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°°° Rentrée littéraire 2022 # 15 °°°

Première page intérieure : Marcus Malte ( auteur français ) s'invente un traducteur américain, un certain Edouard Dayms, nom d'un des personnages de son roman Garden of love. Mes radars n'ont rien capté, juste un petit clignotant vite éteint en mode «  tiens, c'est bizarre ». J'aurais du me méfier.

Ça démarre comme un thriller avec la mort d'un génial inventeur autodidacte Philip-Joseph dit Phily-Jo Deloncle ( tiens, le même patronyme que le fondateur de la Cagoule, organisation terroriste des années 30, rien à voir ) , 34 ans , tombé de la balustrade d'un hôtel de Dallas lors d'un cocktail en l'honneur des lauréats d'un prix scientifique. Suicide ? Meurtre ? Son beau-frère, professeur de littérature, le narrateur de la première partie mène l'enquête, persuadé que Phily-Jo a été assassiné par une organisation clandestine surnommée la Pieuvre noire qui voudrait l'empêcher de diffuser une invention révolutionnaire : la FreePow, capable de convertir l'énergie du cosmos en électricité libre, gratuite, utilisable par tous, ce qui ruinerait le business des acteurs qui profitent des énergies fossiles.

Tu crois que le récit va chercher à résoudre le mystère de la mort de Phily-Jo. Et puis non. Marcus Malte déroule les quatre parties suivantes en mode roman gigogne, changeant à chaque fois de narrateur. Les cinq parties s'enchâssent, chacune résonnant avec les précédentes, chacune apportant un regard et un éclairage sur une réalité qui s'éloigne de plus en plus du lecteur alors que celui-ci croit très souvent l'approcher.

L'emboîtement est vertigineux. Marcus Malte a construit une intrigue machiavélique dont le courant romanesque impossible à remonter vous emporte irrésistiblement. Jusqu'à une dernière partie diabolique qui brouille à nouveau les pistes et suscitent mille théories sur l'identité du narrateur. En fait, il fait essayer de remonter le courant en lisant les chapitres à l'envers et repérer les nombreux indices semés avec une intelligence folle. On est presque dans un Usual suspects littéraire tant tout est doute et instabilité.

J'ai pris un plaisir dingue à être manipulée non-stop, l'auteur nous emmenant où il veut, quand il veut et comme il veut tout en nous invitant dans le jeu. Et jeu il y a, ne serait-ce qu'avec les nombreuses références hommages à Nabokov et notamment à sa Vraie vie de Sebastian Knight ( dans laquelle un homme s'efforce de retracer l'existence de son frère écrivain et peine à démêler ce qui relève de l'illusion et de la réalité ) ou à Feu pâle qui joue avec les codes de la narration.

Ultra ludique donc mais Qui se souviendra de Phily-Jo n'est pas qu'un exercice de style creux pour public averti. C'est un roman très contemporain par les thématiques abordées, engagé même, sans que la mise en scène n'entrave la force du propos. Rarement un roman n'aura aussi brillamment abordé la question du complotisme associé la manipulation et la désinformation jusqu'à la paranoïa, mais aussi celle de la déprédation généralisée du capitalisme dans un contexte de crise environnementale. Et même la question de la peine de mort avec de longs passages dans les couloirs de la mort américains. le tout avec une humour décapant et une ironie mordante.

Jubilatoire et étourdissant que ce grand roman sur toutes les manipulations, rien par le pouvoir de la fiction. Brillantissime ! Je suis très surprise de le voir absent des principales listes pour les prix littéraires d'automne.


