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3,62

sur 376 notes
Le contraste est saisissant entre la courte tranche de vie de Purity Tyler que nous narre Jonathan Franzen, et l'épaisseur du support! Plus de sept cent pages, avec une impression de ne plus jamais pouvoir en sortir. Heureusement que l'histoire est intéressante et plutôt bien contée (on est pas non plus dans un chef-d'oeuvre de style littéraire, mais la traduction est passée par là, difficile de pointer le responsable, et de plus la part belle est faite aux dialogues, qui ont plutôt tout à gagner d'une authenticité au détriment du style).

Purity, qui a tellement honte de son prénom qu'elle le cache autant que faire se peut et répond volontiers au surnom de Pip, vit une relation conflictuelle avec sa mère, le point d'achoppement de leurs différents tournant autour de l'identité soigneusement cachée du géniteur de Pip. La quête identitaire de la jeune femme est d'autant plus compliquée que sa mère, enceinte d'elle, a disparu des écrans radar, allant jusqu'à changer de nom pour brouiller les pistes.

C'est un parcours complexe, fait de hasard et de nécessité qui mènera la jeune fille sur la piste de ses origines .

Ce qui alourdit considérablement le récit, c'est qu'à chaque personnage rencontré, l'auteur se lance dans une ontologie détaillée, qui met en lumière le déterminisme des histoires, construites sur des rencontres, des circonstances sur lesquelles chaque être humain n'a que peu de contrôle.
Tout cela procède d'une certaine logique, mais c'est une friandise plus proche du far breton que de la crêpe dentelle!

Le tout est assaisonné d'un contexte historico-social tout à fait intéressant et d'un fond musical qui plaira aux initiés (c'est aussi varié puisqu'à travers les histoires des personnages, on passe des années après guerre à l'époque actuelle).

L'impression globale est celle d'une écriture spontanée avec une trame pas forcément construite d'emblée, et un auteur emporté par son élan créateur.



Qu'en restera t-il? (il ne me reste quasiment rien des deux opus précédents Les Corrections et Freedom, que j'avais beaucoup aimés). La force du personnage d'Andréa Wolf, charismatique autant que psychopathe obsédé sexuel et illuminé? L'histoire d'un meurtre impuni?

Pas mécontente d'en être venue à bout, ce qui m'a pris un certain temps, ce n'est pas si facile que ça à lire.

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Avis aux aficionados de l'entomologiste à lunettes : le Franzen nouveau est arrivé, et réjouissons-nous car il est excellent.

Sur la forme, le bébé porte bien la patte de son créateur, avec ses charmes bien identifiables (et pourtant à lire comme ça c'est plutôt repoussoir) : ouvrage volumineux, dialogues cérébraux, quelques mots savants distillés ici et là (mon avis de fan est que c'est en clin d'oeil aux reproches d'intellectualisme pompeux faits à l'époque aux « Corrections »)

Sur le fond, Franzen a troqué la focale spatio-temporelle habituelle de sa loupe d'entomologiste pour une grille de lecture plus large afin d'embrasser cette fois-ci les moeurs de ses contemporains à l'heure du Grand Internet, et il fallait bien un champ d'observation allant de la Californie au Colorado mais aussi jusque dans le Berlin-Est des années 80 ainsi que dans un coin de paradis au fin fond de la Bolivie pour ce faire.

Et l'auteur de se concentrer sur quelques personnages, qu'il prend soin de développer soigneusement un par un, pour explorer à l'aune du grand chambardement idéologico-politico-sociologico-économique du 21ème siècle leurs interactions, leurs aspirations, leurs névroses, et ce qu'il advient de l'identité, de la famille, du pouvoir, du sens de la vie individuelle dans un monde ultra-connecté.

Je vous épargne le pitch du roman qui n'apporterait rien de plus que la quatrième de couverture et risquerait de spoiler et me contenterai de résumer comme suit : C'est touffu, c'est drôle et désabusé, c'est intelligent et attachant, bref, la cuvée 2015 de l'ami Jonathan est encore une fois une réussite que j'ai bu sans modération !
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Nous voici plongé dans ce Purity de Jonathan Franzen, auteur Américain contemporain, publié en 2015. C'est une véritable immersion tant Franzen nous emmène avec lui tantôt dans un squat d'Okland, tantôt en Allemagne de l'Est, tantôt dans la jungle Bolivienne, et toujours avec la même intensité, le même rythme. On colle à la peau de chacun des personnages tant l'analyse psychologique de chacun est d'une immense finesse.

