Entretien avec Stéphane Carlier, lauréat français de lédition 2021 de la Fantastique résidence
À la lecture de ces pages, quelque chose d’un peu magique s’est passé qui, pour la première fois, lui a laissé penser que les livres pouvaient être meilleurs que la vie.
Marcel [Proust] n’a pas son pareil pour réconforter son lecteur esseulé. D’abord en le rendant plus intelligent, ce qui n’est pas rien, et aussi en lui faisant réaliser que l’amour n’existe pas, qu’il n’est qu’une fabrication de notre cerveau en réponse à notre frustration existentielle, à notre terreur de l’abandon, que la personne qu’on croit aimer n’a rien à voir avec qui elle est réellement, on la désire parce qu’elle nous échappe mais que, une fois qu’on l´a, on ne comprend même plus ce qui nous la faisait désirer, qu’on est de toute façon irrémissiblement seul, et qu’ainsi donc, en amour, on ne fait jamais que souffrir le martyre ou s’ennuyer comme un rat mort.
La profession de croque-mort est à recommander aux personnes déprimées parce qu’être confronté chaque jour au malheur d’autrui est un moyen efficace d’échapper au sien.
Il avait lui aussi un problème d’odeur corporelle, mais différent de celui de Mlle Gouix. La sienne variait sensiblement au cours de la journée. On attaquait sur une note classique de renfermé(dortoir de classe de neige) pour évoluer vers quelque chose de plus animal (bouc par temps de pluie) et finir en beauté, à partir de 16 heures, sur un bouquet de senteurs généralement en rapport avec la pourriture (mulot décédé dans un coin de cave, tennis d’ado portée sans chaussette en été, cocotte-minute contenant du chou-fleur ouverte au bout de plusieurs semaines).
Pourquoi les riches en veulent toujours plus ? Ça ne les rendra pas immortels. Surtout qu’on le sait bien, tous les anciens braqueurs vous le diront - et ce sont des gars qui ont brassé des millions d’Euros : le blé, c’est un mensonge qu’on se raconte à soi même. La vrai richesse, on l’a en se promenant en bord de Saône au début de l’automne, en sentant le parfum du forsythia dans l’air du soir, en faisant rire ou frémir un gamin à qui on lit une histoire. C’est dans ces moments là qu’on est vraiment puissant.
C'était loin d'être une intellectuelle. On lui disait "Homère" et elle pensait "Simpson".
Marcel ( Proust) n'a pas son pareil pour réconforter son lecteur esseulé. D'abord en le rendant plus intelligent, ce qui n'est pas rien, et aussi en lui faisant réaliser que l'amour n'existe pas, qu'il est une fabrication de notre cerveau en réponse à notre frustration existentielle, à notre terreur de l'abandon, que la personne qu'on croit aimer n'a rien à voir avec qui elle est réellement, qu'on l'a désire parce qu'elle nous échappe mais que, une fois qu'on l'a, on ne comprend même plus ce qui nous la faisait désirer, qu'on est de toute façon irrémédiablement seul, et qu'ainsi donc, en amour, on ne fait jamais que souffrir le martyre ou s'ennuyer comme un rat mort
C’est important, les rêves. Les gens prennent la vie au sérieux, ses contingences, qui les écrasent, qui les enfoncent. Et ils se trompent. Ils se retrouvent tout cabossés à quarante ans… Ce sont nos rêves qu’il faut prendre au sérieux. Nos rêves les plus fous. Eux seuls doivent nous guider.
Vivants nous oublions l'essentiel . Qu'il faut , tous les jours ,penser à la mort et aimer ceux que l'on aime .
C'est très fort ce que ça dit quand on y pense . Ça dit que l'amour, c'est pas un truc qui nous tombe dessus, comme ça, mais qu'on décide d'aimer. Qu'on décide d'aimer ce qu'on n'a pas, parce qu'on l'a pas.