Le petit assassin

A 56 ans Hermance est une femme aigrie. Elle mène une vie terne entre l'école primaire où elle est institutrice et son appartement où l'attend son ivrogne de mari.
Elle a quitté le soleil d'Oran pour s'installer dans le vieux Lille et garde la nostalgie de son enfance heureuse passée en Algérie. Elle y est restée pendant une quarantaine d'années mais a du fuir le pays en 1956 en ayant perdu ses biens et sa famille. La ferme de ses parents a brûlé, son père a été abattu par le FLN et sa mère a disparu dans un attentat. Mais surtout Hermance a été traumatisée par un horrible massacre dont elle a été le témoin. le regard et la menace du tueur restent gravés en elle malgré les années passées. Aussi le jour où elle croise, dans une lumière qui lui rappelle ce jour fatal, les yeux d'un élève prénommé Akim, la terreur resurgit en elle. Sous l'effet de la panique son esprit se met dérailler, elle s'imagine défiée et persécutée par cet enfant. Hermance va donc chercher un stratagème pour se débarrasser de " ce sale gamin qui la rendra folle"
Le petit assassin est le second roman que Lucienne Cluytens a écrit et c'est de loin celui que je préfère. Si le portrait de cette vieille dame indigne est magnifiquement brossé, celui de son mari n'est pas mal non plus. Il regrette aussi l'Algérie, mais pour d'autres raisons, et à eux deux ils forment un couple vraiment peu recommandable.
Ce roman est passionnant , une fois le nez plongé dedans il est difficile d'en sortir avant de connaître la fin de cette histoire bien ficelée.

Le petit assassin ... ou comment la vengeance liée à un traumatisme peut faire péter les plombs d'une institutrice vieillissante en proie à de vieux démons engendrés par « les événements d'Algérie ». L'auteure qui a été elle aussi institutrice, nous emmène dans un monde de racisme primaire et dérangeant, avec brio, loin de l'ambiance de son dernier roman. Une certaine forme de rédemption ? Non, laissons-lui le bénéfice de la fiction … c'est ça l'art de l'écrivain, nous rendre les anti-héros plus vrais que nature.
Lucienne Cluytens, auteure à découvrir, Lilloise et fière de l'être, donne une odeur de madeleine de Proust aux ch'tis expatriés !

En 1959, en Algérie, Hermance Barreau est témoin du meurtre de ses deux domestiques. Ils viennent d'être sauvagement égorgés. Les deux assassins se sauvent par la fenêtre mais Hermance voit nettement le visage du dernier, un tout jeune adolescent. L'image arrogante de ce jeune assassin va la hanter encore longtemps.
Hermance vit depuis plusieurs années dans le nord de la France à Lille. Pourtant elle n'arrive toujours pas à oublier sa vie insouciante d'antan, du temps de l'Algérie française et reste traumatisée par l'assassinat de ses deux employés en 1959 dans l'Oranais ,elle est devenue institutrice, pourtant sa vie de rapatrié est devenu étriquée. Un jour de 77 sa vie va vaciller quand elle va reconnaître le visage du petit meurtrier dans celui d'un des élèves de son école, le petit Akim Belkacem. Elle va se sentir défiée et persécutée par cet élève. Dès lors l'obsession paranoïaque d'Hermance ne va faire qu'amplifier jusqu'au dénouement final.
Lucienne Cluytens, dans ce second roman, traite du racisme ordinaire. Son héroïne aveuglée par son intolérance va passer de la haine à la démence. Tout le livre est construit autour des sentiments de ce personnage. Son intensité n'a d'égal que le cynisme noir du récit.
Cependant la fluidité de la narration fait de ce roman un livre très facile à lire.
Un polar tout en finesse.

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