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Dès la première page du bouquin, j'ai eu le plaisir de découvrir le fameux Philippe-Joseph Deloncle, dit Phily-Jo, dit Phil, ou encore P. J., ou plutôt appris que cet homme qui prétendait avoir trouvé une manière de produire de l'énergie infinie et gratuite à partir du vide est mort de façon pour le moins suspecte.
Cet inventeur génial d'une machine révolutionnaire « FreePow », l'énergie libre, pousse son premier cri le 22/11/63 à Dallas, le jour même et dans le lieu même où John Fitzgerald Kennedy exhale son dernier souffle !
La mort brutale de ce visionnaire demeure un mystère pour ses proches. S'agit-il d'un accident, d'un suicide ou plutôt d'un meurtre, d'une conspiration du grand capital prompt à freiner tous les progrès humanistes ?
Gary Sanz dont la femme Michèle est la soeur de Phily-Jo est le premier narrateur et raconte sa recherche de la vérité. Comment lorsqu'il tente de parler de cette invention qui pourrait révolutionner notre industrie énergétique, il est dissuadé de continuer tant cette découverte pourrait remettre en cause le système économique capitaliste.
Bientôt Gary Sanz va se retrouver entouré de meurtres suspects, accusé puis condamné à mort, se retrouvant ainsi dans les couloirs de la mort au Texas.
Un autre narrateur entre en scène alors, convaincu de l'innocence de Gary et particulièrement intrigué par ce complot qu'il dénonçait.
D'autres encore, dans un infernal jeu de poupées gigognes vont se lancer tour à tour dans cette quête de vérité.
Marcus Malte avec un humour décapant, une imagination débordante et une parfaite maîtrise du récit, cet expert en manipulations aussi bien des personnages que du lecteur m'a emportée dans son délire de « Pieuvre Noire », subjuguée et époustouflée par toutes les thématiques que ce roman aborde et qui évoque maintes situations actuelles, le rendant très contemporain.
J'ai suivi avec un immense intérêt les pérégrinations des différents héritiers et disciples de Phily-Jo. Ils m'ont emmenée au coeur du Texas, ses couloirs de la mort vraiment terrifiants, impensables à notre époque dite évoluée et son pétrole qui occupe une place bien trop prépondérante pour laisser une quelconque ouverture à la moindre nouvelle invention ou découverte dans le domaine de l'énergie.
Marcus Malte dénonce dans ce roman la malfaisance du capitalisme, "la plus grande arme de destruction massive que l'homme a créée", décortique également les mécanismes d'adhésion aux théories du complot et la manipulation.
J'ai fait connaissance en fin d'ouvrage avec ce triste sire Edward Bernays, passé maître dans la manipulation de l'opinion publique. Il est considéré comme le père de la propagande politique et d'entreprise, ainsi que de l'industrie des relations publiques qui ont fortement contribué à développer le consumérisme américain.
Un humour omniprésent traverse ce roman et ce depuis la toute première page où, sous le titre, Qui se souviendra de Phily-Jo ?, il est noté : « Roman traduit de l'anglais (États-Unis) par Edouard Dayms » alors que Marcus Malte est un auteur français !
L'histoire se passant aux États-Unis avec des personnages américains et ne sachant pas que cet Edouard Dayms était le personnage d'un précédent roman de l'auteur, je dois avouer que j'ai un peu douté…
Outre la manipulation, sujet développé splendidement et dans sa totalité, ce qui m'a particulièrement plu dans ce bouquin, c'est la mine d'informations que Marcus Malte délivre dans ce récit, nous obligeant par là-même à méditer sur notre monde, tout cela servi avec un humour défrisant.
Je dois dire que, par exemple, la description de cette vieille tante Tacolie ou la rencontre avec cet avocat sosie de J.R. m'ont bien fait sourire !
Si ce n'étaient les 570 pages, ce roman de toutes les manipulations comme l'annonce le bandeau, je le relirais illico, tant il est riche, drôle, brillant et tellement addictif !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Moi !! Moi je m'en souviendrai de Phily-Jo, ah non je ne suis pas prête de l'oublier, cet inventeur de génie méconnu duquel tout part. Dans ce livre, véritable pépite, nous découvrons, yeux ébaubis, bouche bée, zygomatiques douloureux tant ils participent de façon tonitruante à la lecture, l'effet domino d'une découverte dérangeante présentée sous la forme de récits enchevêtrés façon matriochka, façon poupées gigogne. de quoi donner le tournis au lecteur et le mener par le bout du nez. Un coup de coeur pour ce coup d'éclat, pour ce coup de maître, ce coup de gueule aussi. Chapeau bas Marcus Malte, vous êtes un derviche tourneur de génie, vous nous entraînez dans votre danse en cercle dans le cercle dans le cercle…avec bonheur et gourmandise, impressionnés par tant de virtuosité, d'intelligence et d'humour totalement décapant ! Un moment de lecture vertigineux, une mise en abime drôle et jubilatoire ! Inoubliable !

Le problème avec ce livre, pour que l'effet whouaaaaou se produise sur son lecteur, est que trop en dire serait totalement gâcher le plaisir de lecture. Aussi, je me contenterai de vous parler du principe général, du tout début de l'histoire et de vous faire part surtout du style de ce livre qui m'a parfois fait rire aux éclats. Espérons que cela suffise à vous donner envie de découvrir de toute urgence ce livre qui aurait mérité tant de prix littéraires…

Nous sommes en présence de récits enchevêtrés donc racontés par des personnages différents auxquels nous nous attachons, qui ont chacun leur façon de parler, leur sensibilité, et dont nous ne mettons nullement en doute la sincérité…jusqu'au récit suivant où tout se fissure sur le personnage précédent, ébranlant notre certitude de lecteur, heureux que nous étions d'avoir pu trouver du réconfort dans une explication dans laquelle nous lover, heureux d'avoir pu accorder du crédit au récit offert. Hé non, tout est remis en question de façon troublante. Voilà le principe. Qui croire ? Chaque récit est-il une affabulation ? Un mensonge ? Un délire ? La vérité ? Les conséquences que nous voyons à l'oeuvre sont-ils des hasards ? Un complot ? Une vaste machinerie ? Chaque protagoniste veut-il faire passer des vessies pour des lanternes ?

« Ne vous rendez jamais à l'évidence. Je ne dis pas que tout est faux. Je dis que tout est vu à travers le prisme d'un esprit très singulier».

