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EAN : 9782260054641
208 pages
Julliard (06/01/2022)
  Existe en édition audio
3.9/5   2680 notes
Résumé :
Rien ne relie les passagers montés à bord du train de nuit n° 5789. À la faveur d’un huis clos imposé, tandis qu’ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l’intimité et la confiance naître, les mots s’échanger, et les secrets aussi.
Derrière les apparences se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l’époque, des voyageurs tentant d’échapper à leur solitude, leur routine ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (533) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 2680 notes
Après m'avoir bouleversé avec son excellent roman autobiographique « Arrête avec tes mensonges », Philippe Besson profite de cette rentrée littéraire 2022 pour m'inviter à bord d'un train de nuit entre Paris et Briançon.

A bord de l'Intercités de nuit n°5789, il fait tout d'abord les présentations : un médecin, une mère de famille, un hockeyeur, un VRP, un couple de sexagénaires retraités et une bande de cinq étudiants… sans oublier de mentionner un certain Giovanni Messina, qu'il présentera plus tard. Il annonce également d'entrée de jeu que tous les personnages n'arriveront pas vivant à destination. Ne sachant pas trop si je vais assister à un remake du crime de l'Orient- Express d'Agatha Christie, je décide de monter à bord…

Me voilà au coeur d'un huis-clos, entouré de personnages que rien ne relie et filant vers les montagnes alpines à bord d'un train-couchettes plutôt désuet. Étonnamment, cette ambiance nocturne, combiné à la difficulté de trouver le sommeil, semble inciter les gens à faire connaissance, à nouer des liens, voire même à se confier et à partager quelques secrets. Allez hop, je m'installe confortablement, j'enlève mes chaussures et j'allonge mes jambes sur la banquette… merci de m'avoir invité Philippe, je suis très bien là !

Philippe Besson a l'art de brosser des personnages attachants et de décortiquer leurs sentiments avec minutie. Au fil d'échanges profondément humains il met ses personnages à nu, tout en soulignant la fragilité de nos vies en abordant les thèmes de la fatalité et du hasard. Au-delà du suspense qui nous maintient éveillé durant tout le trajet, tout en nous tenant en haleine jusqu'à la dernière seconde, l'auteur nous oblige à faire le deuil de certains passagers, transformant ce qui s'annonçait être un bon polar…en petit coup de coeur émouvant !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Ils sont une dizaine d'inconnus, que les hasards de la vie ont réunis dans la même voiture du train de nuit Paris-Briançon. le temps de traverser la France endormie, le huis clos crée quelques proximités, et les conversations prennent d'autant plus facilement un tour personnel qu'elles n'auront pas de lendemain. Se révèlent ainsi brièvement différentes trajectoires de vie, chacune marquée par les maux ordinaires de notre époque. Personne ne se doute alors que certaines d'entre elles vont bientôt s'interrompre tragiquement, avant même d'arriver à destination...


Hasard ou fatalité, il suffit de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment pour que le destin bascule. Alors quand se produit une catastrophe, l'on ne peut songer qu'avec un certain trouble à l'enchaînement de circonstances qui a mené les acteurs, parfois tout à fait incidemment, sur le théâtre de leur drame. L'auteur nous ayant prévenu d'entrée de jeu que la mort est montée à bord de ce train, c'est donc tout à la fois suspendu au développement du récit et étreint par anticipation d'un sentiment d'impuissance désolée, que l'on fait connaissance avec une poignée d'inconnus ordinaires, des gens comme vous et moi emportés sur le fleuve banalement si peu tranquille de leur existence. Entre préoccupations diverses, notamment familiales et professionnelles, mille violences, petites et grandes, viennent perturber le cours de ces vies, empoisonnant ce qu'il conviendrait pourtant d'en apprécier chaque minute, tant le temps nous est compté et tant tout cela, au final, ne tient qu'à un fil.


