Petite virée en guerre civile, avec ce livre relativement bref qui narre l'absurdité qui anime de manière périodique l'humanité.
En deux temps. En commençant par la fin, celle de sa maladie, qui, du fait de la narration, semble la conséquence du récit qui va suivre. Une maladie auto-immune comme la maladie qui incite des peuples à s'auto-détruire.
Bien assis derrière leurs écrans, certains penseurs de canapé vitupèrent contre tout ce qui est différent, contre toutes les menaces qui risquent de les priver de leurs certitudes forgées par des années de pratiques. Alors se lèvent quelques démagogues qui sauront exploiter ce travers humain et cela recommencera. On le voit aujourd'hui au moyen-orient. Personne n'est au dessus de cette tentation, pas d'échappatoire à cette maladie qui ronge toutes les sociétés de l'intérieur. L'appartenance à un groupe, le sentiment national ne se définissent que par opposition à d'autres. Pas d'états-nations sans ennemis à combattre. Pas de peuple élu sans peuples à dominer...
Là, c'est l'ex Yougoslavie... Sans creuser la bio de l'auteur, on ne peut pas savoir à quel "camp" il appartient (le notre, celui des gentils? ou celui des autres, les méchants?).
C'est justement ce qui rend pertinent ce roman : la médiocrité, la bêtise, la souffrance sont sans frontières, sans nationalités. Bien sûr, dans son canap' on est sûr d'appartenir au camp du bien. Mais à l'épreuve de de la guerre, l'auteur nous montre la stupidité de cette posture.
Ce qu'il vit est aussi vécu par les autres en face. C'est moche, c'est cru, presque vulgaire par instants.
Mais justement, c'est ça la réalité de la guerre, quand on la fait réellement, c'est à dire au corps à corps, contre un ennemi équivalent. Loin des guerres asymétriques menées avec des drones et des bombardiers et des missiles guidés par satellites (un must), de loin, ici on suit les mouvements sans buts précis des simples exécutants, ceux qu'on a enrôlés ou qui se sont mobilisés pour la bonne cause (peu importe laquelle) et qui en tuant finalement assez peu, contribuent à la propagation de cette maladie auto-immune de l'humanité appelée guerre. Maladie qui profite essentiellement aux pires parasites qui s'en nourrissent mais qui ne la font pas, bien sûr.
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Enrôlé à 27 ans dans l'armée croate de Bosnie, l'écrivain déserte rapidement. Dans « Guerre et pluie », il raconte la guerre d'un homme sans expérience militaire.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Velibor Colic publie chez Gallimard son dernier livre, Guerre et Pluie , dans lequel il nous parle autobiographiquement d'un homme en proie aux doutes sur sa vie. Il y relate ses élucubrations et digression sur son passé et son présent, sur la guerre et la maladie.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Un admirable roman autobiographique dans lequel l'écrivain évoque une nouvelle fois la guerre de 1992 dans l'ex-Yougoslavie.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Ici en Belgique, je suis français. Et c'est encore nouveau pour moi.
- D'accord, je me défends, je suis français depuis peu. Mais depuis ma plus tendre enfance je râle contre tout, tout le monde m'embête et je me considère comme le plus intelligent de tous. Je connais tout du football, du cinéma, de la météorologie, de la politique, des femmes et de la cuisine. Et ne parlons même pas de littérature et de fromage. Donc, j'ai été français toute ma vie. On ne me l'a simplement pas dit à temps.
Ce dont je suis personnellement fier, c'est d'être officiellement devenu un homme aux identités multiples. Conformément à ce que je pense, nous sommes tous un ensemble de «trahisons», génétiques, culturelles, linguistiques et de toutes sortes de possibles.
Je pense à l'endroit où les amours mortes s'installent. J'imagine nos trajectoires de vie comme des sortes de lignes irrégulières qui se croisent, se rejoignent et s'éloignent. C'est tellement touchant, nous sommes des petites lucioles qui apparaissent, brillent un peu dans les ténèbres et disparaissent. (...) Les gens se rencontrent, tombent amoureux, passent du temps ensemble puis disparaissent.
Parfois, j'ai cru entendre les gémissements d'une maison blessée. C'était terrifiant. Comme si j'entendais le cri des générations qui avaient passé leur vie parmi ces briques écrasées.
La netteté de ces images est stupéfiante. Ce sont des expériences complètes avec des sons, des odeurs, du sang et des armes. Avec la vraie peur qui apparaît dans ma tête et qui m'enveloppe froidement.
Le réalisme dans ma prose n'est pas un manque d'imagination. C'est une sorte d'état hybride par lequel j'essaie de décrire la peur, le bruit et la fureur avec une distance paisible. Avec la sagesse de ceux qui ont survécu.
Le Livre des départs, Velibor Čolić