Le récit débute avec l'histoire de Philippe-Joseph, surnommé notamment Phily-Jo, inventeur de génie, sorte de Géo trouvetou, qui a mis au point une machine à énergie libre, la FreePow, invention révolutionnaire car elle permettrait de se passer d'énergie fossile et de toute extraction quelle qu'elle soit. Cette machine convertit en effet l'énergie du cosmos en énergie naturelle, gratuite, enfin accessible à tous, non polluante, le rêve en ces temps de finitude des ressources, d'énergie hors de prix et de réchauffement climatique…sauf pour les lobbys pétroliers, gaziers, ceux des énergies renouvelables qui elle-même extraient les métaux et terres rares, sauf pour les forces géopolitiques construites sur ces immenses et puissants lobbys. Cette invention est donc visionnaire mais dérangeante.
La mort brutale de Phily-Jo demeure un mystère et ses proches, notamment sa soeur et son beau-frère, Michelle et Gary Sanz, se demandent s'il s'agit d'un meurtre, d'un suicide, ou d'un coup de malchance…Ils mènent l'enquête et, à travers les écrits du beau-frère nous voyons qu'ils tentent de voir si, comme ils le pensent de plus en plus, Phily-Jo a été assassiné par une organisation clandestine faisant partie du grand Capital, La Pieuvre noire, qui veut empêcher la diffusions de cette innovation révolutionnaire...Et d'autres enquêtes, sur cette première enquête, vont suivre. Ces simples citoyens se penchant sur l'affaire Phily-Jo sont-ils emportés dans une tornade, l'oeil du cyclone, les tentacules de cette entité omnipotente et invisible qu'est la Pieuvre, est-ce une simple affabulation, une divagation provoquée par la puissance des récits sur lesquels les protagonistes se basent ? La littérature peut-elle ainsi nous influencer ? Sont-ils manipulés et par qui ? Ou tout cela est-il tout simplement cousu du fil noir de la malchance ?

« Vous, moi, on nous déplace comme des pions sur un échiquier. le maître du jeu s'amuse avec nous ; Il nous pousse, à son gré. Et pour l'instant la stratégie nous échappe. Nous ne comprenons pas grand-chose à la partie qu'il nous impose ».

Ce qui est certain, ce livre n'est pas cousu de fils blancs, jusqu'au bout nous ignorons qui est manipulé par qui, sauf à sentir que Marcus Malte prend un immense plaisir à nous manipuler, nous, lecteurs. Manipulation jouissive, au point d'en redemander tant le texte est mâtiné d'un humour grinçant nous emportant irrésistiblement dans ce récit vertigineux. Je reprends l'extrait de la critique de Marie-Laure (@Kirzy) qui m'a donné envie, l'an dernier, de lire ce livre : « En fait, il fait essayer de remonter le courant en lisant les chapitres à l'envers et repérer les nombreux indices semés avec une intelligence folle. On est presque dans un Usual suspects littéraire tant tout est doute et instabilité ». Je ne saurais mieux dire, c'est exactement ça, je me suis surprise à revenir en arrière pour déceler des indices que je n'avais pas pris comme tels bien entendu en première lecture…Et comme le livre est assez conséquent, le fait de ne pas vouloir en sortir, de ralentir sa lecture, de revenir en arrière, j'ai mis du temps à le lire, à le déguster devrais-je dire…Je suis triste de l'avoir fini et j'aurais presque envie de le relire séance tenante !

Ce livre est un hommage à la littérature également, notamment à Edgar Allan Poe dont on sent l'ombre et la noirceur des corbeaux, à Baudelaire dont on lit de nombreux extraits des poèmes des "Fleurs du mal", et surtout à Nobokov qui semble tout particulièrement avoir guidé l'auteur sur la manière de mélanger rêve et réalité, illusions et certitudes avec notamment les allusions fréquentes à « La vraie vie de Sébastien Knight » et à « Feu pâle », « une histoire où quasiment chaque protagoniste n'est pas celui ou celle que l'on croit ». Comme lui Marcus Malte joue avec les miroirs, « les miroirs déformants, les miroirs aux alouettes, les miroirs à travers lesquels on passe ».

"N'est-ce pas dans La lettre volée que Poe nous apprend que le meilleur moyen de cacher une chose est de ne pas la cacher ? Elle est là, sous nos yeux, tellement visible qu'on ne la voit pas".

Ce récit est également une dénonciation des problématiques actuelles des théories du complot, de la manipulation, de la désinformation, mais aussi et surtout des problématiques liées à la puissance du capitalisme malgré les contraintes croissantes engendrées par le réchauffement climatique. La manipulation de la vérité (pour servir la cause du profit) est abordée avec brio, la forme du récit servant le fond. C'est magistral !
Et ces problématiques graves abordées de façon si brillantes n'empêchent pas la présence quasi permanente d'un humour décapant qui rend le livre juste délicieux, malgré tout…L'arrivée d'un Géocoucou m'a même fait avaler de travers, j'ai bien failli m'étouffer à cause de ce livre, il est dangereux !

