Stieg Larsson - «
Millenium : Tome 1 : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes » - éditions Acte Sud, 2006 (ISBN 978-2742761579)
Après un énorme succès en 2005 dans les pays nordiques, le premier volume fut publié en français en juin 2006. L'auteur étant mort d'une crise cardiaque pile juste après avoir remis son manuscrit à l'éditeur, ceci constitua un argument de vente bien senti et bien exploité. La mise en place et la publicité furent démesurées, la page de couverture très racoleuse, c'est pourquoi je regardais ça avec beaucoup de suspicion.
Jusqu'au quatre cinquième du récit environ, j'étais conquis, tant le texte me paraissait bien écrit, bien amené, avec des personnages bien campés, une intrigue bien nouée et tout et tout. Las ! Les dénouements des trois intrigues sont bâclés et tombent dans l'invraisemblance, l'outrance et le caricatural, avec le super-journaliste qui fait trembler toute l'économie de la Suède rien qu'avec sa frêle plume : Zorro est de retour. Quel dommage !
L'un des intérêts de ce roman réside – à mes yeux – dans le fait que le héros principal, Michael Blomqvist, est chargé d'écrire l'histoire d'une grande famille industrielle sur environ trois générations, tout en étant par ailleurs chargé d'élucider le mystère de la disparition de l'une des héritières (enquête qui finit par tout envahir jusqu'à la presque fin du roman), le tout pour obtenir du vieil homme les informations nécessaires pour se venger d'un autre potentat présenté comme le Grand et Terrible Méchant.
L'un des aspects documentaires de ce roman tient aussi dans le mode de représentation des rapports amoureux, vus par un journaliste branché. Mine de rien, le brave héros tombe les nanas à la chaîne tant il est gentil, et il est copain avec une femme mariée dont le mari artiste ne s'inquiète pas de ses découchés inopinés : ils et elles sont en effet «tout plein libéré(e)s». Ben voyons.
Est-ce vraiment le tableau de notre société contemporaine ? Probablement pas, mais c'est la représentation que s'en font la plupart des journalistes bobos, mâles et femelles, standardisés bon chic bon genre qui peuplent les mass-media aujourd'hui.