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sur 2175 notes
Un polar se déroulant dans la Mongolie d'aujourd'hui : l'idée n'est pas banale et s'avère assez intéressante, voire pertinente. On nous dépeint un peuple abruti par un demi-siècle de déculturation communiste, coincé entre une capitale décatie et la steppe infinie, entre les villas des nouveaux riches et les grands ensembles soviétiques, entre les immeubles d'affaires et les palais staliniens, entre les oligarques russes et les conglomérats chinois, mais aussi entre les touristes allemands et les commerciaux coréens...
Le dépaysement est garanti, mais ne nous voilons pas la face : il s'agit d'un polar occidental transposé en Mongolie. D'ailleurs l'auteur n'en est aucunement dupe et assume pleinement, piochant à parts égales dans la noirceur des polars scandinaves et le côté action movie des séries policières américaines. le personnage principal bigger than life (trop d'ailleurs ^^) incarne ainsi successivement Colombo, Mannix, Kojak, Dirty Harry, Paul Kersey, Rick Hunter, Cordell Walker, Robert Goren, Horatio Caine… Et c'est toujours un bonheur quand il nous fait en clin d'oeil « je sais que tu sais » en se moquant de tel ou tel personnage et des stéréotypes qu'il véhicule…

Yeruldelgger Khaltar Guichyguinnnkhen au passé lourd et tragique, commissaire de Police à Oulan-Bator, enquête simultanément sur la découverte d'un cadavre d'enfant dans la steppe et sur l'homicide multiple d'industriels chinois queutards et de leurs putes mongoles. Avec l'aide de sa séduisante adjointe Oyun, de Solongo son amante médecin légiste et de Gantulga l'enfant des rues, il va découvrir que les deux enquêtes sont liés entre elles, et à celle de l'assassinat de sa fille cadette plusieurs années plus tôt, et en remontant la piste des milieux néo-nazis de Mongolie va tomber sur une conspiration des familles avec un supervilain jamesbondien, version ultralibérale…
J'ai apprécié, j'ai même bien aimé pendant pas mal de pages… Las, dans comme les séries américaines ça finit en jump the shark… (ça et les quasi placements publicitaires sur la boisson, la bouffe, les véhicules et les imachin : tout le monde semble posséder un imac, un ipad et iphone… ouais on croit vachement hein ! ^^)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jumping_the_shark
Trop de cliffhangers, trop de twists, essentiellement à base de viols et de meurtres ultraviolents sur fond de corruption généralisée (Oh My God SPOILER), et passé un cap l'équilibre de l'ensemble s'est rompu et la magie du truc s'est envolée… Dommage, cela a failli me réconcilier définitivement avec le genre policier avec lequel je m'étais fâché (pour cause d'overdose de séries policières américaines toutes formatées voire pompées les unes sur les autres), et avec 150 pages de moins et 2 ou 3 changements cela parfaitement pu y parvenir. Par contre ça ferait un super film, et j'imagine déjà par avance le casting deluxe auquel on pourrait avoir droit… oui mais non, on est en France avec des élites et des preneurs de décisions à la con donc c'est mort ! (« oui vous comprenez, la ménagère de moins de 50 ans et le public blanc et chrétien ne pas s'identifier à des personnages aux yeux bridés ») Putain, VDM !


Challenge Pavés 2015-2016
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Pour mon premier polar se passant en Mongolie, j'ai été conquis et je remercie Vincent et Élodie pour m'avoir conseillé ce livre !

