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Critique de Cannetille


Fréquentant avec passion les musées, Camille de Peretti s'est emparée des mystères entourant une oeuvre de Klimt, « Portrait d'une dame », pour en tirer une autre fresque, très romanesque celle-là, couvrant trois générations d'une même famille entre Vienne et New York.


C'est un petit tableau de Klimt, un portrait de femme en buste à l'expression langoureuse, bouche entrouverte et pommettes enfiévrées. Peinte à Vienne en 1917, l'oeuvre coule des jours paisibles entre les murs d'une pinacothèque de province, en Italie, lorsque, coup sur coup, elle défraye la chronique. En 1996, l'on s'avise que le tableau est en réalité double, son épaisse couche de vernis en cachant un autre, le portrait disparu en 1912 d'une femme dont on réalise alors qu'elle est la même. Mais, non contente de déjà faire couler beaucoup d'encre, l'inconnue repeinte entame alors de rocambolesques aventures. Volée deux fois l'année qui suit – l'original d'abord, puis la copie dont personne n'avait remarqué qu'elle avait pris sa place au musée –, elle disparaît avec la promesse d'un retour vingt ans plus tard. En 2019 et avec un peu de retard, c'est chose faite : à l'occasion de travaux d'entretien d'un mur extérieur du musée italien, la belle est retrouvée par un jardinier, cachée dans un sac poubelle puis glissée dans une trappe mangée par le lierre. L'escapade de la femme sans nom et étrangement repeinte reste un mystère…


Eminemment elliptiques, ces peu ordinaires faits de départ ont de quoi frapper l'imagination. Et de l'imagination, à défaut de tout autre matériau disponible, l'auteur en a à revendre. Avec pour focale le tableau dont la dame prend vie pour devenir un personnage en soi, à jamais ombré par les non-dits et les secrets censés couper court à l'inconvenance et au scandale, elle déploie sur un siècle l'histoire résolument romanesque de descendants cherchant eux aussi à élucider un mystère : celui de leurs origines. de la Vienne décadente du début du XXe siècle incarnée par le triste sort d'un héritier de bonne famille, au rêve américain d'un self-made man new-yorkais enrichi sur le krach de 1929, puis d'une jeune avocate s'efforçant d'effacer son accent texan dans le Manhattan d'aujourd'hui, trois destins s'entrelacent par-delà siècles et continents, cousus l'un à l'autre par la seule trace tangible laissée par une presque inconnue : son portrait.


Si, nous faisant traverser lieux et époques d'une manière évocatrice et vivante, l'histoire se lit sans déplaisir aucun, la curiosité aiguillonnée par l'enchevêtrement et la reproduction des secrets d'alcôve et de famille, l'on achève malgré tout cette lecture avec en bouche la frustration d'un scenario un rien tiré par les cheveux, aux personnages un peu trop lisses et n'évitant pas toujours les poncifs. Est-ce d'avoir déjà trop lu de ces récits usant d'une oeuvre, d'un instrument de musique ou d'un objet comme trait d'union entre plusieurs destins et périodes ? Cette impression de déjà-lu et d'assez convenu laisse poindre le regret d'un plat un peu trop fade pour régaler totalement. L'on pourra tenter de s'en consoler en se raccrochant à l'agréable fluidité de sa lecture et en rêvant à son tour au mystère du tableau de Klimt.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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