran, une Intouchable indienne passionnée d'astronomie. ● le roman commence très bien, mis à part le dispensable prologue. J'aime beaucoup les romans choraux, qui sont à la mode, et on passe agréablement d'un narrateur à l'autre. ● Mais les problèmes arrivent à peu près à la moitié du livre, lorsque les liens entre les personnages apparaissent de plus en plus, annihilant toute vraisemblance. A cet égard, la fin culmine dans l'invraisemblable. ● J'ai également trouvé qu'il y avait trop de personnages. Je me suis perdu non pas dans les narrateurs mais dans leur parentèle et dans les événements qui leur arrivaient. Et pourtant j'ai lu ce roman sur un week-end, sans grand temps morts entre mes moments de lecture. ● Ce roman avait du potentiel mais aurait sans doute demandé plus de travail de la part de l'éditeur, afin d'épurer les lignes narratives, de mieux caractériser les personnages et les démarquer les uns des autres, de prêter attention à la vraisemblance, de raccourcir l'ensemble. ● Je remercie Babelio et les éditions Anne Carrière de m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre d'une Masse Critique.
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Ce livre lu à cheval sur deux années est une belle découverte. Premier ouvrage de Renaud Rodier, les échappés est un roman choral.
Sur une quarantaine d'années, de la fin des années 70 à nos jours, l'auteur nous tisse l'existence de cinq personnages principaux : Lauren, Aaron, Emilie, Nathaniel et Aashakiran. Une demi-vie pas simple, où comme le laisse suggérer le titre du livre « les échappés » les héros fuient leur passé, qui un drame, qui une relation familiale délicate, qui pour oublier ses origines modestes ?
Lauren quitte son petit village et les vastes plaines du Kansas pour New York, suite à un drame survenu dans sa jeunesse et la monotonie d'une vie dans sa bourgade natale, elle y alterne études et travail dans une librairie. Aaron, issu d'une famille juive non pratiquante, hérite au décès de son père, d'une fortune pas très propre obtenue grâce à des opérations limite mafieuses et s'oriente vers la profession d'avocat pour défendre la cause des plus pauvres. Emilie, de parents français, sillonne le monde à la suite d'un père dirigeant d'un grand groupe immobilier, les quittera pour elle aussi rejoindre New York et embrasser une carrière d'interprète aux Nations-Unies. Nathaniel, très proche de son père scénariste, après avoir fait ses débuts à New York continuera sa carrière à Hollywood, en temps qu'acteur et deviendra une véritable icone mondiale. Aashakiran, intouchable, née dans un bidonville de Mumbai en Inde, à défaut de moyens financiers pour suivre des études dans des prestigieuses universités américaines, atterrira en Russie pour y vivre sa passion pour les astres et oublier l'oeil rivé au télescope ses origines.
On suit, avec grand plaisir, ces destins tortueux qui au gré de l'évolution de l'histoire se chevauchent puis se séparent. Un existence torturée faite de spleen, de quête de l'âme soeur cet autre « moi » fantasmé, de dévotion, d'abandon, de rédemption, mais aussi de vides et de silences. Cette définition de leur vie est résumée par cet extrait du livre : « notre identité se déconstruit, se recompose tel un jeu de Tétris : des blocs de ciment tombaient depuis le haut de l'écran de plus en plus vite. Notre seule responsabilité, à nous les humains, était d'encastrer ceux-ci dans nos lacunes, nos écarts, nos intervalles, nos vides, nos blancs. Une ligne disparaissait, bling, une autre se formait jusqu'à ce que l'écran soit saturé par le ciment, ce putain de ciment, game over ! ».
Oui j'ai vraiment aimé ces portraits, d'anti-héros, d'êtres cabossés. Renaud Rodier nous plonge dans les pensées intenses et les états émotionnels des protagonistes. Beaucoup de petites phrases nous marquent et nous forcent à les peser à l'aune de notre propre vie.
Merci pour ce beau moment de lecture aux Editions Anne Carrière.
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Ils sont cinq. Ils ne se connaissent pas, pas encore du moins. Qu'il traverse le pays ou parcourt le monde, chacun tente de mettre le plus de distance avec ses origines, fuyant un passé bien souvent trop lourd à porter avec, en guise de centre névralgique, la tentaculaire ville de New-York.
Cachant leur inadaptation derrière une plastique parfaite et un esprit brillant, Lauren, Aaron, Emilie, Nathaniel et Aashakiran sont en réalité des personnages fêlés, fragilisés par une violente crise identitaire et en quête d'un sens à donner à leur vie…
Mais le destin sait réunir ceux qui se ressemblent et se complètent, pour le meilleur… et parfois pour le pire!

Et bien, je dois dire que j'ai eu un véritable coup de coeur pour ce roman choral magnifiquement orchestré. Avec ce premier texte parfaitement maîtrisé, Renaud Rodier parvient à créer des personnages extrêmement attachants, malmenés par un destin joueur mais capricieux, qui réussissent néanmoins à se sublimer au contact les uns des autres. On les suit ainsi sur quarante ans, au gré des hasards et des coïncidences, leurs routes ne cessant de se croiser pour mieux se séparer. C'est beau, parfois bouleversant, mais surtout c'est à la fois intense et tragique et ça j'adore!