Ian Manook, pseudo bien choisi par Patrick Manoukian, m'a embarqué sur les pas d'un commissaire de police peu ordinaire, au nom unique, Yeruldelgger, qui donne son titre à ce premier roman suivi par Les Temps sauvages et La mort nomade. de rebondissement en rebondissement, le vécu de cet homme m'a intrigué, passionné, ému, attristé, enthousiasmé et je n'avais qu'une hâte : arriver au bout de l'histoire.
Or, comme je l'ai dit, ce n'est pas fini ! Il y a une suite que l'éditeur se permet d'annoncer en publiant, en bonus, les premières pages… Franchement, je n'avais pas besoin de ça pour alimenter mon impatience !
En attendant cette prochaine lecture, j'ai donc suivi Yeruldelgger à Oulan-Bator, capitale mongole, un homme intègre aux prises avec les pires bassesses dont l'espèce humaine est capable. La corruption, la torture, l'esclavage, le meurtre, le viol, la nostalgie du nazisme, la folie des pilotes de quads, rien n'est laissé au hasard, les liens familiaux ne comptant même pas.
Les intérêts chinois, les appétits coréens, le désir de revanche des Mongols après l'asservissement soviétique, tout cela s'ajoute à l'exploitation des terres rares, ces fameux minerais devenus indispensables pour nos outils de communication, nos batteries que nous croyons respectueuses de l'écologie.
Au fil de ma lecture, j'ai été absolument estomaqué par la connaissance du terrain et des traditions mongoles dont fait preuve l'auteur. Paysages, recettes de cuisine, superstitions, traditions, c'est complet ! Il m'a même embarqué sur les voies du chamanisme, du pouvoir des esprits, du rôle des moines et de leurs techniques de combat, de maîtrise de soi pour venir à bout des plus terribles dangers, des plus coriaces adversaires.
J'ai été conquis non seulement par Yeruldelgger mais aussi par Oyun, jeune policière au courage extraordinaire, par Solongo, médecin-légiste efficace qui aime Yeruldelgger et l'accueille chez elle, dans sa yourte. Je n'oublie pas Gantulga, un gosse aux ressources incroyables plus Billy, jeune flic donnant un coup de main précieux.
Puisqu'il faut bien parler des corrompus, de ceux qui ne reculent devant rien pour assouvir leur volonté de puissance, leur désir jamais assouvi de richesse, leur soif d'alcool et d'émotions fortes sur leurs quads au mépris de la sécurité des populations. Il y a surtout Erdenbat, le beau-père de Yeruldelgger. C'est d'ailleurs son devenir qui hante le lecteur que je suis, lecteur qui brûle du désir de connaître la suite… La police se retrouve au coeur du cyclone puisque celui qui se fait appeler Mickey, capitaine, supérieur de Yeruldelgger, dirige les services de la capitale et se dispute la palme avec un certain Chuluum qui cache bien son jeu.
Toute l'histoire a débuté avec la découverte du cadavre d'une fillette européenne enterrée vivante avec son tricycle et dont le corps a été découvert par des nomades. À cela s'ajoute l'exécution de trois Chinois et de deux jeunes prostituées dans d'atroces circonstances, plus la mort bizarre de Kushi, la plus jeune des filles de Yeruldelgger, cinq ans auparavant. Enfin, l'état psychique alarmant de Saraa, la fille aînée du héros pose de gros problèmes…

Cela fait beaucoup mais l'auteur mène remarquablement toute l'histoire, dépayse complètement son lecteur pour un premier roman policier superbement réussi. Yeruldelgger est, pour moi, une découverte un peu tardive mais voilà un polar qui n'a rien à envier aux maîtres du genre, scandinaves ou autres…


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Une âme restait autour de la tombe jusqu'à la décomposition du corps. Une autre âme rodait autour de la yourte pendant quarante-neuf jours et une dernière rejoignait le pays des âmes où on vivait comme on avait vécu sur terre. Trois âmes différentes ou une seule âme qui changeait ? Et pourquoi vivre au pays des âmes la même vie qu'ici bas ?
Pourquoi chercher à le savoir ? Ce n'est pas l'espoir d'une autre vie qui doit te faire vivre la tienne ici-bas. C'est l'espoir de cette vie-là que tu dois transformer en promesse de la même vie ailleurs...
P628

Whaooo, bienvenue au pays des symboles chez les chamanes des steppes de Mongolie.... Voyage au pays des âmes en parfaite transition avec " les brumes de l'apparence " de Frédérique DEGHELT :-)...
Roman plein d'insolence entouré de mélèzes
Dans les égouts d'Oulan Bator, plein de gars balèzes
Freud savait 'il chevaucher les chevaux Przewalski ?
Interprétation des rêves après avoir bu l' arkhi !
Cauchemar de l'holocauste, histoire passée de l'occident
Kim Jong-un ou Gengis Khan, tyrannie ici beaucoup plus présent....
IAN MANNOOK nous signe son premier roman
poignant, succulent, éclairant......