"Avant, les mecs que je fréquentais c'était plutôt des dingues du tuning. Rien à foutre des émissions de gaz, ils avaient des caisses avec des moteurs monstrueux, quand ils appuyaient sur le champignon, y avait des flammes qui sortaient du pot et des tigres hurlaient sous le capot à t'en décoller les tympans. Fini, ma vieille, t'as passé l'âge. Là, quand il a démarré, ça n'a pas fait plus de bruit qu'un fauteuil roulant. Genre corbillard électrique, avec des batteries au lithium. Comme moi, doc, pas vrai ? le lithium ? Tout et tous sous calmant, pour pas que ça explose".

Vous l'aurez compris, j'ai eu un immense coup de coeur pour ce coup de maitre et moi de m'interroger : pourquoi ce livre n'a-t-il pas fait plus de bruit ? Serait-il dérangeant ? Est-ce la mainmise de la Pieuvre noire qui oeuvre en secret pour empêcher sa diffusion alors que nous avons là un chef d'oeuvre? Et d'ailleurs qui manipule l'auteur ?? N'oubliez pas : rien n'est plus proche du vrai que le faux…

Mille mercis Marie-Laure (@Kirzy), je comprends que ce livre ait été ton numéro un dans ta liste des coups de coeur 2022 !

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Bichette, au pied !
Ouaf, ouaf ! Allez, Bichette va chercher ! Ouaf !!!
Dans cette lecture, je me suis fait l'effet d'un jeune chien qui rapportait sans cesse, mine réjouie et babines retroussées, le bâton à son maître !
Rarement je me suis autant fait mener par le bout du nez sans avoir flairé l'entourloupe au préalable ! Là non je n'ai rien vu, j'ai foncé tête baissée dans les évidences, puis j'ai sauté le plus haut possible pour rapporter le bout de bois, la truffe reconnaissante !
Marcus Malte est diabolique et quel bonheur de se vautrer dans les flammes de l'enfer avec lui !
Car l'enfer qu'il nous promet est celui de la pieuvre noire qui étend ses tentacules sur le monde pour le contrôler et tirer les ficelles. C'est en tout cas la théorie de Phily-Jo -vrai inventeur ou réel imposteur ? - et de son beau-frère Gary Sanz, qui lui patiente dans un autre enfer, celui du couloir de la mort.
Marcus Malte est un tout cas un très grand prestidigitateur, il fait apparaître les cadavres, disparaitre les preuves, le lecteur se noie dans l'eau trouble de son verre d'eau dans lequel se diluent de faibles ou trop gros indices. Alors qui est coupable ? Mais … est-ce bien le sujet ? Vous pouvez répéter la questiiioonnn ?
Vous croyez lire un bon petit polar ? il n'en est rien, vous vous êtes complètement fourré le doigt dans l'oeil. Ce livre est atypique, vous brinquebale d'une piste et d'un personnage à l'autre ! Complotisme, mafia, propagande, lobbying, réchauffement climatique, ... ? Vos pauvres neurones tournent à plein régime, mais Marcus Malte maintient en permanence sa longueur d'avance. Je termine le bouquin sur les rotules après avoir jappé et couru dans tous les sens comme une démente, mais complètement conquise (en plus le tout est saupoudré d'un humour sarcastique charmant) !
Impossible d'en dire beaucoup plus pour ne pas gâcher les effets de surprise !
Alors, prêts pour le défi ? Ouaf !
Allez, je vous donne un petit nonos à ronger avant que vous ne vous précipitiez dans votre librairie/bibliothèque préférée avec cette citation :
« Un auteur, un bon auteur, à l'instar d'un bon conseiller en relations publiques, est parfaitement capable d'amuser la galerie et de détourner ainsi notre attention. Comme le suggérait Barbara Grove : on est baladés. Il faut distraire la foule. Toutes ces plaisantes petites histoires qu'on nous a contées, ce sont ces fameux arbres, plantés ici et là, qui nous empêchent de voir quoi ?
- La forêt.
Non ! Qui nous empêche de voir qu'il n'y a plus de forêt. Disparue, la forêt ! Ratiboisée !
- L'auteur ferait donc aussi partie de la conspiration ?
À son insu, je pense. L'auteur a bon fond. L'auteur n'est pas moins naïf, pas moins crédule que le lecteur. Il n'est pas moins perdu que lui. Au bénéfice du doute, je l'exonère de cette responsabilité.
Ça me fait penser à la réflexion de Dipak Sing.
Laquelle ?
-La vraie question est peut-être qui manipule l'auteur ?
Il est une autre question, dis-je, qui précède celle-ci.
-Laquelle ?
Qui est l'auteur ? »
(p.539)

Comment ça, vous n'avez pas tout compris ? Pour que le tout s'éclaire (ou pas), il va falloir courir après quelques bâtons ! Allez, un peu d'exercice va vous faire le plus grand bien, et n'oubliez pas … il y a de nombreuses chutes dans cette histoire !
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Les couvertures de la maison d'édition Zulma ont toutes ce mélange de couleurs qui les rend si distinguables mais je ne sais pourquoi, celle ci m'a vraiment interpellé. Comme un vortex coloré . Et pour un vortex , cette lecture en fut un sacré.