C'est bien écrit, très bien écrit même, extrêmement entraînant, c'est une épopée à travers les époques et les continents

Il y a malgré tout quelques longueurs : pour la tension et le suspens il faudra repasser.
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Voilà un très long roman, comportant les ingrédients qu'il faut pour en rendre la lecture tour à tour distrayante, intéressante, surprenante, amusante, oppressante, captivante... J'aime absolument !

Arrêtons là les qualificatifs et penchons-nous sur le titre : Purity ! le mot anglais pour pureté ; conservé tel quel dans l'adaptation française du livre ! Un titre qui pourrait faire craindre un ouvrage engagé, militant, ennuyeux. Ce n'est pas le cas. Purity est le prénom véritable de l'héroïne du roman, celle qu'en fait, tout le monde appelle Pip. Comment peut-on s'appeler Purity ? Même aux Etats-Unis !... Sa mère n'avait pourtant pas choisi ce prénom par pur hasard...

Pip n'a eu comme famille que sa mère, une femme étrange, au caractère tourmenté, qui vit seule pauvrement dans un coin isolé de Californie, depuis qu'elle a quitté son mari, quelque temps après la naissance de sa fille, précise-t-elle. Un homme à fuir absolument et définitivement, proclame-t-elle lorsque Pip l'interroge.

Pip a vingt-trois ans. C'est une jeune femme tout à fait charmante. Ouverte, libre, franche, généreuse. Intelligente mais naïve. Séduisante malgré un manque de confiance en elle. Depuis la fin de ses études universitaires, elle travaille, un job ni passionnant, ni rémunérateur. Les temps sont durs pour les jeunes d'aujourd'hui, notamment pour Pip, qui avait souscrit un prêt étudiant de cent trente mille dollars qu'il lui faut désormais rembourser. Elle s'est mise en tête que la seule personne qui pourrait l'aider à se libérer de cette dette est son père, qu'elle veut retrouver, alors qu'elle ne l'a jamais vu et qu'elle ne connaît même pas son nom... Telle est sa quête !... Bien des choses auront changé pour elle à la fin du livre.

Le deuxième chapitre nous ramène vingt-cinq ans en arrière, à Berlin-Est, peu de temps avant la chute du Mur. Andreas Wolf est un jeune homme au physique avantageux, consommateur de jolies filles et d'images pornographiques. Bien que fils unique d'apparatchiks très privilégiés d'une « démocratie populaire » à bout de souffle, il joue de son charisme pour se poser en contempteur d'un régime qu'il juge fondé sur une hypocrisie ridicule et terrifiante.

Rebelle dans l'âme, porté par un ego démesuré, Andreas deviendra plus tard un lanceur d'alerte célèbre et hors-la-loi, à la manière d'un Julian Assange ou d'un Edward Snowden. Réfugié en Bolivie dans un coin de montagne paradisiaque où il est assisté de groupies aussi belles que dévouées, il entretient sa légende et pilote une cyberorganisation très efficace, le Sunlight Project. Très intelligent, opportuniste et manipulateur, il restera toutefois marqué par un péché originel, un acte criminel dont il redoute la découverte, ce qui le rend paranoïaque par instant. Une paranoïa qui menacera de s'aggraver et de l'engloutir... Entre temps, pourra-t-il aider Pip à retrouver son père ?

Deux autres personnages émergent dans l'intrigue. Tom, un patron de presse d'investigation, sérieux et ambitieux ; un type bien, dont la vie privée n'a pas toujours été un long fleuve tranquille. Et Anabel, la fille d'un industriel multimilliardaire, une femme belle et brillante, mais psychotique, délirante, destructrice et autodestructrice.