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De prime abord, ce roman paie tellement peut de mine qu'on hésiterait à le retourner afin de lire son résumé... Voyez vous-même sa couverture : un auteur inconnu, un personnage "hachuré" de noir, un titre imprononçable dont on ne sait trop à quel genre littéraire il pourrait appartenir...

Bref, à se demander si les gars du marketing avait une dent contre le roman ou s'ils n'étaient pas tout simplement pas partis en vacances ce jour là !

Grave erreur que cela aurait été de passer à côté !! Si à première vue sa couverture ne casse pas 5 pattes à une marmotte, une fois ouvert, ce polar noir est un véritable plaisir à lire.

Une copine de blog, Dominique, l'avait comparé à une yourte mongole : pas terrible de l'extérieur, mais magnifique à l'intérieur. L'image était bien trouvée !

Un polar noir et une action qui se déroule en Mongolie : j'étais bien servie, moi qui suis fascinée depuis toujours par ce pays.

Tout commence par un corps d'enfant enseveli sur son petit vélo, dans la steppe, juste après la découverte des trois cadavres de chinois, dans un entrepôt. Particularité ? On leur a coupé les testicules et leur membre viril aussi. Ensuite, nous aurons deux putes pendues...

Point commun ? Aucun. du moins, en apparence. Ce sera au commissaire Yeruldelgger de faire toute la lumière sur ses sinistres crimes, ce qui risque de ne pas être facile vu tous les bâtons qu'on lui glissera dans les pattes !

S'il ne m'avait pas été chaudement recommandé, je serais donc passée à côté de ce roman... J'aurais commis une grosse erreur parce que je viens de prendre mon pied durant ces quelques 540 pages. Comme quoi, on peut avoir une couverture peu attirante et être bien foutu ! (le contraire marche aussi : belle cover et contenu médiocre).

Lecture jouissive à plus d'un titre car l'auteur ne se contente pas de nous faire suivre l'enquête, non, il nous fait entrer dans les yourtes, nous abreuve de thé au beurre salé, nous plonge dans L Histoire et les coutumes de ce pays qui a le cul entre deux chaises, écartelé que les habitants sont entre le modernisme et le respect des traditions qui se perd.

La Mongolie a une Histoire riche, des voisins pas toujours "fréquentables" (Chine, Japon, Corée, Russie) qui lorgnent sur ses richesses enfouies et l'auteur nous la fait découvrir plus en profondeur. On ne survole pas, on rentre dedans !

Le commissaire Yeruldelgger est un homme torturé depuis la mort de sa petite fille, enlevée et assassinée ensuite. Sa femme s'est murée dans son monde, sa fille aînée a tourné casaque (ou "cosaque", vu le pays) et nous sommes face à un homme qui n'a plus rien perdre, ayant déjà tout perdu.

Yeruldelgger fait partie des richesses de ce roman, mais il n'est pas le seul, il est entouré d'une multitude de personnages secondaires assez fort, eux aussi. Il a beau être le pivot central du roman, sans les autres, Yeruldelgger n'est rien.

C'est aussi un homme fort, un homme qui est imprégné de la tradition, qui veut la protéger, un policier qui se bat pour son pays, malgré ses propres blessures, ses fêlures, ses démons. Un homme qui ne renonce jamais.

Un roman au scénario travaillé, servi par un écriture très agréable à lire, ni trop complexe, ni trop simpliste. On vit l'enquête et on ressent les coups durs avec les personnages, certaines scènes étant plus violentes que d'autres (âmes sensibles...). le tout parsemé de quelques petites touches d'humour.

J'ai eu un gros coup de coeur pour Gantulga, un petit garçon fort débrouillard (normal pour un gamin des rues). À lui tout seul, il vaut bien les Irregulars de Baker Street !

Mon seul bémol sera pour les "méchants" : j'ai vite compris qui était le traitre et qui tirait les ficelles. Ce qui n'a pas entamé mon ardeur à le lire, toute contente que j'étais d'avoir une longueur d'avance.

