AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,38

sur 16 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Wouah mec, quelle allure j'aurais si je pouvais me payer des fringues de luxe, des vraies, pas des copies madeinchina, un vrai blouson disel, un jean chevinion, un polo lacost, un ceinturon doltchegabana, et puis surtout des chouses en peau de serpent, vertes, comme celles de ce type, là, au bar, les mêmes que celles de Chepe qui s'est fait buter l'autre jour... Mais attends, vise un peu ces chaussures, elles sont pas comme celles de Chepe, ce sont carrément les siennes, y en a pas deux des comme ça...mais ça peut pas être les pieds du Chepe vu qu'il est mort et enterré... attends, mec, où tu les as eues tes verzatche ?" Telle est en substance la question existentielle que Manuel pose à Yovani, dont il fait la connaissance par hasard dans un bar de Villeradieuse, Colombie. Et la réponse de Yovani d'arriver laborieusement, mais tout aussi vitale (ou mortelle, c'est selon) que la question : "Bah je les ai achetées à un gars qui fait du bizness avec un mec de la morgue, vu le nombre de cadavres ici, y en a plein, des fringues griffées (lire : trouées par balle, déchirées au couteau, tâchées de sang ou de cervelle) à prix cassé…" C'est ainsi que Manuel, jeune gars sans le sou d'un quartier déshérité, met le doigt dans l'engrenage. Persuadé que, sapé comme un prince, lui et sa confiance grandiront d'au moins deux mètres de haut et de large, il s'endette pour acheter la tenue d'un mort tout frais et juste de sa taille. Sauf que les tueurs du mort en question, deux sous-fifres bossant pour le compte de Don Efrem, apercevant Manuel de loin avec ses nouvelles fringues sur le dos, croient avoir affaire à un revenant ou à un ressuscité, et ça, ça ne plaira pas du tout au patron. S'en suit une chasse à l'homme, ou plutôt au fantôme, tout cela sur fond de lutte à mort entre les deux narcotrafiquants qui se disputent le contrôle de la ville, Don Efrem et Moncada, autrefois associés, désormais rivaux impitoyables. Pendant que les bombes explosent généreusement et que les armes s'en donnent à coeur joie, Manuel, qui n'a pas compris qu'il était pourchassé, essaie de rembourser ses dettes à coup de petits boulots, et rêve d'argent facile et de jolies filles. L'argent facile, c'est possible, à condition d'accepter l'illégalité et le risque (non négligeable) de mourir sur son "lieu de travail". Et pour les filles, il y a Lorena, adorable, intelligente, inaccessible, même pour Don Efrem, qui a jeté son dévolu sur elle. D'ailleurs les scènes où le truand au coeur de pierre tente de séduire la belle à coup de cadeaux luxueux et de poèmes tout en prenant des cours accélérés de "culture" sont hilarantes. Ay ay ay Lorenita, talon d'Achille de Don Efrem...
Dans un déchaînement inouï de violence où pleuvent les cadavres déchiquetés et les pelletées de dollars, mais qui n'empêche pas la musique et l'alcool de se déverser au fil des pages, ce roman brosse le portrait d'une période noire de la Colombie et de ses cartels tout-puissants, et surtout des gens ordinaires avec des rêves ordinaires qui tentent de vivre dans ce chaos. La plume de l'auteur est corrosive et son talent de conteur ne fait aucun doute. C'est terrible à dire : ce bouquin déjanté et à l'ironie décapante raconte des choses tragiques, mais qu'est-ce que c'est drôle...
En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          664
Direction Villeradieuse en Colombie, une ville sous l'emprise de don Efrem un puissant narcotrafiquant. C'est là que vit Manuel, le narrateur, un jeune type ordinaire qui enchaîne les petits boulots pour gagner un peu d'argent. Ce dernier aimerait bien travailler pour le Patron mais il doit se contenter d'emballer les courses dans un supermarché.

Sa rencontre avec Yovani dans un bar va l'entraîner dans une drôle de combine. Les deux compères décident de se rendre à la morgue pour acheter des vêtements de marque appartenant à des cadavres en faisant fi des impacts de balle sur le tissu.

Luis Miguel Rivas est un formidable conteur qui embarque le lecteur dans des situations absurdes et hilarantes. On assiste notamment aux déboires amoureux de don Efrem qui est rejeté par la belle Lorena alors que celui-ci n'hésite pas à prendre des cours de culture pour la séduire.

