Illustrations en noir et blanc à partir de vraies photos et couverture : Ovidiu Avram. Un grand bravo à lui ! J'ai adoré le concept.
Dommage que la préface et la postface n'aient pas été traduites en français aussi. Cela donne un petit goût d'inachevé a ce sublime très court recueil, dont d'ailleurs l'émouvante dédicace non plus n'est pas traduite. Force est cependant de reconnaître l'excellente facture de la traduction qui respecte même l'élégante prosodie.
Une plaquette de poèmes hommage à la famille et au paradis perdu de l'enfance dans le Dobroudja, avec entre autres un très beau poème dédié à l'institutrice du poète Ileana Samargi, ou la mention des Lipovens.
J'ai beaucoup aimé.
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Une bouchée d’absinthe
mon village à moi qui portes dans ton ventre deux vénérables pleurs
d’acacias parfumés des fleurs rouges dégoulinent des ardeurs
les coquelicots suintent et Cervantès dans les étoiles panse l’argile
le mal que tu me fis ô mon enfance encore m’obnubile
Dieu en proie aux rêves secrètement chenu et engourdi
caresse sans fin chaleureusement l’icône de mon frère Panait
pénétré du repentir Il éteignit la céleste aura
saisi d’adoration Il considère Marie et Stoïana
tout frémissant l’abricotier s’embrase à l’air d’un bûcher
les étoiles tétins en flammes brisent les barreaux de l’empyrée
et sur cette terre marâtre se déversent nombre de nouvelles fragrances
grâce au Verbe l’éclaircissement de la pluie passe en nous s’élance
et du noyer toute l’amertume passe en toi doucement suinte
mon village à moi je porte dans le ventre cette bouchée absinthe
(p. 19)
Fleurs de cognassier
le soir tombe encore la lune la poussière immonde
au-dessus de nous tremblent tout blancs les pleurs du monde
dans le creux du rêve les cognassiers sont en fleurs
l'automne éteint toutes les ombres d'été vraies taches de rousseur
là-haut les cathédrales semblent des temples érugineux
l'enfant reste dans la prière pleurer personne ne le veut
au ciel rarement la lune est bercée par la mère
fleurs de cognassier s'épanouissent s'endort la lumière
(p. 35)