C'est assez compliqué pour moi de divulguer l'intrigue , sans trop en dire . Alors je vais m'en tenir à ce que j'ai cru avoir entre les mains quelques heures : Phily Jo est un inventeur , un de ceux qui peut révolutionner la planète . Il a inventé l'énergie libre , celle qui ne coute rien . Mais voilà, il meurt à la quatrième page et son histoire nous est raconté par son beau frère, prof et écrivain à ses heures. Bien évidemment, la thèse du complot émerge assez vite. On est à Dallas, terre où l'énergie fossile a tendance à remplir les barils et les comptes en banque. Alors, l'énergie gratos de Phily Jo , ça grattouille le Stetson...

Voilà, on va en parler 211 pages , il en reste 355.

Alors au delà du roman et de son intrigue , la thèse complotiste, fort bien étayée par de nombreux exemples , fait froid dans le dos. Tout serait factice dans ce monde ? Tout ne serait qu'une lutte de propagande pour convertir les moutons que nous sommes ?

Tiens , ce livre n'a eu aucun prix littéraire . Qui se cache derrière ce scandale ? Creuse Marcus , il y a forcément des forces malfaisantes assujetties aux maisons d'édition concurrentes.

Assurément , un livre qui va me suivre un bon bout de temps , me faire écouter un peu plus attentivement les politiciens pour chercher les sous entendu et aller mater les cv pour voir où est l'entourloupe.

Cette lecture, qui partait sur de très bonnes bases tellement l'histoire est prenante et le style varié et addictif, prend une dimension supplémentaire quand elle est achevée.
L'auteur s'est joué de nous , assurément, mais il nous a aussi transportés, interrogés, émus, captivés.
Un roman inclassable , ou classable dans 38 cases. Un roman inoubliable surtout.
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Comment ce livre-là a-t-il pu échapper aux prix littéraires ? Une seule explication : la Pieuvre Noire a déployé ses tentacules mortels jusque chez nous ......
Je pars à noia un peu vite sur ce coup là mais il faut dire que Marcus Malte a mis le paquet.
Sans les critiques de Cancie et de Kirzy, j 'aurai sans doute abandonné ce livre au bout de quelques dizaines de pages tant il est déstabilisant . Et puis j'ai été totalement happé . Jusqu'aux dernières pages.
Il s'agit d'un de ces rares livres où la forme est intriquée avec le fond. On parle ici de manipulation bien sur .

Le livre est là , sur le chevet blanc aux angles arrondis, dans la chambre sécurisée de la clinique où je vais passer quelques semaines tranquillou, bien au chaud et totalement protégé. Quoique... Il y a ce type avec ces Nike Air qui vient faire mon injection journalière . de toute façon, je n'ai pas le choix. Marcus m'a convaincu que c'était le meilleur endroit où aller. Il prend d'ailleurs à sa charge une partie des frais .
A coté du livre il y a le document de Dipak qui contient le livre de Gary Sanz et celui de son alter égo Deon Zubrinsky. J'ai aussi le journal de Sylvia et le rapport de Ross Pierce, l'ancien du FBI. J'ai aussi un dossier médical étrange qui est à mon nom mais dans lequel je ne me reconnais absolument pas.
Marcus m'a dit de prendre mon temps, de bien tout lire et relire.
Je me suis bien marré avec les noms des 3 verrats : Charlie, Thelonious et Bud. Marcus est dingue de jazz, c'est aussi un excellent musicien.
J'aurais aimé connaitre Barbara. Elle était si charmante, une vraie princesse. Mais Sylvia/Quanah , sa soeur, est une vraie bombe. La lecture de son journal a été pour moi aussi tragique que réjouissante.
Je sais désormais qui sont les vrais coupables. Une sacrée listes de prédateurs qui contrôlent la plupart des institutions aux Etats Unis et ailleurs...
Je n'avais pas écrit sur Babélio depuis un petit moment. Je ne pouvais pas. Trop de brouillard dans ma tête. Toutes ces révélations . Toute cette poésie. Tout ce Réel. le couloir de la mort. Mais ça y est, je reviens tout doucement.
Merci Marcus. Tu es un génie.

