Au fil de mes chroniques, j'espère avoir pu vous communiquer ma grande curiosité pour les cultures autochtones d'Amérique. Je ne pouvais donc pas rater la parution en poche de "L'Empire de la lune d'été" et je remercie vivement Terres d'Amérique pour ce SP ! Samuel C. Gwynne y mêle l'histoire des Comanches à une biographie de Cynthia Ann Parker (1827-1871), enlevée à sa famille à neuf ans et élevée parmi les Comanches, et de son fils Quanah Parker (1853-1911) qui deviendra l'un des guerriers les plus férocement opposés à la conquête blanche et un leader tribal reconnu.
Jusque dans les années 1625, les Comanches sont des parias maltraités par les autres tribus mais leur maîtrise du cheval fait d'eux la superpuissance du Sud des Etats-Unis en à peine plus d'un siècle. La combinaison de leur talent équestre jamais égalé et de leur société profondément guerrière leur vaut d'être comparés aux « Mongols », aux « Parthes » et aux « Magyars » (p. 53) ! Pendant des siècles, leur supériorité militaire demeure indiscutable : « Des hommes à pied avaient peu de chance de vaincre des cavaliers se déplaçant à une vitesse comprise entre 30 et 50 kilomètres par heure et capables de décocher douze flèches dans l'intervalle qui fallait pour recharger un fusil et tirer une fois. » (p. 171)
Cependant, rien ne peut freiner la Manifest Destiny de l'Amérique blanche qui s'acharne à vouloir enfermer les peuples autochtones, déjà décimés par les épidémies, dans des réserves et met sur leur route des militaires – Carson, Chivington, Custer, Mackenzie – tous plus retors les uns que les autres. Malgré sa violence, ce récit est agréable à lire et trace, en arrière-plan, l'histoire de la construction des Etats-Unis, de la naissance des Texas Rangers à la fin des guerres indiennes (1890) en passant par la guerre de Sécession (1861-1865). Ce qui m'a le plus ébranlée est la méconnaissance totale des Blancs envers les populations autochtones ; qu'ils les traquent ou cherchent à négocier avec eux, ils n'ont absolument jamais essayé de les comprendre, alors ne parlons même pas de les accepter.
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