Un roman noir qui nous dépayse, qui en profite aussi pour glisser quelques réflexions sur la Mongolie, sur ses rapports avec l'Occident, sur les massacres des mongols et sur le fait que la Seconde Guerre Mondiale ne veut rien dire pour eux. La Shoah et d'Hitler non plus, car ils avaient à souffrir des massacres perpétrés par Staline ou Mao.

Le tout sur fond d'argent sale, de magouilles, de trafics en tout genre, de crimes et de violence.

Un roman qui m'a ému aussi et entrainé dans l'immensité de la steppe.

Pour un "premier" roman, la réussite est au rendez-vous et elle totale. Mon seul regret est de l'avoir terminé...

Yeruldelgger... Un type que j'aime bien et avec lequel je suis prête à enfourcher un cheval pour repartir dans les steppes mongoles.

Yeruldelgger Khaltar Quichyguinnkhen... Quand vous parviendrez à prononcer correctement son nom, vous aurez un chocolat en récompense !

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Quand la quatrième de couverture (édition poche) annonce quelque chose comme "une maîtrise époustouflante pour le polar le plus primé et le plus dépaysant de tous les temps", j'ai toujours une hésitation : une méfiance crasse pour ces dithyrambes que je soupçonne excessifs et qui me font passer mon chemin, ou un reste d'illusion et d'ouverture d'esprit qui me fait me jeter sur le bouquin. Dans le cas d'espèce, j'ai choisi la deuxième voie, pour en conclure que j'aurais gagné du temps à emprunter la première. Naïve que je suis...
Et donc, polar le plus primé de tous les temps, je n'ai pas vérifié (si quelqu'un a l'info, je prends). Polar le plus dépaysant, ça je veux bien lui laisser, c'est pas tous les jours qu'on croise des fictions qui se déroulent en Mongolie. Quant à la maîtrise époustouflante... J'ai terminé ce roman il y a à peine un mois et je serais bien incapable de vous en détricoter l'intrigue. En dehors du fait que Yerul-quelque chose est un super-flic et qu'il mène deux enquêtes de front (qui s'avéreront liées, tiens, que c'est original): dans l'une, il retrouve les ossements d'une fillette au fond de la steppe ; dans l'autre, à Oulan-Bator, il a sur les bras les cadavres de trois Chinois émasculés et de deux prostituées massacrées, et retrouvées avec les "bazars" (ah, cette finesse d'écriture) des Chinois précités dans la bouche. On retient aussi que Yerul... est un super-flic (je répète pour enfoncer le clou), entouré de collègues véreux qui lui mettent des bâtons dans les roues, et de nombreux personnages féminins qui subissent, pour la plupart, et parfois à cause de lui, des atrocités sans nom. Parce qu'en plus des prostituées et de la fillette susmentionnées, il y a sa co-équipière qui comprendra à ses dépens ce qu'on entend par "risques du métier", sa fille aînée (grand merci pour la description racoleuse de ses brûlures effroyables), sa fille cadette tuée cinq ans plus tôt pour le forcer à lâcher une de ses enquêtes, et son ex-femme, emmurée dans sa douleur depuis lors. Il n'y a que la médecin-légiste qui s'en sort à bon compte, et encore, il s'en est fallu d'un galop de cheval dans la montagne. Tout cela explique que Yerul... soit un super-flic (oui oui) borderline et impitoyable. Il n'y a qu'un seul autre "gentil" côté masculin, un improbable gamin des rues dégourdi qui vient à la rescousse.
A part ça, l'intrigue est fort complexe, transposable partout ailleurs dans le monde sauf peut-être aux Pôles. On apprend qu'il y a beaucoup de corruption en Mongolie, que le pays est écartelé entre tradition et modernité, que des Chinois et des Sud-Coréens tentent d'en faire leur terrain de jeu commercial et/ou de divertissement, à peu près à n'importe quel prix. On apprend aussi des choses sur l'histoire-géo et la culture du pays, mais c'est un peu comme si, entre deux castagnes, on plaquait quelques paragraphes de guide touristique, avec en bonus une dose d'onirisme lourdaud (ok, on a compris que la Mongolie est un pays de chamanisme). Tout cela est très long, va trop vite ou trop lentement et manque de liant. Trop de violence gratuite (et le premier chapitre du 2è roman de Manook, publié en bonus, n'augure rien de mieux), des personnages caricaturaux, une intrigue tirée par les cheveux et du placement de produits (toute la gamme de la marque à la pomme et les sandales roses "Salut Minou").
Cela ne m'empêchera pas un jour d'aller en Mongolie, mais ce ne sera pas grâce à Ian Manook.
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Yeruldegger - un cri de guerre, un cri de colère qui vibre comme le tonnerre !

