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EAN : 9786069525777
110 pages
OMG (01/01/2022)
5/5   1 notes
Résumé :
Volumul Laurei Francisca Pavel e fresh, cosmopolit, un volum de concepție, care joacă foarte fin pe linia dintre autenticitatea biografistă și actul „curatorial” pe care îl practicăm fiecare în construirea/întreținerea de sine.
În special jocul acesta ultim de „estetizare” a vieții – problematizat și în eseurile din Personaje ale teoriei… – mi se pare ideea de forță a volumului, care-l irizează subteran.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ces « Scénarios urbains » (« truc » est un mot appartenant au registre familier, qui ne convient pas en l'occurrence, mais qui est déjà un clin d'oeil à la richesse de la langue employée ici), sont 43 poèmes (une centaine de pages) structurés en 5 parties assez différentes au premier abord et comportant les titres suivants : « Protocoles retro », « Amsterdam », « Les personnages », « Options esthétiques » et « Tendresse calculée ».

Des tranches de vies, où Laura Pavel, dont c'est le premier recueil de poésie (mais quel recueil !), n'a pas peur de l'emploi du mot sexe et de son champ lexical, où les personnages tout droit surgis des années 1990 et 2000 n'ont pas peur de la médiocrité, pour une poésie conceptuelle, avec presque toujours une courte morale, ne se trouvant pas nécessairement dans le dernier ou l'avant-dernier vers, une poésie qu'on pourrait qualifier de « en prose », car il y a souvent un fil (rouge) narratif.

Très intéressante, mais aussi plus hermétique, la troisième partie, où la poétesse dialogue avec des personnages comme Bruno Latour, Djuna Barnes dont on apprend au passage qu'elle habitait dans les années 1940-1950 devant Edward Estlin Cummings, ou Bas Jan.

Pas facile à traduire, mais jouissif, comme ce vers qui en est une sorte de mise en abyme : « Plăcere se dă aici gratis » (Du plaisir gratuit, on en distribue ici).

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Recouvre-nous

Tandis que nous étions prédestinés
à la gloire
Et que nous sanglotions sous l’emprise de l’extase
entre les étagères étroites de
deux magasins chinois rivaux
le quartier du Mănăștur et ses relents brillaient là-bas
pire qu’aux Galeries Lafayette
Les années ’90 passent pour nous à fouiller
des éventails aux paysages bucoliques, des autocollants sur des bibelots en porcelaine,
et des soutiens-gorge éblouissants
en y songeant, nous sursautons : petits cris de joie
L’élancée Hsiu Mei, vendeuse au paradis près de
la station de tramway
regarde à travers moi
voit son jardin plein de rosée scintillante de
Houtouwan
où, fourbue, elle s’effondre ; auparavant
ses doigts bougent avec agilité, petit moulin-à vent dément
entre soutiens-gorge, éventails,
auto-collants d’un éclat toujours plus pur.
Son nom, me dit-elle, signifie « sourcils
sophistiqués »
Sa collègue du magasin jumeau
de l’autre côté de la rue
est Guan Yin, la « déesse de la miséricorde »
À la déesse je peux lui capturer le regard
Comme je m’empresse de lui transmettre
humanité, profondeur, émotion
Sa miséricorde est froide,
elle me la rend dédoublée
semblable à la crainte.

Cela devait déjà être en 2001
nous les quittions, non sans un ricanement de mépris
Hsiu Mei, Guan Yin
Nous passons la moitié de notre jeunesse encore disponible
à excaver des trésors
des boutiques de seconde main du quartier :
fétiches de rockeurs
robes en cuir vintage objets dada
de la garde-robe de deux jumelles norvégiennes
alcooliques les week-ends, corporatistes tirées à quatre épingles
les jours de travail

Quelle est cette chance qui nous a souri !
Notre usine de tous les jours
Jette-nous des certificats, des diplômes, des lauriers
Recouvre-nous d’extase
Rends-nous la Chinoise et la Norvégienne,
Et les éventails et la saveur des années ’ 90
Et le patriotisme de quartier
Et qu’ainsi nous égrenions notre voie
de sourcils en plastique
Plantés sur le catwalk,
des victoires nous attendent encore

Recouvre-nous d’extase

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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Pastel

Tout roman policier,
toute narration SF, tout
roman réaliste old school
qui ferrait un bon film
se termine par une perte dans le paysage,
un relativement doux
éloignement du but
un état de retraite
dans une sorte de bien-être écologique
accompagné d’un bourdonnement rythmique
de faucheurs

Le coupable est en détention
l’objet anthropomorphe s’est avéré
d’une utilité limitée,
les cris s’apaisent,
les orgueils sont enfouis.
Reste derrière eux
ce délicieux paysage provincial
le fragment de forêt presque intact,
la fumée bohème jaillie d’une Bentley d’entre-deux-guerres,
le capot à la brillance acre comme celle de l’onyx
sur la parcelle vierge de colline ou de plaine,
au-dessus de l’horreur à peine révolue.