Beaucoup d'émotions donc dans cette lecture digne d'un bon page turner, qui happe le lecteur dès les premières pages et qu'il est difficile de lâcher une fois commencée! le style est très agréable, à la fois fluide tout en étant travaillé. L'auteur prend le temps de planter ses décors et de développer ses personnages, donnant à chacun une voix propre et instaurant ainsi une proximité avec le lecteur et une empathie quasi immédiate. On se sent bien auprès de ces anti-héros qui luttent maladroitement pour remplir le vide qui les oppresse, réparer leurs fêlures ou combler les silences. Alors certes, il y a quelques facilités narratives qui ajoutent à l'aspect romanesque du roman, mais elles ne gâchent en rien le plaisir de lecture. Une très belle découverte en somme et un auteur à suivre!
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« Les échappés », le premier roman publié par Renaud Rodier (Anne Carrière, 2024), nous emmène à travers le monde et les destins de cinq personnages en quête d'évasion. Lauren, Aaron, Emilie, Nathaniel et Aashakiran sont les narrateurs de cette fresque romanesque, qui mêle fiction et réalité, histoire et actualité, violence et résilience.

Cinq protagoniste : leurs origines, leurs motivations, leurs rêves, leurs blessures. Chacun d'eux a une raison de fuir son passé, sa famille, sa condition, ses démons. Chacun d'eux cherche un sens à sa vie, un avenir meilleur, une nouvelle identité. Leur voix se succèdent à la première personne, dans des chapitres courts et rythmés, qui nous font découvrir leur parcours, leurs rencontres, leurs choix, leurs dilemmes.

De même comment leurs chemins se croisent, se séparent, se retrouvent. Leur destin sont liés par des coïncidences, des secrets, des affinités, des conflits. Leurs histoires se télescopent avec celles du monde, marqué par le terrorisme, la mondialisation, les inégalités, les discriminations, les migrations ... Leur voix se mêlent, se répondent, se contredisent, se complètent.

C'est un roman ambitieux et passionnant. Certes, il offre une vision panoramique de l'humanité, avec ses forces et ses faiblesses, ses espoirs et ses désillusions, ses rêves et ses cauchemars.

Mais, en même temps, le recit de Renaud Rodier est aussi décevant, confus, invraisemblable. Il est trop long, trop complexe, trop improbable. Certains personnages sont trop caricaturaux, certains liens entre eux sont trop artificiels, certaines coïncidences sont trop improbables. le roman perd en intensité et en crédibilité dès la deuxième partie. Il aurait gagné à être plus sobre, plus simple, plus réaliste.

C'est, en effet, à partir de la deuxième partie que l'auteur se perd. Il ne parvient plus à maintenir le rapport des choses entre elles. Il multiplie les péripéties, les rebondissements, les révélations, sans cohérence ni logique. Il sacrifie la profondeur des personnages au profit de l'action. Il dilue le sens et le message du roman dans un flot de mots et d'images.

«Les échappés» est un roman qui ne tient pas ses promesses. C'est d'autant plus dommage que je raffole de ce genre de fiction. Ici  elle est, pour le moins, en demi-teinte.

Bonne lecture.
 
Michel


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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
" Est-ce qu'on doit déjà se dire au revoir ?
- Oui, bàpù. Il est temps. Je déteste le temps aujourd'hui.
- Tu ne devrais pas, bètì. A partir de maintenant, chaque minute nous rapprochera au lieu de nous séparer."
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Ceux qui parlent « d’amour impossible » n’ont rien compris. C’est l’impossible en nous qui est amoureux.
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Je trempais ma plume dans le ciel gris du matin, puis je me perdais dans la transparence de ma calligraphie.
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Je m'étais égaré sans me sentir perdu.
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En tout état de cause, Lieux a survécu à cette période hasardeuse qu'est la genèse d’un projet. L'idée de base de ce scénario était relativement simple. L'histoire tournerait autour de quatre protagonistes, des antihéros esquintés par leur enfance, et de leur quête de l'âme sœur, cet «autre moi» fantasmé, seul à même de les arracher à leur spleen. Une sorte de quête baudelairienne, où l’Idéal et le Beau seraient incarnés par une figure distante et fugitive qui manifesterait ce gouffre croissant entre ce qu'ils étaient et ce qu'ils auraient été capables d’être, la malédiction de l'espoir. Rien de bien original, Sa particularité résiderait dans le fait qu'il ne serait destiné qu'à un unique «spectateur», Stanley. Nat Bridge finirait bien par réapparaître, tôt ou tard. Mon script lui serait adressé, mais seul Stanley, s’il existait vraiment, serait capable de suivre les indices dont il était parsemé, comme autant de petits cailloux blancs jusqu'à un point de rendez-vous, où je l'attendrais. p. 322
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