Tous ces personnages partagent une particularité : une forme d'exigence envers soi-même, chacun à sa manière ; la détermination – dangereuse ou velléitaire – de respecter scrupuleusement des convictions de base, comme s'il s'agissait de se convaincre de sa pureté personnelle. Mais défendent-ils un idéal ou l'image qu'ils veulent avoir d'eux-mêmes ?

L'intrigue est complexe et l'auteur n'en dévoile les noeuds qu'avec parcimonie, pièce par pièce, comme un puzzle, au fil de sept chapitres non chronologiques, dans lesquels je me suis laissé promener de façon très plaisante sans toujours savoir très bien vers quoi on me menait : tantôt à méditer sur la morale du journalisme d'investigation et du lancement d'alerte ; tantôt à réfléchir sur les limites de la démocratie ; tantôt encore à épier les intermittences du désir entre une jeune femme et un homme ayant l'âge d'être son père ; parfois juste à observer Pip s'enchanter de la richesse des odeurs tropicales dans les vallées boliviennes... Et aussi à suivre les remous d'une histoire d'amour et de folie ; un amour fou, hors de toute limite de temps et d'exigence – de pureté, notamment –, et qui déferle en haine, en envie de faire mal, de détruire, de se détruire.

Tout cela a-t-il un sens ? Soudain, dans un dialogue, à mi-parcours du livre, une lueur. Est-ce une piste, un fil conducteur ? Viendront finalement des révélations surprenantes ; des circonstances pouvant apparaître comme des hasards n'en sont pas... L'histoire s'achève dans une atmosphère de paix, de bonheur possible. Ou presque, mais tant pis pour ceux qui s'en excluent. Et quel dommage pour le lecteur que ce soit la fin de ce roman magistral.
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Un grand roman que l'on classerait volontiers parmi ceux de la collection fleuve noir, si celle-ci circulait encore. Une saga qui pointe son nez en Californie à Oakland, et pour être sombre en devient noire, désespérant de l'Homo Sapiens.
Un débordement de 750 pages ne s'écoule pas aussi aisément que des coupures entre les mains d'un faussaire ou d'un milliardaire qui n'a pas su qu'il aurait pu devenir un bon papa.
Ce fleuve ne coule pas, il tourbillonne, manque t-il de pente, non, car il connaîtra une chute de plus de 100 m, il est parfois à l'étal, comme prisonnier de la Stasi en souffrance de son destin, ou bientôt, dévastateur.


C'est bien le charme de ces voyages littéraires improbables, qui ne respectent aucune escale, aucun confinement, aucune accalmie comme si la Bolivie commençait sur les pentes mexicaines. "Purity" du nom d'une jeune Californienne, "Purity" qui signifie pureté, est le titre du roman de Jonathan Franzen.
Notre rencontre avec sa mère Mme Tyler, lance l'intrigue sur des bases solides, pas de mari, pas de nom. Purity Tyler se fait appeler Pip Tyler et loge dans un squat au milieu d'allemands pacifistes.
Avec ce jolie diminutif Pip, Purity se fait draguer par une jeune et jolie femme, et fini entre les bras d'Annagret pour un interrogatoire bien étrange.


Direction la Bolivie où l'attend le principal personnage de ce thriller endiablé, Andreas Wolf, élevé au milieu des écoutes de la Stasi. Fils d'un dignitaire de l'Est il est devenu un hacker à la tête d'une ONG, Sunlight Project.

Annagret âgée de 16 ans, n'avait-elle pas des liens avec l'Allemagne de l'EST ?
Les confidences d'Andréas nous ouvrent l'arrière boutique de ce monde de l'ombre.
"Son père avait pour mission de manipuler les chiffres avec parcimonie, de démontrer des augmentation de productivité là où il n'y en avait pas, comme d'équilibrer un budget qui s'éloignait un peu plus de la réalité, de gonfler les quelques succès de l'économie et de trouver des excuses optimistes à ses nombreux échecs".
Et la Mère d'Andréas, Katya. joue, simule, invente... d'une beauté diabolique elle a servi le parti. 40 années à amadouer, les plus stupides, les plus cruels, les plus couards des béotiens de la RDA , "envolées soupire t-elle" ; Andréas soupira, page 211, "ça ne m'intéresse plus de savoir qui était mon père".


