Découvrez Tant que fleuriront les citronniers, le roman bouleversant et plein d'espoir de Zoulfa Katouh !
De chaque citron naîtra un enfant, et les citrons ne mourront jamais.
Et un jour, on reviendra, j’ajoute. Inch’Allah, on rentrera chez nous. On plantera des citronniers. On reconstruira nos villes et on sera enfin libres.
Le soleil est presque couché et le bleu est en train d’engloutir toutes les autres couleurs. La nuit tombe vite, mais elle n’est pas éternelle. Nous ne serons pas toujours confrontés à l’obscurité, au mal. Tant que nous garderons la foi et que l’histoire de la Syrie continuera à couler dans nos veines, il restera une lueur d’espoir.
Les citronniers continuent à pousser, à fleurir, à nourrir la révolution. Je me souviens de la limonade que Mama nous préparait, l’été. Je sens encore son goût sucré et acidulé sur ma langue - rien que d’y penser, j’en ai l’eau à la bouche. Que ne donnerais-je pas pour une gorgée de citron fraîchement pressé, pour revoir le regard aimant de ma mère lorsqu’elle me tendait mon verre…
J’ai perdu ma famille. Toi, tu as encore la tienne. Je le vois tous les jours à l’hôpital : les gens vendraient leur âme pour passer une minute avec ceux qu’ils aiment. Moi la première.
Tant que les citronniers fleuriront, l’espoir ne mourra pas.
Elle parlait de l'enlèvement de quatorze jeunes garçons par le gouvernement. On leur avait arraché les ongles et on les avait torturés, puis renvoyés dans leurs familles. Tout ça parce qu'ils avaient écrit "Ton tour arrive, docteur" sur un mur, suite aux révolutions égyptienne, tunisienne et libyenne. Le "docteur", c'était le président Bachar el-Assad, ophtalmologue de formation. Il y avait une certaine ironie dans le fait que cet homme aux mains trempées de sang innocent ait autrefois fait le serment de ne pas faire de mal.
(p. 86-87)
La place est sous le contrôle de l'Armée syrienne libre. Nous [les manifestants] serons donc en sécurité, au moins au début. Mais les troupes du gouvernement finissent toujours par intervenir. (...) Aux yeux des militaires, il n'y a aucun innocent ici. Ils nous tueront tous, les manifestants comme les autres. Pour eux, la soif de liberté est une maladie contagieuse. Il faut nous abattre pour nous empêcher de la répandre.
(p. 243-244)
- Je ne sais pas qui t'a raconté que partir était lâche, mais c'est faux. Il n'y a rien de honteux à fuir ceux qui essaient de nous tuer.
(p. 163)
Le destin existe, pourtant ce sont nos actions qui en tissent les fils. Ma foi en cette vérité ne fait pas de moi une simple spectatrice. je dois me battre, encore et encore et encore, pour survivre. Comme Layla s'est battue. Comme Keran se bat. Ainsi quoi qu'il advienne, nous accepterons notre sort en sachant que nous avons tout tenté.
page 317.
- Je ne sais pas qui t'a raconté que partir était lâche, mais c'est faux. Il n'y a rien de honteux à fuir ceux qui essaient de nous tuer.
Il secoue la tête.
- Ce n'est pas la question, Salama. Ce pays est le mien. Je n'en ai pas d'autre. Partir, c'est aussi mourir.