Parmi ces destins bientôt brisés, il en est un qui va encore plus que les autres provoquer notre émotion, en tout cas qui semble à ce point tourmenter Philippe Besson qu'il resurgit ça et là dans son oeuvre, comme dans son récit autobiographique Arrête avec tes mensonges. Au-delà de la catastrophe et des réflexions désabusées qu'elle suscite en passant chez l'auteur, sur l'indécence d'une époque où tout est spectacle et où rumeurs et accusations se propagent plus vite que la lumière, le vrai coeur du drame est ce qui révolte le plus l'écrivain : la peur du rejet et le refus de soi-même qui empêchent encore tant d'homosexuels à assumer leur identité, et qui les enferment dans une existence intolérablement douloureuse. Face à l'implacable brièveté et aux inéluctables cruautés de la vie, quel plus grand gâchis que de s'empêcher de la vivre en la sacrifiant aux apparences et aux conventions, de la subir en se contraignant à en rester à jamais à la marge ?


Avec la justesse et la sobriété qui lui sont coutumières, Philippe Besson réussit dès les premières phrases à suspendre le lecteur à son récit, l'embarquant, à l'occasion du dramatique télescopage de quelques vies ordinaires, dans un émouvant plaidoyer pour le droit à être soi-même : la vie est bien trop fragile et bien trop fugitive pour, en plus, se la laisser voler !

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La voix de Simone Hérault susurre dans le haut-parleur, « Voie 7, le train Intercités n° 5789 à destination de Briançon, va partir. Prenez garde à la fermeture automatique des portes. Attention au départ. »
Il dessert les gares de la fuite, l'angoisse, la solitude, la haine, l'affirmation de soi, la quête d'identité, du hasard, et de la destinée. Terminus à 8h18 en gare d'un petit bonheur de lecture.

Alors, je suis montée en voiture comme Simone me l'avait si gentiment intimé pour un court voyage de 200 pages. Trop court mais fort agréable. D'ailleurs, je n'ai pas eu trop le temps de voir défiler le paysage. le paysage de toute façon, je n'aurais pas pu en voir grand-chose, car la spécificité de l'Intercités n°5789 est que c'est l'un des rares trains de nuit qui circule encore en France.
J'ai préféré discuter avec mes voisins, compagnons de voyage et d'infortune.
Compagnons de voyage qui m'ont permis de retrouver les souvenirs et des sensations d'enfance liées au train de nuit, la couchette inconfortable, le crissement des freins, les arrêts intempestifs en rase campagne. Compagnons qui se sont livrés à moi en toute franchise, sans les barrières qu'ils érigent habituellement méticuleusement autour d'eux.
Jeunes et moins jeunes vont oser se livrer à des inconnus. La nuit, la parole se libère, le train offre une parenthèse, un entre-deux propice aux confessions. Ne pas connaître l'interlocuteur amène à de nombreuses audaces dont on ne se serait pas cru capable en temps normal, exactement comme lorsque que dans un pays étranger, des choses s'avèrent plus faciles à dire dans une langue qui n'est pas maternelle, comme si les langues osaient enfin se délier de leurs secrets.
Pourquoi sont-ils à bord de ce train, qu'espèrent-ils de leur voyage ? Qui les attendra sur le quai à Briançon ? Y a aura-t-il même quelqu'un pour les attendre ?
Compagnons d'infortune, car contrairement à moi qui m'en suis miraculeusement tirée sans une égratignure, ce voyage ne s'est pas bien terminé pour tout le monde… car certains d'entre eux n'ont pas pris un billet pour Briançon, mais directement pour l'au-delà …
Cependant, savoir qui s'en sortira ou non, n'est pas l'essentiel à mes yeux, ce livre n'est pas un thriller, mais un voyage dans nos pensées, les virages, les décisions que nous prenons ou pas à certains moments de nos vies.
Dommage, je crois bien que vous avez loupé votre arrêt, trop le nez dans le bouquin, vous n'avez pas entendu la voix du contrôleur… Bon voyage à bord du Paris-Briançon ! J'espère que vous aussi vous ferez partie des vivants à l'arrivée …
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Un train de nuit est par nature un espace clos où tout le monde se retrouve embarqué pendant plusieurs heures comme dans un navire. Dans le roman de Philippe Besson, L'intercités n° 5789 n'échappe pas à la règle. Il est prévu pour 20h52 au départ de Paris et va desservir les gares de Valence, Crest, Die, Luc-en-Diois, Veynes, Gap, Chorges, Embrun, Mont-Dauphin-Guillestre, l'Argentière-les Ecrins et Briançon, son terminus, qu'il atteindra à 8h18 du matin.