Bon, vous l'avez compris ce livre diabolique vous emporte totalement. Truffé de références littéraires et musicales c'est aussi un roman engagé.Marcus Malte travaille sur la manipulation , joue avec les codes de la narration pour mieux dénoncer . On apprend beaucoup sur ceux qui sont aux manettes de la désinformation , sur les acteurs du réchauffement climatique, sur les empoisonneurs...
Mais chut ! Lisez, vous comprendrez.
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Coup de coeur pour ce coup de maître. Je suis scotchée par la performance littéraire de l'auteur. Cinq parties composent ce roman , pour chacune il y a un narrateur différent qui a connaissance des récits précédents, ce qui donne une construction à étages à la manière des poupées gigognes russes.
Le roman commence par la mort de Phily-Jo. le narrateur est son beau-frère, Gary Sanz, professeur cultivé, poète publié mais méconnu. Au demeurant ce sera lui le personnage principal du livre. Il nous raconte avec humour la vie et la mort de son beau-frère, inventeur méconnu d'une machine à capter une énergie libre et gratuite qu'il a baptisé FreePow. Accident ? Suicide ? Meurtre ? Gary Sanz s'interroge, doute, mène l'enquête : Phily-Jo était-il un fou ou un génie ? le récit est émaillé de rimes faciles (soulignées par un certain Deon Zubrinsky),il y a des scènes d'humour d'anthologie avec l'accouchement de Daisy, mère de Phily-Jo (et donc la naissance de celui-ci) le 22/11/63 au Parkland Memorial Hospital de Dallas pile au moment où J F Kennedy y meurt , toute seule, abandonnée par tout le personnel médical, le personnage de la vieille tante Tacolie (et tac, au lit!) ou celui de l'avocat sosie de J.R (l'action se passe à Dallas!). Tout cela est jubilatoire et sent le pastiche. le lecteur se pose d'autant plus de questions que dans le récit de Gary Sanz sont inséré de temps en temps des pages dont il est évident que l'auteur n'est pas lui. Soudain ce récit s'arrête (à peu près au tiers du roman), Gary a été arrêté pour meurtre. Lequel ?
La deuxième partie (intitulée Qui se souviendra de Gary Sanz ?) a pour narrateur Dipak Singh, étudiant qui s'intéresse pour sa thèse aux condamnés dans le couloir de la mort. Très vite il pense Gary innocent et se transforme en enquêteur avec l'aide d'une jeune avocate, Barbara, qui, au contraire penche pour la culpabilité de Gary, mettant en doute le premier récit, en relevant toutes les ambiguïtés du texte. Un peu à la manière de Pierre Bayard, mais avec son propre texte, Maltus Malte décortique le premier récit, montre les trucs d'écrivain, montre aussi pourquoi un même récit ne résonne pas de la même manière pour chaque lecteur (Dipak / Barbara). Peu à peu le narrateur Dipak se met à écrire à la manière de Gary, qui en fait pastichait Nabokov tout en semant son texte de références littéraires, mais aussi musicales (dont les trois maris de tatie Tacolie et ses trois cochons). C'est jubilatoire. Mais le récit de Dipak lui aussi prend fin (on ne saura pourquoi que bien plus tard).
Avec la troisième partie le style change, cette fois la forme est celle du journal de Sylvia alias Quanah quand elle joue en ligne, schizophrène et bipolaire (ou vice-versa), amoureuse de John (un cactus sur son balcon) et soeur de Barbara qui a disparu (sa disparition redonne du crédit aux narrateurs précédents). C'est désopilant tant paranoïa et naïveté y font bon ménage, pour le plus grand bonheur du complotisme, du grand tragi-comique qui ne peut pas bien finir. Exit Sylvia.
C'est là qu'intervient Ross Pierce, ancien policier à la retraite qui reprend l'enquête sur la disparition de Barbara, et surtout sur l'innocence ou la culpabilité de Gary. Ce quatrième narrateur reprend tous les éléments dont les trois récits précédents et démonte tout, pour lui tout cela est bien plus simple que ça en a l'air. "Ne vous rendez jamais à l'évidence"
Et enfin arrive la dernière partie, la plus étrange par la forme, avec une série de pièces à conviction (réelles et imaginaires), pour introduire un réquisitoire en règle contre le système capitaliste à bout de souffle, une analyse glaçante de nos sociétés, il exprime l'urgence climatique et la colère contre les manipulations. On croirait lire Naomi Klein ou Viviane Forrester, humour noir en prime, et rire amer. En même temps le narrateur de cette partie n'est pas identifié, il s'agit d'une jeune femme (Barbara?) qui plus est elle dialogue avec un homme (l'auteur?), et il y a aussi des textes sur une ( ? autre) jeune femme (Sylvia?), entre parenthèses et en italiques, internée ou emprisonnée.
Le lecteur en sort avec le vertige. Que croire ? Qui croire ?
« C'est l'un des principes du conspirationnisme : on s'empare d'un fragment au départ insignifiant, on le grossit, on le brandit et on n'hésite pas à le tordre, à le retailler, à en redécouper les contours afin de pouvoir l'insérer à tout prix dans le puzzle. » de qui finalement, en détournant les gens des combats essentiels, les théories conspirationnistes farfelues font-elles le jeu ?
"Ne vous rendez jamais à l'évidence". En fait l'auteur nous l'avait signalé par un clin d'oeil dès la première page (celle où il y a le titre et qu'en général on ne lit pas) : il y est écrit « Roman traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Edouard Dayms » alors que Maltus Malte est un auteur français aEdouard Dayms est le nom d'un des personnages de son roman Garden of love. La couleur était annoncée : le sujet du roman est la manipulation de la vérité. Et ce roman allie son propos, très moderne par les thématiques qu'il aborde, à une forme ludique, à la limite de l'exercice de style pur, sauf que cette forme est au service du contenu et lui donne de la force. Avec cette construction tout en mises en abyme l'auteur arrive à faire le tour de nos croyances et certitudes, le lecteur n'est pas prêt de découvrir avec certitude ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, ce qui relève du complot machiavélique (pas besoin de Grand Complot, ce qui relève des Relations Publiques est déjà pas mal) ou du délire paranoïaque.
Maltus Malte nous rappelle que lorsque nous lisons de la fiction, nous acceptons de croire à quelque chose dont nous savons que ce n'est pas réel et nous plaçons dans un monde où tout est censé avoir une raison d'être, une justification, une explication (mais dans la vraie vie ce n'est pas toujours le cas). L'écrivain de fiction serait donc le plus parfait des manipulateurs.
Bref ce roman est particulièrement brillant. Et j'ai du mal à comprendre pourquoi ce livre n'a obtenu aucun prix.
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Ce roman, Qui se souviendra de Phily-Jo ?, m'a procuré des sensations incroyables, restées imprimées dans ma mémoire, à peine atténuées par un dernier chapitre qui m'a moins plu. J'y reviendrai.