Sur des airs de tango et de salsa, les cadavres s'amoncellent. La mort fait partie du quotidien des habitants de Villeradieuse, théâtre d'affrontement des deux plus importants mafieux de la ville qui ne font preuve d'aucune pitié.

Mais tout ce déferlement de violence nous est raconté avec un ton sarcastique vraiment succulent. L'auteur dépeint ainsi les travers de la société colombienne avec beaucoup d'humour et c'est vraiment réussi.

Narcotrafiquants, vengeance et meurtres en série sont les ingrédients de cette surprenante comédie colombienne sacrément relevée. Un excellent moment de divertissement.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
Commenter  J’apprécie          140
Le mort était trop grand nous propose une fresque humoristique et caustique d'une petite ville fictive dominée par les narcotrafiquants, la ville de Villeradieuse en Colombie. Les premières pages nous font découvrir la vie tranquille de Manuel, le narrateur interne. Les codes de la rue sont donnés : style vestimentaire, fierté et fréquentations douteuses sont légions. Quoi de mieux pour se fondre dans la masse d'une ville où la violence des cartels et la pauvreté font rage. Mais prendre part à cette vie de voyous est-ce un choix ou obligation ?

Manuel est un jeune homme qui a vu la plupart de ses amis d'enfance tomber dans l'univers des narcotrafiquants. Issu d'une famille modeste, le jeune homme vit sa vie sans trop se poser de questions, observe son environnement et rêve secrètement de faire partie lui aussi du cercle intime d'un grand Patron. Mais tout cela à un prix, et notre jeune protagoniste, au fil des rencontres, va vivre des moments marquants et endosser la tenue d'un homme dont la tête fût mise à prix quelques mois auparavant…

Les premières pages du roman m'ont déroutée d'un point de vue stylistique. J'ai été surprise pour ne pas dire déstabilisée par le style atypique de l'auteur qui « balance » les mots tels des boulets de canons qu'il m'était difficile de suivre. Certaines phrases étaient tellement étendues que je ne parvenais pas à reprendre mon souffle. Est-ce un moyen pour l'auteur de fondre le lecteur dans un environnement où tout peut se passer en un millième de seconde ? C'est fort probable, cette façon d'aligner les mots incite le lecteur à se concentrer. Cependant, au fur et à mesure, les chapitres se sont enchaînés, les dialogues se sont installés et je me suis finalement habituée à la narration. A l'instar d'un Don Winslow, Luis Miguel Rivas utilise un vocabulaire de la rue, sans filtre et fidèle à l'environnement du récit.

L'univers des narcotrafiquants est connu pour sa violence et ses règlements de comptes entre clans. L'auteur a choisi de jouer la carte de l'humour pour narrer les agissements les plus sombres et les plus controversés des barons de la drogue et de leurs sbires. le ton est sec et d'une transparence mesurée. La violence des personnages est contrebalancée par leurs attitudes parfois cocasses : des bras-droits qui voient revenir des morts, un trafic de vêtements à la morgue, tout est tourné à la dérision. On se retrouve dans un environnement où la fierté, le courage et la parole sont censés être le combo gagnant pour remporter le respect tant désiré mais on découvre rapidement que la trahison et la mauvaise foi sont la face cachée du rêve vendu par les narcos.

J'ai apprécié la profondeur des personnages de Yovani et plus particulièrement du personnage principal, Manuel. Ce dernier nous apparaît comme un garçon comme les autres, qui grandit et voit les « Patrons » comme des modèles de réussite… mais pas trop. Ces personnages sont tentés par la gloire que l'univers des narcotrafiquants peut leur apporter, tel un effet de mode, mails ils vont rapidement comprendre que tout cela a un prix. Est-ce que ce qu'ils vont découvrir va les dissuader ? Est-ce que la moralité et la légitimité d'une vie classique pourront remplacer l'argent, les beaux habits et le respect que peut leur apporter leur vie auprès d'un grand Patron ? Cela est moins sûr car leur destin bascule le jour où ils décident d'acheter des vêtements à la morgue, marchant ainsi sur les plates-bandes du grand Cambalache, sbire de l'un des grands Patrons qui domine la ville.