La prodigieuse accélération du récit, commence, entre le passé tumultueux d'Andréas et le passé inexistant de Pip, un vent de vérités soudain balaye les pages, soufflant avec ses oublis fâcheux. La mise en scène faite de révélations diverses, aussi vraies que fausses, mêlées à celles des lanceurs d'alertes, tinta le monde de Pip d'un courant de folie.


Même une chatte ne retrouvait plus ses chatons. Ce sont les aventures amoureuses de Fip qui vont mettre un brin de pagaille dans les intrigues. Là où la virtuosité de Franzen est la plus visible, c'est d'avoir monté chaque épisode comme une table gigogne. Tout est empilé de façon méthodique un homme une femme, puis un homme une femme. La sixième table coince, et brusquement aucune ne peut s'extraire seule.


Le piège se referme sur chaque acteur, aucun n'a la totale maîtrise de son destin, le lecteur perd le nord, bien contraint comme moi de revenir en arrière pour suivre un certain Tom à la trace.
--Tom, je suis en train de te dire que je sais tout. Lui lance Pip page736.
--Ouh là . Bon.
--Tom je n'ai pas lu ton document.
--Ah bien . Excellent Pip.


Un volume entier pour tenter de mettre des mots sur ce qui fait l'identité de chaque être humain. Devenir un lanceur d'alertes ne donne pas la solution de ce questionnement.
"Un exhibitionniste radical est une personne qui a renoncé à son identité. Mais l'identité au milieu du vide est tout aussi dénué de sens."
"Pour avoir une identité, tu dois croire que d'autres identités existent également. Tu as besoin de proximité avec d'autres gens. Et comment construit-on la proximité ? En partageant des secrets."

Identité, secret, vérité, partage, exister, s'affirmer ? le roman n'a pas épuisé nos questionnements, il les a mis en lumière, ne sommes nous pas tous "à la recherche du temps perdu."
Un bon roman comme un bon vin, que l'on a du plaisir à déguster, vif, alerte, de belle couleur, enivrant, aux belles robes que l'on admirées, sur les épaules de Fip, Leila, Katya, Anabel, Annagret...
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Un gros roman américain plein de surprises, teinté d'humour et d'histoire contemporaine.

Je l'avoue, j'ai failli abandonner au premier chapitre avec des amours improbables de Pip, une jeune Californienne qui loge dans un squat avec d'autres personnages bizarres. Je me disais que 700 pages de ce genre présentaient un risque de devenir insupportables!

Mais voilà, tout change par la suite. L'auteur nous entraîne dans une intrigue riche et pleine de rebondissements. On visite le Berlin de l'Allemagne de l'Est communiste, on se retrouve en Amérique du Sud dans un camp de hackers internationaux, puis dans l'univers des journalistes et dans celui des lanceurs d'alerte, en passant par les aléas de la création artistique.

Et Pip, un surnom pour Purity, ira à la rechercher de ses origines et tentera de grandir à travers toutes ces péripéties. On pourra passer de la grande pauvreté à l'abondance, des secrets bien gardés au travail d'investigation pour les débusquer, rencontrer des mères qui aiment trop, de bons sentiments et des femmes malaimées, de minables profiteurs et des héros qui frôlent la folie.

Ce n'est pas de la broderie fine, mais c'est une trame de bonne qualité qui tisse une toile sociale d'une belle complexité.

Finalement, j'ai bien aimé ce voyage à travers le monde et avec une telle brique, il y a suffisamment de lecture pour entreprendre la traversée de plusieurs fuseaux horaires!

(P.S. J'ai parfois l'impression qu'un roman américain moderne compte toujours beaucoup de pages. Serait-ce une forme d'obésité littéraire?)
;-)
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Peut-on encore aspirer à la pureté dans un monde où tout est mensonge et faux-semblants ? Jonathan Franzen s'empare brillamment de la question avec ce roman totalement addictif dont on admire à la fois l'intrigue, la construction et le propos. Un pavé dont la densité semble miraculeusement légère au point d'avaler les pages sans avoir vraiment envie d'arriver à la fin. J'avais gardé un souvenir de lecture intéressante mais poussive des Corrections, il n'en est rien ici. On nage avec délice dans le bain concocté par l'auteur.

