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Critique de babel95


C'est tout d'abord le nom de l'autrice : Emma Doude van Troostwijk qui m'a intriguée. J'ai cherché à comprendre ce que signifiait Ceux qui appartiennent au jour. Alors, lorsque la médiathécaire de ma ville m'a proposé de découvrir le roman pour notre club de lecture, je n'ai pas hésité une seule seconde...

De retour après un an passé loin des siens, une jeune femme se retrouve au Presbytère, la maison de famille où cohabitent ses grands-parents, ses parents et son frère aîné, Nicolaas. La famille de pasteurs venue des Pays-Bas vit en France depuis longtemps. Nicolaas réfléchit encore sur le sens de la vocation avant de choisir, lui aussi, de devenir pasteur.

Les retrouvailles sont difficiles. En arrivant, c'est tout d'abord le jardin, à l'abandon, qui choque la jeune femme. Il est vrai qu'en an, la famille n'a guère été épargnée : Opa, le grand-père, a basculé dans la démence et ne reconnaît plus sa petite-fille qu'il accueille par « Enchanté de vous rencontrer, madame, je vous attendais ». le père a été victime d'un burn-out, sa mémoire s'effiloche, et il se rattache au réel en collant de multiples post-it sur la gazinière, autant de pense-bêtes ou « appuis-mémoires » colorés selon leur fonction…

Pour son premier roman, Emma Doude van Troostwijk n'a pas choisi de traiter un sujet facile. Pour autant, rien de triste ou de sombre dans son roman. Les petits récits s'enchaînent, mêlant le passé au présent, les moments de joie et de peine au sein du Presbytère. On ne s'ennuie pas dans cette famille, on chante, on rit, on lance des blagues. Et lorsque la maladie est bien là, c'est avec beaucoup de bienveillance qu'on y fait face : l'autrice part en promenade avec son grand-père, terriblement diminué, et à défaut de lui parler, chante avec le vieil homme.

En une semaine, j'ai lu plusieurs fois ce roman. J'ai été sensible à son écriture poétique. J'ai bien aimé la technique choisie pour faire ressentir le bilinguisme de la famille : l'utilisation d'expressions idiomatiques, traduites, comme : « En français ils partent en lambeaux. En néerlandais ils se déchirent. Verscheurd zijn ».

Je dois dire que j'ai buté sur le titre que je ne comprenais pas. P.134 l'autrice nous indique pourtant « En français ils ne tiennent qu'à un fil. En néerlandais ils appartiennent au jour. Het zijn mensen van de dag ». Dans l'émission « au bonheur des livres » diffusée sur Public Sénat, Emma Doude van Troostwijk explique que le titre est venu assez tard, que l'expression « het zijn mensen van de dag" se rapporte à des personnes âgées dont on ne sait pas si elles vont passer la nuit - c'est donc pour ça qu'en français on pourrait dire "elles sont sur le fil". Selon moi - et sous toute réserve (mon néerlandais étant assez basique et mes études très lointaines) Ceux qui appartiennent au jour désignerait alors ceux qui sont en sursis, dont on ne sait pas ce qu'ils vont devenir, s'ils vont disparaître ou pas. Une explication parmi d'autres, peut-être, mais qui s'appliquerait bien à cette famille, sur laquelle l'oubli s'installe....

L'oubli s'installe, certes, mais la vie continue…. Quel sera le choix de Nicolaas ? L'autrice repartira-t-elle aux Pays-Bas ? Quel avenir pour le reste de la famille ?

Pour compléter la lecture, je conseille de visionner les vidéos qui figurent sur Babelio à la fin de l'article sur Emma Doude van Troostwijk. On fait connaissance avec une jeune autrice vraiment sympathique. Pour celles et ceux qui aiment le rap, commencez la lecture avec Drank en drugs de Lil' Kleine en fond sonore ! c'est sur cette musique que s'ouvre le livre....

Un roman lumineux, tonique, une jeune autrice à suivre, sans aucun doute.

Un grand merci à Kielosa avec qui c'est toujours un grand plaisir d'échanger sur la langue néerlandaise.
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