En définitive, le roman le Mort était trop grand porte bien son nom. Les morts qui composent ce récit sont des victimes collatérales ou des proches du milieu des narcos, des grands qui font pétiller les yeux mais qui, une fois le feu d'artifice terminé, ne sont plus aussi attractifs. L'auteur mêle avec subtilité dénonciation d'un univers qui transforme des petites villes tranquilles en champs de guerre et vante le courage qu'ont certain de vouloir s'en sortir, de faire face à l'oppression que les gangs peuvent faire subir. Mais est-ce aussi simple que cela que de dire non ? Je n'en suis pas si certaine, l'humour employé par Luis Miguel Rivas masque la réalité mais il aura au moins le mérite de décrédibiliser des « célébrités » de la rue en misant sur une démonstration de violence mesurée. Je recommanderai ce roman à tous ceux qui ont apprécié La Cité de Dieux de Paulo Lins et qui souhaite découvrir l'univers des cartels sans pour autant tomber dans un flot de brutalité.
Commenter  J’apprécie          50
Il faut avoir vécu en Colombie (dans les quartiers populaires) pour comprendre toute l'ironie du Style. le thème récurrent de l'amour dans les chansons est une réalité importante dans un pays où on vit toujours avec de la musique. La violence, n'est malheureusement pas si fictive: le cartel de Medellín est tombé, mais d'autres ont repris la main. Et l'engouement pour les vêtements de marque n'a rien d'exotique. Bon, il faut reconnaître que le style est pauvre, mais n'est-il pas justement celui du protagoniste ?
Commenter  J’apprécie          50
Manuel, le narrateur, est un jeune homme de Villeradieuse, ville imaginaire de Colombie, au nom qui sent l'ironie. L'agglomération est sous la coupe de deux narcotrafiquants, amis d'enfance puis ennemis jurés, qui la mettent à feu et à sang dans une guerre des gangs impitoyable, se rendant coup pour coup, avec une escalade dans la violence.

La plupart des adolescents travaillent pour un des caïds où rêvent de le faire, car les emplois sont rares, et pour assurer ce qui semble le plus important pour ces jeunes - leur apparence - il faut du fric et beaucoup de débrouille, quitte à envisager les plans les plus foireux.

Le look, il en est beaucoup question pendant une bonne centaine de pages, avec pour chaque personnage une description détaillée de ce qu'il porte, de la tête aux pieds. J'ai trouvé cela plutôt amusant au début, puis un peu lourd, l'histoire restant un peu trop poussive.
En revanche, j'ai beaucoup aimé le style de l'auteur qui rend bien, dans le ton et les dialogues, cette ambiance de jeunesse désoeuvrée, sans tomber dans la vulgarité – ou à peine –, ni abuser d'un langage argotique.

Le récit m'a ensuite fait penser à une farce tragi-comique, avec dans le rôle principal don Efrem, à la fois roi et bouffon, «bourgeois gentilhomme» revisité à la sauce caïd Colombien qui, entre l'organisation d'un transport de drogue, de la pose d'une bombe, ou de quelques assassinats, prend des cours de maintien, soigne son langage, découvre la lecture et même la poésie pour plaire à la belle Lorena.
Ces passages sont pour moi les plus réussis du livre, l'auteur maniant la dérision d'une manière fine et féroce, avec des dialogues jubilatoires entre la belle et la bête et un humour corrosif.

L'autre grande force du récit, c'est l'alternance du burlesque, à l'image de Gamin et Merveille, tueurs qui croient voir un revenant quand passe devant eux Manuel dans les habits de leur dernière cible, et du tragique, avec l'avalanche de victimes que génère la guéguerre entre les deux boss, nous rappelant la réalité de cette ville Colombienne où la violence et la mort font partie du quotidien. Une certaine distance évite toutefois de basculer dans le sordide.

Des personnages particulièrement hauts en couleurs gravitent autour du Patron. Des lieutenants lui obéissant au doigt et à l'oeil, ainsi qu'une flopée de soldats qui, espérant monter dans la hiérarchie, se retrouvent parfois dans une mission suicide, le conflit ne se souciant pas des sans-grades.

J'ai passé un bon moment avec Manuel et tous les protagonistes de ce roman, avec une petite réserve en raison d'un certain manque de constance dans le rythme. J'ai eu à plusieurs reprises l'impression de passer d'un passage d'une grande intensité à un autre se traînant un peu, faisant retomber l'intérêt. Les nombreux extraits de chansons qui émaillent le texte ont également fini par me lasser, tout comme les multiples descriptions de fringues déjà citées.

Petit clin d'oeil pour clore cette chronique : le livre aurait pu s'intituler « À la poursuite des chaussures vertes », celles-ci revenant en leitmotiv du début à la fin du récit.

Merci à lecteurs.com et aux éditions Grasset.
Commenter  J’apprécie          30

Lecteurs (37) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
377 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}