L'héroïne s'appelle donc Purity Tyler, un prénom qui la gêne tellement qu'elle préfère l'utilisation du surnom Pip. Bref. Pip vit dans un squat à Oakland, supporte un job de téléprospectrice pour une entreprise qui opère dans les énergies renouvelables et désespère d'arriver à rembourser un jour les 130 000 dollars de son prêt étudiant. Peut-être que si sa mère, Annabel voulait bien lui révéler le nom de son père celui-ci pourrait-il faire quelque chose pour elle ? Mais cette dernière a tiré un trait sur son ancienne vie et a délibérément effacé toute trace qui pourrait la relier à son passé. Même sa fille est sceptique sur l'histoire qu'elle lui sert pour justifier sa fuite. C'est alors que Purity est approchée par un membre du Sunlight Project, une ONG créée et dirigée par Andreas Wolf un célèbre lanceur d'alertes réfugié en Bolivie pour échapper aux éventuelles représailles des pays et organisations corrompues qu'il dénonce. Elle accepte un stage en espérant glaner des informations sur son père, tombe sous le charme du charismatique Andreas mais ne va pas tarder à s'apercevoir qu'elle est peut-être manipulée et surtout, qu'elle n'a pas été choisie au hasard. Que lui veut réellement Andreas ? Pourquoi l'envoie-t-il en mission à Denver auprès de Tom Aberrant, patron d'une agence de presse d'investigation qui se donne pour objectif de révéler les scandales ?

Jonathan Franzen construit son roman avec une virtuosité indéniable, chaque partie offrant un nouveau point de vue et livrant peu à peu les clés d'un monde dominé par l'image, le mensonge et les faux-semblants, où la capacité d'adaptation est essentielle. Andreas Wolf et Tom Aberant sont deux faces d'un même pouvoir, celui de l'information avec d'un côté le lanceur d'alerte, de l'autre le journaliste, et forcément des objectifs, des méthodes et une conscience très différentes. Pour comprendre comment ils se sont construits, l'auteur explore leurs antécédents familiaux et leurs rapports aux femmes, dans un superbe parallélisme qui prend sa source en RDA où grandit Andreas et où il se forge une personnalité de rebelle face à l'ordre établi. La relation hommes/femmes est omniprésente dans la narration, comme si Franzen était convaincu d'être face à deux mondes irréconciliables. Et côté personnages féminins, il ne fait pas dans la dentelle, elles sont assez chargées. Les scènes entre Andreas et sa mère, les scènes de ménage de Tom et de sa femme sont incroyables de dureté et de machiavélisme.

La grande réussite de ce livre est à mettre au crédit de sa galerie de personnages très étayés, même les plus secondaires, autant qu'à la vision du monde que l'auteur parvient à faire passer. le parallèle entre le totalitarisme et internet est a priori gonflé et pourtant... tellement évident dans la bouche d'Andreas dont la maîtrise de l'outil lui a permis de créer son image de toutes pièces et de jouer sur l'aliénation des foules. de quoi donner à réfléchir.

Si l'on mesure la qualité d'un livre à l'aune des sujets de réflexion qu'il propose, alors Purity est un grand livre. Ancré dans son siècle avec une réelle volonté de bousculer et de renverser les points de vue. Et qui procure en plus un fantastique plaisir de lecture.

