Masse critique
Premier opus prometteur pour cette nouvelle maison d'édition et son auteur. Je dois avouer qu'en tant qu'amateur de dark fantasy, fasciné par la mythologie chrétienne et l'imaginaire qui entoure ses reliques, ses institutions, ses origines, je constitue une cible de choix :)
Premier point positif : de base le héros, Angus, est une ordure. Ça plante le descorps direct. Bien que le thème général : démonologie et magie noire dans une Europe bouleversée par la Renaissance et le schisme de l'Église, et l'intrigue : un complot ésotérique, soient très différents de ce que j'ai déjà pu lire, j'ai eu, dès le départ, un sentiment semblable à celui ressenti à la lecture de la Compagnie Noire de
Glen Cook. le personnage principal n'est certes pas dénué de coeur, mais on est tout de même assez loin d'Harry Potter ;)
Second point positif : le background historique est original et cohérent. On est à une époque trouble, les jeux de pouvoir ne sont pas qu'un rapport de force militaire comme on peut le voir dans la High fantasy. Les questions de politique, de religion, sont ici sous-jacentes, auxquelles l'auteur instille la dimension superstitieuse de l'époque, démons, loups garou, sorciers... en lui donnant corps. On est dans le sombre merveilleux, sans aucun doute, mais l'époque ici est choisie, car c'est bien au début de l'époque moderne que la pensée critique met les sciences occultes au rancart. Souvenons nous que Newton lui-même a consacré une énergie et un temps fou à l'alchimie !
Concernant les points critiques, je rejoins Pencrannais sur l'impression que certains enchaînements narratifs sont parfois un peu confus. J'ai peut-être manqué de concentration dans ma lecture, mais je pense que pour ce genre de livre et sa cible éditoriale, le fil de l'histoire ne doit pas se rompre sans fermer les yeux.
Certaines images peuvent être déroutantes au début de la lecture, mais cela est sans abus, et j'ai appris à les apprécier, pour les considérer bientôt comme les signes d'une plume originale et audacieuse :)
Sans révolutionner le genre,
la Grande année des Goètes apporte un peu de fraicheur à la fantasy (française?), qui trouvera son public pour peu qu'on lui donne sa chance. Ce livre en tout cas me parait bien meilleur que certaines commandes éditoriales passées auprès d'auteurs bien installés, bons certes, mais surbookés, je pense notamment à
La Malédiction d'Old Haven de
Fabrice Colin, ou le chant des épines d'Adrien Tomas, qui prennent à mes yeux dans le paysage de la fantasy française, la place de livres à meilleur potentiel.
Merci aux éditions Open Strange Doors et à Babelio pour la fourniture de ce livre !