On va faire la connaissance de onze personnes par petites touches de plus en plus précises au point de rentrer dans leur vie intime. Catherine et jean louis les retraités, Serge le représentant de commerce, Julia et ses deux enfants, Alexis le médecin, Victor le hockeyeur, Manon, Leïla, Hugo, Dylan et Enzo cinq amis étudiants. Et bon dieu qu'est-ce qu'ils vont devenir attachants ces personnages. Leur vérité à chacun va éclater en plein jour sans aucune fioriture, brut de pomme. Leur personnalité va être mise à nu au point qu'ils vont nous être aussi familiers que des amis de longue date. C'est cette intimité qui en fait l'élément fort de ce roman.

Philippe Besson avec son style direct et ses phrases simples, nous raconte des histoires banales tout en leur donnant une forte intensité. Il sait nous toucher là où ça fait mal en nous remémorant des situations déjà connues de nous lecteurs. C'est un magnifique faiseur de mémoire et remonteur de souvenirs. Les coïncidences, les concours de circonstances, les successions de décisions font que rien n'est fait et dû au hasard, ils devaient tous se rencontrer dans ce train de nuit. L'auteur nous embarque, nous prend par la main et nous le suivons sans arrière-pensée au rythme du balancement de ce train qui va nous emmener jusqu'au bout de la nuit, jusqu'au bout de la vie.

Si le style de Philippe Besson est simple, son rythme est vif. Les pages se tournent rapidement et le roman se lit plus vite que les onze heures nécessaires au Paris-Briançon pour effectuer son trajet. Il sait nous faire voyager. On retrouve les sensations et les habitudes de ces trains de nuit. de cette atmosphère feutrée et intime qui dévoile les manies et les passions des passagers. Ces voyages qui permettent aux gens de faire connaissance et d'échanger avec d'illustres inconnus. Et puis le roman bascule, le drame nous saisit brutalement et nous nous retrouvons à la merci du Destin. La mort va frapper sans distinction d'âge, de classe ou de sexe. Un roman qui va devenir dans sa deuxième partie bouleversant, poignant et parfois même choquant.

« La vie c'est si peu de choses, et ça passe si vite. »

Merci à Onee, Sandrine, Dominique, de m'avoir invité à bord du Paris-Briançon. A quand votre tour ?
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C'est un jour de départ en vacances, c'est une gare coincée entre un métro aérien et des immeubles futuristes. Bientôt le train s'élancera pour un voyage de plus de onze heures de Paris à Briançon, il va traverser la nuit française. Pour le moment les passagers montent à bord, joyeux, épuisés, préoccupés ou rien de tout cela. Parmi eux, certains seront morts au lever du jour.

Comme dans un roman d'Agatha Christie, Philippe Besson nous présente les voyageurs les uns après les autres à mesure de leur montée dans le train, et nous découvrons les raisons de leur voyage. Ces passagers vont partager la même voiture pendant ce long périple et faire peu à peu connaissance, on s'épanche, on se rapproche, alors l'étranger devient confident, et dans cet espace hors du temps chacun se révèle aux autres, mais aussi à soi-même, derrière les apparences, se révèlent des êtres vulnérables. Une communauté va se former.

Si dès les premières phrases l'auteur sait susciter la curiosité de son lecteur et ménager le suspense, pour moi, l'intérêt de ce récit est ailleurs. Philippe Besson nous offre un roman sociologique, un microcosme dans ce huis clos ferroviaire, des tranches de vie, une galerie de portraits miroir de notre société, une jeunesse turbulente et insouciante, la difficulté à assumer sa sexualité, les violences conjugales, la peur du chômage, la vieillesse et la maladie. Ce sont des petits chapitres qui défilent le long des kilomètres de voies ferrées. La plume est légère, souvent sensible, parfois teintée d'un humour très fin, les phrases simples. Un conseil montez dans l'Intercités n° 5789, vous ne regretterez pas votre voyage.