Je ne sais pas comment se présente le livre broché, s'il dispose d'une table des matières. Dans la version de ma liseuse Kindle, il n'y a pas d'indication sur le plan de l'ouvrage. Etait-ce une volonté de l'auteur ou s'agit-il d'un loupé dans l'adaptation numérique ? Toujours est-il que je me suis lancé à l'aveugle dans les presque six cents pages du livre : une expérience extraordinaire !

Tout commence à Dallas, Texas, par la mort tragique de Philippe-Joseph Deloncle, Phily-Jo pour les intimes, P.J. pour les plus pressés. Accident, suicide ou meurtre ? Il se trouve que P.J. était le concepteur d'une théorie sur la présence d'énergie dans le vide, une révolution copernicienne selon lui, une mystification pour des observateurs accrochés à des intérêts inconciliables. Phily-Jo était aussi le constructeur d'une machine expérimentale, la FreePow, supposée démontrer le sérieux de sa théorie : un appareil capable de fabriquer de l'électricité à partir de l'énergie du vide, une matière première libre et gratuite. de quoi faire frémir les grands fournisseurs d'énergie fossile !

Exit Phily-Jo, donc ! Mais où est passée sa machine ? le narrateur, Gary Sanz, un professeur de littérature qui taquine la muse à ses heures perdues, mène des investigations troubles et troublantes, en compagnie de sa femme, la belle Michelle, laquelle n'est autre que la soeur de Phily-Jo.

Les aventures que raconte Gary sont passionnantes et leur lecture est jubilatoire. L'auteur multiplie les clins d'oeil. le texte est écrit comme s'il était la traduction française d'un roman américain ; l'idée n'est pas nouvelle, Boris Vian s'y était déjà frotté, ce qui ne gâche ni le mérite de Marcus Malte ni le plaisir du lecteur. La narration est émaillée de commentaires incidents, posés entre parenthèses, empreints d'humour et d'autodérision. L'auteur nous balade dans des digressions inattendues, longues, passionnantes. Tout cela forme un bavardage truculent et fascinant, dans lequel on est un peu perdu au début. Mais le charme opère et l'on y prend goût.

Soudain, surprise ! Sans signe avant-coureur, après deux cents pages et un nouvel événement tragique dans l'entourage familial de Gary, voilà qu'apparaît le titre du deuxième chapitre : Qui se souviendra de Gary Sanz ?. Changement radical de ton ! Sous la plume d'un nouveau narrateur et sur le modèle d'une enquête très sérieuse, il est question de la population carcérale aux Etats-Unis, plus particulièrement de la peine de mort et de ce qu'on appelle le « couloir de la mort ». Que vient faire là ce documentaire pour le moins inattendu ?… Ce n'est qu'une transition très habile. On retrouve Gary… dans un contexte différent. La fiction romanesque est relancée…

On est alors à peine à la moitié du livre et l'on n'en a pas fini avec les questionnements, les surprises et les rebondissements gigognes. Et l'on n'est pas prêt non plus de découvrir avec certitude ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Complot machiavélique ou délire paranoïaque ? Ne comptez pas sur moi pour vous en dévoiler plus. D'ailleurs, ai-je moi-même forgé ma propre conviction ?

L'auteur présente des arguments scientifiques solides et s'appuie sur des références littéraires bluffantes. le personnage de Phily-Jo est inspiré du parcours singulier de Nicolas Tesla, un inventeur génial et fantasque auquel notre confort d'aujourd'hui doit beaucoup. L'auteur évoque largement Vladimir Nabokov, un écrivain souvent qualifié d'enchanteur, qui l'a inspiré dans ce roman où alternent réalisme et artifice : de quoi se jouer du lecteur, qui ne sait plus très bien ce qu'il doit croire.

Le dernier chapitre est très subversif. Marcus Malte ne cache pas ses convictions d'extrême gauche. Il passe de la manipulation en littérature à la manipulation en politique. Des « pièces à conviction » prétendent prouver que les esprits sont manipulés par les grandes sociétés américaines du secteur de l'énergie (pétrole, gaz, électricité) et par le capitalisme en général. Un manifeste politique pas très original et qui n'apporte rien au roman. Car finalement, qui essaie de manipuler qui et dans quel sens ?