Ian Manook est fort, le bougre. Mine de rien, en un seul bouquin, il réussit à créer et imposer un univers inédit, original, frais et attachant. Virtuose des grands espaces, il nous plonge avec délectation dans une terre inconnue.

La Mongolie, vous dites ?
Qui aurait cru que ce pays aurait pu se révéler si puissant, si vivifiant, si passionnant ?
Manook nous dépeint un peuple atypique, une culture fascinante, mélange de sérénité, de violence sauvage, de progrès, de mysticisme, d'empathie et de rage meurtrière.

L'aspect politico-économique est particulièrement intéressant. Et l'auteur nous éclaire. Ce pays coincé entre la Russie et la Chine est un petit joyau aux richesses âprement disputées.

Âpre, rugueux, ce livre convoque et déchaîne les forces de la nature sur une intrigue complexe et électrique.

Mais Manook nous propose des temps morts, des phases de respirations culinaro-mystiques régalant aussi bien l'âme que la chair.
Les deux, d'ailleurs, se partagent farouchement notre attention car ce roman est autant charnel que spirituel, terrien et aérien à la fois.
Rites ancestraux, devoir de mémoire. Ne pas oublier d'où on vient pour savoir où on va. Ce roman est empreint d'une philosophie rurale, pétrie de bon sens et emplie de charme. Back to basics.

On dit qu'un roman doit beaucoup de sa réussite à la force des personnages créés. Et c'est vraiment le cas ici. Manook peaufine chacune de ses créations et notre empathie en pâtit. Même si naturellement, tous les regards sont tournés vers le personnage-titre, il faut souligner le travail soigné sur le reste du casting. On a envie d'aimer les femmes, de détester les traîtres, de punir les vilains, de secourir les enfants et de glorifier les liens de l'amitié.

On peut même ajouter que la plus grande réussite est définitivement la partie féminine du casting. Même si ce livre porte le nom de son personnage principal, ce sont elles qui nous font vibrer.

Pour en revenir au commissaire Yeruldegger, Manook a façonné un personnage iconique, puissant. à la lisière du mythe.
Yeruldegger est un homme en colère, caractériel, empli de fêlures et de déchirures, qu'il ne fait pas toujours bon croiser. Et c'est un vrai sacerdoce que lui fait vivre l'auteur. Un chemin de croix shamanique mais salvateur. La purification de l'âme... Comment va la votre ?

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Quel personnage que ce yeruldelgger ! héros et anti-héros à la fois, capable de faire preuve d'humilité avec ses supérieurs, pas ceux de la police évidemment, mais ceux qui tentèrent il y a des années, de l'éduquer selon les principes du chamanisme, ce qui nullement, ne l'empêcha de rester lui-même : individu obstiné, tourmenté, prompt à protéger la veuve et l'orphelin, décidé à faire justice lui-même, cauchemar des truands et violeurs de la pire espèce quoique respectueux des traditions de son pays.

Il est le roman à lui seul, ou presque, cela saute aux yeux lorsqu'il s'éclipse. Ses co-équipiers toutefois, tiennent leur place tant bien que mal : Oyun, version féminine de notre héros, en moins tourmentée ...peut-être... Mais aussi téméraire , Solongo, la légiste, douce et efficace, qui tempère l'inspecteur, qui exerce sur lui un certain pouvoir non déplaisant, Gantulga, gamin des rues à l'intelligence déliée.