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critiques presse (6)
SudOuestPresse
11 mars 2022
Le romancier observe, avec finesse, quelques passagers du train de nuit qui mène de Paris à Briançon, leur compagnonnage inattendu, tournant au drame.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeJournaldeQuebec
01 mars 2022
Conteur habile, fin observateur de la psyché humaine, magicien des mots, Philippe Besson raconte la dernière nuit des passagers d’un train qui va dérailler au petit matin dans son nouveau roman, Paris-Briançon. Ce roman de la fatalité décrit comment les passagers nouent des liens entre eux, bercés par le roulement des wagons.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaPresse
31 janvier 2022
Nos vies seraient-elles le fruit du hasard, de rencontres inopinées, d’incidents fortuits ? Dans Paris-Briançon, Philippe Besson se fait le marionnettiste du destin d’une poignée de personnages qui se retrouvent à bord du même train de nuit, mais n’en ressortiront pas tous en vie.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LePoint
26 janvier 2022
L’écrivain rassemble une poignée de personnages dans le Paris-Briançon… où la mort rôde. Un livre empathique, lumineux et vibrant.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
24 janvier 2022
Philippe Besson n'oublie aucun des maux sociétaux actuels, jusqu'au drame final. Et pourtant, rien n'est pesant dans cette fiction enlevée, qui nous offre, en outre, une belle réflexion sur le destin et la fatalité.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
17 janvier 2022
Dans un roman racinien, Philippe Besson réunit des êtres d’une banalité apparente.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (398) Voir plus Ajouter une citation
Sur la couchette en face, de l'autre côté de l'étroit corridor, Catherine s'est elle aussi assoupie mais, à l'évidence, son inertie pourrait facilement être interrompue, au moindre bruit suspect, au moindre crissement des roues, au moindre coulissement d'une porte. Elle ne dort jamais bien quand elle est privée de son lit et l'étrangeté de la situation aiguise inconsciemment sa vigilance au point de lui interdire tout repos réparateur.
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Catherine Berthier a-t-elle perdu connaissance sous la violence du choc ou s'est-elle vue partir ? Et si un peu de temps s'est écoulé avant qu'elle ne tombe en syncope, a-t-elle compris qu'elle n'avait aucune chance ? Dans ce cas, à quoi a-t-elle pensé ? À son village de Dordogne ? À une robe de mariée cousue de perles ? À des guirlandes multicolores dans un jardin ? À ses trois enfants, dont elle est si fière et qui vont être si triste ? Et elle n'aime pas les voir tristes. À l'appartement de Saint-Mandé avec son olivier sur le balcon ? Et qui va l'arroser maintenant, cet olivier ? Aux matins amorphes sur la ligne 1 ? À ses collègues du Bazar de l'Hôtel de Ville ? Aux défilés dans les rues parisiennes, poing levé ? À Enzo, qui continuera la lutte ? À la main de Jean-Louis qu'elle tenait dans la chambre d'hôpital, les jours de chimio ? À ce studio qui les attendait à Briançon et qu'elle ne connaîtra pas ? La vie c'est si peu de chose, et ça passe si vite.
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Elle ne dit pas, dans le détail, les coups et les blessures. Elle ne dit pas la main qui se lève et qui retombe, plusieurs fois, les baffes dans la gueule, elle ne dit pas la lèvre qui se fend un jour, rare stigmate visible de ses déferlements de bestialité, parce que jusque-là, elle aurait juré qu'il s'arrangeait pour ne pas laisser de traces, pas laisser de preuves, et elle, trop conne, qui ira raconter qu'elle s'est bêtement cognée contre une porte de placard, les mensonges que ça vous fait inventer, la honte.
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"Avant de te rencontrer, j'avais une vie simple", poursuit-il.
Ses mots cueillent Alexis à froid. Ils ont la sonorité de l'amertume, du remords. Mais il veut dire : tranquille au moins en apparence, une vie sage, linéaire, modeste et décente. Alexis, de son côté, la qualifierait de prévisible, contemplative, inoffensive, propre sur elle et duplice.
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Tandis que le train propulse le camion, que le crissement des roues déclenche un vacarme presque insoutenable, et que l'enrayement provoque des gerbes d'étincelles, la motrice perd l'équilibre et se couche sur le côté, telle une baleine s'échouant sur un rivage, entraînant avec elle une partie de son attelage.
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