Un page turner intelligent, tout simplement.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Puissant et foisonnant, Purity est un roman qui sonde l'intime et explore l'universel avec intelligence, audace et humour. On s'accroche aux personnages, à leur parcours, à leur psyché, on traverse avec eux le temps en tout sens, on s'envole pour Berlin, Denver, Oakland, la Bolivie. On tente de déméler les lignes complexes et obscures qui s'entrecroisent sans cesse : les liens filiaux, amicaux, amoureux, les noeuds politiques et sociaux – totalitarisme, corruption, limite de la démocratie –, les tourments de l'Histoire - les réseaux de communication – internet -, les flux d'informations – journalisme –, les méandres de l'esprit – paranoïa, imposture, manipulation, mensonge – , le trouble des sentiments – la honte, la culpabilité –, le labyrinthe du silence et du secret. On se heurte à des murs, emprunte des chemins tortueux, on tombe, on se relève, en quête d'une compréhensibilité, d'une transparence, d'une pureté... glissantes et fuyantes. Sans trêve.
Elle se nomme pourtant ainsi Purity, le personnage central du roman, et a d'ailleurs une aversion pour ce prénom ridicule. La jeune femme se fait appelé Pip – clin d'oeil au héros Dickensien des Grandes espérances –. La vingtaine, elle est téléprospectrice, a un lourd crédit étudiant sur les épaules, vit dans un squat, a peu d'amis. Sa mère, étrange, fantasque et sans le sou, vit dans une bourgade à la montagne, isolée. Elle a élevé Pip seule et aurait quitté le père de celle-ci sans l'informer de sa parternité, aurait changé d'identité et de lieu géographique... Aujourd'hui Purity a un besoin irrépressible de le retrouver mais sa mère demeure silencieuse.
Sa quête va l'emmener en Bolivie auprès d'Andreas Wolf, un lanceur d'alerte, créateur du Sunlight Project, un homme ambiguë et mystérieux – né en Allemagne de l'Est, égocentrique et manipulateur, à la beauté fascinante et à l'esprit envoûtant. Séduit et interessé par Purity, il va lui confier un secret. Un secret qu'il a déjà partagé avec Tom Aberant – devenu aujourd'hui un grand journaliste de la presse d'investigation - des années auparavant... Wolf va justement envoyer Pip en mission au côté du journaliste...
Un roman inracontable mais brillant et passionnant!

Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Purity, une jeune femme plutôt névrosée, a beau être le titre du livre, dans ce pavé de 700 pages l'on parlera surtout des personnages qui gravitent autour d'elle. D'Annagret d'abord, une allemande de passage dans la maison où Purity loue une chambre, au lourd passé ; et surtout d'Andreas Wolf, son ancien amant, un lanceur d'alerte très connu qui prépare un programme en Bolivie afin de partager au monde entier des informations sensibles. En y participant, Purity est envoyée à Denver afin de surveiller Tom, un homme connaissant de sombres secrets au sujet de Wolf.
Un livre agréable à lire. Les 700 pages ne sont pas trop "bourratives" et l'on est sincèrement intéressés à l'idée de connaître la fin, même si les chemins y menant sont tortueux et plein de flashbacks. J'avoue m'être un peu perdue de temps en temps, et d'avoir dû revenir au début afin de me souvenir de quelques anecdotes et personnages. Au final, je n'ai pas été déçue du voyage.
Lien : https://clairesalander.wordp..
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Quel soulagement d'être venue à bout de ce pavé ! Plus de 700 pages qui ne se lisent pas si aisément que cela...trop de disgressions qui ont enlevé pour moi parfois de la fluidité à cette histoire pourtant fascinante. le divertissement promis en quatrième de couverture m'a bien souvent abandonné, me laissant en peine à parcourir quelques pages dévoilant moult détails sur les différents personnages qui à mon sens auraient mérité d'être quelque peu écourtées, une véritable auscultation de leur âme et de leur conscience.
Mais qu'à cela ne tienne, Jonathan Franzen ne m'a pas laissé sur le bas côté, et bien m'en a pris d'aller jusqu'au bout. Mensonges, fâcheux secrets, abus de pouvoir, hypocrisie, corruption, haine ... et paradoxalement ... leurs contraires, bâtissent un scénario surprenant, voire déroutant. L'auteur nous fait basculer dans un espace temps vertigineux, de l'Allemagne de l'Est des années 80, à la Bolivie ou la Californie de notre société contemporaine ultra méga hyper connectée, où la quête identitaire de Pip s'opère dans un monde en perte d'identité...
Un sentiment mitigé, oui, mais vous l'aurez compris, ne vous arrêtez au point négatif par lequel j'ai commencé, et laissez vous tenter par ce roman à la saveur piquante et impure !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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