Les coupables et les complices,
la cavalcade de disparitions
d’artifices, de sacrifices
de la vie domestique
se résorbent en un seul point.
Un morceau de colline
a une légère vibration,
la lumière calme, provinciale révèle
une haie bien entretenue,
une toile végétale
qui engloutit des pivoines et des hortensias
pêle-mêle, un désordre contrôlé
épanchement environnemental.
Un salon de manoir Belle Époque
devient étroit comme le creux d’un arbre
d’où sort une main, une tête potelée,
une entité toujours disputée

Le sentiment d’un accomplissement
advint invariablement
malgré l’horreur à peine révolue.
Les insectes gluants ne te lâchent pas la grappe
jusqu’à ce que le paysage se referme
devant toi, en plein jour, tour de magie
avec les Érinyes aussi.
L’endroit se rétrécit d’abord
implose en une ligne courbe
puis en un point qui tourne
avec tous les autres points
simultanément
immobilité vibrée

Jusqu’à la nouvelle prise de position
du héros, criminel ou détective,
le point tournant est un furet
furetant les guérets,
les contrées.
Son quotidien
se déroule sans obstination.
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Journal du campus (REMIX)

Aujourd’hui, la frivole Lady Di
se transforme en mythe
Tu débarques sur le campus
Jetlagué
et un ego écœuré.

Une année sabbatique – érudite, muséale
Angoisses du week-end, blocage
thèse doc-to-rale
Un ami aseptique, aux trois quarts loyal
Amour plus sarcasme collégial
C’est rare, voyons,
plus rare

Les cafards arrogants du campus contournent
Ironiques, affamés et sauvages comme des blaireaux
Le chemin qui les guide – un protocole adroit –
Tourne maintenant, en une roulade baroque,
De nouveau à la Main Library Hall
puis à Saint Mary

Greenblatt : en vogue à l’époque
Tu listes et humes perçois, oh, la prosopopée
Un ultra célèbre parmi les new historiens
Tu classes les purgatoires et même les exorcistes,
l’énergie sociale du Grand Will
Un sacré rétractile bibliophile
Ça alors, tu te complais dans un doux ascétisme
Tu connais des congénères d’un naïf anarchisme
Vous vous précipitez vers Chicago dans un délire agonisant
Des cervidés apparaissent, heurtent le pare-brise
Ils éclaboussent le sang auroral
Un cuivre nostalgique-automnal
Et une frustration, un relent inescapable

Tu laisses derrière toi, ah, mauvaises herbes, hystéries,
Affections et vaines idolâtries
Et des shakespirologues pris dans des idéologies.
Tu voles en transe vers la maison – l’angoisse au
ventre
Tu portes des piles de fiches bourrées dans ton
sac à dos
C’est le même célèbre historien souvent cité
C’est bien ça, tu as deviné : Greenblatt.
L’avion est fou, tu vois qu’il pique du nez
Ah, tes rimes coulent, tantôt tangentes, tantôt truquées
L’émotion, regarde, te coupe – une scie.
Un relent humide, fruste, inescapable.

(p. 63, traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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Amsterdam avec Mieke

Mieke, oui, elle rit, jusqu’à
grelotter
Jusqu’à ce que le rire
conjointement aux pleurs
gargouillent
en syncopes.
Ses défauts ne me gênent pas
Seulement elle est mon émancipée
nous avons déjà des rituels ensemble
tôt le lundi pour le café :
une académique chanson du style manele
une analyse culturelle
une brise pestilentielle
La part de désespoir
quotidienne,
La part de calvaire
perpétuel

Elle pérore, elle m’apprend
à ne surtout pas
m’accrocher pathétiquement à elle
Elle rit encore et me taquine
pour les tics provinciaux
auto-coloniaux

Mieke est la malfamée, la reniée
la rationaliste amadouée
queer – le théorie comme la biographie,
cette sœur mienne
qui qu’elle soit.
La prestidigitation est tout ce qu’on pourrait réclamer
Et pam, on peut ajuster
sa minauderie occidentale
avec un passé impérial chargé
Sa vie saine, mais pas trop
La vigilance sensorielle
La part de désespoir
quotidienne,
La part de calvaire
perpétuel
Sa froideur privée
par les cosmétiques légèrement sublimée.

Je me perds au cœur de la métropole
avec elle
Nous luttons pendant un moment.
Chose prévisible, en tombant sur un os
nous saupoudrons de la pensée critique
sur la plaie généreusement
et sur la douleur
une froide émancipation
Jusqu’à ce qu’on atteigne, semble-t-il,
le discours ininflammable
asphalte impeccable,
tellement hollandais
l’effet gris écossais.
Je me tais et je veille sur elle
quotidiennement
perpétuellement.
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Au-dessus de la métropole

Au-dessus de la métropole vous balancez vos jambes
en contrepoint
jusqu’à ce que vos ongles deviennent noirs.
Vous attendiez ce jour avec impatience !
Votre complicité est patiemment réparée.

Riez un peu, juste un peu, et seulement un sur trois.
Le plus vulnérable d’entre vous est
toujours le plus strident.
Vous les autres choisissez de ne pas gâcher
avec d’âpres bruits
cette chaîne de tendresse calculée.

Vous êtes né zélés, vous vous êtes entraînés à être disponibles.
La vigilance perle de vous comme un nectar, la vigilance et
l’esprit de scout. On se met en route ?
Sautez ensemble en vous tenant la main
guère crispés, sereins

Vous arrivez à une sorte de prairie, mais l’herbe y est brûlée,
Vous vous allongez, haletants, sur le sol dégarni,
Vous vous tenez toujours la main, vos yeux pétillent,
vos esprits abreuvés
en xanax et coton, avec ferveur

Voici la marge, on nous coupe,
on nous gronde, on nous pardonne.

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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