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Après avoir lu un certain nombre de billets, je me joins à l'enthousiasme presque général pour dire : quel livre !!!
A la question récurrente croisée dans ces billets, à savoir pourquoi ce livre n'est apparu dans aucune liste de bêtes à concours, j'oserai une explication qui, je n'en doute pas, en fera bondir certains.
Comment croire que les faiseurs de liste, les membres des académies du goût et du savoir littéraire n'ont pas vu dans la dernière partie du livre tous les ingrédients pour leur attirer les foudres de l'enfer ?
En effet, tout ce qui est cité dans le dernier chapitre n'est plus une fiction mis à part deux trois trucs ironiques du genre la filiation entre Trump et le barje de Corée du Nord. Les noms, les faits sont exacts, c'est donc à ne pas mettre entre toutes les mains, enfin le moins possible.
J'avais il y a quelques temps mis un lien sur un documentaire passé sur Arte qui décrivait tout ce qu'écrit l'auteur sur Edward Bernays, lien que je remets en fin de billet.

Bon, et le bouquin alors ?
C'est le sujet à la mode aujourd'hui, le complotisme, la manipulation.
Phily-Jo c'est un peu l'extra terrestre, le savant fou le Géo Trouvetou qui a découvert une source d'énergie gratuite qui bénéficierait à l'humanité et ruinerait l'industrie du pétrole du gaz et du charbon.
Forcément, les forces de l'ombre ne vont pas laisser faire.
En résumé c'est une histoire de physique quantique qui fait fausse note dans les cantiques adressés aux dieux de l'argent et du pouvoir. Et comme les dieux ont l'oreille sensible, ça devient vite le bordel.
Manipulateur, manipulé, qui est qui ? Vous moi, tous un peu de ci, un peu de ça.
Regardez un enfant, dès le plus jeune age il comprend et adopte la manipulation pour obtenir ce qu'il veut. Il paraît que beaucoup d'entre nous ont gardé leur âme d'enfant. Certains ont gardé la naïveté, d'autres ont développé la manipulation. Les uns ne peuvent croire ce que les autres peuvent faire. Quand je vous dit que c'est le bordel … la vraie vie quoi.
Au milieu de tout ça, il y a des gens qui n'ont plus toute leur tête, des gens qui ont grandi trop vite et qui se posent des questions. Des complotistes quoi.

Ce bouquin est vraiment bien fait, il sème le doute. Rempli d'humour, il invite à raisonner, il déroute, il perturbe, il altère les certitudes du lecteur quant à la liberté dont il s'honore.
Il incite à prendre quelques minutes pour se poser des questions, il convie à étendre le sujet de la manipulation de masse à d'autres domaines comme celui de la santé (pfizer est cité) ou à l'extrême se pencher sur les adeptes du transhumanisme.
Ce livre est bien sur à mettre entre toutes les mains et si vous avez trente minutes à amputer à votre temps de lecture allez voir le documentaire sur Bernays et peut être rejoindre, dans le doute sur un système, les « complotistes » :

https://www.youtube.com/watch?v=UvkhFpb7M7Y&ab_channel=LePr%C3%A9cepteur
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Je n'ai jamais oublié le garçon mais je me souviendrai longtemps de Phily Jo,de Gary Sanz,de la fée Barbara et de sa soeur...
Au mépris de mes valeurs féministes j'avoue avoir eu un plaisir immense à me faire manipuler par Marcus Malte dans ce roman, à mes yeux inclassable !
L'écriture, l'humour, l'originalité de sa structure sont en eux même jubilatoires mais l'histoire, ou plutôt les histoires qui s'entremêlent pour mieux nous perdre et nous questionner,in fine,sur un point essentiel,renforcent le plaisir et la curiosité. J'ai été captivée.
Tout commence par la mort suspecte de Phily Jo qui, comme Tesla, travaillait pour offrir à l'humanité des horizons bien meilleurs grâce à " l'énergie libre". Puis tout s'enchaîne,un peu comme une enquête qui chercherait à prouver à qui profite " le crime",avec des contradicteurs,une succession de narrateurs et de multiples questions.. ceci fonctionne comme une spirale qui balaye bien des sujets polémiques et sociétaux avec pour toile de fond la puissance des manipulateurs,la question du complot et l'utilisation de la critique des complotistes! Pour mieux semer le trouble, personnes réelles et personnages se côtoient,les pistes se brouillent au fur et à mesure qu'on les emprunte.
Comme si tout ceci n'était pas suffisant, Marcus Malte prend un malin plaisir à jouer des références littéraires, notamment avec E.Poe et Nabokov pour semer le doute. Qui se joue de qui!? Et même qui est l'auteur de toute cette pérégrination ?
Dès la première page j'ai eu un moment d'égarement : comment ça Marcus Malte est américain !? Puis je me suis remise les idées en place en me demandant qu'elle entourloupe m'attendait... j'ai été bien servie! Grand coup de coeur ! Décidément,vous êtes un auteur hors du commun monsieur Malte...
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