Violence inouie dans cette histoire, des méchants très très méchants, très très violents et des scènes à éviter si on est sensible et si on n'a pas survolé déjà l'oeuvre de Grangé et Thilliez et Giebel réunis. Mais un peu de douceur dans cette ambiance de brutes : les moines : merveilleux psychologues amenant chacun à s'interroger intérieurement, sans mêler de surnaturel à leur propos, les rêves n'étant pas prémonitoires, mais faisant partie intégrante de l'être, lui révélant ses peurs et autres émotions, apportant des réponses enfouies en soi.

Et l'on évolue entre chamanisme et tradition mongole, on voyage dans les steppes, on s'attendrit (peu quand même), on se fâche, on ressent colère et dégoût, et c'est sans doute ce qui a pu capturer la lectrice que je suis dans ce livre qui me laisse sur ma faim, heureusement, deux autres tomes m'attendent !

Deux bémols cependant :

je ne connais pas les lois mongoles, elles on certainement évolué depuis Gengis Khan, mais il me semble toute de même que Yeruldelgger prend beaucoup de liberté pour rendre la justice et régler ses comptes.

Une incohérence que je ne m'explique pas et qui n'est pas explicitée en fin de roman, au sujet du sort de l'un des protagonistes, mais je n'en dirai pas plus. Peut-être trouverai-je la réponse dans les tomes suivants…

Je suis entièrement d'accorda avec Alfaric : ça ferait un super film !

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Un ethno-polar dans lequel la perspective ethnologique prime sur l'intrigue et l'enquête policière. Enquête, construite en courts chapitres, dont certaines ficelles sont parfois un peu grosses, mais que l'auteur arrive à nous faire avaler par (e.a.) un style d'écriture plaisant. Direct quand cela concerne l'intrigue, plus inspiré quand il décrit la nature et les coutumes mongoliennes.

Le personnage principal, Yeruldelgger, flic brisé par la mort de sa petite fille, est une espèce de bulldozer humain, franc, auquel on s'attache rapidement, même si on n'approuve pas toujours ses actes parfois brutaux.

Mais le vrai protagoniste de cette histoire est la Mongolie et ses problèmes socio-politiques : l'exode des nomades vers la capitale Oulan-Bator où, désespérés, ils se réfugient dans les égouts ; les pressions successives des Russes, chinois et riches coréens pour faire main basse sur les trésors (minérales) du pays ; la perte des traditions, croyances et l'identité collective ; le nationalisme galopant...

Or, il existe aussi l'autre Mongolie... celle des steppes immenses que chevaux et vent traversent, celle du chamanisme bouddhique...du thé salé au beurre chaud qu'on déguste près du poêle dans la yourte...et des personnes restant fidèles aux coutumes et leur intégrité, tels des rocs inébranlables... comme Yeruldelgger.
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J'avais déjà eu du mal à retenir les noms imprononçables de la littérature noire islandaise.
Me revoilà à m'entrainer à l'oral avec les patronymes des descendants de Gengis Khan!

Car une chose est acquise: je reviendrai dans les enquêtes de Yeruldelgger si Ian Manook avait la très bonne idée d'en faire un personnage récurrent.

Voici donc venu le temps de Cadeau d'abondance, de la famille de la Chienne au Visage Sale, policier mongol affecté à Oulan-Bator. Enquêteur teigneux, bougon et insolent, au passé chargé de pertes et de famille ingérable (pas très nouveau en revanche, le statut de anti-héros), il s'épuise avec des moyens douteux et peu orthodoxes à résoudre les dossiers du meurtre sanglant de cinq chinois et prostituées et d'un petit cadavre d'enfant déterré par des nomades.

Il faut prendre le temps d' imaginer les visages asiatiques au teint buriné, les décors de carte postale de la steppe qui ondule et des yourtes blanches, la laideur des villes de l'ère post soviétique. le voyage littéraire est assuré à travers un pays aux dimensions immenses et à la nature violente et magnifique.

Et le livre démarre à l'accéléré, continue en mode nerveux, tout en prenant le temps de nous offrir des personnages périphériques bien construits. Certaines scènes sont savoureuses, pleines d'humour ( tels ces chinois de l'ambassade tournant leur tête en coeur à une table de réunion et se faisant virer proprement), les dialogues claquent, les mots sont rudes, les scènes à rebondissement s'enchainent... Pas de temps mort. Un régal.

