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L'HOMME REVU ET CORRIGÉ
Les sciences de la nature au service des sciences humaines
Essai
Alain Javeau
Préface de Pascal Lardellier
Des Hauts et Débats
Ce livre a pour objet de montrer que le fonctionnement et le comportement humains s'expliquent par les sciences de la nature, par-delà les sciences humaines. Les principes de physique jouent un rôle important. Ils expliquent le changement du milieu naturel et humain avec, entre autres perspectives, le trans et le posthumanisme. Fondamentalement, nous sommes des mécanismes de traitement de l'information, comme les robots. En toile de fond, le déterminisme scientifique implique l'absence de libre arbitre...
Alain Javeau est titulaire d'un Master Recherche et d'un Doctorat en Science de l'information et de la communication, ainsi que d'une maîtrise en Journalisme. Ce livre est fondé sur sa thèse de doctorat.
Broché - format : 13,5 x 21,5 cm
ISBN : 978-2-343-14785-7 ? 4 juin 2018 ? 244 pages
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« La page du livre n'est pas tournée, et le livre est toujours à la page. Pour d'évidentes raisons symboliques, techniques et ergonomiques, il a même de beaux jours devant lui, alors que de nouveaux rites, de nouvelles manières de lire, seul ou en groupe, et d'entendre lire sont inventés, comme pour régénérer ses vieilles racines par de jeunes pousses »
Pascal LARDELLIER « Pratiques de lectures étudiantes à l'ère d'Internet » (p.57)
« Chaque média est contraint de découvrir ou redécouvrir son originalité face au nouveau moyen de communication qui s'installe »
Et le destin conjugal était terne ou heureux, selon que le mariage (de raison) fut pesant ou providentiellement scellé par une flamme. Désormais, affranchis pour nombre d’entre nous de ce poids moral, nous sommes libres, de manière vertigineuse. Mais le prix à payer pour être heureux en couple, c’est que le sentiment amoureux et le désir doivent être ressentis de manière mutuelle et continue. Et ceci, c’est aléatoire, et surtout épuisant.
Des citations et des affirmations comme des lapins sortis de chapeaux
Les affirmations des bonimenteurs s'apparentent à des lapins que l'on sortirait de chapeaux : on ne voit pas d'où elles sortent, et hop, elles apparaissent comme par magie !
Ainsi, on nous apprend que "l'épaule droite est le siège de l'émotion, et la gauche celle de l'orgueil" (P.Turchet). Et J-P Veyrat de surenchérir : "observer par exemple une personne qui vous pose une question. Si elle se gratte simultanément la tête, c'est qu'elle est alors en train de chercher elle aussi la réponse qu'elle n'a pas". Mais encore ? "Maintenant, si elle se frotte le menton, vous pouvez imaginer qu'elle détient déjà une réponse, mais qu'elle n'en est pas tout à fait sûre et cherche votre aval sur le sujet. Enfin, si jamais elle passe la main dans le cou, c'est sans doute car elle a la réponse mais redoute votre réaction". D'où tous cela sort donc ? Mystère, encore une fois. par contre, on imagine les ravages que ces assertions peuvent produire, plaquée sur des entretiens d'évaluation professionnelle ou même de recrutement ... (pp. 122-123)
La quête du bonheur et l’impératif à jouir, à profiter sont les nouveaux mantras d’une époque ayant érigé la « tyrannie du plaisir » en injonction, paradoxale d’ailleurs, tant se lèvent en même temps un puritanisme d’un autre ordre, et une méfiance généralisée d’autrui. Il est clair que le post-#MeToo et la séquence épidémique n’arrangent pas cela, et vont même accentuer la tendance à la défiance et à la bonne distance ; si, bien sûr, il ne saurait être question de tout ranger dans le même panier, car il ne faut pas perdre de vue la violence des relations qui ont engendré ce mouvement.
Sachant que la liberté individuelle est le veau d’or de notre époque. Et le domaine de prédilection dans lequel cette liberté devrait s’exprimer, c’est l’amour au sens large : sexualité, émotions, sentiments, choix de vie, famille et parentalité. L’amour a toujours été travaillé par les valeurs de son temps. Amour courtois, mariage bourgeois, libération des mœurs post-68 et coups d’un soir tinderiens, pas tout à fait le même débat. L’amour est éternel nous disaient les poètes ; il est d’abord l’enfant de son époque, rappellent historiens et sociologues.
En fait, quand zapper ou swiper devient un réflexe, quand la sélection se fait sur une image, un mot, une impression, eh bien, c’est l’ensemble du cheminement de la drague qui s’accélère et atteint une vitesse folle. Sans qu’il faille voir dans ce jeu (le game) trop de morale. Après tout, la drague a toujours relevé d’un jeu, de stratagèmes calculés mettant la dissimulation au cœur de la tactique. La littérature classique donne des exemples depuis longtemps de ce poker menteur qu’est souvent la drague.
Durant des siècles, l’amour et ses institutions furent placés sous l’égide d’un fatalisme : il fallait que l’union arrangeât les familles (nobles ou paysannes), et surtout leurs notaires, dots et remembrements de terres à la clé. Ce fatalisme (fatum = « destin ») exigeait que l’on aimât « pour le meilleur et pour le pire ». Et l’on devait s’accommoder par la force des choses de l’absence de flamme ou de désir, et du regard de l’Église et de la société, qui veillaient au grain.
Les hommes ont peu de droits dans cet univers, ils doivent seulement obéir. La métaphore commerciale anime tout le site, l’utilisatrice toute-puissante pouvant « faire son marché », grâce à une « shopping list » qu’elle a préalablement établie sur la base de critères. Ce site exige une bonne dose d’humour, et il rencontre beaucoup de succès auprès d’une clientèle jeune, maîtrisant parfaitement les codes relationnels parodiques des réseaux sociaux.
On cherche là, en règle générale, à partager ou à retrouver les valeurs religieuses et culturelles qui sont celles de son milieu et de son éducation. D’aveu d’internautes ayant délaissé les généralistes pour ces sites spécialisés, « on est là entre nous », « on se sent compris », « on est fidèle à nos valeurs ». Car en amour, l’adage « qui se ressemble s’assemble » se vérifie beaucoup plus dans les faits que « les contraires s’attirent ».
Le célibataire se définit par rapport au mariage, et en opposition à lui. Le sens social de ce mot a évolué, il s’est ouvert pour inclure toutes les personnes vivant seules, qu’il s’agisse de célibataires stricto sensu, de divorcés non remariés ou encore de veufs sans enfants. Et ils constituent les gros bataillons des sites et applis de rencontres, avec un engagement générationnel et socioculturel différencié.