Et on ne peut que se féliciter de facette géopolitique du livre qui met en perspective la cohabitation parfois tendue de la Mongolie, état souverain, de la Corée et de la Chine, pouvoirs économiques en rouleau compresseur. La découverte culturelle et sociale du pays est en filigrane derrière la narration, entre modernité et traditions, développement et misère.

Très bon policier, efficace, original et dépaysant.
Une petite escapade en Mongolie, j'en rève depuis longtemps...
De là à me mettre au thé salé au beurre rance, il me faudra un peu de temps quand même!
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Dans la steppe mongole, des nomades mettent au jour le cadavre d'une petite fille, une étrangère, enterrée là avec son tricycle. Arrivé sur les lieux, le commissaire Yeruldelgger prend en charge le corps et l'âme de la défunte et lui fait la promesse de retrouver celui qui l'a tuée et abandonnée. Le policier est particulièrement touché par ce crime qui lui en rappelle un autre, celui de sa propre fille, Kushi, jamais élucidé.
A trois heures de piste de là, à Oulan- Bator, son adjointe, Oyun, doit gérer la découverte de trois chinois tués et émasculés suivie de celle de deux prostituées connues pour fréquenter des chinois. La piste des nationalistes semble la plus probable mais leur leader a un alibi de taille puisqu'à l'heure des crimes il était en compagnie de Saraa, la fille aînée de Yeruldelgger...Saraa, rebelle mais manipulée, Saraa en danger, Saraa ciblée pour l'atteindre lui, le flic qui dérange, qui cherche, fouille, creuse, ne laisse jamais tomber, ne se laisse pas corrompre. Et encore une fois Yeruldelgger va enquêter, faisant fi d'une hiérarchie qui le désavoue, contournant les lois, jusqu'au bout de lui-même, jusqu'à la vérité.

Embarquement immédiat pour la Mongolie, terre de traditions et de violences qui a vu naître Gengis Kahn. Un voyage des steppes sauvages jusqu'aux bas-fonds d'Oulan-Bator dans un pays de contrastes où coutumes ancestrales et modernité cohabitent avec plus ou moins de bonheur. Convoitée, exploitée par ses voisins qui en ont fait leur terrain de jeu, la Mongolie n'échappe pas au nationalisme, parfois extrémiste. Mais la politique n'est rien face, comme partout dans le monde, au profit. La richesse des sous-sols attire les convoitises et chasse troupeaux et nomades qui se sédentarisent. Oulan-Bator, polluée, surpeuplée, voit fleurir, à sa périphérie, des camps de yourtes où vivote une population privée de ses terres. Les égouts de la ville sont habités par des exclus dans l'indifférence des autorités qui, au mieux ferment les yeux, au pire nient les faits. État des lieux peu brillant que Ian MANOOK nous invite à découvrir dans ce polar dur et souvent violent, à l'image de son Yeruldelgger, flic brisé, cabossé par la vie, qui puise dans sa culture les forces pour tenir debout et chercher la justice. Car MANOOK sait aussi se faire lyrique quand il évoque les étendues sauvages de la steppe, le mode de vie des nomades, leurs coutumes, leurs croyances. Bien documenté, il nous dit tout de l'aménagement des yourtes, des us de leurs occupants, de la surprenante gastronomie mongole. Et c'est bien la découverte de la Mongolie qui fait toute la force et l'originalité de ce polar dont l'intrigue est par ailleurs conventionnelle (crimes, fric, corruption, etc.). Cela, et aussi ses personnages, Yeruldelgger bien sûr, mais aussi, Oyun, jeune fliquette intègre et fidèle, Solongo, légiste plus ou moins compagne du commissaire, Gantulga, gamin des rues débrouillard et attachant.
Sombre et féroce, Yeruldelgger n'en est pas moins drôle par moment, instructif souvent et dépaysant à souhait. Un coup de coeur pour ce livre et ce pays. Chaudement recommandé à tous les amateurs de polars et de contrées lointaines.
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